samedi 28 novembre 2020

JEU 62 : La cigale, la fourmi et monsieur de La Fontaine

 

La fourmi

Monsieur le commissaire, je viens déposer plainte contre ma voisine la cigale. Quelle gale celle-là ! J’étais tranquille dans ma maisonnette, je passais comme tous les jours, un coup de balai sinon ça colle de partout, c’est bon les pucerons mais leur miellat, quelle poisse.

Tout à coup par la fenêtre j’ai vu arriver une mendiante aux ailes défraichies et pendantes, la tête du jour de l’an avec des antennes frisées comme vos moustaches. Elle criait des borborygmes à faire pâlir le capitaine Haddock.

Je l’ai reconnu aussitôt, c’est du harcèlement, Monsieur le commissaire, elle vient chaque année me réclamer des grains d’ellébore, de millet ou de n’importe quoi pour subsister. Je le sais, je l’ai déjà envoyée danser ! Tout l’été, elle chante jusqu’à plus soif nuit et jour. Enfin elle chante, elle grince comme un crincrin de l’avant-guerre de 14. C’est une drôline, elle attire les mâles et hop ! c’est parti pour un tour. Mais faire des provisions ; jamais !  Elle s’est pris un coup de balai au fesses et puis c’est tout.

 

 

La cigale

Monsieur le commissaire, je viens déposer une plainte contre ma voisine la fourmi qui m’a chassée de chez elle avec perte et fracas et surtout un bleu aux fesses.

Vous pourrez constater par vous-même, monsieur le commissaire. J’étais tranquille peinarde et j’allais à tout venant cet été faisant clin d’œil à qui voulait bien entendre mes chansons. Je ne faisais point de mal. Seulement je n’ai pas eu le temps de faire mes provisions d’hiver et me voilà SDF. Le compagnon que j’avais trouvé m’a fichue dehors.

Triste et dépitée, les ailes en berne et les antennes en bataille, je suis allée, comme chaque année, chez ma voisine la fourmi pour qu’elle m’aide à passer l’hiver. Je sais bien qu’elle refuse toujours mais on ne sait jamais. Ses placards regorgent de nourriture. Je lui ai demandé quelques grains pour subsister, ne pas mourir de faim jusqu’à la saison nouvelle. Pas moyen, elle m’a traité de pouffiasse et d’autre chose que ne n’ose pas vous répéter. Elle a osé me dire qu’après avoir chanté j’avais qu’à aller danser, que les bastringues ne manquent pas. Elle est jalouse car sur le plan mec, elle n’en a pas beaucoup.  Et C’est là que sans raison elle m’a flanqué un coup de balai en plein dans les miches.

Voilà monsieur le commissaire.

 

 

Le commissaire La Fontaine

 Encore ces deux furies. Quelles harpies ces mégères. Chaque année c’est le même refrain. Ces donzelles viennent tour à tour se plaindre l’une de l’autre… Elles me chauffent les oreilles. Elles peuvent pas se ne se kiffer !  D’accord mais elles me les brisent menu menu.

Monsieur le commissaire, elle m’a fait ci , monsieur le commissaire elle m’a fait ça ! Oh oh oh moi je suis là pour arrêter les voleurs pas pour régler les querelles de clocher. L’une veut faire danser l’autre et l’autre fait la manche sans aucun espoir. L’une remplit ses rayons de bouffe et l’autre ne pense qu’à lui piquer.

Ah bon sang mais c’est bien sûr ! Raminagrobis, à vous de jouer mon vieux !

 

Lilousoleil

 

 

 

dimanche 22 novembre 2020

JEU 62 : Le voyageur aux yeux de ciel

 





 
Nous


« Emmène-moi dans un endroit où nous ne sommes jamais allés ensemble » dis-je soudain sur un de ces coups de coeur dont j'ai le secret, alors que nous rentrions d'un déplacement coché 2 sur l'attestation dérogatoire.
Aussitôt, le soleil de mes nuits, qui ne sait rien me refuser, d'un adroit coup de volant, bifurque séance tenante sur une route secondaire. Nous débouchons effectivement dans un lieu inconnu de moi, peuplé de grands arbres et de verts pâturages.
Ce jardin idyllique entoure un long bâtiment un peu austère qui ressemble à un lieu de retraite spirituelle. C'en est un, c'est vrai, et j'aperçois des silhouettes de moines et de religieuses marchant d'un pas méditatif entre les frondaisons.
A côté d'un verger de dessin animé japonais, un bâtiment plus modeste. « Vente de pommes » est-il annoncé sur un écriteau.
Et sur le pas de la porte, un homme nous ouvre les bras.
« Je vous attendais » semblent dire ses yeux rieurs, d'un bleu pâle admirable, et emplis de bonté espiègle. La conversation s'engage, comme si nous nous connaissions de longue date.
Il se présente comme voyageur itinérant, ou vagabond par choix depuis toujours.
Oui, par choix, c'est ce qui rend le bonhomme fascinant, détonnant dans un monde calibré en froides étiquettes pour lequel il ne serait qu'un SDF.
Ses pas l'ont mené dans ce lieu, les religieux l'ont accueilli, lui offrant une place de jardinier factotum, il a saisi l'occasion de se poser pour une escale un peu plus longue.
Nous parlons herboristerie, jardinage et philosophie. Les canards chinois glissent lentement sur l'étang. Un chat dort au soleil.
 





