mardi 23 janvier 2018

MERCI !



C'est réglé comme du papier à musique :
chaque mois, du premier au vingt-et-un,
vous venez m'enchanter le cœur de vos mots
et de vos trouvailles.

Chaque mois, j'attends de voir
comment vous allez relever le défi
qui m'est "passé par la tête" à ce moment-là...
et chaque fois, je me dis, qu'encore une fois,
vous avez fait des merveilles...
que, comme Pierrot sur son croissant pâle,
vous avez "décroché la lune"
et en avez rapporté un petit morceau
que vous avez déposé, là, doucement, sur terre...
et sur Filigrane.

Quand les poules auront des dents,
quand les mots seront fatigués
et quand vos plumes s'envoleront
vers d'autres cieux...
ce jour-là, je serai triste
et je mettrai la clé sous la porte...
Mais en attendant, je vous dis MERCI...
à tous, aux anciens...
comme aux nouveaux et nouvelles...
que je suis heureuse d'accueillir !

Non, je ne vous érigerai pas de statue,
du moins pas encore,
et je ne vous offrirai pas de cadeau,
façon "plume d'or", "billet d'avion"
ou "portrait d'Arthur Rimbaud"...

N'y comptez pas..
ce n'est pas le genre de la maison...
mais je vous donne rendez-vous,
avec grand plaisir,
le premier février.
Bises et à bientôt !
.
La Licorne
.



 


dimanche 21 janvier 2018

JEU 32 : Chère Charlotte

 
 
C’est en me rasant ce matin en chantonnant « Chanson bleue » de Sasha Distel
que je me suis enfin décidé à t’écrire. Dans ma salle de bain sous les combles,
j’ai eu une illumination ce matin :
l’annonce que j’ai lue distraitement hier soir dans marmiton&magazine
ne pouvait émaner que de toi, ma belle de Fontenay,
 ma bleue d’Auvergne , ma Vitelotte.
 
"Silence suspect, se voir qd, où ?
Courage, lutte avt éclaircie.
 Trust in you babe.
C."
 
L’annonce en elle-même pouvait s’adresser à n’importe qui bien sûr
 mais elle était insérée une photo de  Monalisa et une d’Amandine,
le tout encadré par des clefs de sol.
Qui dit sol dit terre et j’ai de suite pensé à toi, ma pomme d’amour …
 
Après le rasage, j’ai pris un long bain dans le tube,
« Hercule il faut foncer » me suis-je dit .
J’ai quitté rapidement ma robe des champs et je suis descendu au café du coin.
 Je suis sorti de chez moi pour deux raisons : d’abord à la maison,
il y a Kartoffel qui fait le couch potato sur le divan
et cela me déconcentre
(tu te rappelles je pense de Kartoffel, mon chien saucisse,
 je t’en ai parlé dans ma dernière missive à laquelle tu n’as pas répondu).
 
Si je n’étais pas sorti de chez moi, je crois que j’aurais écrit cette lettre
 quand les poules auront des dents...
La deuxième raison est qu’au café en bas de la rue «Le gratin en folie »,
 je connais bien les patrons Emmanuel et Marie,
 j’ai ma place attitrée juste en dessous de portrait de Rimbaud
 et que ce portrait m’inspire des poèmes et des vers.
Voici l’ode et l’idée qui a germé de suite
 une fois installé devant une bière et quelques chips,
 vers que j’ai recopiés pour toi dans ce petit carnet :
 
Ma dauphine, ma duchesse
J’aime tes yeux caresse
Le bleu te va bien
C'est le bleu de tes yeux des jours heureux
Ma Roseval, tu es ma Rosebud à moi
Pour toi je décrocherai la lune ou mieux une planète
Ma planète, mon astéroide 88705
Le bleu te va bien
C'est le bleu de tes yeux des jours heureux
 
Après cette séance d’écriture qui a été féconde, purée ce que je suis fort,
j’ai pris un café et suis allé faire un tour au parc.
Et là j’ai eu un regain de créativité (je pense que c’est la statue de Verlaine
qui m’a inspiré ou alors c’est le goulash du « gratin en folie »,
 bref je chantonnais toujours la chanson bleue
 
