vendredi 23 janvier 2015

Fable : L'arbre malade



 
C'était un arbre immense
Aux branches centenaires
Un arbre aux feuilles qui dansent
Dans un flot de lumière...

Le roi passait chaque jour
Sous son feuillage dru,
Il avait de l'amour
Pour ce chêne moussu.

Par un beau matin d'août,
Il s'allongea dessous :
Trop fatigué sans doute,
Ou bien légèrement saoul.

Toujours est-il que deux
Petites feuilles bien vertes
Tombèrent sous ses yeux
Sur sa chemise ouverte.

Les prenant dans la main,
Il les examina :
L'une couverte de points
L'autre sèche, sans éclat...

Les feuilles étaient malades.
Une brève escalade
Montra au roi peiné
Que toutes étaient touchées.

Il décida d'agir,
Fit mander ses valets
Leur ordonna d'aller
Un remède quérir.

Ceux-ci firent de leur mieux :
Chaque feuille fut enduite
D'un baume miraculeux.
Il coûta cent pépites.

Le baume eut peu d'effet :
Les feuilles se ternissaient,
Séchaient et puis tombaient
Par centaines, par milliers.

Un mage venant de loin,
Trouva, lui, le moyen
Par un fil très discret
De toutes les rattacher.

L'illusion fut totale
Mais de courte durée :
A la chute fatale,
Nul ne put s'opposer.

Devant cette impuissance
A sauver son ami,
Le roi entra en transe
Et redoubla de cris.

Comment se résigner
A cette mort annoncée ?
C'est alors qu'apparut
Une tête chenue...

Une vieille courbée,
Petite et vermoulue,
S'essayant à marcher
Sur sa canne tordue.

"Laissez-moi un peu seule..."
Dit la vieille à son roi.
Elle regarda les feuilles
Elle regarda le bois...

Puis sa main doucement
Se posa sur l'écorce,
Sentit du tronc la force,
Descendit lentement

Vers la base du chêne.
Et là, sans hésiter,
Elle se mit à creuser,
Sans ménager sa peine.

Elle dégagea bientôt
Une énorme racine
Fouillant tout le terreau
Pour trouver quoi ? Devine !

"- Vous perdez votre temps ! 
Dit le roi, agacé.
- Le croyez-vous vraiment ?
Eh bien, Roi, regardez !"

Et sous le nez royal,
Elle brandit, triomphale,
Le tenant par la queue,
Un souriceau furieux !

Le rongeur affamé
Dévorait la racine,
Tranquille, bien caché
D'une dent assassine...

Depuis de longues années,
Il faisait là bombance,
Grignotant la santé
Du grand chêne en souffrance !

Ainsi fait souvent l'homme :
Atteint de mille maux,
Il soigne les symptômes,
Pensant guérir bientôt...

Mais ne voit ni le tronc
Ni la racine du mal...
Creuser, creuser profond
C'est là le principal !
.
La Licorne
.



samedi 17 janvier 2015

L'humour et les larmes (hommage en l...pogramme)




Quelques jours ont passé avant qu'on ne trouve
à nouveau la force de parler...
Ce massacre sanglant, juste après le jour de l'an,
nous a tous rendus muets et effarés...
et même, osons le "méchant" jeu de mots,
nous a totalement "abattus".

On est restés là, les bras ballants,
devant notre poste de télé...
On a pleuré, on a hurlé...
"Non ! Pas eux ! Pas comme ça ! Pas en France !"
Kalach contre crayon, le combat n'est pas à armes égales...
On ne tue pas les auteurs d'un journal...

On s'est souvenu de Cabu et des autres,
du grand Duduche et des beaufs,
de cet humour "vache" n'épargnant  personne
de cet humour tendre et décapant
sans courbette et sans révérence
de cet humour souvent choquant, inconvenant
venant sonner l'alarme...
secouer fort les dogmes et les croyances...

As de la provoc...
grands ados moqueurs n'ayant pas peur...
d'aller au bout du bout...de créer le scandale
et de déranger...absolument tout le monde...

Leur erreur a peut-être été de ne pas comprendre
que le respect a également des adeptes...
qu'on peut se moquer de tout ...
cependant...pas "avec tous"...
et que ne pas être cruel est souvent règle sage...

Reste que cette mort, complètement écoeurante...
personne ne peut l'accepter...
Tuer au nom du grand "chef céleste"...
sera toujours ...le plus grand "scandale"...

