lundi 31 janvier 2022

Devoir 113 : Une journée épique...

 

 

Pour l'Atelier du Goût

 

 

 

Le goujat, ce matin, lui avait piqué sa place de parking...

Elle était sortie de sa caisse, furibarde

prête à lui envoyer une pique...

Mais soudain, devant ce visage piqueté de taches de rousseur, 

devant ce mec adulescent et coiffé comme l'as de pique... 

elle s'était arrêtée net...et avait piqué un fard.

 

 Vingt ans déjà.

Et toujours le même charme insolent. 

Sous l'effet de l'émotion, elle avait failli le laisser partir.

Mais, après quelques secondes d'hésitation, 

elle avait piqué un cent mètres,

et l'avait rattrapé.

 

 Curieusement, il avait semblé content de la revoir.

 - Ce soir, 18 heures, au "Pique-Assiette" ?

 - Ok....ça tombe à "pic", je suis libre !

Elle, elle ne l'était pas...
 
Elle avait rendez-vous
 
pour sa troisième...piquouze.

Hum...bon... tant pis...ça attendrait...

.
 
19 h 15 :
 
Assise au fond de la salle,
 
elle est la dernière cliente du bistrot.


Après deux cafés noirs et trois verres de picpoul
 
elle commençe doucement à piquer du nez sur la table...
 
et à déchanter...
 
Adieu les rêves utopiques...
 
le prince atypique...
 
et les pique-niques sous les tropiques...
 
 
 
"Pic et pic et colegram
 
Bour et bour et ratatam..."
 
C'était comme ça depuis l'enfance...
 
Elle ne tombait jamais sur elle, 
 
la chance ...
 
 
Des déconvenues, 
 
elle était la championne olympique.

.

La Licorne
 
.



jeudi 27 janvier 2022

La fin de l'humanité

 

 

Pour l' Atelier de Villejean

du 25 janvier 2022

 

 


 

La fin de l'humanité vient de débuter.

 

Non, pas la fin du genre humain, pas la catastrophe apocalyptique, 

pas celle qu'Hollywood nous présente régulièrement 

à grand renfort d'effets spéciaux.

Je ne vous parle pas de celle-là. 

Je vous parle de l'humanité telle que la définissent 

le Grand Robert et le Petit Larousse :

 

HUMANITE :  

Bonté, bienveillance de l'homme pour ses semblables.

Faire oeuvre d'humanité, manquer d'humanité...


C'est cette humanité-là qui, me semble-t-il, 

est en voie de disparition...

C'est à cette fin-là que nous sommes en train d'assister, 

abasourdis et impuissants,

la fin de ce qui faisait de nous des "humains", 

c'est-à-dire cette faculté à montrer des qualités humaines

de compassion, d'empathie...et de mansuétude.

 

Cela avait déjà commencé il y a quelques dizaines d'années, 

insidieusement, avec la fin des "humanités"...

 

HUMANITES : 

 Formation scolaire où l'étude des langues et littératures latines et grecques, 

considérées comme particulièrement formatrices, est prépondérante

 

Exit  le grec et le latin, exit les nuances langagières, 

les grands textes de Cicéron, de Virgile ou d'Homère...

Tous ces auteurs, autrefois incontournables,

 qui nous parlaient des tourments 

et des passions "humaines"

sentent aujourd'hui la poussière ...


Et que leur a-t-on substitué ?

Des cours de maths !

Voilà le "sésame" contemporain !

Les chiffres, les courbes et les calculs... 

Voilà ce qui fait maintenant "l'essence" de l'enseignement, 

voilà  la clé qui ouvre les portes des grandes écoles...

et la voie du succès social !

 

 

 

En moins d'un siècle, 

on a remplacé les Lettres par les Chiffres.

Et qu'y a-t-on perdu au passage ?

Eh bien, probablement ce que Pascal appelait 

"l'esprit de finesse". 

"L'esprit de géométrie" a  gagné. 

Les nombres et les statistiques en tout genre 

ont envahi nos vies.

 

On ne se réclame plus que de la "Science", 

nouvelle déesse de nos existences.

Une déesse certes moins affriolante que la Vénus de Milo,

mais une déesse au bras beaucoup plus long...

surtout quand elle se mêle à la politique.
 
 
 

 
 
Une déesse au coeur sec...dont les mots durs et précis
 
ne se prêtent guère à la rêverie ou à l'imagination.
 
