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lundi 2 avril 2018

Maîtres du néologisme




« Quand j’ai besoin d’un mot que ma langue me refuse,
je l’invente !»


 

Frédéric Dard répétait qu'il avait commencé
avec un vocabulaire de 300 mots...
et avait inventé tous les autres par la suite.
Ce qui a donné lieu à 20 000 néologismes.

On n'a pas fait mieux !
.


Un autre auteur,
dans un tout  tout autre registre,
 en usait aussi :
 Nous venons d'ailleurs de nous y intéresser,
le mois dernier...
c'est Marcel Proust :










Et si l'on remonte encore plus loin dans le temps,
l'un des premiers à décomplexer la langue fut...
François Rabelais






Enfin, plus près de nous,
dans ce domaine d'invention de la langue,
le regretté Boris Vian ne fut pas en reste..
.
(députodrôme, peintureur, biglemoi, doublezons...
dans "L'écume des jours")

Il adorait créer de nouveaux mots...
juste pour s'amuser !






Alors, quel que soit votre style,
familier ou relevé,
sérieux ou amusant,
poétique ou truculent...

Est-ce que ça vous dirait...
d'essayer à votre tour ?
:-)

.
La Licorne
.




 

lundi 12 mars 2018

JEU 34 : L'ami Proust au petit-déjeuner



Pour rire un peu...pour "délirer"...
et pour réveiller, chez les plus très jeunes,
quelques souvenirs lointains :







Un matin, pas très réveillé,
En pyjama devant l'évier,
Je repêche un bout de biscotte noyée
Dans mon bol marqué "Ricoré"...
 La journée s'annonce banale
Et je suis de mauvais mauvais poil
A la table je m'installe
Disons plutôt que je m'affale...

 
 





Je ronchonne, je marmonne, je bougonne...
Quand, tout à coup, alors que je mâchonne
Ma biscotte sèche et plus très bonne,
Au fond de mon cerveau bourdonne
Agrippée par quelques neurones
Une mélodie que tous fredonnent
Un air que la télé claironne
A tout, tout, tout, tout l'Hexagone...





 

Et voilà que soudain cet air m'emporte
Vers les années où, en culottes courtes  et short,
Ma mère, d'une voix qui réconforte
Me vantait les bienfaits de la chicorée :
Elle me disait, mon p'tit bébé,
Prends-en au petit déjeuner
Si tu veux, comme les deux jumeaux,
Devenir fort et beau !
 
 
 




C'était dans les années soixante
Au temps de la pub débutante...
Mais ce souvenir encore me hante...
Car le lait-chicorée de cette charmante
Et si désuète publicité
Me donnait chaque fois la nausée...
Alors, oui, bon.. c'est décidé...
Pour bien commencer la journée..

J'vais jeter mon bol "Ricoré" !
.

La Licorne
.




P-S: Au cas où vous trouveriez mon texte trop "décalé"
sachez quand même qu'il s'en est fallu d'un rien
que la fameuse madeleine de Proust
ne finisse en ...biscotte !

La face du monde en eût peut-être été changée... :-)
 
.

 

samedi 22 octobre 2016

Jurons québécois




Damned Canuck de damned Canuck de pea soup
sainte bénite de sainte bénite de batèche
sainte bénite de vie maganée de batèche
belle grégousse de vieille réguine de batèche 

Suis-je ici
ou ailleurs ou autrefois dans mon village
je marche sur des étendues de pays voilés
m'écrit Olivier Marchand
alors que moi d'une brunante à l'autre
je farouche de bord en bord
je barouette et fardoche et barouche
je vais plus loin que loin que mon haleine
soudain j'apparais dans une rue au nom d'apôtre
je ne veux pas me laisser enfermer
dans les gagnages du poème, piégé fou raide

mais que le poème soit le chemin des hommes
.