Ce n'est pas à l'homme de juger et de régler les comptes...
quand allons-nous le comprendre ?
Le sang appelle le sang...la vengeance est amère...
c'est juste le début...de l'enfer sur la Terre.
Quand l'humour mène aux larmes,
c'est la faute des armes.

Bravo quand même à vous... 
les crayonneurs !
Jusqu'au bout, vous nous aurez étonnés...
Quel tour de force !
Surtout pour des ...provocateurs...
Rassembler toute la France...
dans la rue !!!
Tous ensemble pour un jour...
Oh, ne rêvons pas, pour un jour seulement...
Pourtant, un jour, c'est déjà ça...

Bon, c'est foutu, on a raté le jour des soldes... ;-)
et après le drame, nos plus beaux  voeux
ont, sur nos lèvres, comme une saveur amère...
Nos larmes ne sont pas encore sèches...
que chacun veut déjà vous récupérer...

Alors, à vos stylos, à vos marqueurs  !
Là-haut créez-nous donc...un beau raffut !
Je rêve d'un beau bazar...tel que vous en avez le secret...
et d'une belle "UNE"...tracée dans les nuages
D'une "UNE" venant réellement du coeur...
D'une "UNE" pas trop bête..pas trop méchante...
sans être non plus trop "sage"... ;-)

Allez...courage...vous en êtes capables !
Préparez - nous ça...
Nos yeux se lèvent déjà... :-)
.
La L...corne
.

mercredi 7 janvier 2015

Roman-lipogramme



"Là où nous vivions jadis,
il n’y avait ni autos, ni taxis, ni autobus :
nous allions parfois, mon cousin m’accompagnait,
 voir Linda qui habitait dans un canton voisin.
Mais, n’ayant pas d’autos,
 il nous fallait courir tout au long du parcours ;
sinon nous arrivions trop tard : Linda avait disparu.
Un jour vint pourtant où Linda partit pour toujours.
Nous aurions dû la bannir à jamais ;
mais voilà, nous l’aimions.
Nous aimions tant son parfum, son air rayonnant,
son blouson, son pantalon brun trop long ;
nous aimions tout.
Mais voilà tout finit :
trois ans plus tard, Linda mourut ;
nous l’avions appris par hasard, un soir,
au cours d’un lunch."
(...)
.
"Anton Voyl n'arrivait pas à dormir. Il alluma.
 Son Jaz marquait minuit vingt. 
Il poussa un profond soupir, s'assit dans son lit, 
s'appuyant sur son polochon. Il prit un roman, il l'ouvrit,
 il lut; mais il n'y saisissait qu'un imbroglio confus,
 il butait à tout instant sur un mot 
dont il ignorait la signification.
Il abandonna son roman sur son lit. 
Il alla à son lavabo; il mouilla un gant
 qu'il passa sur son front, sur son cou.
Son pouls battait trop fort. Il avait chaud. 
Il ouvrit son vasistas, scruta la nuit." 
.

Extraits de  "La disparition"
.



Dans ce roman pas comme les autres,
l'auteur s'est donné comme contrainte
de ne jamais utiliser la cinquième lettre de l'alphabet,
la plus courante de toutes !
Il tient ce pari incroyable sur...312 pages.

A priori, cela pourrait apparaître
comme un pur exercice formel,
une prouesse linguistique gratuite,
dénuée de sens...

Mais quand on sait combien l'absence et le manque
étaient présents dans sa vie personnelle...
on comprend que dans cette contrainte un peu "folle"
se cache quelque chose de plus profond...
une autre disparition.

Perec a en effet perdu ses deux parents
pendant la seconde guerre mondiale :
son père est mort au combat,
sa mère a été déportée à Auschwitz...

Agé d'à peine sept ans, il a alors été confronté
à la douloureuse nécessité...
de vivre sans eux
(sans "e")
.
La Licorne
.




dimanche 4 janvier 2015

JEU 1 : Lettre à un célèbre inconnu...




Très cher vous,

En ce jour numéro 4 de l'année,
Où des mages, cachés dans des galettes dorées,
Attendront d'être découverts, pour nous couronner,
Je vous offre ces quelques mots, venus de ma propre cuvée.

Je pense, et j'espère, que le temps me permettra
de me plonger dans chacun de vos ouvrages...
Qu'une de vos pensées m'accompagnera 
chaque jour que 2015 me donnera à traverser... 
tantôt comme une vague, tantôt comme une marée.