Chacun lui rend hommage, chaque jour,
 
sans même s'en apercevoir...
 
et quand elle préside aux grandes décisions du monde, 

elle fait  s'incliner d'un coup des millions d'individus.
 
Les foules adorent cela, se courber, se soumettre, obéir...
 
Et elles font cela plutôt bien, non ?



Mais tout n'est pas dit.
 
 
 Les chiffres ont aussi, au passage, 
 
phagocyté nos âmes.

Nos âmes ?

"C'est quoi, une âme ?"
 
Question que m'a posée un jour, innocemment, 
 
un enfant de dix ans...

Le mot a en effet pratiquement disparu  du vocabulaire courant...
 
Or, quand un mot disparaît , 
 
c'est que ce qu'il désigne n'a plus d'importance...
 
ou qu'on n'en a plus l'usage.
 

L'âme, de nos jours, n'a plus de raison d'être.
 
Elle est tombée dans les mêmes "oubliettes" 
 
que le grec ou le latin...

L'âme ne calcule pas, l'âme ne travaille pas,
 
l'âme ne consomme pas, l'âme n'est pas "rentable"...
 
L'âme n'est pas "mesurable",

L'âme n'est ni "trouvable", ni "prouvable"...
 
donc l'âme n'existe pas.

CQFD
 
 
 
 
 
 
 
Mais de quoi me parlez-vous, ma bonne dame ?
 
Pragmatisme économique, speed dating et langage technique...
 
Voilà des choses sérieuses...
 
Le reste, ce sont des fariboles...
 
des contes pour enfants, des fumisteries...
 
 
 
C'est un peu comme la Liberté...
 
C'est un joli mot....qui fait rêver...
 
mais  quand on peut avoir 
 
 
la Liberté...
 
pfffff
 
on s'en "torche" !
.
 
La Licorne
 
.
 
 
 
2122-17 consigne Bartholdi


 



vendredi 21 janvier 2022

Mon ami Pierrot

 

 

A partir des illustrations du jeu DIXIT

(je les aime tant que je m'y remets une deuxième fois)

 


 Dans la nuit qui dure 

Pierrot est en pleurs

De tristes figures 

Encagent son bonheur


 

 

 La Lune insolente

Contemple Mercure

Et lui dit "Invente

Un autre futur"



 
Quand l'Ogre du monde
 
Dévore tes jours
 
Quand sa faim immonde
 
Entre dans ta cour



 
Quand il t'emprisonne
 
Et qu'il te fait peur

Quand il t'empoisonne
 
De fausses frayeurs
 


 
Garde la lumière

Du fond de ton coeur

Sors de ta tanière
 
Brise les chaînes d'erreurs


 
Ôte tous les masques 
 
Qu'on te fait porter

Rejette les frasques
 
Des autorités

 

 Si tu te réveilles

De tes protections

Tu verras le soleil

Et son affliction

 


 
Tu verras l'univers

Et son si bel ordre
 
Qui se moque des experts
 
Et de leurs contre-ordres
 



 
Tu verras la beauté

De ce qui t'entoure
 
Et toute la vanité

Des pauvres discours

 
 
 Observe les ficelles
 
Du pouvoir  déchu
 
Leur morte chandelle
 
Et  leurs coups tordus




Et puis mets les voiles

Et quitte le show
 
Retrouve les étoiles

Mon ami Pierrot



 
Au clair de la terre

Accueille le temps
 
De la nouvelle ère
 
Qui déjà t'attend
 
.

La Licorne

.
 
 




jeudi 20 janvier 2022

Agenda ironique : "Le flingue"


 

Pour l'Agenda ironique de janvier

chez Lyssamara


 


  

Tandis que les autres demeuraient silencieux, il se mit à aller et venir, fouillant dans tous les tiroirs.

" - J'étais pourtant sûr de l'avoir planqué dans cette pièce ! Et s'il vous plaît, ne restez pas là, les bras ballants...aidez-moi...bande d'abrutis !"

Le chef de la bande était furax. Le rouge aux joues, il se démenait et s'agitait mais cela ne suffisait pas à faire oublier à ses acolytes qu'il venait de commettre la bourde du siècle : égarer le révolver qui leur avait servi lors de leur dernier "coup".