Gaston Miron
.


samedi 24 septembre 2016

Après le déluge

   


Aussitôt que l'idée du Déluge se fut rassise,
     Un lièvre s'arrêta dans les sainfoins et les clochettes mouvantes 
et dit sa prière à l'arc-en-ciel à travers la toile de l'araignée.
     Oh ! les pierres précieuses qui se cachaient, - les fleurs qui regardaient déjà.
     Dans la grande rue sale les étals se dressèrent, 
et l'on tira les barques vers la mer étagée là-haut comme sur les gravures.
     Le sang coula, chez Barbe-Bleue, - aux abattoirs, - dans les cirques, 
où le sceau de Dieu blêmit les fenêtres. Le sang et le lait coulèrent.
     Les castors bâtirent. Les "mazagrans" fumèrent dans les estaminets.
     Dans la grande maison de vitres encore ruisselante 
les enfants en deuil regardèrent les merveilleuses images.
     Une porte claqua, et sur la place du hameau, l'enfant tourna ses bras, 
compris des girouettes et des coqs des clochers de partout, 
sous l'éclatante giboulée.
     Madame*** établit un piano dans les Alpes. 
La messe et les premières communions se célébrèrent 
aux cent mille autels de la cathédrale.
     Les caravanes partirent. Et le Splendide-Hôtel fut bâti dans le chaos de glaces 
et de nuit du pôle.
     Depuis lors, la Lune entendit les chacals piaulant par les déserts de thym,  
- et les églogues en sabots grognant dans le verger. 
Puis, dans la futaie violette, bourgeonnante, 
Eucharis me dit que c'était le printemps.
     - Sourds, étang, 
- Écume, roule sur le pont, et par dessus les bois; 
-draps noirs et orgues, 
- éclairs et tonnerres - montez et roulez; 
- Eaux et tristesses, montez et relevez les Déluges.
     Car depuis qu'ils se sont dissipés, - oh les pierres précieuses s'enfouissant, 
et les fleurs ouvertes ! - c'est un ennui ! 
et la Reine, la Sorcière qui allume sa braise dans le pot de terre, 
ne voudra jamais nous raconter ce qu'elle sait, et que nous ignorons.
.
Arthur Rimbaud
"Illuminations"





vendredi 25 mars 2016

Un peu de culture : "Bouts-rimés"


 
L'exercice des "rimes imposées" 
ne date pas d'hier...
Jugez-en plutôt :


Dans un article en forme de causerie pour Le Petit Journal 
auquel il faisait parvenir des correspondances, 
Alexandre Dumas raconte avoir hérité 
d'un lot de papiers de sa sœur Marie, dernièrement décédée. 
Il y a redécouvert un poème co-signé de lui 
et de son ami et collaborateur Joseph Méry. 
C'est le prétexte pour raconter à ses chers lecteurs 
comment se passaient ces bonnes soirées entre amis 
au cours desquelles on improvisait des vers 
à partir de rimes choisies par un tiers

A ce jeu des bouts-rimés, raconte Dumas, 
Méry était un as de l'improvisation. 
Il cite les alexandrins que Méry avait vite pondus 
à partir de 24 mots plutôt difficiles à agencer 
dans l'ordre à l'intérieur d'un même texte. 
Les voici:

Femme – Catilina – Âme – Fouina – Jongle – Citoyen – Ongle – Païen – 
Mirabelle – Mirabeau – Belle – Flambeau – Orestie
 – Gabrio – Répartie – Agio – Figue – 
Faisan – Ligue – Parmesan – Noisette – Pâté – Grisette - Bâté.

Dumas précise dans une note que Gabrio était le sobriquet affectueux 
de la comtesse Dash, dont le prénom était Gabrielle.

A titre d'exemple, voici le début du poème composé par Méry:

En vous voyant ce soir, jeune et charmante femme,
Chez l'auteur d'Henri Trois et de Catilina,
Pour écrire ces vers, la peur glaça mon âme,
Ma plume tressaillit, le poète fouina.

Il en profite pour lancer un concours
Le lecteur qui réussira le meilleur poème avec les mêmes bouts-rimés
recevra l'original qui porte les rimes de Dumas,
le texte de Méry et leurs deux écritures.

