mardi 21 mai 2024

Atelier de Villejean et Jeu 94 : "La dictée"

 

Pour l'Atelier de Villejean

 

Elle était partie au printemps, le 13 avril. 

Depuis, le pauvre boulanger souffrait de triskaidékaphobie et d'anxiété chronique. Il maronnait et marmonnait du matin au soir, balbutiant des mots incompréhensibles et des phrases sibyllines.

Les villageois affligés et affamés, attendaient qu'il se remette à l'ouvrage, qu'il reprenne le chemin du four et du bon sens... ils venaient un à un le réconforter...ou le sermonner, mais rien n'y faisait. Il ne prêtait aucune attention à cette kyrielle de visiteurs et de badauds autochtones...il ne pensait qu'à sa belle callipyge et à sa fugue grand-guignolesque...avec un Don Juan de pacotille.

Noyant son chagrin dans l'alcool, frôlant la cirrhose, il émettait en continu une sorte de logorrhée incohérente, d'où émergeait parfois quelques exclamations misogynes...mais la plupart du temps, c'est le traître qu'il vouait aux gémonies, lui souhaitant une brusque et fatale épectase. 

Si un jour, la belle venait à résipiscence, il lui ferait comprendre à quel point il avait souffert, à quel point ce qu'elle lui avait fait subir était injuste et immérité. Oh oui, il le lui ferait bien comprendre...

 

La Licorne

 

 

 Consigne (allégée) de Joe Krapov

Faites une liste de dix mots français qui vous semblent présenter des difficultés orthographiques.

Une fois cela fait, prenez cette liste et insérez tous les mots dans un seul texte qui pourra être aussi farfelu qu’une dictée loufoque de François Rollin.

 


jeudi 9 mai 2024

Aujourd'huit : rendez-vous chez le psy

 

 

Pour l'atelier Mil et Une



 

Il y avait deux écoles : 

celle où l'on s'allongeait sur le divan

 et où le psy vous écoutait (ou faisait semblant),

en émaillant vos propos de "hum, hum"

afin que vous ne vous arrêtiez pas...

et puis, l'autre, plus moderne, 

où vous vous asseyiez devant lui, 

où il vous regardait dans les yeux...

La première, freudienne, ne me disait rien qui vaille...

je sentais que j'allais "tourner en boucle",

parler "sans fin" de papa, maman, la bonne et moi...

La deuxième me plaisait et m'intimidait à la fois. 

Comment faire pour trouver ses mots 

quand la présence de l'autre s'impose autant à vous ?

N'allais-je pas bafouiller, "trembler" ?

Allais-je supporter ce long monologue, 

ce "huit clos" à deux ?

Allez, le temps n'était plus à l'hésitation...

Passant par-dessus mes résistances

je pris une longue respiration et je frappai à la porte.

Chaise ou divan ?

On verrait bien.

La Licorne

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dimanche 5 mai 2024

JEU 94 : "La femme du boulanger" - La Licorne

 

Petit hommage à mes grands-parents

 

Mars 1938

Trifouilly-les-Bois

- Dis, Raymond, t'as-t-y pensé à la miche pour le pain bénit ?

- Mais oui, Germaine, que j'y ai pensé...j'ai pris la plus belle...la plus grosse. Y'en aura pour tous les paroissiens, t'en fais donc pas. 

- C'est bien. Bon, moi, j'n'irai pas, c'dimanche. Je viens d'balayer le d'vant d'la porte, j'ai encore mon tablier et mes sabots...pis j'ai pas fini d'faire cuire la viande sur le fourneau. Y dira ben c'qu'y voudra, l'curé. Dis, tu crois qu'y m'pardonnera d'avoir manqué un office ?

- Mais bien sûr, Germaine. S'y m'd'mande, j'lui dirai qu't'es malade...ça va ben aller. Y verra p'têt même pas qu't'es pas sur les bancs.

- Merci...mon Raymond. T'es bien brave. Embrasse ben toute la famille, la Jeanne, le Jacques...pis traîne pas trop au café après, hein ! La dernière fois, la poularde était toute brûlée quand t'es rentré. 

- Faut c'qu'y faut...j'peux quand même pas lâcher les gens trop tôt...tu sais c'que c'est...sinon, y s'formalisent et y n'viennent plus à la boulangerie. 

- C'qui faut pas entendre...Allez, cause un peu moins et dépêche-toi...Va prier pour que les gens mangent ton pain...et pour que ta femme continue à préparer la soupe qui va avec !  


