jeudi 23 juillet 2020

Pause estivale




Pas de jeu au mois d'août...
pour cause de...vacances !

A plus !
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La Licorne
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lundi 20 juillet 2020

Les animaux malades de la peste






Un mal qui répand la terreur,
Mal que le Ciel en sa fureur
Inventa pour punir les crimes de la terre ,
La Peste (puisqu’il faut l’appeler par son nom),
Capable d’enrichir en un jour l’Achéron ,
Faisait aux animaux la guerre.
Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés :
On n'en voyait point d'occupés
À chercher le soutien d'une mourante vie  ;
Nul mets n'excitait leur envie ;
Ni loups ni renards n'épiaient
La douce et l'innocente proie.
Les tourterelles se fuyaient :
     Plus d'amour, partant plus de joie. 


Le Lion tint conseil, et dit : « Mes chers amis,
Je crois que le Ciel a permis
       Pour nos péchés cette infortune ;
  Que le plus coupable de nous
Se sacrifie aux traits du céleste courroux ;
Peut-être il obtiendra la guérison commune.
L'histoire nous apprend qu'en de tels accidents 
      On fait de pareils dévouements : 
Ne nous flattons donc point ; voyons sans indulgence
L'état de notre conscience.
Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons,
J'ai dévoré force moutons.
          Que m'avaient-ils fait ? Nulle offense  ;
Même il m'est arrivé quelquefois de manger
Le berger.
Je me dévouerai donc, s'il le faut ; mais je pense
Qu'il est bon que chacun s'accuse ainsi que moi :
Car on doit souhaiter selon toute justice
    Que le plus coupable périsse. 


- Sire, dit le Renard, vous êtes trop bon roi ;
Vos scrupules font voir trop de délicatesse.
Eh bien, manger moutons, canaille, sotte espèce.
Est-ce un péché ? Non non. Vous leur fîtes, Seigneur,
      En les croquant beaucoup d'honneur;
     Et quant au berger, l'on peut dire
Qu'il était digne de tous maux,
Étant de ces gens-là qui sur les animaux
 Se font un chimérique empire. »
Ainsi dit le Renard ; et flatteurs d'applaudir.
On n'osa trop approfondir
Du Tigre, ni de l'Ours, ni des autres puissances,
Les moins pardonnables offenses.
Tous les gens querelleurs, jusqu’aux simples mâtins, 
Au dire de chacun, étaient de petits saints. 


L’Âne vint à son tour, et dit : « J’ai souvenance
Qu’en un pré de moines passant,
La faim, l’occasion, l’herbe tendre, et je pense
Quelque diable aussi me poussant,
Je tondis de ce pré la largeur de ma langue.
Je n’en avais nul droit, puisqu’il faut parler net. »
À ces mots, on cria haro sur le baudet.
Un Loup, quelque peu clerc , prouva par sa harangue
Qu’il fallait dévouer ce maudit animal,
Ce pelé, ce galeux, d’où venait tout leur mal.
Sa peccadille fut jugée un cas pendable.
Manger l’herbe d’autrui ! quel crime abominable !
Rien que la mort n’était capable
D’expier son forfait : on le lui fit bien voir.

Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. 
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Jean de La Fontaine










vendredi 17 juillet 2020

JEU 59 : Fable du déconfinement





"Le monde est un vaste théâtre
où chacun joue son rôle le masque sur le nez"
La Fontaine, dans ses Fables,
Nous l'a fort bien montré.

Sous forme d'archétypes
Animaliers,
Nos rôles pathétiques
Y sont habilement représentés :
Orgueil ou avarice,
 Soumission ou malice,
Cruauté ou injustice,
On y retrouve tous les travers
De l'humanité ordinaire.

En contemplant la comédie
Du monde d'aujourd'hui
Je me suis dit
Que si la cour du grand roi Louis
N'était plus qu'un souvenir
Il y avait, pourtant,
Par temps de pandémie,
Beaucoup de choses à dire.

Vive le déconfinement ...
Qui nous permet de sortir !
Je suis partie, guillerette,
Rencontrer les héros
De ces fables désuètes
Et à ces chers animaux 
J'ai tendu mon micro :
Tous, ils m'ont confirmé
Que la période les avait  bien changés !

"Quel intérêt y a-t-il donc à courir ?
M'a dit le Lièvre, dans un sourire...
Je ne sais pas si j'ai encore envie
De sans cesse m'épuiser
A vouloir être le premier...
Du mois de mars au mois de mai,
J'ai enfin profité de la vie
Et peu à peu j'ai compris
Tous les bienfaits
De la lenteur...
La tortue m'a prêté son hamac
Et depuis, je vaque
Ou je bivouaque...
En savourant mon bonheur !"

"Quant à moi, m'a confié Perrette,
Je ne ferai plus jamais de plans sur la comète !
J'avais fait tant de prévisions
J'avais rêvé de tant d'entreprises...
Je me voyais gagnant des millions
Je me voyais reine du show-biz...
En trois mois, que de déceptions :
Me voici ruinée par la crise !
Adieu veaux, vaches, cochons, télés
Il ne me reste que les yeux pour pleurer !
Alors, après tant de malchance
J'ai décidé de partir en vacances
Sur une plage du Portugal,
Avec mon amie la Cigale."