Lui


Je les ai vus arriver de loin. Il faut dire que la nana, avec ses cheveux de flamme, on la verrait depuis la lune. Un petit couple bien sympathique, ils ont pris un kilo de pommes, une caisse de jus. Je me suis tout de suite senti en confiance. Je leur ai parlé de mon projet de formation sur les simples, oui vous savez bien, les herbes qui soignent. Les herbes de sorcières quoi.
Ils ne m'ont pas jugé, au contraire, ils ont eu l'air intéressés par mon parcours.
On a parlé des retraites ignaciennes, de la majesté des montagnes qui entourent les bâtiments, et du travail de la terre. Je n'avais pas vu grand monde ce matin, à part le chat qui ne parle pas. Ça m'a fait du bien de discuter avec ces gens. Ils ont l'air de s'aimer, ça se voit tout de suite.








Le chat


Non je ne dors pas. Et oui, je parle. J'observe de ma margelle. Moi aussi, je suis un voyageur, môssieur. Et je sais très bien pourquoi j'ai élu domicile ici, parmi les pommiers du cloître. Certes, si les poissons de la mare ne se laissent pas attraper facilement, les souris du grenier sont bien croquantes. Mais c'est surtout que les hommes y sont meilleurs. Ils ne s'embarrassent pas de ces futilités qui occupent le monde et la foule déchaînée, loin, là-bas. Ils connaissent la valeur des choses, et des mots bien pesés, comme des fruits.
Le père supérieur vient de temps en temps voir si le nouveau gère bien la récolte de pommes. De rares clients passent parfois la grille. C'est ce que j'aime ici : la paix. Ce matin, deux seuls sont venus troubler ma quiétude féline. Quand le gars a chargé sa caisse de pommes, la fille est venu me caresser le museau. Elle sentait bon. Tout est bien, me suis-je dit l'oeil mi-clos. Je ne dors pas, mais j'aime qu'on le croie.



Célestine

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samedi 7 novembre 2020

JEU 62 : Terre, Mer ou Ciel


 

 

Un gamin joue dans les bois. Accroupi, il agite l’eau et gratte la boue avec une branche cassée quand trois hommes l’entourent et commencent à pérorer tour à tour.

Moi, dit le premier, j’ai toujours eu les pieds sur terre. Bien équilibré, bien planté sur mes jambes, en toutes circonstances. On m’a toujours fait confiance et toujours considéré comme quelqu’un de fiable. D’ailleurs je n’ai exercé que des métiers de confiance. On savait qu’on pouvait s’appuyer sans crainte sur moi. Mes épaules étaient suffisamment solides pour supporter un poids énorme de travail mais aussi une pression sous laquelle les autres auraient facilement cédé.
Et donc, je l’affirme haut et fort, si nous avançons de quelques pas, nous resterons bien droits, les pieds supportés par le sol que rien n’ébranlera.

Moi, dit le deuxième, j’ai passé à ma vie à naviguer sur les mers et les océans. Je ne peux m’endormir que bercé par le mouvement d’un bateau. Si on me maintient à terre, je deviens irascible à force de rester trop longtemps éveillé. Il fait trop calme, trop immobile à terre, le sommeil me fuit alors qu’à bord, en pleine tempête, quand le navire oscille, se tord en gémissant sous le vent, je dors comme un bébé. Mon élément c’est l’eau, même que je suis né sous le signe des Poissons, si ça ce n’est pas une preuve !
En foi de quoi, je t’assure mon petit que tu peux poser sans crainte le petit bateau que tu as fabriqué ce matin avec une feuille de papier blanc. Il voguera sans aucun risque de couler puisque nous sommes face à une belle étendue d’eau.

Vous n’avez rien compris, dit enfin le troisième en secouant la tête, vous n’avez pas les yeux en face des trous voyons. L’année dernière encore, j’étais commandant de bord dans une compagnie nationale d’aviation. J’ai passé plus de la moitié de ma vie dans le ciel, à flotter parmi les nuages, à rêver à ces autres horizons que je découvrais peu à peu. Ah, j’en ai visité des pays, mais pas de ceux où on va en voiture ou même en bateau. Ceux dont je vous parle se trouvent tellement loin qu’il n’y a qu’en survolant terres et mers qu’on peut s’y rendre en un temps raisonnable.
Prépare donc tes avions en papier mon petit et n’écoute pas ces deux ignorants parce que là, ce que tu vois c’est évidemment le ciel et rien d’autre.

Le gamin partit d’un grand éclat de rire et leur dit : « moi je vois juste de la gadoue, j’adore taquiner les têtards qui s’y trouvent, former des tas de boue pour les embêter puis creuser des rigoles et regarder couler l’eau fangeuse. Tous vos palabres ne m’intéressent pas et si vous pouviez choisir une autre flaque un peu plus loin pour vous amuser, ça me ferait drôlement plaisir ! » 

 

Photonanie

 

 

dimanche 1 novembre 2020

JEU 62 : Il était trois fois...




 
Je sais que vous l'attendez tous avec impatience... :-)
Voici donc le sujet du mois  : 

 
Il s'agira de choisir un événement
et de le raconter de trois façons différentes...
 
 
Première variante :
 
Aller puiser dans trois "genres littéraires" différents 
comme par exemple
"Article de presse, fiction et poésie"
ou "correspondance, théâtre et  polar"...
ou encore 
"humour, science-fiction et documentaire"... 
 
 
 
 
 
Deuxième variante :
 
Faire raconter l'événement
par trois personnages différents...

...le but de l'exercice étant, bien sûr, 
de jouer sur les "différences de point de vue" 
 
 
 
 
 
De plus, le titre de votre production devr
comporter au moins l'un des mots suivants :
"Terre", "Ciel" ou "Mer"
 
Enfin, la longueur est limitée, 
pour chaque extrait, à 15 phrases.
 
(soit au total : 45 phrases)
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Voilà...c'est tout.

Affûtez vos TROIS crayons... ;-)
C'est à vous !

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Envoi comme d'habitude
 à undeuxtrois4@orange.fr
avant le 21 novembre 2020
 
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La Licorne
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