Ateliers d'écriture mensuels : textes, poèmes et jeux littéraires
Dans le hameau …
La première fois que je l’ai vu, elle portait un chat dans ses bras, un gros matou tigré très beau et qui avait l’air câlin.
Elle n’a pas vu tout de suite que je l’observais.
C’était étrange. Une ambiance à la fois douce et glacée. Une atmosphère de décembre…
La neige tombait à gros flocons ; elle était en pantoufles, dans l’allée, avec cet énorme chat dans les bras ; ce qui m’a surpris, c’est qu’elle ne bougeait pas ; elle ne semblait pas pressée de rentrer et le chat non plus ne manifestait pas d’impatience.
Quand le réverbère s’est éteint, elle a fait demi-tour lentement et est rentrée chez elle laissant le matou sur les bûches. Pourtant il faisait vraiment froid.
…
Il habite en face de chez moi.
Je sais qu’il me regarde derrière sa fenêtre chaque matin quand je câline Frimousse qui préfère dormir sur le tas de bois été comme hiver.
J’aimerais bien savoir d’où il vient et pourquoi il a emménagé dans cette vieille maison qui est restée inoccupée tant d’années.
Peut-être que c’est le fils de Jeanne ?
Cela fait maintenant un mois qu’il loge ici. J’espère qu’il n’a pas froid car je ne vois aucune fumée sortir de sa cheminée.
…
Ils ne se parlent pas mais je sens qu’il se cherchent.
Elle, toujours un peu inquiète, ne comprend pas qu’il ait choisi ce hameau pour venir passer sa retraite.
Lui, très timide n’ose pas aller se présenter à sa vieille voisine ; il se souvient de ce qu’on disait d’elle jadis mais il veut oublier les ragots et se fondre dans le silence.
Je crois qu’ils attendent quelque chose de moi.
Oui, c’est sûrement ça.
Demain j’irai me cacher dans la cave de l’inconnu et elle sera bien obligée de traverser la route pour me récupérer chez lui…
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La Licorne
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La fourmi
Monsieur le commissaire, je viens déposer plainte contre ma voisine la cigale. Quelle gale celle-là ! J’étais tranquille dans ma maisonnette, je passais comme tous les jours, un coup de balai sinon ça colle de partout, c’est bon les pucerons mais leur miellat, quelle poisse.
Tout à coup par la fenêtre j’ai vu arriver une mendiante aux ailes défraichies et pendantes, la tête du jour de l’an avec des antennes frisées comme vos moustaches. Elle criait des borborygmes à faire pâlir le capitaine Haddock.
Je l’ai reconnu aussitôt, c’est du harcèlement, Monsieur le commissaire, elle vient chaque année me réclamer des grains d’ellébore, de millet ou de n’importe quoi pour subsister. Je le sais, je l’ai déjà envoyée danser ! Tout l’été, elle chante jusqu’à plus soif nuit et jour. Enfin elle chante, elle grince comme un crincrin de l’avant-guerre de 14. C’est une drôline, elle attire les mâles et hop ! c’est parti pour un tour. Mais faire des provisions ; jamais ! Elle s’est pris un coup de balai au fesses et puis c’est tout.
La cigale
Monsieur le commissaire, je viens déposer une plainte contre ma voisine la fourmi qui m’a chassée de chez elle avec perte et fracas et surtout un bleu aux fesses.
Vous pourrez constater par vous-même, monsieur le commissaire. J’étais tranquille peinarde et j’allais à tout venant cet été faisant clin d’œil à qui voulait bien entendre mes chansons. Je ne faisais point de mal. Seulement je n’ai pas eu le temps de faire mes provisions d’hiver et me voilà SDF. Le compagnon que j’avais trouvé m’a fichue dehors.
Triste et dépitée, les ailes en berne et les antennes en bataille, je suis allée, comme chaque année, chez ma voisine la fourmi pour qu’elle m’aide à passer l’hiver. Je sais bien qu’elle refuse toujours mais on ne sait jamais. Ses placards regorgent de nourriture. Je lui ai demandé quelques grains pour subsister, ne pas mourir de faim jusqu’à la saison nouvelle. Pas moyen, elle m’a traité de pouffiasse et d’autre chose que ne n’ose pas vous répéter. Elle a osé me dire qu’après avoir chanté j’avais qu’à aller danser, que les bastringues ne manquent pas. Elle est jalouse car sur le plan mec, elle n’en a pas beaucoup. Et C’est là que sans raison elle m’a flanqué un coup de balai en plein dans les miches.
Voilà monsieur le commissaire.
