vendredi 9 mars 2018

JEU 34 : A Combray, à la nuit tombée...







A Combray, à la nuit tombée, tout était calme
Je me pelais le jonc en rentrant du boulot
Ma mère prit un bol et y versa de l’eau
Pour faire un thé fumant, et sans huile de palme
En un mot c’était un thé bio.
 

Tout comme le gâteau dont elle agrémenta
La douce tasse de porcelaine de Sèvres
Où elle avait versé le liquide. Apostat,
Je me décidai donc à y tremper les lèvres
Moi qui n’aimais pourtant pas ça.
 

Aussitôt mon palais éclate en étincelles
Et tout un monde insoupçonné se crée en moi
Un ouragan de sensations existentielles
Me transperce le bulbe et je tremble d’émoi
Poule devant un opinel
 

Les souvenirs affluent comme un vol de flamants
Qui rasent de leurs cris le champ de ma mémoire
Mais déjà ils s’enfuient, et les gorgeons suivants
Agrandissent hélas les trous de la passoire
De mon cerveau batifolant
 

Au prix d’un grand effort je reviens au début
Quand le gâteau mouillé de thé a percuté
Ma langue et mon palais, surpris, épantelé
Me disant en mon for « Tu t’es vu quand t’as bu ?
Essaie donc de te rappeler ! »
 

Et puis soudain, ça y est ! Me revient, délétère
Olfactif et goûtu, ce souvenir de songe :
Ce thé, ce gâteau sec trempé comme une éponge
Ce sont ceux que m’offrait de ses doigts de sorcière
Ma vieille tante atrabilaire.
 
 




5 commentaires:

  1. Ah, ah...j'adore !
    Voilà du Proust bien "dépoussiéré" !!!

    Tu ne serais pas de la même famille que l'oncle Joe, par hasard ? ;-))

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    1. Ben, c'est mon oncle ! De notoriété publique...Bon sang ne saurait mentir...
      Merci pour ton appréciation, ça fait plaisir !
      Bises
      ¸¸.•*¨*• ☆

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  2. Une autre façon de boirleter. :)
    Bises.

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  3. Juste là, jusque là ! Je te rejoins. Que dis-je ? Je te rejoie, ma très chère 'Tine ☆. Qui plus est, grâce t'en soit rendue, je découvre un nouvel espace d'écriture. Allez, zou !

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