Il raconte avoir eu la conviction que peu seraient en mesure de relever le défi. 
Le succès fut tel cependant qu'il se vit incapable de choisir un seul gagnant. 
Il proposa donc une souscription à un franc
aux quelque 200.000 lecteurs du Petit Journal. 
S'il en obtenait 500, alors il ferait un volume avec tous les poèmes reçus. 
Sa préface du 9 mars 1865 en forme de causerie témoigne 
qu'il a obtenu le nombre de souscriptions désirées. 
D'où ce volume qui reprend l'ensemble des poèmes
envoyés par les lecteurs.

De ce livre jamais réédité de près de 300 pages, 
seules les dix premières sont de Dumas. 
On comprend bien, vu la nature du propos, 
que l'ouvrage ne figure pas dans ses œuvres complètes
chez Lévy ou Levasseur.

Il n'empêche que ce court texte est fort attachant à plus d'un titre. 
D'abord, il y a la référence à sa sœur Marie dont on sait trop peu de choses. 
Avis aux chercheurs, Dumas affirme avoir récupéré 
beaucoup des lettres qu'il lui a écrites.
 



 
Ensuite, il nous campe un Joseph Méry plutôt sympathique. 
C'est à ce collaborateur qu'on doit le roman 
"Un médecin de Java" (titre de la version en feuilleton) 
ou "L'île de feu" (version en volume).

Enfin, ce texte montre comment, à partir de petits riens, 
Dumas arrive à susciter beaucoup d'intérêt.

Pour les versificateurs amateurs enfin, 
notons que quelques collaborations sont bien troussées. 
Ils apprécieront peut-être surtout celle de G. Dorval 
intitulée Alexandre Dumas, 
que nous reproduisons intégralement ici.

Alexandre Dumas
 
Dumas est fin, aimable et doux comme une femme;
Son génie a créé Kean et Catilina,
Et tous ceux qui l'ont lu l'aiment de cœur et d'âme,
Car son brillant esprit jamais ne fouina.
Roi de la blague, avec les mots sa plume jongle;
Il nous fait dans Pitou voir un bon citoyen;
Nous montre d'Artagnan qui, sans peur, rogne l'ongle
De Richelieu, le prêtre à l'âme de païen.
Son souple talent, doux comme une mirabelle,
Dans un livre émouvant nous fait de Mirabeau
Admirer aisément la voix puissante et belle,
Eclairant les esprits comme un divin flambeau.
En admirables vers ciselant l'Orestie,
Dans cette œuvre il a mis le cœur de Gabrio,
La verve de Méry, l'esprit, la repartie,
Dont il s'est fait le roi, seul et sans agio.
On lit ce qu'il écrit comme on mange une figue,
Une tarte à la crème, une aile de faisan;
Que ce soir un roman sur la Fronde ou la Ligue,
Ou le moyen de faire un plat au parmesan;
Car il cause de tout: la modeste noisette
Inspirerait sa verve autant qu'un gros pâté,
Et ce grand enchanteur sait peindre une grisette
Aussi bien qu'une reine ou qu'un âne bâté.
.
Article trouvé ici
.




dimanche 22 novembre 2015

Je n'aime pas la guerre




Je n'aime pas la guerre.
Je n'aime aucune sorte de guerre.
Ce n'est pas par sentimentalité.
Je suis resté quarante-deux jours
devant le fort de Vaux et il est difficile
de m'intéresser à un cadavre désormais.

Je ne sais pas si c'est une qualité ou un défaut :
c'est un fait.
Je déteste la guerre.
Je refuse la guerre pour la simple raison
que la guerre est inutile.
Oui, ce simple petit mot.
Je n'ai pas d'imagination.
Pas horrible ; non, inutile, simplement.
Ce qui me frappe dans la guerre
ce n'est pas son horreur : c'est son inutilité.
Vous me direz que cette inutilité précisément est horrible.
Oui, mais par surcroît.

Il est impossible d'expliquer
l'horreur de quarante-deux jours d'attaque devant Verdun
à des hommes qui, nés après la bataille, sont maintenant
dans la faiblesse et dans la force de la jeunesse...