Le commissaire La Fontaine
Encore ces deux furies. Quelles harpies ces mégères. Chaque année c’est le même refrain. Ces donzelles viennent tour à tour se plaindre l’une de l’autre… Elles me chauffent les oreilles. Elles peuvent pas se ne se kiffer ! D’accord mais elles me les brisent menu menu.
Monsieur le commissaire, elle m’a fait ci , monsieur le commissaire elle m’a fait ça ! Oh oh oh moi je suis là pour arrêter les voleurs pas pour régler les querelles de clocher. L’une veut faire danser l’autre et l’autre fait la manche sans aucun espoir. L’une remplit ses rayons de bouffe et l’autre ne pense qu’à lui piquer.
Ah bon sang mais c’est bien sûr ! Raminagrobis, à vous de jouer mon vieux !
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Un gamin joue dans les bois. Accroupi, il agite l’eau et gratte la boue avec une branche cassée quand trois hommes l’entourent et commencent à pérorer tour à tour.
Moi, dit le premier,
j’ai toujours eu les pieds sur terre. Bien équilibré,
bien planté sur mes jambes, en toutes circonstances. On m’a
toujours fait confiance et toujours considéré comme
quelqu’un de fiable. D’ailleurs je n’ai exercé
que des métiers de confiance. On savait qu’on pouvait
s’appuyer sans crainte sur moi. Mes épaules étaient
suffisamment solides pour supporter un poids énorme de travail
mais aussi une pression sous laquelle les autres auraient facilement
cédé.
Et donc, je l’affirme haut et fort, si
nous avançons de quelques pas, nous resterons bien droits, les
pieds supportés par le sol que rien n’ébranlera.
Moi, dit le deuxième,
j’ai passé à ma vie à naviguer sur les
mers et les océans. Je ne peux m’endormir que bercé
par le mouvement d’un bateau. Si on me maintient à
terre, je deviens irascible à force de rester trop longtemps
éveillé. Il fait trop calme, trop immobile à
terre, le sommeil me fuit alors qu’à bord, en pleine
tempête, quand le navire oscille, se tord en gémissant
sous le vent, je dors comme un bébé. Mon élément
c’est l’eau, même que je suis né sous le
signe des Poissons, si ça ce n’est pas une preuve !
En
foi de quoi, je t’assure mon petit que tu peux poser sans
crainte le petit bateau que tu as fabriqué ce matin avec une
feuille de papier blanc. Il voguera sans aucun risque de couler
puisque nous sommes face à une belle étendue d’eau.
Vous n’avez rien
compris, dit enfin le troisième en secouant la tête,
vous n’avez pas les yeux en face des trous voyons. L’année
dernière encore, j’étais commandant de bord dans
une compagnie nationale d’aviation. J’ai passé
plus de la moitié de ma vie dans le ciel, à flotter
parmi les nuages, à rêver à ces autres horizons
que je découvrais peu à peu. Ah, j’en ai visité
des pays, mais pas de ceux où on va en voiture ou même
en bateau. Ceux dont je vous parle se trouvent tellement loin qu’il
n’y a qu’en survolant terres et mers qu’on peut s’y
rendre en un temps raisonnable.
Prépare donc tes avions en
papier mon petit et n’écoute pas ces deux ignorants
parce que là, ce que tu vois c’est évidemment le
ciel et rien d’autre.
Le gamin partit d’un grand éclat de rire et leur dit : « moi je vois juste de la gadoue, j’adore taquiner les têtards qui s’y trouvent, former des tas de boue pour les embêter puis creuser des rigoles et regarder couler l’eau fangeuse. Tous vos palabres ne m’intéressent pas et si vous pouviez choisir une autre flaque un peu plus loin pour vous amuser, ça me ferait drôlement plaisir ! »
Je ne veux pas de maladie !
Malgré tout ce que tu penses
Ma fierté n’est pas refroidie
Je veux juste rester dans la danse
J’entends la jeune mélodie
Mes pieds s’agitent en cadence
J’entends le bruit de l’eau qui court
Comme ce virus, là, dans mes veines
J’entends gronder l’orage lourd
Et tant pis si je te peine
L’art est long et le temps est court
Je veux danser à perdre haleine.
Photonanie
Pour l'atelier "Mil et une"
Pour l'atelier "Treize à la douzaine"
Certains jours une vaste flemme
(je ne veux pas de maladie)
me transforme en vrai paresseux.
Ma fierté n'est pas refroidie.
Je rêve aux grands monotrèmes
j'entends la jeune mélodie
du vent qui chante vert et bleu
du fond de cette immense flemme
j'entends le bruit de l'eau qui court
je relis ceux qui disaient mieux,
j'entends gronder l'orage lourd.
