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vendredi 26 novembre 2021

JEU 70 : "99 dragons: exercices de style" - Joe Krapov


 

  99 dragons : exercices de style. 67, Disparition du n° 5


Casting :


Giorgio Dalida, working class Hiro-Hito ;

Papy Moujot, paysan quasi cajarcois ;

Rachid « Wild » al Rachid, roi sans pouvoir ;

Kominbalai, dragon


***




Qu’on s’introduisît dans la pampa ou dans la toundra sans visa, pass ni PCR, ça lui faisait ni chaud ni froid à Papy Moujot, paysan quais cajarcois. Ca lui causait aucun souci. L’immigration ? L’invasion ? Pas son truc à lui, l’administratif ! On a un roi pour ça, non, mis là on n’sait plus quand pour qu’aucun Attila malfaisant n’vînt assouvir son goût du pouvoir ou nous glapir son baringouin d’au d’la du Rhin.

Nonobstant ça, c’ qui lui plaisait pas du tout au paysan, ç’qui l’ chagrinait dru, c’mardi-là, c’tait qu’un dragon pas du coin s’attaquât à son gagn’pain !

Aussi n’ tarda-t-il pas à brandir sa faux, furibard, furax rapport aux moutons qu’on lui boulottait puis il partit vomir son vitriol au grand vizir :

- Alpaguons Rachid « Wild »al Rachid ! Il y a là du travail pour son armada ! Fantassins, spadassins, haschichins, cornichons à chichon, bachi-bouzouks, soldats du souk, avatars d’assassins, au turbin !

- Qui va-là ? lui opposa-t-on aux abords du palais. Puis il fut saisi, conduit au roi qui lui ordonna la fin du barouf car sinon ça s’rait Moujot droit au gnouf.

- Non mais dis donc, roi plus sourd qu’un pot, n’ouis-tu pas du ramdam dans nos champs ? Kominbalai, dragon pas commun, y fichant bazar, crois-tu qu’on va pouvoir subir l’individu sans qu’ici, à ta cour, nul n’ait souci du charivari commis ? Roi, vassal ou locdu, chacun doit au pot commun ! A ton tour, Rachid al Rachid ! Fais-nous voir ton pouvoir, ton savoir, ton tranchoir ! Fous nous donc au saloir l’animal malfaisant !

Las ! Un pays parfait où tout s’accomplirait suivant un plan divin, faut sortir tôt du lit pour foutr’ la main d’ssus !

Voilà pourquoi, quand Rachid « Wild » al Rachid brailla :« Soldats thalasso ! Pardon, j’ai fait la liaison mal-t-à propos : Soldats z’à l’assaut ! » la maison Poulaga, la maison Soldata, oyant « dragon » « combat » « Aux fusils !», « Taïaut !», « banzaï !», « sus à King-Kong !» « bataillons ! » « sang impur dans nos sillons !» aussitôt mit adjas, bouts, fila, calta, s’carapata ! Frank zappa sur « Taratata » !


***


Par hasard passa par là un Romain qui avait pour nom Giorgio Dalida. Un gros costaud tout droit tout flamboyant sur son grand pur-sang blanc. Il arborait la croix sur son scutum brillant. On voyait à ça qu’il avait la foi. Du coup, on s’ fia à lui. Il dit qu’il pouvait, lui, raccourcir l’animal.


Il fixa son prix : pyramidal, pontifical, dur pour l’anal !

Sans solution à l’horizon car Kominbalai poussait Mamy dans l’artichaut au point qu’il commandait qu’on lui livrât la chair d’humains fort mignons, pas trop croûtons, plutôt dodus, vingt ans pas plus, - Putain ! L’Gargantua, lui, ho ! - on marchanda mais ça coûta un max. On vous dira ça plus loin.

On combattit. 




Giorgio gagna. D’un coup sur son tarin il occit l’Tarascon. Kominbalai finit dans un hachis Rossini.

A la fin du combat on adopta la foi du Romain. A lui, Giorgio Dalida, ça n’rapporta pas lourd. Il n’obtint nul Oscar à Hollywood, fut omis dans l’Who’s who, n’apparut pas plus dans l’bottin mondain puis, surtout, fait paradoxal, il finit martyr, un 23 avril, l’occiput distrait du corps.