Ma palette de camaieu bleu
Ma pomme d’amour
Ma ratte,
Ma marquise de Pompadour
Qui danse si bien sur Vivaldi 
Réglée comme du papier à musique
Le bleu te va bien
C'est le bleu de tes yeux des jours heureux
Tu me mets sens dessus dessous
Mon aligot
Ma tortilla
Ma poutine
Je caresse ta chair ferme
Je te revois cet été en maillot de bain
Le bleu te va bien
C'est le bleu de tes yeux des jours heureux
Pomme de terre ou pomme des mers,
Ma Charlotte for ever
Je pense à toi, écris-moi vite, ma grenaille
 
.
Ton dévoué H.I Parmentier (Hercule Isidore Parmentier)
Ci joint , une photo de toi que j'ai prise lors de nos dernières vacances !
 

 
 
Envoi de Valentyne, qui,
comme Carnets paresseux , a cumulé
plusieurs consignes pour ce texte
(voir sous le lien)
. 



 

AI et JEU 32 : Tant pis si vous n'y croyez pas

 
 

Si vous trouvez ce carnet – et si vous lisez ces mots, c’est que vous l’avez trouvé – essayez de prêter attention aux trois conseils de la première page.  S’il m’arrive ce qui va probablement arriver (en fait, ça a dû m’arriver puisque maintenant c’est vous qui tenez le carnet), peut-être ce récit sauvera-t-il d’autres lecteurs. Mais je me rends compte que j’adopte un ton un peu mélodramatique. Recommençons plutôt au début.

Je l’ai trouvé là, posé sur la banquette en moleskine rouge bordeaux du café. Mise à part la patronne qui rougonnait près du percolateur en vidant inlassablement ses carafes dans l’évier, il n’y avait personne d’autre que moi. Curieux de tout et sans penser à mal, je l’ai pris et je l’ai ouvert : sur la première page était dessinée une étoile bleue. Les autres pages, que j’ai d’abord cru encrées d’une curieuse palette de teintes indécises, étaient couvertes d’une pagaille de pattes de mouche en folie : gribouillis ou écriture codée ? Évidemment, à partir de là c’était être réglé comme du papier à musique : il fallait que j’en cherche la clef. Je ne pouvais tout de même pas rester là-devant comme une pintade devant un portrait d’Arthur Rimbaud.
Autant l’avouer, c’est vite devenu un peu obsessionnel : je l’ai promené avec moi au parc, au pied des statues indifférentes. Je l’ai compulsé jusque dans ma salle de bain. Renoncer ? Non, même si je commençais à me dire que je trouverais la solution quand les poules auront des dents…
Et puis un beau jour, les pattes de mouche se sont mises à former des signes et j’ai soudain pu lire la première ligne, puis la seconde. J’avais décroché la lune !

La première ligne conseillait ceci :
Si j’étais toi, je ne me lirais pas.
 
La deuxième donnait un second avis :
Si j’étais toi, je ne m’écrirais pas.
 
La troisième ? Elle dit cela :
Si j’étais toi, je ne me dirais pas.
 
Là, je me suis murmuré :
Si j’étais toi… tais-toi.
 
Puis j’ai replongé les yeux sur la page : les signes, d’abord pâte de gribouillis informes, s’alignaient à mesure, s’organisaient devant mes yeux. ils formaient un long fil sans fin apparente, égrenant des histoires de vies sans histoire mais diablement vivantes. Au long de la lecture, des noms s’inscrivaient : Marie, Emmanuel…
Et puis, voulant vérifier un mot lu trop distraitement, je suis revenu une page en arrière ; las, le texte avait disparu, refondu en une pâte grise… alors j’ai pris mon crayon et j’ai commencé à recopier ce que je lisais, ligne à ligne. Pour me faciliter la tâche, j’ai lu à haute voix, comme pour me faire une dictée.
Quelques pages plus loin, je me suis dit que si ces vies inconnues étaient écrites ici, pourquoi ne pas y ajouter la mienne ? Qu’est-ce qu’elle avait de moins ou de plus que les leurs ? Alors, entre les péripéties de leurs petites aventures quotidiennes, j’ai intercalé mes propres faits et gestes.