La Fourmi, elle, m'a fait visiter
Son immense garde-manger :
"Moi qui suis si prévoyante
J'ai cru bien faire
Et dans les premiers jours, j'ai acheté, prudente,
Des monceaux de pâtes et de pommes de terres...
 Mais des premières, j'ai tant mangé
Que j'en suis dégoûtée...
Quant aux patates entassées,
Elles se sont mises à germer !
On ne m'y reprendra plus
C'est décidé, dès demain, dans la rue,
Aux inconnus, j'les distribue !"

Le Loup m'a abordée
Avec grande amabilité
Et il n'a pas tardé
A se confier :
"Quand je suis tombé malade,
M'a-t-il avoué,
Je me suis senti bien seul...
"Bien fait pour ta gueule !"
Criaient-ils tous en cascade...
Je n'avais personne pour m'aider
Et je l'avais bien cherché !
Je me sentais pitoyable
Et ô combien coupable...
Jour après jour, je me rappelais
Un par un tous mes méfaits.
Et je toussais, je toussais...
Abattu par la fièvre, 
Je regardais passer le Lièvre, 
L'Agneau et la Brebis
Qui faisaient un détour
Pour éviter ma tanière
Alors, j'ai compris que sans amour
La vie était un enfer...
Et que nous sommes tous frères !
J'ai pris une décision élémentaire
J'ai changé de régime alimentaire :
Je suis devenu comme l'âne
Je suis devenu Vegan !"

Le Pigeon, lui, m'a dit 
Qu'il ne voyageait plus...
Qu'auprès de sa chérie
Il coulait des jours heureux
Et qu'il songeait de plus en plus
A lui passer la bague à la patte !
"Rester chez soi, il n'y a pas mieux...
Je vous dis merci, messieurs,
Pour cette faveur délicate :
J'ai regagné mes pénates !"

Mais le Chien, en l'entendant,
S'est enfui par la fenêtre...
Et j'ai vu, avec étonnement,
Qu'il avait ôté son collier :
"Je ne veux plus de maître,
M'a-t-il soufflé, 
J'ai repris ma liberté !
Je vais courir, intrépide,
Très loin de ce Stop-Covid !"

Quant au Corbeau, il ne disait rien.
Sur sa branche, il fermait son bec.
Il avait entendu les politiciens
Faire tant de salamalecs
Qu'à la fin il avait compris
Les ressorts de l'hypocrisie
Il ne croyait plus aux mirages
Encore moins aux hommages
Et devant tout ce beau langage
En vieux sage,
Il gardait son fromage.

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La Licorne
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mercredi 1 juillet 2020

JEU 59 : Actualité fabuleuse




Tout d'abord,  
un grand MERCI à Andrea et à Mary,
pour leurs superbes "tranches de poésie"
de juin... !
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Mais il est temps maintenant passer à autre chose :
en ce mois de juillet, je vous propose 
de vous pencher à nouveau
sur un sujet peut-être oublié depuis l'enfance ...
"Les Fables de La Fontaine".




L'idée sera d'emprunter 
à ces fables du passé
un personnage ou un animal...
et de le "faire s'exprimer" au présent,
sur un fait d'actualité.

Le sujet en question 
peut être un fait divers, 
ou un sujet de fond...
peu importe, 
mais il devra être vu "par le prisme"
du personnage en question

Vous pouvez donc faire parler le Loup, l'Agneau,
la Fourmi, la Cigale, le Renard, la Cigogne,
Le Corbeau, le Bouc, le Chien, le Lièvre, la Tortue,
le Lion, le Rat, la Grenouille, le Boeuf,
la Laitière  le Bûcheron ou la Poule aux oeufs d'or...
comme il vous plaira !

Vous pouvez les faire discourir sur la crise en cours...
 sur le réchauffement climatique,
ou à propos d'un fait qui fait la "Une",
ou encore sur l'actualité
de personnes célèbres
(chanteurs, acteurs, politiques)...
ou sur le défilé du 14 juillet...
comme il vous plaira.


L'essentiel est que ce soit
un sujet "commun" et "actuel"
(éviter les sujets personnels
ou les événements du passé).

La forme du texte n'est pas imposée :
monologue intérieur, dialogue, récit,
poème ou fable...
tout est possible ou accepté.

La dernière contrainte (non obligatoire) sera 
de placer dans votre texte la phrase suivante :

"Le monde est un vaste théâtre 
où chacun joue son rôle le masque sur le nez.
 (Axel Oxenstiern -1645)

Voilà.
J'espère que cela vous inspirera

Envoi à undeuxtrois4@orange.fr
avant le 21 juillet 2020

Et en attendant, 
bonnes vacances à tou(te)s !
 .
La Licorne
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Liste des Fables :
ICI
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Une dernière chose : 
si la fable choisie ne fait pas partie des plus connues, 
merci de nous en indiquer le titre...
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