Max et Lola sont en plein conciliabulle :
- T'as fait un tour ce matin ?
- Plusieurs, répond Lola. Comme d'habitude.
- Et t'en a pas marre de faire toujours la même chose ? De lécher toujours la même vitrine ?
- Ben non, quelle idée ?
-
Moi, j'en peux plus ! Toujours la même rengaine, toujours la même vue.
Y'a des jours, j'ai des envies...de...de...de me jeter à l'air...et d'en
finir une bonne fois pour toutes.
- Max ! Qu'est-ce que tu dis là
? Faut te reposer, mon ami. Ou alors manger un peu. Tiens, justement,
c'est l'heure de la Main. Viens voir, il pleut des flocons ! Hum,
délicieux ! Ils ont un petit goût de...rhubarbe.
- C'est bien ce que je dis...il pleut à heure fixe. Rien de nouveau sous le soleil ! Déprimant.
- Max, tu parjures ! Tu devrais remercier la Grande Main de nous nourrir aussi régulièrement et aussi généreusement.
-
Je sais, toi, tu aimes le confort et la paresse.... Mais moi, je rêve d'autre chose...Lola.
J'ai besoin de voir grand...je veux visiter le monde...je veux nager
dans l'étang de Vierzon, dans le lac de Garde, dans la mer Baltique,
dans l'océan Pacifique...
Lola ne répond pas...En entendant ces
mots, elle fait une moue dubitative tout en lissant ses écailles, qui brillent dans la lumière du matin.
- Je veux vivre, vivre, tu m'entends ? dit Max en haussant le thon.
-
Eh bien, vas-y, lance Lola, ironique et passablement vexée. Quitte-moi !
Pars au bout du monde ! Réserve un train, un bus, un avion...Il suffit
de décrocher le taxiphone ! Comme tu le sais, y'en a un dans chaque
bocal...
Mais Max n'écoute déjà plus les propos de sa compagne. Il lorgne vers ce que la Main vient tout juste de poser sur la commode.
- D'ici à là, y'a quoi, tu crois ? Juste assez, ou presque...
Il ne termine pas sa phrase. Sur une impulsion, il s'élance...s'envole et...plouf ! retombe dans l'eau du vase d'à côté.
- J'y suis arrivé, Lola ! Regarde ! Regarde !
La Main revient. Tout doucement, avec une épuisette , elle le repêche et le ramène dans le bocal.
- Maman ! Maman ! Max est incorrigible, il a encore essayé de fuguer !
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La Licorne
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Suite ICI
(deuxième épisode)
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Pour le Jeu 93
et pour l'Agenda ironique d'avril
chez Carnetsparesseux
Il s'agissait d'écrire l'histoire d’un poisson
qui ne serait peut-être pas un poisson, ou pas que poisson.
Et puis de parler
d’une maison, d’un lieu clos.
Il fallait que ce lieu ne soit pas un simple décor,
mais participe à l’action,
voire pique la vedette au poisson.
Il y avait aussi quatre mots imposés :
taxiphone, rhubarbe, paresse et Vierzon.
Et puis une ou deux phrases à glisser dans le etxte,
à choisir parmi ces deux-là:
« D’ici à là, y a quoi, tu
crois ? Juste assez, où presque…»
« Xénophon rapporte qu’Alexandre pleura
quand il eut achevé la conquête du monde.
Tamerlan et Attila, eux, pas une larme. »
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On pouvait aussi "feuilletonner"
(écrire plusieurs épisodes)
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