A force de lire et d’écrire, je me sentais tout léger, euphorique, comme si je m’imprégnais de la vie des vies que je lisais. Et qu’en même temps, ma propre vie glissait vers le carnet, donnant vie aux vies écrites.  Alors, j’ai compris, comme on accepte une évidence longtemps cachée, que les lignes et les signes avalaient ma petite vie sans histoire. Que si je continuais, comme Sasha, Max et les autres avant moi, mon existence se dissoudrait dans l’écriture, qu’au bout du conte l’histoire me digérerait.

Mais comment en avoir le cœur net, sinon en continuant la lecture ? J’écrivais et je lisais encore et toujours. Les noms et les petits événements se succédaient toujours et encore. Comme soulagé de moi-même, plus j’avançais dans le carnet moins la menace m’inquiétait ; tout cela me paraissait banal et anodin : lovées dessous la couverture, les pages ouateuses m’accueillaient mieux que le monde. Pas la peine de jouer la Blanchette devant le loup à attendre l’aube : le carnet était un refuge douillet où je vivrais toujours, à condition – parce qu’il faut toujours qu’il y ait une condition pour tout compromettre, tout gâcher – à condition qu’un autre prenne un jour son tour de lecture.

Ce que je suis devenu, vous devez vous en douter : c’est vous qui avez le carnet, maintenant. Et puisque vous lisez ces lignes, il est clair que vous avez dédaigné les trois conseils, vous aussi.


 

samedi 20 janvier 2018

JEU 32 : Le café littéraire d'Arlette


 
Pour cet atelier chez Filigrane,
j’ai voulu mettre à l’honneur mes amies de plume,
qui sont à mes cotés depuis un peu plus d’un an,
à qui je dois beaucoup, pour leur soutien, encouragements…
.
Merci infiniment
 
Liens de leur blog en fin d'article
 



 
Règle du jeu 32 : ICI
 


Chez Arlette
 
Arlette, devant sa glace, essayait de maîtriser ses cheveux relativement rebelles.

-Pff , j’vais être en retard, soupire-t-elle , elle irait bien décrocher la lune pour transformer cette tête ! Elle détestait être en retard, son planning se devait d’être réglé comme du papier à musique.

Glissant la clé dans la serrure, elle se félicita d’être arrivée à l’avance ; éclairant la salle et le petit coin bar, elle se réjouit de la nouvelle déco.

Rose, turquoise, ainsi que des touches argentées faisaient ressortir la chaleur des éléments en bois ; Diverses œuvres de peintres, des portraits d’écrivains, des bougeoirs et appliques, des nappes rajeunissaient le petit café littéraire où elle animait chaque week-end des ateliers d’écriture, l’endroit était devenu convivial.

Elle posa son regard sur un portrait d’Arthur Rimbaud , lorsque la première personne poussa la porte, Souriante, Arlette s’approcha pour la saluer et lui proposer de s’asseoir.

-Soyez la bienvenue, vous désirerez boire quelque chose ou peut-être attendez vous quelqu’un ?.

-J’ai vu votre annonce à la bibliothèque, j’avoue être là par curiosité dit Ghislaine en riant timidement en déposant son manteau sur le dossier de la chaise.

-Je vais me laisser tenter, j’avoue que l’écriture m’attire depuis longtemps, mais de là à écrire un roman, ce sera  Quand les poules auront des dents, je vais prendre un capuccino, merci.

-Ne jamais dire jamais, dit Arlette en préparant le plateau de sa cliente, moi je ne m’imaginais pas oser ouvrir ce petit café littéraire et grâce à mes amies voilà que j’y suis.

Votre déco est très réussie.

C’est mon amie Colette qui m’a conseillé pour les éclairages, Maridan pour les couleurs, Evelyne pour l’agencement du coin atelier et Lilmaya s’est occupée de tout ce qui concerne le graphisme  dans déco. Expliqua Arlette plein d’enthousiasme.

-Vous êtes bien entourée.

-Oui nous sommes un petit cercle de poétesses…à nos heures, on partage une belle passion on se voit chaque Week-end…, vous allez les rencontrer aujourd’hui, j’espère vous ajoutez à mon cercle .

Quelques temps plus tard, Arlette ses amies  et Ghislaine se retrouvèrent autour de la table, La nouvelle venue fut présentée par son hôte, et elles firent connaissance autour d’un café et un plateau de biscuits.