Passons sur l’humiliation. Oublions l’an 303, s’il vous plaît. Quoiqu’on ait fort appris du truc : jamais plus un rasta n’arriva pour nous brandir sa loi, nous mugir son bon vouloir ou nous bonnir son diktat : on s’arma pour ça d’un paladin sanguin : Mouammar Khadafi.

Qui a ri, par ici ? T'aurais pas dû ! Puni cagibi, Nicolas Sarkozy ! 





Consigne initiale  ICI
 
.
 
 
 

mardi 2 novembre 2021

JEU 70 : "La disparition" - La Licorne

 

Consigne ICI



Pffff !

Un court instant auparavant, tu trônais là, 

lisant ton journal du matin. 

Instant sans fin, imaginions-nous.

Mais tout finit un jour. 

J'aurais voulu un flot d'amour...

j'aurais voulu ta main dans ma main...

J'aurais voulu...

Mais non. L'hôpital a dit non. 

Trop tard. 

Pour toi, pour nous...

Fichu AVC, fichu virus...

Longs sanglots.

.

La Licorne

 (Lipogramme en "e")

.

 

(Texte fictif, mais aussi hommage posthume 

à l'un de mes oncles... décédé en 2020 d'un AVC)

 

.

 


mercredi 26 février 2020

JEU 54 : Comme par magie


Comme par magie




Je bois pensive mon thé
Comment ce défi réaliser
Sans cette lettre damnée ?
Dans le fond de ma tasse évasée
Je cherche réponse en vain noyée
Viens donc à mon aide, Circé
Pas de réponse, c’est encore raté
Alors dépitée j’ai avalé mon thé
Et cette lettre damnée
S’est enfin évaporée.



samedi 15 février 2020

Lipo...grammatiquement


Pl*s que six jo*rs 
po*r tro*ver *ne idée...
.




En attendant vos prochains envois,
voici quelques infos
sur cet exercice peu commun et peu pratiqué...


Le lipogramme est un exercice de style

 qui consiste à exclure, dans ses écrits, 
une lettre de l'alphabet.

Cet exercice n'a d'intérêt, évidemment, 

que s'il s'agit d'une lettre relativement fréquente.


Ainsi, un lipogramme en K ou en W

n'est pas un exploit, 
c'est simplement la norme !

Alors, pour votre gouverne,

voici la liste des lettres les plus utilisées
dans la langue française 
et leur fréquence d'apparition dans un texte :



  1. E : 17.26 %
  2. A : 8.40%
  3. S : 8.08%
  4. I : 7.34%
  5. N : 7.13%
  6. T : 7.07%
  7. R : 6.55%
  8. L : 6.01%
  9. U : 5.74%
  10. O : 5.26%

Comme vous pouvez le constater,
les lipogrammes en U,  en L, ou en 
(déjà pratiqués sur ce blog)
sont donc  légèrement plus faciles
 que le lipogramme en I...
(le premier que nous ayons testé)


Le plus difficile de tous restant bien sûr le lipogramme en E,
que seul Georges Perec est parvenu à apprivoiser complètement...
.





JEU 54 : L'étrangère






Etrange...
Je me sens observée !
Comme si l'on m'épiait...
Regard dans mon dos ?
Non ! 
Il n'y a personne...

Bizarre...
Sur mon passage,
les gens s'écartent...
ils désertent les trottoirs...
La ville se vide petit à petit...
Les magasins se ferment
Les vitrines s'éteignent...

En trente secondes,
me voilà égarée dans la pénombre.
Complètement isolée.

Malaise.
Le phénomène, dans sa rapidité,
n'est pas naturel :
manifestement,
il est dirigé contre moi...
On cherche à me mettre de côté.
On me traite en paria,
en indésirable.

Mais la raison
de cet ostracisme inopiné
m'échappe.

Je cherche dans ma mémoire.
Rien ne vient.
Honnêtement, 
je n'ai rien fait de spécial...
Ni hier,
Ni avant-hier,
ni avant-avant-hier.
Vie ordinaire, banale...
sans le moindre incident notable.

