lundi 1 avril 2019

JEU 45 : Poème en avalanche






Pour le mois d'avril,
je vous propose  un exercice de style :


Le jeu consiste à composer un poème 
dont chaque vers compte
une lettre de plus que le précédent,
ce qui fait "enfler" le texte progressivement,
comme la boule de neige qui dévale la pente...
et qui devient de plus en plus grosse.

Exemple :


O (1)
Un (2)
Rat ! (3)
Cris !!! (4)
Joues (5)
Blêmes... (6)
Courses (7)
Eperdues, (8)
Moqueries (9)
Ricanantes (9)
Poursuivent (10)
L’effarouchée ! (11)

Vous pouvez aussi faire l'inverse
(utiliser des mots avec de moins en moins de lettres)

On obtient alors un poème
"boule de neige fondante"... ;-)



Encor
Plus
Fou
De
T...


ou même, si le coeur vous en dit, vous pouvez alterner les deux
(augmentation puis diminution ...)

Exemple :



A
 La
Fin
Tout
Passe
Et tout
S'efface,
Trépasse...
Impasse ?
Au bout :
Trace ?
Trou ?
L'Un ?
Va...
Ô !
.
La Licorne
.

Vous pouvez commencer sur un mot
de une, deux ou trois lettres,
comme il vous plaira...
et vous pouvez aussi,
insérer plus d'un mot par vers :
(ce qui compte, avant tout,
c'est le nombre de lettres de chaque ligne)

Exemple :

Mon
Amie
Claire
A rougi
Quand il
A soudain
Claironné
"Je vous aime"
Dans la salle
De restaurant
Bondée de monde



Autre option : 
Faire augmenter (ou diminuer) petit à petit
le nombre de syllabes de chaque vers, 
comme dans le célèbre poème de Victor Hugo
ci-dessous





 Les Djinns 
(poème de Victor Hugo)

Murs, ville,
Et port,
Asile
De mort,
Mer grise
Où brise
La brise,
Tout dort.

Dans la plaine
Naît un bruit.
C'est l'haleine
De la nuit.
Elle brame
Comme une âme
Qu'une flamme
Toujours suit !

La voix plus haute
Semble un grelot.
D'un nain qui saute
C'est le galop.
Il fuit, s'élance,
Puis en cadence
Sur un pied danse
Au bout d'un flot.

La rumeur approche.
L'écho la redit.
C'est comme la cloche
D'un couvent maudit ;
Comme un bruit de foule,
Qui tonne et qui roule,
Et tantôt s'écroule,
Et tantôt grandit,

Dieu ! la voix sépulcrale
Des Djinns !... Quel bruit ils font !
Fuyons sous la spirale
De l'escalier profond.
Déjà s'éteint ma lampe,
Et l'ombre de la rampe,
Qui le long du mur rampe,
Monte jusqu'au plafond.

C'est l'essaim des Djinns qui passe,
Et tourbillonne en sifflant !
Les ifs, que leur vol fracasse,
Craquent comme un pin brûlant.
Leur troupeau, lourd et rapide,
Volant dans l'espace vide,
Semble un nuage livide
Qui porte un éclair au flanc.

Ils sont tout près ! - Tenons fermée
Cette salle, où nous les narguons.
Quel bruit dehors ! Hideuse armée
De vampires et de dragons !
La poutre du toit descellée
Ploie ainsi qu'une herbe mouillée,
Et la vieille porte rouillée
Tremble, à déraciner ses gonds !

Cris de l'enfer! voix qui hurle et qui pleure !
L'horrible essaim, poussé par l'aquilon,
Sans doute, ô ciel ! s'abat sur ma demeure.
Le mur fléchit sous le noir bataillon.
La maison crie et chancelle penchée,
Et l'on dirait que, du sol arrachée,
Ainsi qu'il chasse une feuille séchée,
Le vent la roule avec leur tourbillon !

Prophète ! si ta main me sauve
De ces impurs démons des soirs,
J'irai prosterner mon front chauve
Devant tes sacrés encensoirs !
Fais que sur ces portes fidèles
Meure leur souffle d'étincelles,
Et qu'en vain l'ongle de leurs ailes
Grince et crie à ces vitraux noirs !

Ils sont passés ! - Leur cohorte
S'envole, et fuit, et leurs pieds
Cessent de battre ma porte
De leurs coups multipliés.
L'air est plein d'un bruit de chaînes,
Et dans les forêts prochaines
Frissonnent tous les grands chênes,
Sous leur vol de feu pliés !

De leurs ailes lointaines
Le battement décroît,
Si confus dans les plaines,
Si faible, que l'on croit
Ouïr la sauterelle
Crier d'une voix grêle,
Ou pétiller la grêle
Sur le plomb d'un vieux toit.

D'étranges syllabes
Nous viennent encor ;
Ainsi, des arabes
Quand sonne le cor,
Un chant sur la grève
Par instants s'élève,
Et l'enfant qui rêve
Fait des rêves d'or.

Les Djinns funèbres,
Fils du trépas,
Dans les ténèbres
Pressent leurs pas ;
Leur essaim gronde :
Ainsi, profonde,
Murmure une onde
Qu'on ne voit pas.

Ce bruit vague
Qui s'endort,
C'est la vague
Sur le bord ;
C'est la plainte,
Presque éteinte,
D'une sainte
Pour un mort.

On doute
La nuit...
J'écoute : -
Tout fuit,
Tout passe
L'espace
Efface
Le bruit.
.


Voilà...
La contrainte revient plus ou moins,
vous l'aurez compris, à construire un poème
en forme de "triangle", ou de "losange",
ou de "sablier"...


Envoi à undeuxtrois4@orange.fr
avant le 21 avril 2019
.

J'attends, bien sûr...
une avalanche de textes ! ;-)))
.
La Licorne 

.




4 commentaires:

  1. Ah, je vois ! Une sorte d'hommage aux 30 ans de la Pyramide du Louvre !
    ;-)

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    1. Bien vu !
      j'attends en effet une sorte d'oeuvre pyramidale...ou triangulaire...ou en forme de sablier...
      c'est comme vous voulez ! :-)
      Un petit poème géométrique en quelque sorte.

      Dodo vient de se lancer dans les triangles, il a déjà une longueur d'avance !

      Bises amicales

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  2. Agréable page. Merci l'instruction

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