Violette fit une entrée triomphale et surprit ses amies de plume.

-Hé les filles, ne restez pas là, il fait soleil, y'a de la place à notre grande table au parc !.

Cinq minutes plus tard, le groupe d’amies, profitèrent du beau temps dans le parc, entouré de fleurs, statues, arbres et bancs

Arlette profita de l’occasion pour proposer à la nouvelle venue de choisir le thème de l’atelier. Un peu intimidée celle-ci proposa le parc au travers des saisons.

-Très bonne idée affirma Colette, on pourrait faire un recueil et le vendre, tenter l’autoédition, vous en pensez quoi les filles ?

Toutes manifestèrent leur accord, l’équipe se lança dans ce nouveau défi, et c’est dans la gaieté  que chaque plume décrivent la beauté du paysage..
 
 
 
 
Colette: https://colettedc.wordpress.com/
Arlette: http://feecapucine.eklablog.com/
Ghislaine: http://ghislaine53.eklablog.com/
Lilimaya: http://lilimaya.eklablog.com/
Evy (Evelyne) http://plume-de-poete.over-blog.com/
Violette: https://wrviolette.blogspot.be/
Maridan http://maridan.eklablog.com/ et https://wrviolette.blogspot.be/
 
 



mercredi 17 janvier 2018

JEU 32 : Une fabuleuse matinée






Amélie tourna doucement la clé dans la serrure...et s'éloigna sur la pointe des pieds.
Son incursion dans la salle de bains de Collignon s'était passée comme prévu :  demain matin, l'épicier passerait  à coup sûr un mauvais quart d'heure. Le plan était réglé comme du papier à musique : elle venait de programmer le réveil du goujat à 4 h du matin et elle l'imaginait déjà, les yeux lourds de fatigue et la gueule enfarinée, en train d'étaler consciencieusement sur sa brosse à dents une large dose de crème pour pieds secs...

La pensée de cette petite vengeance, minutieusement élaborée, dessinait un fin sourire sur ses lèvres et lui donnait une allure plus légère pendant qu'elle se dirigeait vers le café où elle exerçait ses talents de serveuse .
On ne pouvait pas laisser sévir ce genre d'individu éternellement. Cela faisait déjà trop longtemps que Collignon prenait un malin plaisir  à persécuter ce pauvre Lucien...De quel droit laisserait-on les gens comme lui continuer à humilier les plus faibles ? Quand auront-ils le dernier mot ? Quand les poules auront des dents...

Elle passa par le parc et aperçut au bord d'une allée une statue qui n'y était pas la veille. Cela la perturba quelque peu jusqu'à ce qu'elle s'aperçoive que ce n'était qu'un artiste de rue qui venait de s'immobiliser le bras levé.
"Etrange...On dirait qu'il montre la lune. Tiens, cela me donne une idée..." pensa-t-elle. Jamais à court d'idées, Amélie...Et pour celui qui faisait battre son cœur, elle aurait été capable de décrocher l'astre de la nuit...

Elle poussa la porte et lança un joyeux  "bonjour" à la cantonade. Les habitués étaient tous là : l'amoureux de Georgette, assis dans son coin, triturait déjà nerveusement son dictaphone, tandis que l'écrivain raté commandait un double crème en fixant la reproduction à deux sous du portrait d'Arthur Rimbaud...
La journée promettait.
.
La Licorne
.

Consignes du jeu ICI


P-S : Le texte est destiné en priorité à ceux qui connaissent bien le film...:-)
 
 
 
 

 

dimanche 14 janvier 2018

Agenda ironique : "Une étoile tout là-haut"

 
 
 
 
 
 
Le sujet :
Vous n’y connaissez rien en Tarot ? Moi non plus.
Alors bonne occasion d’imaginer ce que veut bien vous dire
 cette jeune femme blonde au brushing assez réussi,
agenouillée sous une pluie d’étoiles multicolores et peut-être filantes.

 Elle vous donne dix conseils pour la nouvelle année.
Vos dix bonnes résolutions en quelque sorte.
Peut-être de boire plus d’eau ? (la main droite)
ou de vin rouge ? (la main gauche).
A vous de nous dire tout ça sous forme
de poème à forme fixe ou non.
Il devra commencer par : Si j’étais toi…
 
.
 