Mystère.
La pénible sensation de rejet
s'intensifie.
Elle m'envahit,
me serre la gorge.
Le silence des environs
devient pesant.
Massif. 
Enorme.

Etrangère dans ma ville.
Etrangère chez moi.
Comment est-ce possible ?

Un policier passe.
Me demande mes papiers.
Je tends ma carte d'identité :
il me toise, grimace 
et finit par lâcher, 
légèrement méprisant :
"Il est interdit de rester ici. 
Partez !"

Il insiste.
"Allez, partez ! Vite !"

J'hésite.... 
il sort son arme.
Je n'ai pas le choix  :
j'obtempère.
 
Ok, je m'en vais.
Je rentre à la maison.
Pas envie d'être la cible
de ce cinglé.




Il me crie encore :
"Ce sont les consignes !!!"

Les consignes ?
Je ne comprends pas.

C'est kafkaïen.

Traquée, moi ?
Cela n'a pas de sens.
Mon innocence est évidente.
Flagrante.
Et cependant, la ville entière
semble dressée contre moi.

On cherche clairement 
à me rayer de la carte.
A me faire disparaître...

C'est insensé.

Je vais rentrer chez moi,
y réfléchir à tête reposée. 
Mais soyez-en certains :
je ne me laisserai pas faire.

J'en appellerai à mes amies...
à mes cinq amies proches.
Elles me prêteront main forte...
Elles l'ont déjà fait par le passé...

 Passants et policiers,
écrivants et écrivantes,
sachez-le :
je reviendrai bientôt !
Très bientôt.

Moi, 5ème voyelle et 21ème lettre,
citoyenne de la ville Alphabet,
 je n'ai pas dit mon dernier mot ! 
.

La Licorne



.




lundi 10 février 2020

JEU 54 : Essais




Divertissement oblige, impossible d’y échapper,
Le dictionnaire devint mon livre de chevet.
Apprendre sans repos ni répit
En français, les mots ainsi:
Pas l’intégralité, mais en sélectionner
Certains, ne comportant point la  voyelle proscrite,
Entre les consonnes T et V, coincée.
Imaginez donc le travail de titan,
Ce pari à moi-même imposant.
Posséder termes en nombre inimaginable,
Aligner et trier infinis vocables,
Les envoyer de mon encéphale à ma réflexion écrivaine
Mots de tête et en casse-tête,
Craindre la méningite,
Irritations des poils de ma boite crânienne.
Invention de paraphrases, métaphores,
Le moindre verbe, impossible à décliner en totales manières
Avec certaines personnes, ni s’adresser à ces dernières.
Écrire, poser interrogations, sibyllin jargon français,.
En méandres orbitales, transposé.
Craignant totales incompréhensions,
Clairvoyances malmenées,
Je clos cette diatribe,
Essai sinon transformé,
Tentative néanmoins expérimentée.
À Dame Licorne, rapport envoyé,
En ce dimanche ratatam*, 
en l’an 2020, mois de février.

* J’ai compté: am stram gram pic et pic et colégram, 
bour et bour et ratatam




JEU 54 : Les métamorphoses





La main tremblante, abandonnant sa révolte, 
Pierre frôle Sara.
Il se penche et parle. La regarde.
Les distances faiblissent.
Il lit les espaces entre les lignes,
cette transparence des sens éveillés,
le partage des corps allongés dans l’ombre.
Contre elle, Pierre entre en elle.
Le langage des métamorphoses chasse alors
la désolation et les déserts,
absorbe le limon et la glaise, éloigne les tempêtes.
Attendri, il la revêt de rêves, réinvente les ciels immortels.
La contemple, épris.
Terre franche, tantôt visible, tantôt invisible.
Expressive.
Attisé par les arrondis clairs de la chair,
dans les corps déployés, brassés, associés, gestes animés,
le désir enfle ; il libère la sève.
Le regard ample, il embrasse ses lèvres. 
La regarde.

jeudi 6 février 2020

JEU 54 : Métamorphose



Métamorphose




Ce matin, dans son cocon
Enfermée elle se protège
Des êtres malfaisants


Ce midi, de ce cocon
Fragile, des ailes de neige
Elle déploie discrètement


Ce soir, fini le cocon
Elle sort de ce piège
S’envole vers son océan


Maintenant, loin du cocon
Elle pense à ce privilège
D’être en vie pleinement.





lundi 3 février 2020

JEU 54 : Les misérables






Agis !

