samedi 25 avril 2015

ECRIRE : Citations




L’écriture automatique et les récits de rêves
présentent l’avantage de proposer une clé 
capable d’ouvrir indéfiniment 
cette boîte à multiple fond qui s’appelle l’homme.

André Breton
.

Ecrire : essayer méticuleusement de retenir quelque chose : 
arracher quelques bribes précises au vide qui se creuse, 
laisser, quelque part, un sillon, une trace, 
une marque ou quelques signes.

Georges Perec
.

Les mots écrits peuvent avoir plus de profondeur
que ceux qui sont dits,
comme si le papier libérait des mondes inconnus,
prisonniers d'un enchantement.
.
J.K. Stefansson
.

L'écriture est un exercice spirituel,
elle aide à devenir libre.

Jean Rouaud





jeudi 23 avril 2015

JEU 4 : "Docteur Methyl et Mister Paille" Texte 8


Encore sept textes proposés ce mois-ci...
c'est génial !
Bravo et merci !

C'est vraiment agréable de contempler
la diversité des imaginaires...
et de lire les productions de chacun...
.
Ne voulant pas être en reste, j'ai tenté, moi aussi, 
de créer quelque chose à partir de ces photos...
Après avoir réfléchi...
je me suis inspirée d'un célèbre roman...fantastique.
Et voilà ce que ça donne :


 Mercredi 23 avril 1915
La journée avait été longue, les patients nombreux. 
A vingt-et-une heures, le docteur Methyl rentra chez lui
par le côté bleu,
déposa sa canne et son chapeau dans le vestibule
et se dirigea d'un pas décidé vers la petite salle du fond, 
celle qui était, depuis plusieurs mois
et selon ses instructions,
interdite d'accès.
Il verrouilla la porte derrière lui.


Sur l'étagère du haut, le précieux liquide, 
d'un vert éclatant, bouillonnait...
Il prit la fiole dans sa main, l'examina .
La distillation semblait terminée.
Parfait.
Jetant un coup d'oeil par la fenêtre presque close...
il rabattit le volet, puis, fébrilement, 
avec un sentiment d'urgence, 
il avala deux gorgées du produit...


Aussitôt, un éclair zébra la pièce.
Un bruit mat. Un silence.
Long. Très long. Interminable...
L'homme s'était brusquement... 
"volatilisé"...
Juste à côté des vêtements affalés, vides...
une ombre commença alors à prendre forme
sur le parquet... 


L'ombre étrange s'étira...se redressa...
Au fil des minutes, elle devint de plus en plus dense...
de plus en plus sombre aussi.
A minuit, en catimini, 
elle poussa la demi-porte verte et se faufila dehors.
 Elle parcourut les rues...quitta la ville...
Les premiers champs  n'étaient pas loin...

C'était là.
Un rocher de forme presque cylindrique,
facilement reconnaissable. 
Exactement ce qu'on lui avait indiqué.

La force surhumaine que lui donnait chaque soir la potion
allait lui permettre de le rouler un peu plus loin...
Et là, juste sous la surface du sol :
l'entrée cachée, le tunnel souterrain... 
 et  le trésor enfoui...
Il en était sûr...
L'or, l'or à portée de main !
Les yeux brillants de convoitise,
l'ombre noire du docteur jubilait déjà...

Posant ses deux mains sur la pierre, 
bandant ses muscles,
le double de Methyl se mit à pousser, pousser...
quand "FLASH" ! 
un trait de lumière l'arrêta net...

Quelle impression bizarre...
les bras en coton...les jambes molles...
Incroyable ! Il ne pouvait plus du tout...bouger.
Paralysé.


Quelques mètres plus loin, dans la pénombre,
il distingua vaguement une longue silhouette féminine...
qui souriait, satisfaite.


"Eh bien, dit la fée du lieu, 
en voilà un qui ne fera plus beaucoup de "foin"... !
Vous pouvez gambader à nouveau, 
lutins, gnomes et korrigans...
chanter, danser...toute la nuit...
Le "trésor des Anciens" ne sera pas volé aujourd'hui !
Ni demain, d'ailleurs...

De longue durée est mon sortilège :
le temps s'est arrêté pour Mr Lempaillé...
Soyez tranquilles, chers amis,
il ne reprendra vie ...que dans cent ans...:-) "
.