Son bras droit, surnommé "L"Ange noir", en était intérieurement tout retourné. Sicaire expérimenté, il n'était pas né de la dernière pluie ...il avait roulé sa bosse et en 25 ans de "carrière", il en avait vu des vertes et des plus que mûres...mais là, ça dépassait l'imagination. Ils  avaient la police aux trousses et ils étaient en train de perdre de précieuses minutes à attendre que "le grand manitou" retrouve la mémoire !

L'angoisse montait.

"Chef ! Je crois qu'il va falloir y aller, maintenant... j'entends du grabuge dans la rue...on dirait que la flicaille est dans les parages...

- Minute, minute papillon..."

Papillon ? Est-ce que j'ai l'air d'un papillon ? Le sang du tueur à gages ne fit qu'un tour : il dégaina et tira. 

Le boss tomba de tout son poids, heurtant au passage le coin de la commode. Un deuxième impact sur le carrelage...et la tête se fendit comme un galet....

L'Ange regarda froidement le corps qu'il venait  d'étendre ...puis se retourna vers ses complices : il lut dans leurs yeux comme une lueur de soulagement, un revif d'espoir et même,  aussi lointaine qu'une céphéide mais bien présente, une étincelle revancharde.

"Il va me manquer, lâcha-t-il...Je m'attache très facilement..." 

Une seconde plus tard, toute la bande dévalait les escaliers quatre à quatre...Et ce n'est qu'au rez-de-chaussée, que le "Léon", en voulant remettre son arme dans  sa ceinture, s'aperçut qu'elle ressemblait fort à celle que le vieux  recherchait. 

Mais ce n'était pas le moment d'avoir  des remords...ou des regrets.  L'heure était à la fuite, pas à la contemplation. Une seule chose, pour l'instant, comptait : que le papillon ne se fasse pas "épingler".

.

La Licorne

.


(désolée pour l'ambiance à la  "Tarantino" , Lyssamara, mais parmi les mots à placer, le mot "sicaire"... n'incitait pas trop à la tendresse...;-)


CONSIGNE  DE L'A.I. DU MOIS :

La première phrase devait être  :

« Tandis que les autres demeuraient silencieux, il se mit à aller et venir, fouillant dans tous les tiroirs »

Il fallait aussi glisser cette phrase : « Je m’attache très facilement »

et  introduire  les mots suivants : étendre, galet, sicaire, céphéide, ange, se revancher et revif


.

mardi 18 janvier 2022

JEU 72 : "Regarde-moi d'où tu es" - Laurence Delis

 



Regarde-moi d’où tu es


Regarde-moi d’où tu es, j’écoute le vent des souvenirs comme une musique lointaine, à peine murmurée à la surface liquide. J’efface la peine à coup de turbulence et d’ardeur. C’est dire que ne pas s’attarder est gage d’avancée car je perds le fil du temps jusqu’à oublier les traces qui me hantent. Regarde-moi d’où tu es, je creuse encore le sable avec mes mains d’enfant pour voir la mer s’étendre à l’horizon. Et si les promesses de demain ne seront jamais figées sur des photos, je te parle. Je te parle sans réserve, tu sais. Il est plus facile de dire l’absence dans le silence qui suit les grands départs, c’est un dialogue complice qui ne mesure pas le temps. Regarde-moi d’où tu es, je traverse l’écume comme le lit des rivières me berce. Les jours passent dissemblables et ma voix en dedans n’a de cesse de te dire les sourires esquissés ; la lumière qui se lève sans toi. Regarde-moi d’où tu es, le littoral se pare toujours d’ocres et de bleus sous les embruns du jour.







vendredi 14 janvier 2022

Meilleurs voeux

 

 


Meilleurs voeux 

(Sur une proposition de Joe .. et sur un air de Geo)

 

 

 
Les gens qui pensent de travers pensent que les bons voeux qu'on lance début janvier
Sont faits pour les cons mielleux ou pour les petits vieux
Mais c'est une absurdité car à la vérité, ils sont là, c'est prouvé
Pour faire fleurir dans le temps un monde plus heureux
 
 
 

 
Les voeux sincères se donnent sur des airs de musique
De musique, de musique
En s'foutant pas mal du regard cynique
Des casse-noisettes
Les voeux sincères se donnent sur des airs de musique
De musique, de musique
Et ceux qui osent des rêves chimériques
Rendent le monde plus sympathique
 