Si j'étais toi,
j'éteindrais la télé,
je couperais la radio
et j'irais boire l'air frais
qui dehors coule à flots...
 
Si j'étais toi,
dans la nuit je partirais
regard tourné vers le haut
vers l'infini étoilé
qui nous offre son halo
 
Si j'étais toi,
j'oublierais toutes les conventions
je marcherais le nez en l'air
je retrouverais les sensations
de l'enfant seul dans l'univers
 
Si j'étais toi,
j'enlèverais tous mes vêtements
pour sentir la chaleur du soleil
la fraîcheur de la pluie d'océan
la caresse de ce qui m'émerveille
 
Si j'étais toi,
j'écrirais un mot à tous mes amis
comme ça, juste pour leur dire que je les aime...
Je chercherais à mettre dans ma vie
des couleurs, des surprises et des poèmes
 
Si j'étais toi,
je m'agenouillerais au bord de la rivière
et j'écouterais le bruit de l'eau qui coule
je laisserais là tous mes soucis d'hier
je briserais les brocs, les vases et les moules...
 
Si j'étais toi,
j'oublierais sans regret les bonnes résolutions
qui ne durent  jamais que l'espace d'un instant
et je m'accrocherais à mes rêves d'évasion,
à mes désirs perdus dans le souffle du vent...
.
La Licorne
 
 
 
 


mardi 9 janvier 2018

JEU 32 : Quand les poules auront des dents ?



 
Quand les poules auront des dents ?
 
 
Il était une fois un bois,
 
Dans ce bois une clôture,
 
A cette clôture, accrochés tubes de dentifrice et brosses à dents.
 
Brosses à dents, pour quoi faire ?
 
Faire croire que ce  dicton

"Quand les poules auront des dents",
 
Était réglé comme du papier à musique ?
 
Musique sinistre de ce bois, encombré de vestiges,
 
Vestiges d'humains,

 
Humains sans papiers, sans visages ?
 
Au mur de mon salon, Arthur Rimbaud juvénile et regard

écoute mes pensées.
 
Je ne suis ni voyant, ni lecteur de marc de café, me révèle-t-il.
 
Café que songeuse, tourmentée de ces visions,
 
Je tourne, et retourne, dans ma salle de bains, musique automatique

 de la petite cuiller,
 
Mon breuvage est froid, l'eau déborde de la baignoire.
 
On sonne à la porte, on tambourine à la porte.
 
Porte secouée, enfoncée, je n'ai pas eu le temps de tourner la clé

dans la serrure.
 
Un inconnu vocifère.
 
Vocifère, me bouscule, arrête le robinet,
 
Robinet d'eau et de ses paroles,
 
Me tend un peignoir, je suis nue,
 
Pose ma tasse sur l'évier,
 
Éclate de rire.
 
" Je suis sculpteur; accepteriez-vous
 
de poser pour moi ?"
 
" A qui appartiennent ces brosses à dents ? 

m'entends-je lui  répondre.
 
" C'est une longue histoire." dit-il, une lueur triste au fond des yeux.
 
" Venez chez moi, je vous raconterai...
 
"Il était une fois...
 
Alors je comprends, je vois cette jungle, cette vie d'errance et de

 pourchassés, de froid, d'humiliations, de privations mutilantes.
 
Pourtant, il me dit sa joie, ses belles rencontres,

qu'il croit qu'un jour ou l'autre on arrive à décrocher la lune,
 
Même dans notre monde d'indifférences,
 
de vérités toutes faites, de désinformations

 
Nous sommes dans son atelier,

bric à brac d'objets de tous les jours,
 
Je l'écoute, il me parle,
 
Je l'entends, il me comprend.
 
Il raconte et dessine sa vie d'avant,
 
Un parc, des oiseaux, une statue,
 
Ma statue, moi qui contemple ce semblant de vie en dignité.