La Licorne
.  

lundi 20 avril 2015

JEU 4 " Lampe torche" Texte 7



J'abandonne, sur le parquet quadrillé et vernis,
Mon costume, mes coutumes, et mes souliers.
Je laisse tout tomber, sans regret, quand j'écris.
Sans tenue d'apparat, mes chaussettes aux pieds,
Sans avoir ni chaud ni froid, je deviens alors ce moi,
Naissant d'une lumière d'inspiration que je ne connais pas.
Est-ce mon ombre, ou ma véritable silhouette,
Qui s'élève hors de moi, qui grandit, et qui m'échappe, parfois ?
Que suis je ? Un fil ?
De pacotille ?
Un ruban ?
En raphia ?
J'erre.. au fil de mes pensées.. Sur mon petit rafiot.
A la coque polie par les flots.
Fidèle comme une ombre, ma silhouette est tantôt Rimbaud,
Rambo, Donald Duck, Lassie ou Pluto..
Les deux pieds dans mes chaussettes, en canard sur le plancher des vaches,
ou sur un étalon que je cravache,
La chenille sort de son cocon... 
Et mes maux deviennent alors papillons !
.
.

dimanche 19 avril 2015

JEU 4 :"L'individu est dans le pré" Texte 6



Je m’en suis extrait peu à peu... 
ce n’était pas une petite affaire !
 Aaah...! se sentir prendre enfin forme individuelle, 
hors de cette masse trop bien ficelée, 
trop bien tassée, étouffante...

N’avons-nous poussé dans ce champ de Nature 
que pour former un jour cet entassement impersonnel 
qui roule toujours tout entier dans le sens d’une pente ou d’une autre, 
collectivement, si collectivement...si facile à manœuvrer tout d'un bloc !

Allons, voyons maintenant si un autre, 
si un frère, si une sœur, ne veut pas lui aussi, elle aussi, 
s’extraire de cette masse étouffante 
et prendre forme individuelle à son tour...
Oh ! ça y est ! En me penchant bien, 
j’en aperçois un ou une qui semble chercher la sortie... 
Ho hé ! par ici...!
  
Amezeg
.


samedi 18 avril 2015

JEU 4 : "Pour ne pas finir sur la paille" Texte 5



Pour vivre il faut gagner son foin
Ne pas faire le mâle-hein!
Au roule-haut compresse-heures
Mourir au champ donne-heurts

 Livrer bataille
À force de travail
Être pousse-hier
Et finir en poussières...
.
.

mardi 14 avril 2015

JEU 4 : "Un soliste dans le pré" Texte 4



Pierre qui roule n’amasse pas mousse,
Pré fauché bientôt repousse,
Se succèdent les éons
Et puis les générations...

Feu de paille sur la terre,
Qui amasse pousse misère.
Souviens-toi : tu es poussière.
Le trésor est de lumière
Qui fait croître l’éternel
Et décroître le mortel.

Asservi à la matière,
Esclave des possessions,
Peux-tu tu aimer cette Pierre
Naissant de la réunion,
Du ciel épousant la terre,
En toi-même, fils du mystère ?

Amezeg
.


dimanche 12 avril 2015

JEU 4 : "Le temps s'est arrêté" - Texte 3


Le temps s'est arrêté
Plus de passé,
Plus de futur.
Seul l'instant présent est à vivre...

Tous les fardeaux s'en sont allés.
Les objectifs se sont évanouis.
Les habits sont tombés.
Les haines ancestrales ont disparu.

Le futur n'existe pas !
L'Ego vacille...
Son exigence de sécurité n'est plus de mise.
Plus de bagages à traîner!
Plus d'avenir à assurer...


Nu comme un ver,
Le cœur en bandoulière,
Les cinq sens en alerte,
En offrande à l'inconnu,
L'être humain continue son chemin
Sur cette nouvelle Terre lavée de ses expériences...
.
.

samedi 11 avril 2015

JEU 4 : "Quittance le prix de la libre-été" - Texte 2



Au jeu du quitte ou double
Je te quitte mon double
Qui te chair-ira pauvre kit?
De ton hypo-crise-gît, je t'acquitte!

Devenir l'ombre de moi-m'aime
Ce n'est pas un problème
Pour vivre dans l'allume-hier
Devenir un homme fier

Sentir la légère-été
Libre de mes pensées
Rejoindre le cercle des vainqueurs
En-tendre battre mon coeur
.
.

mardi 7 avril 2015

JEU 4 : "Monsieur Bleu et Monsieur Vert" - Texte 1



Il y avait Monsieur Bleu et Monsieur Vert. 
Tout le monde les connaissait dans la ville. 
Monsieur Bleu, tout de bleu vêtu, disait bonjour à tous et à toutes. 
Sa ronde bonhomie lui attirait la sympathie. 
Monsieur Vert, tout de vert vêtu, était sec et renfrogné. 
Ses volets jamais ouverts, comme son visage, n'invitaient pas à la rencontre.

