lundi 28 mars 2022

JEU 74 : "24 heures de la vie d'une femme"- La Licorne


 

Elle se lève, elle se lave

Se regarde dans le miroir

Remarque les cernes qui s'aggravent

Mince, dehors, qu'est-ce qu'il fait noir !

Pendant qu'elle choisit son chemisier

La radio distille son désespoir

A peine le temps d'un café,

Dans le bus, elle va s'asseoir

Entre un ado et un pépé

Marre de cette ville-dortoir

Elle qui rêve de voyager

De changer de trajectoire

Jusqu'à midi elle va passer

Des heures derrière un comptoir

Et puis à peine s'arrêter

Pour remonter le trottoir

Jusqu'au fast-food toujours bondé

Dix minutes dans le square

Un peu de soleil volé

Encore quatre heures à tirer

Avant de  rentrer le soir

Epuisée et dépitée

Quelques achats exutoires

Une ou deux heures de télé

Facebook pour se faire "valoir",

Le ménage à terminer

C'est quoi cette vie-purgatoire ?

Cette prison sans barbelés ?

Elle rêvait d'une autre histoire

D'un peu plus de liberté

A trente ans, jouer les esclaves

C'est pas pour ça qu'elle est née

Avant de finir "épave",

Elle voudrait vivre et chanter

Trouver du beau et du suave

Quelque chose de plus élevé

Bref, enfin changer d'octave

Sur cette foutue portée !

.

La Licorne



Date limite dépassée ?

je sais, je sais...

Mais j'ai utilisé le 49-3... 

;-)



dimanche 27 mars 2022

JEU 74 : "24 euh" (du lavis d'une femme) - Tiniak

 

Euh... Pardon, mais, par don, je suis fille
donc bientôt femme
peut-être sœur
source de larmes et d'ardeurs

Euh... Là, je joue avec mes copines
retourne donc à tes ballons
si rapés que vos pantalons
Adieu, garçon ! Pour toi ? Trop fine !

Euh... Papa ! Papa, viens ici !
Je veux dire : reviens, ici...
Je ne t'ai pas encor tout dit
et j'ai toujours peur de la nuit !

Euh... Au tableau ? Mais oui, bien sûr...
Alors.. C'est Cévingestaurisque...
Il s'est armé de sa francisque
pour vaincre les Morts, à ...Namur ?

Euh... On avait dit sans les oreilles
et t'as mordu sur la marelle
Ah, oui ! Mais, nan ! c'est pas pareil !

Euh... Attends; c'est dans mon cartable...
Oui, oui... Le capitaine Achab...
Bon, le bouquin est plein de sable

Euh... Ben j'aime bien la réglisse
(aussi tes yeux bruns de métis
et ce crépu, qu'en vain, tu lisses)

Euh... Euh... Ai-je bien peigné mes cheveux ?
Voit-il ce qu'il est à mes yeux ?

Euh... Euh... D'accord... Bon, donc pas lui !
Mais alors qui ? Mais alors qui ?

Euh... Euh... Est-ce qu'on se connaît ?
T'étais mon voisin de palier ?

Euh... Euh... Ok; nan, mais OK...
et on va où, là, s'il-te-plaît ?

Euh... Euh... Euh... Suis pas vraiment sûre

Euh... Euh... Euh... Où est la voiture ?

Euh... Euh... Euh... Suis pas confiture !

Va-t-en chercher ailleurs d'autres vilaines aventures !!

Reviens ! Ma brune enluminure...

 

Tiniak

 

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lundi 21 mars 2022

JEU 74 : "24 heures de la vie d’une femme" – Joe Krapov

 

 

 

24 heures de la vie d’une femme


« 24 heures de la vie d’une femme », de Stefan Zweig, ça pourrait être l’histoire d’une femme, Mrs C., en manque d’amour, et d’un homme en manque d’argent.

L’un passe dans la vie de l’autre et donne envie à celle-ci de commettre un impair. Mais la roulette de l’histoire ne tourne pas aussi facilement que ça. Le « Happy end », ici, n’est pas de mise. Rien ne va plus, faites vos jeux, le conte est apocalyptique.


Lui n’a qu’une seule envie, c’est de retourner au casino. Cette institution fait miroiter son blé. C’est une aimable voisine à laquelle l’absence de morale et l’image du général russe permettent de tout prendre. Suffit de sauter la barrière, comme disent les officiers vulgaires et les bandits pas manchots qui souvent s’acoquinent !

La lady anglaise et sa promenade en calèche ne pèsent pas lerche à côté de la fièvre du jeu. Au lieu de prendre le train avec son argent charitable il retourne se mettre à table et flamber sur le tapis vert.

T’as pas vu Monte Carlo ni la fièvre à El Pao ?

Cet idiot fait sauter la banque. Avec un missile hypersonique.