Les misérables vont et viennent
Ici, maintenant
Cachant des sanglots secs, des crachats
Et la faim indécente se mêlant à la crasse
Impose le silence à nos trop vaines larmes


Par centaines, par milliers même, les voilà
Arpentant les trottoirs, avides de regards, 
de bienveillance, de charité
Se tenant droits malgré la faim oppressante
Avançant
Cherchant la vérité de la condition terrestre, là, 
dans nos vies de parias immobiles,
Offrant à notre abondance, 
l’espoir incomplet des galères à venir, 
des chagrins à bannir


Silence
Je crois saisir 
le son de l’ambiance pesante 
de nos inactions


Les misérables jaillissent et crient, 
c’est bien cela
Ils sortent, avancent, vivent
Osant l’effroi direct de la perte
Dans la faim et le froid
Faisant trembler la masse
Par milliers
Mêlés et enchainés 
à la crainte de nos appels déjà taris

Silence

Par pitié
Entends l’absence de don jaillir à l’infini
Est-ce la danse finale des passagers blessés
Se noyant dans les rêves de notre Charité ?

Silence, on broie
La vie s’en va…

Ne te laisse pas faire 
par les ragots acides des médias 
te demandant l’immobilité 
et la paresse
Ose
Prie
Fonce
Lève-toi
Aide

Evade-toi
Observe l’horizon
Rien n’est immobile dans tes prières
Crois-moi
N’attends pas
Agis !




samedi 1 février 2020

JEU 54 : Lipogramme en...U



Pour le mois qui vient,
je vous propose d'écrire
un lipogramme , c'est-à-dire un texte
dans lequel vous aurez supprimé
une lettre de l'alphabet.

La lettre interdite sera la lettre
U.




De plus, le titre du texte sera imposé...
vous le choisirez obligatoirement
parmi les titres suivants :


"L'idiot"
"L'étranger"
"Essais"
"La métamorphose"
"Le vieil homme et la mer"
"Les misérables"
 "Les grandes espérances"


.
Une idée ?
Deux idées...?
Plein d'idées ?

Allez,
c'est parti !



LE TEMPS QUI PASSE–A vos plumes chez Arlette | Mandrine6's ...


Euh...pardon...à vos crayons...
voulais-je dire...:-)


 Envoi à undeuxtrois4@orange.fr
avant le 21 du mois.
.
La Licorne
.






La lecture d''autres lipogrammes vous inspirerait ?
Allez chercher dans les archives du blog
ICI
.

Nous avons déjà testé les lipogrammes
en "I", en "O" et en "L"...
 .






jeudi 21 décembre 2017

JEU 31 : Noël littéraire

 


 

- Votre dernier ouvrage, monsieur Ray, porte un titre assez intrigant...
Pouvez-vous nous en dire davantage ? Est-ce un roman, une histoire vraie, un récit fantastique ?

- Eh bien, c'est un peu tout ça, oui...je dirai d'abord que cette histoire est  une histoire qui se passe dans un temps très réduit : à peine une semaine....ça commence en effet au matin du 24 décembre 1999 et ça se termine six jours après, au moment du passage historique au premier jour de 2000.
 
Une fin d'année qui restera à jamais inscrite dans nos mémoires... en raison  de cette tempête sans précédent qui, souvenez-vous, détruisit en une journée un bon tiers des forêts du pays et, qui, en même temps,  traumatisa de nombreuses personnes. Une partie de mon récit s'appuie donc sur des faits authentiques...mais une autre partie est inventée de toutes pièces...ça reste avant tout un roman.

- Donnons très rapidement un aperçu de cette histoire : Votre héroïne est enceinte et prête à accoucher, mais se retrouvant soudain sans courant et sans moyen de communication, ne pouvant joindre personne, cette jeune maman, nommée Marie, va devoir mettre son enfant au monde sans aide aucune... Dans un cabanon perdu au fin fond d'une forêt, cette mère-courage, réunissant ses dernières forces,  va trouver un moyen de résister, pendant six journées, aux assauts du vent et du froid ...tout en protégeant son bébé nouveau-né. C'est émouvant...et captivant. Et puis, on ne peut s'empêcher de penser, en découvrant votre texte, à une autre Marie...
 


