jeudi 26 mars 2015

L' OuLiPo ou "la contrainte en littérature"....




 
En 1960, Raymond Queneau demande à François Le Lionnais
 de postfacer ses Cent mille milliards de poèmes.
 C'est à cette époque que ce dernier propose à Queneau 
de « créer un atelier ou un séminaire de littérature expérimentale
 abordant de manière scientifique ce que n'avaient fait que pressentir
les troubadours, les rhétoriqueurs, Raymond Roussel, 
les formalistes russes et quelques autres..."

Ce "séminaire" changera de nom par la suite :
 ce sera le célèbre OuLiPo, "Ouvroir de Littérature Potentiel"....
groupe international  qui comprendra à la fois 
des  mathématiciens et des littéraires, 
dont des écrivains comme Georges Perec, Italo Calvino
 mais aussi des mathématiciens "purs" comme Claude Berge 
ou des personnes ayant "double compétence",
 comme Jacques Roubaud ou Olivier Salon.
 
 


 
 
Ensemble, ils vont expérimenter
 des "contraintes littéraires" nouvelles et ludiques...
Délaissant l'exploration "aléatoire" des surréalistes,
 ils pensent en effet qu'en littérature, la contrainte 
n'est pas incompatible avec la liberté, bien au contraire :

« Une autre bien fausse idée qui a également cours actuellement, 
c'est l'équivalence que l'on établit entre inspiration, 
exploration du subconscient et libération, 
entre hasard, automatisme et liberté. 
Or cette inspiration qui consiste 
à obéir aveuglément à toute impulsion 
est en réalité un esclavage. 
Le classique qui écrit sa tragédie 
en observant un certain nombre de règles 
qu'il connaît est plus libre que le poète qui écrit 
ce qui lui passe par la tête 
et qui est l'esclave d'autres règles qu'il ignore. »
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 Raymond Queneau 
"Le Voyage en Grèce"
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C'est que la contradiction, le paradoxe ou bien la tension 
que l'on pourrait voir entre liberté et contrainte 
n'est qu'une apparence. 
C'est au contraire à partir de la contrainte 
que se développe la liberté de créer : 
en obligeant à s'affranchir de bon nombre d'automatismes, 
liés à l'usage courant du langage, 
la contrainte entraîne de nouvelles formes d'expression,
offrant par là une liberté nouvelle de création. 
Si l'incertitude est constitutive des contraintes, 
en tant qu'on ne sait pas à l'avance 
si le problème posé trouvera solution, 
c'est bien de la contrainte, et non du hasard, 
que résulte la création.
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Ce "cercle des poètes farfelus",
malgré la disparition de plusieurs de ses membres,
existe toujours aujourd'hui...
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La Licorne
 
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lundi 23 mars 2015

JEU 3 : "Il y a des mots qui font vivre"


 
 
 
 
 
 
 
Il y a des mots qui font vivre
Et ce sont des mots de tous les jours
Des mots qui volent, des mots qui vibrent,
Des mots-papillons, des mots légers,
Des mots sans trompette ni tambour
Des mots-cadeaux, des mots-caresse,
Des mots sans bruit ni vanité...
Le mot "sourire", le mot "bonjour",
Le mot "douceur", le mot "merci"...
Les mots malins, les mots-tendresse,
Les mots qui nous emmènent en poésie,
Le mot "soleil", le mot "printemps",
Les mots qui nous réchauffent le coeur,
Et puis aussi les mots d'enfants
Les mots qui rient, les mots qui glissent
Le mot "plaisir", le mot "folie",
Le mot "merveille", le mot "bonheur",
Le mot "rêver", le mot "complice"
Et tous les noms qui nous sont chers,
Ceux qui nous garderont en vie,
Le nom d'un maître, le nom d'une mère,
Et certains noms de femmes et d'amis. 
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La Licorne
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D'après un poème 
de Paul Eluard
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dimanche 15 mars 2015

JEU 3 : "Pour faire le portrait d'un oiseau"


Vidéo réalisée par l'auteure du poème...
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Pour faire le portrait d'un oiseau, 
à peu de choses près, 
ça équivaut à capter la douceur d'une bulle..

Prendre d'abord un nuage,
Avec un trou dedans.
Prendre ensuite des plumes,
De l'encre, des larmes,
Des sourires et des rires
Vitaux pour la bulle..
Placer ensuite le nuage dans votre ciel,
Qu'il soit bleu,
Qu'il soit gris,
ou tout couvert..
Restez bien visible..
Enchanté de chanter,
Allez même jusqu'à danser,
C'est fortement conseillé.
Soufflez... délicatement dans l'anneau de plastique..
Expirez ce qu'il y a de vivant en vous
Sans vous interrompre,
Ne manquez pas d'air, les yeux rivés sur la bulle que vous créez..
Quand la bulle est née,
Qu'elle se détache doucement de l'anneau,
Vous pouvez en toute quiétude inspirer.
Sans perdre de vue votre bulle nouvelle-née,
En la guidant, avec les plus belles de vos pensées uniquement,
Vers le trou béant du nuage qui l'attend..
Si elle passe à côté, qu'elle ne fait que le frôler,
Ne pas vous décourager, mais recommencer..
Quand elle entre, si elle entre, souriez.
Souriez, sans aucune arrière-pensée.
Une arrière-pensée est suffisante parfois pour la faire claquer..
Un trop plein d'arrières-pensées,
Et c'est votre nuage tout entier qui vire au noir..
Qui se craque et fait pleuvoir.
Souriez donc. Un vrai sourire.
Celui qui allume vos yeux,
Celui qui brûle de mille feux..
Nourrissez-les de ce qui s'offre à eux.
Laissez-vous envahir,
Osez être heureux.
Pensez quand même à arracher doucement
Un morceau du nuage blanc..
A garder constamment dans votre poche.