Vous ne pouvez pas leur prouver l'horreur.
Vous n'avez plus rien à votre disposition que votre parole :
vos amis qui ont été tués à côté de vous
n'étaient pas les amis de ceux à qui vous parlez ;
la monstrueuse magie qui transformait
ces affections vivantes en pourriture,
ils ne peuvent pas la connaître ;
le massacre des corps et la laideur des mutilations
se sont dispersés depuis vingt ans
et se sont perdus silencieusement
au fond de vingt années d'accouchements journaliers
d'enfants frais, neufs, entiers, et parfaitement beaux.

À la fin des guerres il y a un mutilé de la face,
un manchot, un boiteux, un gazé... pour dix hommes ;
vingt ans après il n'y en a plus qu'un pour deux cents hommes ;
on ne les voit plus ; ils ne sont plus des preuves.
L'horreur s'efface.

Et j'ajoute que malgré toute cette horreur,
si la guerre était utile
il serait juste de l'accepter.
Mais la guerre est inutile
et son inutilité est évidente.
L'inutilité de toutes les guerres est évidente.

Qu'elles soient défensives, offensives, civiles,
pour la paix, le droit, pour la liberté,
toutes les guerres sont inutiles.
La succession des guerres dans l'histoire
prouve bien qu'elles n'ont jamais conclu
puisqu'il a fallu recommencer les guerres.

La guerre de 1914 a d'abord été pour nous, Français,
une guerre défensive.
Nous sommes-nous défendus ? Non !
Nous sommes au même point qu'avant.
Elle devait être ensuite la guerre du droit.
A-t-elle créé le droit ?
Non, nous avons vécu depuis,
des temps pareillement injustes.

Elle devait être la dernière des guerres ;
elle était la guerre à tuer la guerre.
L'a-t-elle fait ? Non...
elle n'a tué que des hommes inutilement.
La guerre d'Espagne n'est pas encore finie
qu'on aperçoit déjà son évidente inutilité.

Je consens à faire n'importe quel travail utile,
même au péril de ma vie.
Je refuse tout ce qui est inutile
et en premier lieu la guerre
car son inutilité est aussi claire que le soleil.
.
Jean Giono
.

samedi 25 avril 2015

ECRIRE : Citations




L’écriture automatique et les récits de rêves
présentent l’avantage de proposer une clé 
capable d’ouvrir indéfiniment 
cette boîte à multiple fond qui s’appelle l’homme.

André Breton
.

Ecrire : essayer méticuleusement de retenir quelque chose : 
arracher quelques bribes précises au vide qui se creuse, 
laisser, quelque part, un sillon, une trace, 
une marque ou quelques signes.

Georges Perec
.

Les mots écrits peuvent avoir plus de profondeur
que ceux qui sont dits,
comme si le papier libérait des mondes inconnus,
prisonniers d'un enchantement.
.
J.K. Stefansson
.

L'écriture est un exercice spirituel,
elle aide à devenir libre.

Jean Rouaud





jeudi 26 mars 2015

L' OuLiPo ou "la contrainte en littérature"....




 
En 1960, Raymond Queneau demande à François Le Lionnais
 de postfacer ses Cent mille milliards de poèmes.
 C'est à cette époque que ce dernier propose à Queneau 
de « créer un atelier ou un séminaire de littérature expérimentale
 abordant de manière scientifique ce que n'avaient fait que pressentir
les troubadours, les rhétoriqueurs, Raymond Roussel, 
les formalistes russes et quelques autres..."

Ce "séminaire" changera de nom par la suite :
 ce sera le célèbre OuLiPo, "Ouvroir de Littérature Potentiel"....
groupe international  qui comprendra à la fois 
des  mathématiciens et des littéraires, 
dont des écrivains comme Georges Perec, Italo Calvino
 mais aussi des mathématiciens "purs" comme Claude Berge 
ou des personnes ayant "double compétence",
 comme Jacques Roubaud ou Olivier Salon.
 