- Bien sûr. J'ai imaginé une Marie d'aujourd'hui, une Marie de notre époque...une Marie moderne !

- Et vous avez dépeint un fiston qui paraît aussi tiré des Ecritures...puisque son prénom est Josué.

- Oui, c'est une évidence. Tout, dans ce récit, nous ramène 2000 ans en arrière...y compris deux ou trois faits, qui ne vous auront sans doute pas échappé : c'est un homme nommé Bernard Berger, qui, répondant aux cris de Josué affamé, viendra, au bout d'une semaine, sauver des neiges ce petit bambin et sa mère, épuisée. Et c'est un docteur nommé Marc Matthieu qui va ensuite donner des soins au bébé.

- C'est vrai, j'avais remarqué...mais ne disons pas tout...nos auditeurs repéreront eux-mêmes, en parcourant votre récit, vos fréquentes références au texte de Saint Matthieu.
Ne perdez donc pas de temps, chers amis et précipitez-vous dès maintenant pour acheter  "Sacrée tempête" de Christophe Ray ...nous comptons sur vous pour nous donner vos avis avisés jeudi prochain...
Et en attendant, joyeuses fêtes à tous !
.
La Licorne
.
 
 
 



mercredi 13 décembre 2017

JEU 31 : Visiteur de nuit

 
 
 
Une bûche finissait de se consumer dans un âtre grisâtre.  Dernière bûche.  Après, ce fut noir comme néant et Jean resta coi.  Aucun compagnon ne s’unissait à son âme en cette nuit de fête, nuit du 25 décembre.  Un froid grandissant engourdissait son corps affamé. 

Pourtant c’était un homme de cœur, disait-on, un homme de cœur au centre d’un pays indifférent.  Son esprit, serein quand même, s’ouvrit tout grand.  C’était une méthode apprise autrefois auprès d’un sage méditant.  Et ça fonctionnait très bien.  Un esprit grand ouvert capte une paix infinie, bienfaisant remède pour une âme meurtrie.  Fantastique intermède.

Soudain on entendit un gémissement tout près, suivi d’un autre, et puis un aboiement.  S’ébrouant hors de son état statique, Jean s’empressa de répondre à ce visiteur imprévu.  Une énorme masse bondit dans cette ouverture et dans cet abri, au risque de renverser un hôte sidéré.  Oh, fiston, fiston!  Je n’en crois pas mes sens.  Après tous ces mois sans toi, tu m’as retrouvé.  Contre tout espoir, te voici revenu chez toi, chez nous, mon grand chien, ma fourrure adorée.  Viens voir papa!

Ah, bonheur infini, douceur sans prix, ah, merci, douce vie !
 
 

 
 

dimanche 10 décembre 2017

JEU 31 : Une petite page de pub




 
Mardi dernier, j’ai reçu une proposition pour une intervention pour Christmas Time,
chez un opérateur de bigophonie (que je ne citerai pas, secret d’amateuriste of course)
Cette missive m’indiquait une adresse dans Paris 10ème, rue des petites écuries,
un nom de rue qui sent bon comme une odeur de crottin, frais comme j’aime.
;
Je me présentai donc ce samedi à cette adresse.
C’était un remue-ménage capharnaümesque : un monde fou, des caméras
et des cameramans, des photographes, des cascadeurs, des reporters,
des acrobates, des pyramides d’iphones, des grimeuses, des vendeurs de hot-dog,
 des badauds affamés et des curieux frigorifiés, mais contents de participer à cette fête.
 En bref, une expérience sensitive comme j’en ai peu connu!
,
Je fus reçue par une charmante jeune femme avec une robe trapèze méga-courte
qui m’a très gentiment commenté mes attributions.
Je serai « mentor technique en animaux magiques »
pour the SCENE WITH THE HORSE.
Je me voyais déjà non pas en tête d’affiche
 mais au moins comparée à Mario voire à Bartabas.
J’ai eu tout de suite un coup de foudre pour ce canasson,
qui était d’une teinte entre ivoire et cygne, une ossature robuste et vaporeuse,
une robe moirée et bien brossée, une corne tressée sur son chanfrein….
Un pur bijou.
 