 

Ils inventent des colombes, un monde plus léger et des cieux bleu d'azur
 
 
 
 
 Laissant les fourmis cupides à leurs combats constants
 
 
 
  
Ils se voient déjà grimpant les marches du futur, d'un avenir si pur
 
 
 
 
Que même les coquelicots en deviendraient tout blancs
 


 
Les voeux sincères se donnent sur des airs de musique
De musique, de musique
En s'foutant pas mal du regard cynique
Des casse-noisettes
Les voeux sincères se donnent sur des airs de musique
De musique, de musique
Et ceux qui osent des rêves chimériques
Rendent le monde plus sympathique
 
 
 
 
Quand les apprentis sorciers leur promettent la lune...ils n'en ont rien à faire
Ils ont déjà leurs voyages dans les pays du coeur
Pas besoin de petites fioles, de médocs, ni de coke, ni de mauvais dealer,
Quand ils ont pour s'envoler les grands champs du mystère
 
 
 

 
Les voeux sincères se donnent sur des airs de musique
De musique, de musique
En s'foutant pas mal du regard cynique
Des casse-noisettes
Les voeux sincères se donnent sur des airs de musique
De musique, de musique
Et ceux qui osent des rêves chimériques
Rendent le monde plus sympathique
 
 
 
 
Quand les mois auront passé, que l'année sera vieille, que l'hiver reviendra
Même s'il y a encore quelques nuages lourds
Ils s'apercevront émus que leur petite chanson comme un joli mantra
Leur avait donné les clés d'une année d'troubadour...
 


 
Les voeux sincères se donnent sur des airs de musique
De musique, de musique
En s'foutant pas mal du regard cynique
Des casse-noisettes
Les voeux sincères se donnent sur des airs de musique
De musique, de musique
Et ceux qui osent des rêves chimériques
Rendent le monde plus sympathique
 
 
 

La Licorne


 

(j'ai quelque peu enfreint les règles...

beaucoup d'images et peu d'expressions...

mais je compte sur l'indulgence de l'organisateur...:-)

 

 


jeudi 13 janvier 2022

JEU 72 : "La tristesse du nénuphar" - La Licorne

 


 

Il y a des trous dans mes souvenirs...
Qui volent au vent et se délavent...
Suspendus au fil de l'avenir
Ils me quittent un à un...c'est grave
Plus j'essaie de les retenir
Et plus le phénomène s'aggrave...

Mon coeur se pince quand je regarde
Les photos sur la pellicule
C'est fou comme le temps se lézarde
Se délite en pages minuscules...
Qui se dispersent par mégarde
Dans la lueur du crépuscule

Il fut un temps où mes désirs
Avaient des couleurs de printemps
Un temps qu'on ne peut reproduire
Un temps d'avant le noir et blanc
D'avant la folie d'interdire
D'avant la peur sur les écrans

Je pense à la jeune Chloé
A son bel amour insouciant
Et à l'univers déjanté
Du livre culte de Boris Vian
A tous ces jours ensoleillés
Qui s'évaporent progressivement

La joie naïve et son écume
S'enfoncent dans le sable noir
Et la vie légère comme une plume
Succombe parfois au nénuphar...
Mais l'amour fou quand il s'inhume
Reste la plus belle graine d'espoir.
.
 
La Licorne
 
 



 

mardi 11 janvier 2022

JEU 72 : "Pauvre Boris" - Joe Krapov

 

 

PAUVRE BORIS ! (L'ÉCUME DES JOURS)

 

La piscine Molitor redevient patinoire,
Les anguilles et les truites vivent dans les robinets,
Les pianos servent à fabriquer des cocktails,
Les rayons du soleil finissent en billes d’or
Aux cuisines où les souris dansent.

Que de beautés dans l’Univers !
Les oursons s’appellent Ursula,
Il y a du vent dans tous les crânes
Sauf dans le tien :
L’ingénieux ingénieur joue de la trompinette,
Touche à tout et conduit
La Brasier Torpedo
Avec brio.

 


Mais comme le négatif qu’on a mis à sécher
Avec des pinces à linge
Sur un fil trop fragile
Le coeur est perforé,
Le coeur est trop serré
Pour le flot d’énergie qui remue le génie.