La Licorne

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Consigne du Jeu 94

ICI

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jeudi 2 mai 2024

Agenda ironique : "Aux oubliettes"

 

 Pour l'Agenda ironique de mai

 


 

    Dame Liberté croupissait depuis des années dans les oubliettes du Castel de Montdactuel. Elle, si joliette quand elle était jouvencelle, avait maintenant le teint terne et les dents jaunies. Ses cheveux longs avaient perdu leur brillance et son mantel, aux fleurs de lys, n'était plus que lambeaux. 

    "Comment diantre en suis-je arrivée là ?" se demandait-elle. Tout avait pourtant si bien débuté. J'étais belle et aimée. Riche et admirée. 

 

 

    J'ai souvenance que je fêtais mes accordailles avec le chevalier Braillard... que nous étions tous en train de festoyer et de ripailler dans la cour du château, quand, soudain, venue de Nulle Part, a surgi, à la brune, une silhouette noire et crochue, un laideron caracolant sur son balai tordu, une intruse non bienvenue.

    - Mortecouille, que fait là cette garce ? s'est écrié mon amoureux. Allez quérir mon épée, que je la boute hors de ma vue, que je la pourfende, que je l'empale ! 

    Son courroux était grand car il venait de reconnaître, sous cette sombre vêture, son ennemie de toujours, la vile Panika, une sorceresse cruelle qui lui avait causé, au cours des ans, bien des tracas et des malaventures.

    Son honneur étant en jeu, mon brave fiancé se leva prestement et se mit à donner quelques grands coups d'estoc dans les airs...La vilaine en fut-elle impressionnée ? Que nenni ! La félone, en retour, agita sa baguette de noyer et usant d'une jactance diabolique, fit pleuvoir des dizaines de hallebardes sur les convives qui s'enfuirent derechef en poussant des cris de Mélusine.

    - Pleutres ! Couards ! Jean-foutres ! Boursemolles ! hurla mon futur époux. Je vous donne gîte et bonne pitance...et dès qu'il faut un peu guerroyer, vous me laissez  choir ! Vous êtes de fieffés coquins ! Si je sors de cet attrapoire, je vous ferai pendre haut et ...

    Il n'eut pas le temps de finir sa phrase. Avant le dernier mot, une hallebarde perdue se ficha violemment dans son chef. Ce qui se passa ensuite, je ne peux vous le dire car, à cette vue, je perdis contenance et m'écroulai sur le sol.

    Quand je me réveillai, j'étais prisonnière de ces lieux. 

Depuis, chaque jour, Panika me tend, sous la fente de la porte, un infâme brouet...juste de quoi ne pas trépasser. Sans visite et sans espoir, je me morfonds sans fin et je me demande, si, quelque part, quelqu'un se souvient encore de moi...

 

     

 

    J'ai ouï, il y a peu, au travers des murs de mon cachot, le chant d'un menestrel. Il chantait les louanges d'une Dame inconnue. Son nom revenait comme un refrain. M'aurait-elle remplacée désormais dans le coeur des manants ?  En tendant bien l'oreille, j'ai pu enfin saisir, derrière la musique et le bruit des grelots, le faible murmure des syllabes chantées : si je ne me trompe, la Dame louangée se nomme "Sé-cu-ri-té".

 

La Licorne

 




 
 

Consignes de L'agenda ironique

chez Jobougon

 

En prenant exemple sur  «Le livre du Cœur d’amour épris » 

du bon roi René d'Anjou,

Jobougon nous a proposé ce mois-ci de personnifier « Liberté » 

et de lui faire traverser moult tribulaventures 

 en inventant des noms de lieux et personnages 

dans le style de cette époque et de ce livre, 

et en incluant dans le texte au moins deux jurons bien tournés 

dans un langage tout aussi fleuri.



   

 
 
 
 

mercredi 1 mai 2024

JEU 94 : "La femme du boulanger"

 


 - Atelier d'écriture pour le mois de mai -

 

Ce mois-ci, faites courir votre imagination 
à partir de cette image :
 
 


et de ce livre  :

"La femme du boulanger"

de Marcel Pagnol

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Concernant le titre de livre , 

vous pouvez , au choix :


- Tout simplement, placer les mots de ce titre dans votre texte

(dans l'ordre que vous voulez)

- Ou faire en sorte que ce titre de livre soit aussi le titre de votre texte

(et donc le choisir comme fil conducteur de votre création)

- Ou , troisième et dernière possibilité, 

faire référence, tout au long du texte, à l'oeuvre citée

(en l'imitant, en la résumant, en la complétant, en la détournant...etc)

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Envoi à undeuxtrois4@orange.fr

avant le 21 mai 2024

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J'attends avec impatience

de "déguster" vos textes...

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La Licorne

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