Il y a des débris partout. Ca fout les jetons, non ? C’est Mrs C qui doit les ramasser : elle est la seule survivante de la catastrophe mondiale.

Échecs, petits soldats, jolis parleurs ou brutes épaisses, les hommes sont des joueurs, les femmes font bouillir la marmite.

« Tout le monde veut faire la révolution mais personne ne veut descendre la poubelle » comme disait Jean Yanne.

 

Joe Krapov

 


 

 

mercredi 16 mars 2022

Agenda ironique : "Longue attente"

 

 
Pour l'Agenda ironique de mars
 chez Brigetoun

 

 


     L'année de mes dix-sept ans, le prof de français nous avait plongés dans l'étude du "Désert des tartares" de Dino Buzzati. 

Je ne sais pas si vous connaissez le livre, mais on peut le résumer d'un mot : c'est l'histoire d'une ATTENTE. Une attente longue, interminable. Une attente qui dure une vie entière.

Un jeune homme, plein d'enthousiasme, rêve de bravoure et de combats glorieux. Au début de sa carrière militaire, il est muté dans une citadelle éloignée de tout, à la frontière d'un mystérieux royaume du Nord. Et là, dans cette forteresse isolée, il va attendre l'ennemi. Il va attendre que les Tartares surgissent du désert...il va attendre son "heure de  gloire", celle qui changera sa vie. 

Mais l'ennemi ne viendra pas. Il n'y aura pas de confrontation, pas de combat, pas de destin héroïque. Il n'y aura que le quotidien inlassablement répété, la routine et la monotonie rassurante des rituels, qui rythment des jours fades et vides. 

Et quand enfin, après des dizaines d'années d'attente, sonnera l'alarme...quand enfin, il se passera quelque chose, le héros sera trop vieux et trop fatigué...pour le vivre. 

Inutile de vous dire que cette histoire, quand vous êtes adolescent(e), est l'antithèse de tout ce que vous imaginez pour votre avenir. A l'époque, j'ai trouvé ça...bien écrit...mais totalement désespérant.

 


La poésie et le style remarquable de Buzzati ne suffisaient pas, à mes yeux, à effacer la solitude et l'ennui mortels qui se dégagent de ce récit. Récit qui peut parler à un homme mûr, à quelqu'un qui connaît les aléas et les chausse-trapes de la vie mais qui ne peut que rebuter une jeune âme qui rêve d'en découdre avec l'existence...

    Il faudrait d'ailleurs s'interroger sur les programmations littéraires de l'Education Nationale, qui proposent systématiquement ce genre d'histoire "joyeuse" et "revigorante" à notre jeunesse déjà plombée par le réel. A ma fille, par exemple, on a imposé successivement "L'étranger", "Thérèse Raquin"...et  "Le chat noir" d'Edgar Allan Poe. Tout ça à l'âge du collège, avant 15 ans. A croire que le but est de générer déprime et sinistrose le plus tôt possible...

Il y a tant de livres frais et tendres...tant d'histoires douces comme le velours...tant de récits qui finissent bien...Au seuil de l'âge adulte, au moment des frémissements de l'âme, au moment où des torrents de sève se déversent dans nos veines, d'où vient ce besoin de fendre les jeunes coeurs en deux et de les précipiter dans des visions pessimistes de la vie ?

Bien sûr, la vie n'est pas un long fleuve tranquille, bien sûr il y aura des déceptions et des frimas...des accidents et des tragédies. Mais est-ce que tout cela doit être présenté, dès l'aurore, à de jeunes esprits qui n'ont qu'une idée : trouver un "but" et un "sens" à ce qu'ils vivent...?

    Dans le même ordre d 'idée, on n'épargne rien aux enfants d'aujourd'hui... c'est bien avant dix ans, maintenant, qu'ils reçoivent, en pleine face, les noirceurs du monde : ils les contemplent chaque jour pendant les infos, entre les coquillettes et la tranche de jambon.

 

 

 

Peur de la guerre, peur des virus, peur du réchauffement climatique...Peur, peur, peur...voilà ce qu'ils ingurgitent à longueur de journée...

Ils ne savent plus, confinement oblige, ce qu'est une jonquille ou un grillon...mais ils connaissent toutes les séries de Netflix. 

Pour eux, le Zéphyr est un avion à réaction, et la sarriette un ingrédient de potion dans Harry Potter...

Ils grandissent "hors-sol", ils grandissent dans la solitude, dans l'angoisse et le non-sens...ils grandissent dans la seule réalité des écrans...et ils attendent...Ils attendent, enfermés chez eux et derrière leur masque...que le "sens de leur vie" surgisse du désert.

    Soyons justes : Dino Buzzati, finalement, posait la bonne question, la seule qui vaille : 
"Rattrape-t-on les années perdues ?"

.

La Licorne

.

 

Le thème pour mars le thème du mois est "L'attente", 

avec utilisation des mots  

frémissement, zéphyr, frimas, velours, fendre, torrent, seuil et sarriette.