Entre Monsieur Bleu et Monsieur Vert se dressait un mur. 
Il avait été édifié quand, il y a maintenant bien longtemps, 
l'arrière-arrière-arrière grand-père de Monsieur vert était décédé. 
On avait alors découvert avec stupéfaction que ce Monsieur Vert, 
si respectable, avait eu un fils naturel.
 Nul ne l'avait jamais vu, nul ne l'avait jamais su. 
Le notaire, homme au regard sévère et aux redingotes noires, 
avait gardé le secret jusqu'au bout. 
Le bruit avait commencé à se répandre quand Séraphine, 
la femme de ménage du notaire avait dit à Blandine qui venait livrer le linge 
ce qu'elle avait entendu quand le fils de Monsieur Vert,
un monsieur si respectable, 
avait hurlé en apprenant la nouvelle. 
Même les portes capitonnées n'avaient pas réussi à arrêter les éclats de voix
 et la légitime colère du fils de Monsieur Vert.
- T'rends compte ! Un bâtard !
Blandine avait opiné du chef et s'était dépêchée
d'aller le dire à toutes les lavandières 
qui l'avaient répété à toutes les servantes 
qui l'avaient susurré aux oreilles de leur patronne, 
si bonne chrétienne mais tellement avide de cancans et de scandales.

Le bâtard héritait de la moitié de la maison. 
Le fils de Monsieur Vert était sorti de l'étude vert de rage, bien sûr. 
Les choses n'allaient pas en rester là. 
Il n'allait pas se laisser déposséder de son bien par un moins que rien, 
fils d'une Messaline qui avait séduit son père. 
Il courut chez l'avocat, homme retors qui l'encouragea dans sa requête. 
Toute la petite ville se passionna pour cette histoire. 
Chacun y allait de son hypothèse et de ses pronostics.

Monsieur Vert n'avait pas été n'importe qui.
 Inspecteur des choses à faire, c'était un homme qui avait consacré sa vie 
à la bonne marche de la nation. 
Fonctionnaire émérite comme l'avait attesté sa médaille du travail, 
il avait pris une retraite bien méritée mais n'avait pu en profiter.
 Une sournoise maladie l'avait emporté dans la première année de cette nouvelle vie 
qu'il aurait dû consacrer à faire son jardin comme il l'avait proclamé partout 
et surtout au café des sports, où il retrouvait ses amis pour une partie de cartes.
C'est là qu'on venait le plus souvent, quand on était un homme, 
pour avoir des nouvelles de l'Histoire, 
les femmes préféraient la discrétion d'un marché ou des rencontres 
qu'on disait fortuites pour échanger, cancans et indignation.

On entendit parler du procès qui eut lieu au chef lieu du canton 
qui était aussi sous-préfecture, puis de l'appel que fit le fils Monsieur Vert, 
toujours conseillé par l'avocat, qui se tint à la préfecture,
 là-bas dans la grande ville. 
Il faisait noir quand rentrèrent Monsieur Vert, fils, et l'avocat. 
Bien que les rues fussent vides à ce moment-là, 
il ne fallut qu'une journée pour que se répande le bruit de son échec.
Le bâtard avait gagné. Pire, il allait venir habiter la maison. 
Monsieur Vert, le fils, dont tout le monde savait qu'il n'était pas un marrant. 
Chacun se rappelait les histoires qu'il pouvait faire, déjà, 
dans la cour de récréation 
quand les choses se passaient différemment de son désir. 
On le plaignait un peu, mais pas trop. 
Tout le monde attendait pour voir 
comment allait se passer la cohabitation entre les deux. 
Si devant lui, tout le monde jurait ses grands dieux, 
que jamais il n'accueillerait le bâtard, 
par derrière une curiosité dévorante s'était emparée de la ville. 
D'autres bruits circulèrent, d'autres cancans. On supputait. 
La maison avait deux niveaux et les greniers, 
qui allait habiter en bas et qui allait habiter en haut
Chacun y allait de ses arguments et de ses prétendus bonnes informations.
On attendait le bâtard et c'est le maçon qui arriva. 
Quand on le vit arrêter son charroi devant chez Monsieur Vert, le fils,
tout le monde retint son souffle. On allait savoir. 
Quel ne fut pas l'étonnement des uns et des autres 
quand on vit le maçon se mettre à empiler les pierres au milieu de la porte. 
À toutes les questions des passants, il répondit :
- C'est pas moi qui décide ! J'fais c'qu'on m'dit !