Comme l'an dernier, Fabulo sera à mes côtés, 
avec son nouveau-né, que je ne peux pas nommer.
Fabulo sera présent,
pour nous apporter un aperçu de vous, 
et pour souffler, sur nos âmes apeurées, 
un instant léger et doux..

Comme le font tous les grands-hommes, 
couronnes cachées dans les galettes dorées 
que nous sommes...

Vous êtes, et resterez, Très cher vous, 
le Colporteur de Lettres d'or... 
En quelque sorte, une Présence pure... 
avec Une folle allure :-)))
.


Alors ? Avez-vous trouvé
 à quelle personne ces vœux sont adressés ?

.
Corinne
.



samedi 3 janvier 2015

Poème célèbre en lipogramme


Inspirée par le texte
composé par Jacques pour son petit-fils...
je me suis amusée à réécrire, 
sans utiliser la fameuse lettre interdite,
un texte célèbre...

Vous devriez le reconnaître facilement... ;-)
 
 


 
 
Le voici :

Le jour où tu pourras contempler la mort de ton ouvrage
Et sans te lamenter tout recommencer

Où tu pourras perdre en un seul coup tout ce que tu as gagné
Sans un geste et sans un regret

Le jour où tu pourras être amant sans être fou d'amour
Où tu pourras être fort sans cesser d’être tendre,

Et, te sentant détesté, sans détester à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre,

Le jour où tu pourras supporter d’entendre tes paroles
Déformées par des gueux pour enflammer des sots

Et entendre, à ton propos, les mensonges de leurs bouches folles,
Sans émettre de mensonge à ton tour

Le jour où tu pourras rester honnête tout en étant connu
Où tu pourras rester humble en côtoyant les monarques,

Où tu pourras être le frère de tous,
Sans qu’aucun d’eux ne t’accapare

Le jour où tu sauras contempler, observer et comprendre,
Sans tomber dans le doute ou la volonté de tout abattre

Où tu sauras rêver sans que ton rêve ne te mène
Où tu sauras penser sans n’être qu’un penseur

Le jour où tu pourras être dur sans pourtant être en rage,
Où tu pourras être brave sans chercher le danger

Où tu sauras être bon, où tu sauras être sage,
Sans être moral et sans être pédant,

Le jour où tu pourras rencontrer le succès après l’échec,
Et accepter ces deux menteurs d'un seul élan, 

Où tu pourras conserver ton courage et ta tête,
Quand tous les autres les perdront,

Alors les Grands, la Chance, le Succès et les Etres célestes
Seront pour toujours tes esclaves respectueux 

Et, plus fort encore que la faveur des Grands et le reste,
Ce jour-là, tu seras un Homme, mon garçon !
.
La L..corne
.



"Tu seras un Homme..." : Poème de Rudyard K...pl...ng


jeudi 1 janvier 2015

JEU 1 : Cher bout de chou...

image ici

Cher bout de chou, 

Quatre ans déjà !
Et les demandes débordent de tes yeux.
Tes sens sont en alerte...

Quels vœux pour cette nouvelle année ?

De tout mon cœur, j'espère que ta route
Ne sera pas trop jonchée d'embûches.
Le parcours sera long et encombré.
Des règles ardues le parsèmeront.
Respecte les avec adresse !

Des barrages, murs, fossés, défenses,
Se lèveront sur ton passage...
Observe les !
Reste prudent.
Essaye d'être toujours aux aguets pour les aborder !

Dans la détresse, ou lors des moments de doute,
Ecoute surtout les murmures de ton Cœur.
Marche sur ses pas sans aucune réserve.
De temps à autre, bouscule les montagnes,
Avec ménagement quand même...

Et garde profondément au fond de ton âme que personne d'autre,
Que ce que tu es, ne pourra te mener vers le bonheur...

Papy Jacou
.

Proposé par Jacques

JEU 1 : Etre au commencement

photo personnelle

Me promenant de gens connus en gens connus,
pouvant aller sur Fabulo tout en censurant le nom nouveau,
je commence par t'adresser tous mes vœux pour cette nouvelle année.

Ne pouvant te nommer, pour te les envoyer,
pour le cheval à un rostre,
j'espère le bonheur et un nouveau blog
débordant et regorgeant de textes
tous plus beaux les uns que les autres.
Proposé par Benoît R.
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