 

jeudi 10 mars 2022

JEU 74 - "24 "e" dans la vie d'une femme" - La Licorne



 
 
 (et le jeu 74)
 
 
 
 
 

  
 
 
C'est le temps des tempêtes

Et des emmerdements...

Des événements déments

Et des empêchements...
 
  
 
De décret en décret
 
De règlement en règlement
 
De détergent en tremblement
 
J'erre et je me perds
 
 
 
Je me sens perplexe,

En quête de sens...

Textes et prétextes

Secrets défense
 
Tests et pré-tests

Me rendent chèvre...
 
 

Les gens de télé m'énervent

Et m'enténèbrent

Les experts me mentent

Des serpents me vendent

"En même temps"

Les remèdes et le vent
 
 
 
Ces mecs me bernent
 
Cette pègre m'excède
 
Le stress me cerne
 
Dette d'enfer
 
Ere de guerre

Zen, rester zen
 
 
 
 
 
 
 
Je regrette le temps
 
Léger et tendre
 
Des étés de fête
 
Je me berce de pensées

Belles et rebelles
 
Je tresse des perles
 
 
 
 Je cherche
 
Recettes de fées
 
Flegme d'Helvète
 
Lettres d'esthète
 
Etres sensés

Cercle de frères...
 
 
 
Je cherche...

Et femme de désert,
 
Je tends lentement,

Vers ce que j'espère

Vers mes rêves d'éther...

Et de verte Terre

.

La Licorne

.
 
 

 
Consigne :
 
A la façon de Perec, 
 
dans  "Les Revenentes", 
 
n'utiliser qu'une seule voyelle,
 
la voyelle E
 
 

 

jeudi 3 mars 2022

Il est grand temps...


 
Consigne d'écriture  de l'Atelier de Villejean





 

 

Il est grand temps...

De rallumer les étoiles, disait Apollinaire

De cultiver son jardin, disait l'ami Voltaire

De laisser la prose pour la poésie, disait le grand Molière

De te laver derrière les oreilles, disait feu ma grand-mère


Allez, on s'accroche !

De la télé, vite on décroche

On arrête d'avoir la pétoche

On oublie tous ces fantoches

Qui nous rendent la vie si moche

Et on se creuse la caboche

Au lieu de se répandre en reproches !


Allez, on s'émerveille !

Du premier rayon de soleil

Du vol de la petite abeille

De la prochaine groseille

A la jolie couleur vermeille

De Ninon en son simple appareil

Du monde qui d'un coup se réveille


Il est grand temps, mon vieux

Il est grand temps

C'est le printemps...

Il est grand temps...

T'as soixante ans !

.


La Licorne

.

 


  

Qu'est-ce que cela, soixante ans ? 

C'est la fleur de l'âge et vous entrez maintenant dans la belle saison.

.

Molière

.

 



mardi 1 mars 2022

JEU 74 : "Vingt-quatre heurts" - Tiniak


Vingt-quatre heurts ! 

 

Une heure ou deux, et le troisième
à formuler un probable “je t’aime” ?


Trois, quatre et cinq
à voir en quoi je suis ornithorynque
(oui, j’en parlais encor, il y a peu)

Six, sept et huit
Ma sœur, ma sœur
sache comment mon cœur t’invite

Mon cœur t’invoque !
petite femme chaussée de breloques

A trois fois huit, c’est la minuit !
Et nous voilà, dans les bras l’Un de l’Autre
auprès du fleuve où l’on se vautre
et nous faisant tant de guilis
qu’en filigrane
même la fourmilière arbore ce panneau :
“En panne”

Il fait si bon être l’amant
(même pour quelque vingt-quatre heures)
dans la vie d’une femme
dont le sourire est un bonheur
et les soupirs, un feu brûlant


Tiniak 

 

 


 

 

 

JEU 74 : "24 heures de la vie d'une femme"



- Atelier d'écriture pour le mois de mars -

 

Il s'agira ce mois-ci de créer un texte 
directement inspiré de cette image :

 


 
Titre associé : 
 
de Stefan Zweig 
 
.
 
 

Concernant le titre de livre , 

vous pouvez , comme d'habitude :


- Tout simplement, placer les mots de ce titre dans votre texte

(dans l'ordre que vous voulez)

- Ou faire en sorte que ce titre de livre soit aussi le titre de votre texte

(et donc le choisir comme fil conducteur de votre création)

- Ou , troisième et dernière possibilité, 

faire référence, tout au long du texte, à l'oeuvre citée

(en l'imitant, en la complétant, en la citant, en la détournant...etc)

.

 

Envoi à undeuxtrois4@orange.fr

avant le 21 mars 2022

 

 

En espérant que vos tâches journalières

vous laissent un peu de temps

pour  écrire !

.

A bientôt !

.

 

La Licorne