L’année commence à peine et les cercles autorisés
se demandent bien comment elle finira.
Gageons qu’on en saura plus aux alentours du 31 décembre prochain,
mais les plus impatients n’hésitent pas à essayer de se renseigner en douce.
Certains, par-delà les horizons terrestres, pointent un doigt interrogatif
vers les courses entremêlées de la lune et des étoiles,
qu’ils harnachent pour l’occasion de toutes leurs qualités supposées,
honnêteté, humilité, et autres fariboles.
On hiérarchise les astres, astreignant aux heures fixes les volants météores :
pour ceux-là, foin de l’héliocentrisme, leur héros sera un lion hautain ;
tel croira au bélier et à ses cornes entreroulées, signe de hâte et de heurts
(à provoquer ou éviter, c’est selon) ;
telle autre se fie au taureau, heureux brouteur d’herbe.
Tels enfin se songent habiles à suivre la course de deux petits hercules halés,
les gros et gras Gémeaux, pourvoyeurs de bonnes nouvelles.
D’autres lèvent encore l’œil, mais moins haut,
et balancent à confiancer le vol des piafs,
ou, hardiment questionnent les nuages,
afin d’y découvrir le futur incertain.
À l’inverse, tournant le dos au ciel, certains scrutent à même la terre
la trotte du hérisson, la gambade de la hase, la hargne du scorpion,
pour y découvrir le temps qu’il fera
et si l’amour et l’argent viendront en leur temps.
Et que dire de ceux qui plongent le regard
dans l’eau dormante habitée des Poissons écailleux ;
et, lancé de dés, addition de nombre, lecture de cartes coloriées
– cent autres fredaines plus ou moins assurées.
Mais lire les chiffres, les cieux ou les eaux ne leur apprendra pas,
au contraire de la lecture de cette chronique, qu’une société secrète bavaroise
(Goethe en fut, preuve d’un certain sérieux) a,
il y a quasiment douze douzaines d’années,
résolu l’énigme.
L’avenir ?
Il est perfectible, et voilà tout.
Ce qu’on sait encore moins, c’est que les affidés,
pour se mettre eux-même à l’épreuve de cette évidence,
devaient avant chaque réunion réaliser un gâteau
dont la recette se passait de bout de lèvres à creux d’oreilles,
recette fort simple au demeurant et qu’il s’agissait non point tant de réussir
ou de ne pas rater que de tenter d’améliorer.
Les dits gâteaux étaient partagés lors de repas initiatiques
où on évitait tous les débordements décoratifs
qui abondent généralement dans les sociétés prétendument secrètes :
nulles larges teintures sombres frappées de l’aigle bicéphale
encadrant une grande table chargée de coupelles de bretzel,
de chandelier fumant, de choppes de bière
et de bouteilles à col étroit de vin de Franconie,
d’un plat d’argent où fumeraient des weißwurst.
Cette tarte et cette recette perfectibles par essence,
vous avez devinez, je crois,
qu’il s’agit de la Jumeleine.
Vous allez maintenant m’en demander la recette – en vain :
l’une et l’autre n’a pas survécu à la dissolution de la société des Illuminati.
Aux esprits chagrins qui s’en désespéreraient,
disons que puisque rien ne dit que cette histoire est vraie
(on peut tout espérer d’une société secrète disparue),
et cette disparition n’empêche en rien, bien au contraire,
tout un chacun d’imaginer une Jumeleine à sa guise.
Il en est de même pour l’année à venir,
que je vous souhaite comestible et perfectible.
.
Carnetsparesseux
.
se demandent bien comment elle finira.
Gageons qu’on en saura plus aux alentours du 31 décembre prochain,
mais les plus impatients n’hésitent pas à essayer de se renseigner en douce.
Certains, par-delà les horizons terrestres, pointent un doigt interrogatif
vers les courses entremêlées de la lune et des étoiles,
qu’ils harnachent pour l’occasion de toutes leurs qualités supposées,
honnêteté, humilité, et autres fariboles.
On hiérarchise les astres, astreignant aux heures fixes les volants météores :
pour ceux-là, foin de l’héliocentrisme, leur héros sera un lion hautain ;
tel croira au bélier et à ses cornes entreroulées, signe de hâte et de heurts
(à provoquer ou éviter, c’est selon) ;
telle autre se fie au taureau, heureux brouteur d’herbe.
Tels enfin se songent habiles à suivre la course de deux petits hercules halés,
les gros et gras Gémeaux, pourvoyeurs de bonnes nouvelles.
D’autres lèvent encore l’œil, mais moins haut,
et balancent à confiancer le vol des piafs,
ou, hardiment questionnent les nuages,
afin d’y découvrir le futur incertain.
À l’inverse, tournant le dos au ciel, certains scrutent à même la terre
la trotte du hérisson, la gambade de la hase, la hargne du scorpion,
pour y découvrir le temps qu’il fera
et si l’amour et l’argent viendront en leur temps.
Et que dire de ceux qui plongent le regard
dans l’eau dormante habitée des Poissons écailleux ;
et, lancé de dés, addition de nombre, lecture de cartes coloriées
– cent autres fredaines plus ou moins assurées.
Mais lire les chiffres, les cieux ou les eaux ne leur apprendra pas,
au contraire de la lecture de cette chronique, qu’une société secrète bavaroise
(Goethe en fut, preuve d’un certain sérieux) a,
il y a quasiment douze douzaines d’années,
résolu l’énigme.
L’avenir ?
Il est perfectible, et voilà tout.
Ce qu’on sait encore moins, c’est que les affidés,
pour se mettre eux-même à l’épreuve de cette évidence,
devaient avant chaque réunion réaliser un gâteau
dont la recette se passait de bout de lèvres à creux d’oreilles,
recette fort simple au demeurant et qu’il s’agissait non point tant de réussir
ou de ne pas rater que de tenter d’améliorer.
Les dits gâteaux étaient partagés lors de repas initiatiques
où on évitait tous les débordements décoratifs
qui abondent généralement dans les sociétés prétendument secrètes :
nulles larges teintures sombres frappées de l’aigle bicéphale
encadrant une grande table chargée de coupelles de bretzel,
de chandelier fumant, de choppes de bière
et de bouteilles à col étroit de vin de Franconie,
d’un plat d’argent où fumeraient des weißwurst.
Cette tarte et cette recette perfectibles par essence,
vous avez devinez, je crois,
qu’il s’agit de la Jumeleine.
Vous allez maintenant m’en demander la recette – en vain :
l’une et l’autre n’a pas survécu à la dissolution de la société des Illuminati.
Aux esprits chagrins qui s’en désespéreraient,
disons que puisque rien ne dit que cette histoire est vraie
(on peut tout espérer d’une société secrète disparue),
et cette disparition n’empêche en rien, bien au contraire,
tout un chacun d’imaginer une Jumeleine à sa guise.
Il en est de même pour l’année à venir,
que je vous souhaite comestible et perfectible.
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Carnetsparesseux
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