 
 
Cette photo fait partie d'une exposition de photos,
 prêtée par la Cimade, dans le cadre
de  la Semaine des Solidarités en 2017.
( D'autres photos témoignages des conditions de vie des migrants
sont visibles  à l'article Inhospitalité, paru sur mon blog)
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dimanche 7 janvier 2018

JEU 32 : Aminata

 
 
 
Quand Lucia me fit rencontrer Aminata, la petite Burkinabée qu’elle hébergeait pour un temps, en attendant que celle-ci puisse se faire opérer du cœur, c’est le soleil d’Afrique qui pénétra à flot par les écoutilles de la maison. Quelle expérience prodigieuse !
 Ses grands yeux noirs, profonds comme des lacs, observaient le monde avec ébahissement. Elle allait comme de miracle en miracle. Dans la salle de bains, ses petites mains d’ébène couraient sur le carrelage rose, effleuraient les flacons, les fioles, les serviettes bouclées... La baignoire et les lavabos ne laissaient pas de l’étonner. Par quelle magie l’eau, si précieuse, si rare, pouvait-elle jaillir ainsi en gerbe ni trop chaude ni trop froide, simplement en tournant ces boutons d’opale argentée ?
Alors que dans son village, le seul puits enchâssé dans la poussière grise n’offre qu’un peu d'eau boueuse où bêtes et gens s’abreuvaient et se lavaient ensemble.
 Il lui semblait décrocher la lune à chaque tour de robinet.
Dans la chambre elle toucha à tout, les livres, les rideaux légers comme un souffle, le lit moelleux. Elle tourna la clé d’un tiroir de la commode pour y découvrir les frivolités de satin et de soie.
Elle tomba en arrêt de longues minutes, grave comme une papesse, devant le portrait d’Arthur Rimbaud accroché dans l’entrée…elle qui ne disposait que d’un seul livre usé, comme tout bagage culturel, et le souvenir de choses affreuses qu'une petite fille ne devrait jamais vivre.
Au parc où nous l’emmenâmes en promenade, les occasions d’émerveillement fusèrent. Les poneys tirant leurs petites carrioles de bois peint, les tours de manège réglés comme du papier à musique, le marchand de gaufres et de pommes d’amour, luisantes et vermeilles. Et les pelouses, ah ! Les pelouses douces et si vertes… et la gloriette couverte de chèvrefeuille odorant, et le lac aux bernaches et la statue d’albâtre d’Hermès…Tout l’enchanta. Son sourire m’éblouissait.
Au café Anglade, nous prîmes un chocolat chaud, et son ravissement éclata en perles : on eût dit des tintements de grelots dans la montagne. 
Petite Aminata à la peau de velours sombre, par ta joie de vivre tu nous as fait réfléchir. La vie ne t'a pas fait de cadeau, à la misère elle a ajouté cette défaillance cardiaque. Soudain je me suis sentie presque vaguement honteuse de cette chance inouïe que nous possédons de vivre ici, d’avoir accès à tant de belles choses qui nous semblent si naturelles, quand toi, et les tiens, attendez toujours que les nantis occidentaux cessent enfin de se moquer du tiers-monde comme du quart...
Mais certains d’entre nous, comme mon amie Lucia, loin d’attendre les bras croisés le fameux « quand les poules auront des dents »,  agissent sans se payer de mots. J'en suis profondément admirative, j’aimerais avoir ce courage.

Célestine






mercredi 3 janvier 2018

JEU 32 : Quotidien

 
 
 
- Arrête de crier… je suis dans la salle de bains, je me rase…
- Où que tu sois je crois que le jour où tu daigneras m’écouter n’est pas arrivé… J’ose même dire que ce sera quand les poules auront des dents.
Il n’entend que ce qu’il veut.
-   Tu veux un café chéri ?
-    Avec plaisir mon amour.
C’est réglé comme du papier à musique, je dirai même plus,  clair comme de l’eau de roche, salle de bains ou pas, quand ça lui plaît il entend TOUT très bien. 
Je ne lui demande pas l’impossible, quoi que… si cela lui arrivait un jour… bref je n’attends ni miracle ni exploit.
Juste un peu plus d’attention m’irait bien.
 
Vous n’allez pas me croire… pour Noël il m’a offert un portrait d’Arthur Rimbaud… tout ça parce que je lui ai dit que c’était mon poète préféré. Hélas ce n’est qu’une vulgaire copie sans aucune valeur. Je vais le cacher dans le salon derrière la  statue près de la fenêtre qui donne sur un parc – qui n’est qu’un modeste balcon que nous appelons ainsi parce que nous avons la folie des grandeurs – je planquerai cet ignoble tableau pile poil derrière cette copie du David de Michel Ange.
 