 


 
 
Ensemble, ils vont expérimenter
 des "contraintes littéraires" nouvelles et ludiques...
Délaissant l'exploration "aléatoire" des surréalistes,
 ils pensent en effet qu'en littérature, la contrainte 
n'est pas incompatible avec la liberté, bien au contraire :

« Une autre bien fausse idée qui a également cours actuellement, 
c'est l'équivalence que l'on établit entre inspiration, 
exploration du subconscient et libération, 
entre hasard, automatisme et liberté. 
Or cette inspiration qui consiste 
à obéir aveuglément à toute impulsion 
est en réalité un esclavage. 
Le classique qui écrit sa tragédie 
en observant un certain nombre de règles 
qu'il connaît est plus libre que le poète qui écrit 
ce qui lui passe par la tête 
et qui est l'esclave d'autres règles qu'il ignore. »
.
 Raymond Queneau 
"Le Voyage en Grèce"
.
 
 
C'est que la contradiction, le paradoxe ou bien la tension 
que l'on pourrait voir entre liberté et contrainte 
n'est qu'une apparence. 
C'est au contraire à partir de la contrainte 
que se développe la liberté de créer : 
en obligeant à s'affranchir de bon nombre d'automatismes, 
liés à l'usage courant du langage, 
la contrainte entraîne de nouvelles formes d'expression,
offrant par là une liberté nouvelle de création. 
Si l'incertitude est constitutive des contraintes, 
en tant qu'on ne sait pas à l'avance 
si le problème posé trouvera solution, 
c'est bien de la contrainte, et non du hasard, 
que résulte la création.
.
 
 


 
Ce "cercle des poètes farfelus",
malgré la disparition de plusieurs de ses membres,
existe toujours aujourd'hui...
.
 
La Licorne
 
.






mercredi 7 janvier 2015

Roman-lipogramme



"Là où nous vivions jadis,
il n’y avait ni autos, ni taxis, ni autobus :
nous allions parfois, mon cousin m’accompagnait,
 voir Linda qui habitait dans un canton voisin.
Mais, n’ayant pas d’autos,
 il nous fallait courir tout au long du parcours ;
sinon nous arrivions trop tard : Linda avait disparu.
Un jour vint pourtant où Linda partit pour toujours.
Nous aurions dû la bannir à jamais ;
mais voilà, nous l’aimions.
Nous aimions tant son parfum, son air rayonnant,
son blouson, son pantalon brun trop long ;
nous aimions tout.
Mais voilà tout finit :
trois ans plus tard, Linda mourut ;
nous l’avions appris par hasard, un soir,
au cours d’un lunch."
(...)
.
"Anton Voyl n'arrivait pas à dormir. Il alluma.
 Son Jaz marquait minuit vingt. 
Il poussa un profond soupir, s'assit dans son lit, 
s'appuyant sur son polochon. Il prit un roman, il l'ouvrit,
 il lut; mais il n'y saisissait qu'un imbroglio confus,
 il butait à tout instant sur un mot 
dont il ignorait la signification.
Il abandonna son roman sur son lit. 
Il alla à son lavabo; il mouilla un gant
 qu'il passa sur son front, sur son cou.
Son pouls battait trop fort. Il avait chaud. 
Il ouvrit son vasistas, scruta la nuit." 
.

Extraits de  "La disparition"
.



Dans ce roman pas comme les autres,
l'auteur s'est donné comme contrainte
de ne jamais utiliser la cinquième lettre de l'alphabet,
la plus courante de toutes !
Il tient ce pari incroyable sur...312 pages.

A priori, cela pourrait apparaître
comme un pur exercice formel,
une prouesse linguistique gratuite,
dénuée de sens...

Mais quand on sait combien l'absence et le manque
étaient présents dans sa vie personnelle...
on comprend que dans cette contrainte un peu "folle"
se cache quelque chose de plus profond...
une autre disparition.

Perec a en effet perdu ses deux parents
pendant la seconde guerre mondiale :
son père est mort au combat,
sa mère a été déportée à Auschwitz...

Agé d'à peine sept ans, il a alors été confronté
à la douloureuse nécessité...
de vivre sans eux
(sans "e")
.
La Licorne
.