C'est alors qu'apparut le renard:
- Bonjour, dit le renard.
- Bonjour, répondit poliment le petit prince,
qui se retourna mais ne vit rien.
- Je suis là, dit la voix, sous le pommier.
- Qui es-tu ? dit le petit prince. Tu es bien joli...
- Je suis un renard, dit le renard.
- Je me souviens de celui de ma grand-mère.
- Alors, tu en as déjà vu. Pourtant tu ne m'as pas reconnu.
- C'est que, elle le portait autour du cou. C'était doux, quand je le caressais.
Toi aussi, tu appartiens à quelqu'un?
- Je ne comprends pas bien ta question. Le renard de ta grand-mère, il vivait chez elle?
- Je crois qu'elle le rangeait avec son vison, sa loutre et un chinchilla.
J'aimais bien qu'elle ouvre son armoire à fourrures.
Elle me disait: " Ce sont mes doudous."
Et en même temps, j'étais un peu triste,
parce qu'il y avait longtemps que je n'en avais plus.
Maman, un jour, avait décidé que j'étais trop grand,
elle n'a jamais voulu me dire où il était rangé.
Alors, quand ma grand mère ouvrait son armoire,
j'espérais que je le retrouverais avec les siens.
Et je pensais, pourquoi Grand-Mère y a droit, à son âge
et pas moi, aux doudous.
Mais comme maman m'avait interdit d'en parler, je ne disais rien.
- Je te comprends. C'est très dur de perdre son doudou.
Moi aussi, j'ai une histoire à te raconter.
Il était une fois une famille de renards, appelée Fennec.
Ces fennecs vivaient, mangeaient, dormaient dans le désert.
- Mais qu'est-ce qu'on mange dans le désert?
- Des souris, des oisillons, des lézards, des poissons, des insectes, des fruits quand il en trouve.
- Mais un renard Fennec, comment il boit dans ce désert?
- Il y a toujours quelque part, un point d'eau.
Et puis le fennec n'a pas besoin de boire beaucoup, et trouve l'eau dans sa nourriture.
Dans cette famille Fennec, étaient nés deux petits.
- Cela ressemble à quoi un petit Fennec?
- A moi. Une nuit, maman Fennec tendit ses oreilles, hurla.
Puis, plus rien. Les deux petits attendirent, la fourrure chaude leur manquait; le lait aussi.
Quand leurs yeux s'ouvrirent, ils firent connaissance l'un de l'autre.
Il fallut qu'ils se débrouillent. Le plus malin des deux sortit la tête, il faisait très chaud,
un éclair éblouit leur vue toute neuve.
Quand, le moins hardi put à nouveau distinguer la tanière, il était seul.
Ses oreilles, enfin redressées, captèrent des grondements, des claquements.
Puis ce fut le silence. Il apprit à chasser seul, la nuit, évitant les pièges du sable trop chaud,
grâce à ses pattes poilues, utilisant ses oreilles pour entendre, mais aussi pour se ventiler.
Il n'a jamais retrouvé sa famille.
Mais il a entendu ces mêmes bruits que le jour de la disparition;
il a senti une odeur inconnue, entendu d'étranges sons. Curieux
- Comme c'est triste, dit le petit prince, et regardant attentivement son nouvel ami,
je crois que j'ai deviné, c'est toi le petit fennec de l'histoire.
- Oui, comment as-tu deviné?
- Parce que tu es un peu différent du renard de Grand-Mère.
Premièrement, tu es vivant, deuxièmement tu as des oreilles plus allongées,
troisièmement tu es plus petit. Je voudrais bien t'aider à retrouver les autres.
- Il y a plus important; quand tu reviendras chez les hommes,
rapporte-leur mon histoire;
apprends-leur qu'un fennec est fait pour vivre dans le désert.
Que ceux qui ont capturé sa famille ne sauraient, eux, pas vivre dans ce même désert,
ils ne voudraient pas que leurs enfants, petits enfants soient enfermés dans une cage,
eux qui sont tellement attachés à la liberté.
Les hommes ont oublié cette vérité, dit le renard.
Mais tu ne dois pas l'oublier.
Et puis, ne regrette plus ton doudou. Quand tu seras là-bas, souviens-toi de moi.
Alors, tu sauras trouver les mots, pour les convaincre.
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