Quelques jours plus tard, on vit arriver le pétaradant camion de l'entrepreneur 
avec sa remorque remplie de meubles. Un attroupement se fit. 
On interrogea ses commis qui ne se privèrent pas pour expliquer 
comment leur patron avait reçu un courrier pour lui commander un transport. 
La course était facile et le prix avantageux. 
Il avait accepté par retour du courrier. 
Ce n'est qu'en arrivant au lieu du chargement qu'ils avaient appris 
qu'ils devaient transporter les effets à l'adresse de Monsieur Vert.

Les questions tombèrent comme la pluie d'orage en été. 
Les pauvres commis firent de leur mieux. Non, ils n'avaient pas vu le bâtard. 
Non, ils n'avaient pas vu sa famille. Oui, ils avaient été reçus par une bonne accorte 
qui leur avait servi un bon canon, avant qu'ils ne se remettent en route 
et donné un très honnête pourboire de la part de son patron 
qui ne rentrait de voyage que dans dix jours. 
Oui, elle monterait avec lui. Leurs ordres étaient clairs : 
poser les meubles et poser les clés chez le notaire où Monsieur Bleu, 
car tel était son nom, irait les chercher.

Les commis firent du mieux qu'ils purent dans cette demi-maison 
sans escalier ni cuisine pour tout déposer au rez-de-chaussée.
Les dix jours qui suivirent furent une torture pour Monsieur Vert, le fils. 
On apprit qu'il n'avait jamais rencontré Monsieur Bleu. 
Seul son avocat venait au tribunal. Ses dossiers aussi complets qu'inattaquables, 
avaient suffi à faire pencher la balance en faveur de son client. 
Monsieur Vert, le fils, ne fut pas le seul à mal dormir. 
Toutes les cancanières et tous les piliers du café des sports 
étaient sur des charbons ardents.

C'est ainsi qu'il ne valut guère de temps 
pour que la nouvelle de l'arrivée du bâtard fasse le tour de la ville. 
On le vit s'arrêter à la boulangerie pour acheter des croissants, 
quelle prodigalité, et à l'épicerie, pour faire le plein de provisions. 
Il arrivait dans une rutilante automobile qui aimanta l’œil des hommes. 
Il prit un malin plaisir à faire le tour de la ville, si bien qu'à son arrivée devant la maison, 
il y avait une foule de gens qui s'était subitement trouvée 
quelque chose d'urgent à faire sur la place qui portait le nom 
du père de la victoire lors de la dernière guerre.
L'automobile rouge s'arrêta dans un grincement de frein devant le portail. 
Tout le monde nota les volets clos de Monsieur Vert et chacun retint son souffle. 
Qu'allait dire ce Monsieur Bleu comme déjà disaient certains ?

Dans le silence à peine troublé par le bruit de la fontaine, 
on entendit un rire, un immense éclat de rire. 
Les gens furent décontenancés. 
Puis quelques uns se mirent à pouffer à leur tour 
et bientôt ils se joignirent au rire tonitruesque de Monsieur Bleu découvrant son héritage.
C'est ainsi qu'un simple rire fit plus pour la paix que le meilleur des avocats.




mercredi 1 avril 2015

JEU 4 : Photos insolites

photo 1


Pour le mois d'avril, je vous propose
un nouveau défi :
le jeu de la "photo insolite"...

J'ai cherché - et trouvé - sur internet
une photo susceptible de titiller votre imaginaire...
(ci-dessus)
et je l'ai complétée avec des photos personnelles
(en bas de l'article).

Cette fois-ci, je vous demanderai tout simplement
de créer un texte personnel
inspiré d'une ou plusieurs de ces photos,
comme il vous plaira...
.
Vous ne m'avez guère déçue jusque-là...
je vous fais donc entière confiance :
Laissez libre cours
à votre imagination débordante...
et surprenez-nous !

Tous les styles de textes sont autorisés :
histoire fantastique, conte,
énigme policière, sketch,
documentaire ou reportage...
Tout est permis.
Profitez-en !
.
J'attends vos textes avant le 21 avril...
.
La Licorne
undeuxtrois4@orange.fr

Pensez, au moment de l'envoi,
à indiquer le(s) numéro(s) de la ou des photos
ayant été à la source de votre création...
et aussi le nom ou le pseudo
que vous souhaitez voir apparaître en signature...
.

Et je finirai par un
grand merci,
à tous les participant(e)s de mars,
qui, par leurs poésies tout en délicatesse,
nous ont, tour à tour,
émus et enchantés...
C'était "délicieux"...

Bravo à tous !
.
Vous pouvez cliquer sur les photos
pour les agrandir...
.

photo 2
 
photo 3

 
photo 4
 

photo 5
 
 
photo 6
 
 
photo 7