 

 

Fi de la normalisation !
Il y a un empire à bâtir,
Des romans à traduire,
Des chansons à produire
Pour moquer, dénoncer
Les ratichons baigneurs
Les généraux joyeux bouchers
Et les honteuses guerres
Des marchands de canons.

Il y a des cantilènes mises dans la gelée,
Des bombes atomiques danseuses de java,
Les bisons sont ravis,
La cécité vairon,
Et le rock’n’roll mops,
Un voisin qui s’appelle Prévert,
Saint Pierre au Paradis qui ne veut pas de vous…

 


Et ce chef-d’oeuvre que tu laisses
C’est le roman de la Jeunesse,
Celui qui donne envie d’écrire
Pour découvrir et dire Ailleurs,
Tout le gré de la fantaisie
Contre la gravité d’un monde
Qui ne souhaite même pas entendre.

Il faudrait te relire plus souvent,
Boris Vian,
Pour accepter ce phénomène :

C’est seulement après le fracas
Des vagues sur la plage,
Des phrases sur la page,
Que l’écume des jours
Fait cadeau à l’estran
De ses trésors cachés
Dans l’océan du temps.

Et ce sont d’autres promeneurs,
D’autres générations
Qui en profiteront.

Tant pis !
Tant mieux !
Merci,
Mon vieux,
Car ton solo était très beau !

.

 Joe Krapov

.

 

(Cf Chanson "Pauvre Boris" de Jean Ferrat)

 

 

 

 

mardi 4 janvier 2022

JEU 72 : "L'écume des jours" - Célestine

 

 


 

 

    L'écume des jours, c'est ce qui reste de nous comme digne d'être dit, partagé, raconté, et enfin placé sur les étagères du souvenirs. Ce sont les petits riens qui tissent les grands liens.
L'écume des jours se ramasse délicatement, chaque soir, avec une épuisette extraordinaire, celle de l'attention à l'autre. Une écumoire retenant le fort, l'important, le magique, et laissant filer le dérisoire à travers ses trous bien réguliers.
    S'il était une seule résolution de janvier, dans mon panier d'intentions pour l'année naissante, ce serait celle-là : partager chaque jour, avec mes aimés, un détail, une photo, un message. Une phrase tirée de lectures, une toile d'araignée surprise dans la rosée de l'aube. Un appel spontané et sans attente.
    Le Noël dernier m'a donné l'occasion de réfléchir à tout cela.
Ne pas attendre de se revoir. On croit qu'on aura tout le temps de dire tout ce que l'on a loupé depuis deux mois, mais rien ne vient. On ne rattrape jamais ces moissons quotidiennes de petits bonheurs, d'anecdotes délicieuses, ils s'envolent tels des phalènes dans une nuit chaude. Dissous par le temps, ils ne supportent pas d'être mis en conserve, ils se dégustent dans la pleine fraîcheur de l'instant.
    Nous ne sommes plus au temps des correspondances épistolaires de Madame de Sévigné, bien sûr. D'aucuns le regrettent. Mais poster une lettre par jour, qui le fera ?
Heureusement, les moyens de communiquer fleurissent sous nos doigts, à nous de les saisir.
    Gardons le lien, soyons des diaristes, tissons ce petit fil de chaîne en organsin, léger, mais solide et torsadé, cultivons l'amour en distanciel, faisons du présentiel une éclaboussure de joie.
Et, pour n'avoir pas perdu le fil, goûtons à la délicieuse impression, quand on se revoit, de s'être quittés hier, riches de nos expériences mutuelles.


 
 
•.¸¸.•*`*•.¸¸☆•.¸¸.•*`*•.¸¸☆  


 

lundi 3 janvier 2022

JEU 72 : "L'écumoire" - Tiniak

 


L'écumoire

 


 

Pour l'amour de mon cœur de Gloire

 

Du jour passé à l'écumoire
pleuvent les instants dérisoires

Deux supposés, j'en retiens un
celui qui vient : l'instant présent
que j'observe se déliter, incidemment
à l'écritoire
où je prétends me délivrer de sa mémoire

Je divague mon journalier
avec la rigueur des marées
déroulant d'une phrase l'autre
les plis du rêve où je me vautre
dès demain, j'en serai l'apôtre
et tu sauras t'en contenter

Dans les suspens de cet instant, passe une éponge
et il faut tout recommencer, depuis le songe

 

Tiniak