Écrire un conte ? un poème ?
(l'art est long et le temps est court)
J'attendrai donc encore un peu.
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Création musicale
Je ne veux pas de maladie
mon tonus est bien aguerri
ma fierté n'est pas refroidie
mais ce virus m'abasourdit
et gifle mon impertinence
Des notes rompent le silence
j'écoute un chant indéfini
J'entends la jeune mélodie
d'un ado en veine d'audience
qui a écrit la poésie
et cherche l'air avec patience
J'entends le bruit de l'eau qui court
dans les rimes et les assonances
J'entends gronder l'orage lourd
du batteur fou rythmant l'ambiance
l'art est long et le temps est court
mais du temps, l'ado s'en balance
quand la passion rythme sa vie
le temps n'a plus d'importance
...Je ne veux pas de maladie
Je veux vivre longtemps ma vie
Aimer jusqu'au bout mes amis
Ma fierté n'est pas refroidie
Avec ou sans masque, je "suis"
Je ne serai pas asservie
J'entends la jeune mélodie
Celle qui me montre l'ère qui suit
Et elle me chante un air inouï
J'entends le bruit de l'eau qui court
Tout au long de mon parcours
La rivière vive de l'amour
J'entends gronder l'orage lourd
Il rôde dans les alentours
Pour mieux réveiller les coeurs sourds
L'art est long et le temps est court
Je sens venir la fin du jour
Et j'attends de l'aube le retour ...
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La Licorne
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Pour l'atelier "Treize à la douzaine"
D'aussi longtemps qu'on s'en souvienne, dans sa tête format melon, ça a toujours été un feu d'artifice...Avide de tout comprendre, elle a une idée par seconde et elle pose une ribambelle de questions, au point d'épuiser sa mère, qui peine à suivre le rythme de ce petit bout de femme à l'entrain forcené...
Ses réflexions, il faut le dire, ne sont pas banales...A six ans, elle se promène partout avec sa mappemonde, comme d'autres se promènent avec un médaillon...et elle évoque la liberté et la démocratie, au moment où d'autres pensent à jouer à la poupée ou à faire du tissage de perles...
Son entourage, un peu craintif, lui conseille de penser à des choses de son âge...elle répond par des remarques d'une lucidité ravageuse sur l'état du monde. Aucun risque de la voir se taire : la seule façon de lui fermer la bouche, c'est de lui demander de manger sa soupe !
Vous l'avez reconnue : Elle s'appelle Mafalda...
Son "papa" argentin, celui qui l'a créée et qui assurait le "remplissage" de son cerveau en ébullition... vient de décéder le 30 septembre, à l'âge de 88 ans. Il s'appelait Quino.
La Licorne
Il fallait placer les douze mots suivants :
1 melon
2 tissage
3 ribambelle
4 entrain
5 forcené
6 fermer
7 avide
8 remplissage
9 comprendre
10 craintif
11 médaillon
12 risque
et le 13ème pour le thème : artifice
Merci à toutes les petites "fées"
qui sont venus semer leurs mots magiques
sur ce blog au mois de septembre !
Vous lire fut un plaisir et un "enchantement" ... :)
Je vous dis à bientôt ...pour le prochain défi
et j'espère qu'après ce mois très "féminin",
quelques "magiciens de la plume"
(avis aux messieurs)
viendront nous rejoindre ! :-)
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La Licorne
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Ma fée bleue
Moi aussi j'ai une fée chez moi
Elle a des yeux myosotis et des ailes nacrées
qui lui permettent de s'envoler
de la planète qu'elle habite
Quand elle devine un problème
elle s'élance pour me retrouver
gardant précieusement ma clé
Elle vient d' un monde parallèle
où un jour nous nous sommes croisées
lors d'un aiguillage bohème
dans une galaxie éloignée
Et depuis cette étrange soirée
où elle m'apparut comme emblème
je sus qu'on ne pourrait que s'aimer
Moi aussi j’ai une fée chez moi…
Une vraie fée du logis
Qui frotte partout en fredonnant
Qui manie bien le fer à repasser
Même là où c’est très froncé !
Qui fait briller toutes les fenêtres
Et dispose des fleurs à foison
Pour embellir notre maison.
Sans faiblir, vers midi, elle s’agite
Et le fumet du dîner se répand
Comme une invite.
Sans falbalas elle se déplace
Fluette et toujours avec grâce.
Et le soir, dans son fauteuil au coin du feu
Quand les flammes projettent leur éclat
Elle sourit en s’affaissant
Pensant que la vie est fantastique
Quand on se contente de ce qu’on a.
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