Un bout de barbe à papa, ou un mouchoir..
Un souvenir de votre sourire.. et je crie ton nom.. 
dans un coin du tableau... :-)
D'après le poème éponyme
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dimanche 8 mars 2015

JEU 3 : "Vous voulez des vers ?"



Vous voulez des vers? Eh bien non,

Je n'écrirai pas de vers
De peur qu'ils coulent en mer
Comme bateaux de papier
Par le vent emportés...


Mais je remplirai mon verre
Y boirai l'univers
Dilapiderai mes mots 
Repartirai à zéro...


Puis...quitterai mon hiver 
Enfin libre comme l'air
Aux rêves de vos saisons 
J'irai perdre la raison...


C'est le monde à l'envers
Vous écrivez des vers!
Inconsciemment, je crois, vous avez
Pensé à moi sans y songer.

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D'après le poème
de Guy de Maupassant
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vendredi 6 mars 2015

JEU 3 : "Mon rêve familier"




Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant,
D'une étoile arrivant, dans ma vie, un soir d'hiver,
Alors que mon coeur surnageait sans repère,
Et se débattait dans le brouillard, fébrilement.

Lentement, doucement, elle se lova contre moi,
Epousant chacune de mes imperfections
Libérant mon esprit, apaisant mes tensions.

Avec tendresse, elle me susurra à mi voix
Les mots doux que je désespérais d'entendre.
Son âme m'encourageant à vraiment lâcher prise,
A laisser parler mon coeur, sans aucune hantise,
Sans barrière, sans retenue et sans attendre..
Tissé de joie, de confiance et d’allégresse,
Un voile imaginaire, tout en finesse,
Enveloppa mon âme, mon corps et mon cœur,
Dans un océan d’amour et de pur bonheur…
En effleurant tendrement ses mains diaphanes,
Un murmure venant des profondeurs de mon âme,
Fit ressurgir des sensations déjà vécues…
Dans mes souvenirs lointains, sa peau m’était connue !
Je pris conscience de ses plus infimes blessures,
Qui me semblaient tellement familières…
Avions-nous vibré pour les mêmes aventures ?
Les yeux dans les yeux, une onde millénaire,
Nous unissait au-delà de tous les temps,
Et me remémorait… son doux regard triomphant.
Sa voix légère, fluide, et mélodieuse avait
L'inflexion des voix chères qui se sont tues..
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D'après le poème de Paul Verlaine
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mercredi 4 mars 2015

JEU 3 : "La chapelle"



La chapelle ancienne est fermée
calme refuge au cœur des bois
passe par là un p’tit garçon
qui regarde à la dérobée
cette étrange petite maison
tout étonné, intimidé
à l’intérieur s’est faufilé
là dans la pénombre feutrée
un long silence …
l’enfant ému s’emplit les yeux
de doux cierges mystérieux

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D'après un poème d’Emile Nelligan :  
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dimanche 1 mars 2015

JEU 3 : Poème "sandwich"


 
 
 
Après le déferlement d'humour déjanté
de février, j'avais envie
pour ce mois-ci, d'un brin de poésie...
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Aussi vous ai-je concocté
après la petite "salade de mots"
du mois précédent, un tout nouveau "concept" :
le "poème sandwich"...
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De quoi s'agit-il ?
C'est très simple :
on prend un poème existant, 
et on en garde seulement le premier et le dernier vers...
Puis on "remplit" l'intérieur à sa façon, à sa "sauce"...
tout en conservant une forme poétique...

(Mais on a le droit de changer la longueur du poème
et d'utiliser d'autres rimes pour les vers intermédiaires...)
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Exemple  :

Qu'il est doux, qu'il est doux d'écouter des histoires, 
Des histoires du temps passé,
Quand les branches d'arbres sont noires,
Quand la neige est épaisse et charge un sol glacé !
Quand seul dans un ciel pâle un peuplier s'élance,
Quand sous le manteau blanc qui vient de le cacher
 L'immobile corbeau sur l'arbre se balance,
Comme la girouette au bout du long clocher ! 
(...) 
Alfred de Vigny
"Poèmes antiques et modernes"

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Florilège de poèmes célèbres : ICI
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Création possible à partir du poème ci-dessus :

Qu'il est doux, qu'il est doux d'écouter des histoires,
Le soir, devant la cheminée,
Quand s'endort doucement le chat pelotonné
Qu'il est doux, qu'il est doux d'être le seul auditoire
De ta voix aux accents modulés
Qui me berce et fait frémir ma mémoire
Comme la girouette au bout du long clocher...
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Merci, lors de l'envoi,
undeuxtrois4@orange.fr)
de penser à indiquer les références du poème de départ :
titre, auteur et éventuellement "lien internet"...

Vous pouvez aussi laisser votre texte...
dans les commentaires.

Date limite : 21 mars 2015
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De Baudelaire à Apollinaire,
de La Fontaine à Victor Hugo,
de Maurice Carême à Prévert,
de Villon à Brassens,
la palette est large...
choisissez ce qui vous plaît...
et régalez-nous !

A vos plumes, donc...amis poètes
et que la Muse vous inspire !
:-)