Mais pourquoi je vous raconte mon petit quotidien en détail ?
Sans doute parce que ça fait du bien de se confier, de vider son sac.
À propos de sac, l’autre jour je l’ai oublié… accroché au caddy quand j’ai fait les courses de Noël. Heureusement je m’en suis aperçue tout de suite… la clé de la voiture était dedans. Ouf, je l’ai retrouvée !
Vous allez me dire tout ceci est d’une grande banalité, il n’y a pas de quoi décrocher la lune.
 
D’accord… mais cette banalité n’est-ce pas le quotidien vécu par une quantité impressionnante de personnes sur cette foutue terre ?
Ah étourdie que je suis… BONNE ANNÉE 2018.
 
 

lundi 1 janvier 2018

JEU 32 : Un dimanche des familles

 



- Sors de cette salle de bains! crie le père. Nous aussi on doit encore se laver et s'habiller!
Elle se retient de lui répondre "quand les poules auront des dents", seule la mère a le droit d'utiliser cette expression. Devant le miroir, elle s'entraîne à embrasser un garçon. Pour ça, elle a choisi un portrait d'Arthur Rimbaud, parce qu'elle le trouve si craquant, avec sa mèche rebelle, ses yeux clairs et sa cravate mal nouée. Le genre de mec pour qui on décrocherait la lune.
- C'est pas un peu fini, oui? crie le père, au moment où elle sort avec Arthur caché sous son pull. Qu'est-ce que tu as fabriqué pendant tout ce temps?
- Ben, je me lave, moi!
Argument imparable dans une maison où l'hygiène prend une place si importante dans l'échelle des valeurs.
Il aimerait bien, le père, que les diverses obligations matinales se succèdent en bon ordre, ça devrait "être réglé comme du papier à musique", et il le répète assez, mais il y a toujours quelqu'un qui reste trop longtemps sous la couette, ou à table, ou dans la salle de bains.

Une demi-heure plus tard, le père gare sa voiture à côté du parc que toute la famille traverse pour se rendre à l'église. Devant la statue "du monsieur tout nu", le petit frère fait ses grimaces habituelles, suivies d'un "c'est fini, oui?" impatient du père, qui ne peut s'empêcher de rigoler.

Après la messe, le père va au café pendant que le reste de la famille fait sa visite dominicale à la grand-mère, celle qui est veuve et souvent "dans le trou", on ne sait pas très bien ce qu'elle veut dire mais on devine que ce n'est pas joyeux, "dans le trou".

Puis on rentre chez soi, et ça finit souvent en discussions "c'est toi qui as la clé", "mais non, c'est toi!", "c'est toi qui as fermé la porte en partant", "oui mais je te l'ai donnée, la clé!".

Bref, un dimanche des familles.

 
 

JEU 32 : Lieux, objets et expressions


Ce mois-ci, pour commencer l'année,
je vous propose une contrainte légèrement différente
des contraintes habituelles.

Pas de mots, ni de rimes, ni de thème donnés,
mais...des lieux, des objets
et des expressions imposés.
 
Tout d'abord, vous devrez, dans votre récit, passer
 dans l'ordre ou dans le désordre,
dans les trois lieux suivants :
une salle de bains, un parc, un café


(ATTENTION :

il ne s'agit pas de placer les mots,
mais de faire un parcours

au personnage choisi)
 

 

Ensuite, vous devrez faire allusion à trois objets :

une clé, une statue et... 
un portrait d'Arthur Rimbaud

Attention : ce sont bien les objets réels,
et pas seulement les mots
qui doivent être évoqués dans le texte...


 

Et enfin, vous devrez placer les trois expressions suivantes :
 
décrocher la lune
être réglé comme du papier à musique
quand les poules auront des dents
 
 .
Voilà.
C'est tout.
Alors, à vous de jouer !
Bonne promenade...
littéraire,
bonne inspiration...

et bien sûr,

BONNE ANNEE
à tou(te)s ! !

avant le 21 janvier 2018
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La Licorne
 
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