J’ai chuchoté à son intention :
 "Bonjour, Fiston ! Comment te surnommes tu ?"
Sans attendre de réponse, Miss Robe-trapèze me prévenait d’un ton froid :
« son nom est Canson du Papetier, un peu sourd, Canson n’en fait qu’à sa tête,
son comportement est digne d’un enquiquineur de première :
pour preuve trois cascadeurs avaient été mis par terre ….
d’où ma présence en tant que dresseuse.
Son museau était aussi doux que du papier de soie justement
et nous avons commencé une grande discussion (j’ai bien vu que Canson
avait un type asiatique, et je baragouine couramment japoney)
,
A un moment, un homme a crié dans un mégaphone
que c’était mon tour avec « ce fichu bourrin ».
Je me suis dit que c’était évident que The Horse se soit vexé.
 S’entendre nommer « Bourrin » çà vous siérait à vous ?
Pourtant Canson paraissait motivé et prêt à se courber en quatre
 pour tourner cette pub !
,


 
Je me suis approchée de Marco, cascadeur de son état, 
que j’avais vu faire des acrobaties, juste avant sur une fusée, 
et j’ai écouté attentivement ses consignes.
 
The Operator in chief disait : 
« On fait d’abord une maxi séquence et ensuite on zoome ! 
toi, oui toi, Miss « mentor technique en animaux magiques »  
tu dois juste faire courir The Bourrin au bon moment
 (pour ce faire j’avais hérité d’une botte de carottes à agiter sous son nez
 avec une sorte de canne à pêche géante (on ne voit rien sur ma photo-souvenir,
ce prodige fait en postprod quand même !!)
 
The Operator chief a poursuivi :
« A un moment on va mettre à fond, tous gaz dehors
et on devra donner une vision d’une course aérienne.
 Tu as tout compris ?
Excite Canson en même temps avec ta voix et avec ces carottes »
?
J’ai acquiescé et Canson du Papetier aussi
pour prouver qu’on était compagnons et partenaires.
Marco, the cascadeur, avait un air un peu démoniaque
avec son déguisement rouge et outremer en strass,
 mais je crois que c’est juste du fait de son habitude
 à chevaucher des fusées et non pas des chevaux…
 
D’un bond, Marco est monté sur Canson.
J’ai agité mes carottes comme une pom-pom women
 pour mettre Canson en route.
Cet équidé a été très coopératif jusqu’au moment
où Marco s’est déporté en arrière
(pas extraordinaire son assiette à ce monsieur)
 et c’est à ce moment que Canson a craqué :
 
ce poids du cascadeur a dû froisser une vertèbre
 à moins que ce ne soient un des feux de fusée
qui ont chambardé son imagination féconde.
Je ne vois que ça pour transformer un canasson si patient
 en furie déchaînée.
 
Canson a rué comme un Quater-Horse de rodéo
et Marco a fait un très charmant Take-off in the sky ;
notre pauvre cascadeur est tombé dans un bac d’orangers 
avec un grand craaaaaaaaaaac. 
Je me suis retrouvée aussi 4 fers on the air dans cette affaire.
?
J’ai entendu Marco reprendre ses esprits et grogner en recrachant ses dents :
« ouh, ouh, ouh donn…..moi un …..mède ! »  
Je me demandais bien ce que ce pauvre homme disait sans dents ?
un intermède ? Un Archimède ?
?
A peine je me suis redressée
et ai reconnecté mes neurones, que j’ai enfin compris.
Marco désirait un remède sur ses bosses !
j’ai essayé de rendre service en attendant nos bien aimés pompiers….
Et Canson me direz-vous ?
Je ne sais pas où ce phénomène est parti : j’ai vu sa dégaine une dernière fois,
trottinant sur nos toits de Paris comme un fantastique acrobate !
 
 
Pour voir the texte of the beginning it’s here.