mardi 21 décembre 2021

JEU 71 : "Cabane improvisée" - La Licorne




Parmi les joies oubliées de l'enfance,

Il y a celle des cabanes improvisées...

Celles qu'on se faisait partout dans la maison :

Sous les couvertures, dans les recoins,

Au grenier, et même, parfois, sous les tables...

Petits abris provisoires où l'on se sentait en sécurité, 

Petits cocons de douceur et d'intimité,

Où le coeur pur et le rire aux lèvres, 

On jouait à faire "comme les grands"...

 

Le petit Albert y emmena un jour sa cousine Elsa...

Il ne savait pas encore qu'un jour il l'épouserait...

Mais quand la bise fut venue, il eut un éclair de génie :

Dans ce petit recoin, dans ce carré de lumière, 

Il comprit que l'énergie qu'il avait mise 

Pour la convaincre de l'embrasser

Etait proportionnelle à la masse de reproches

Qu'il allait essuyer quand sa mère allait rentrer...;-))

.

La Licorne


Consigne ICI


lundi 20 décembre 2021

JEU 71 : "E= MC2 mon amour" – Joe Krapov

 

Consigne ICI 

  


 

Entre deux bisous sur la bouche, les enfants qui s’aiment se disent des mots doux sous l’évier.

- Comme je t’aime, mon théorème !

- Tu es ma seule et unique muse, mon hypoténuse !

- Je t’adore, mon Pythagore !

- Je te trouve suprêmement belle, mon isocèle !

- Oh comme tu m’obsèdes, mon parallélépipède !

- Que tu es intelligente, ma jolie tangente !

- Tout me plaît dans ton physique ! Si je m’écoutais, je t’écrirais des quantiques !

- Tu me démultiplies, ma trigonométrie !

- Tu me fais monter au ciel, mon gros exponentiel !

- Si tu savais comme je te calcule, mon intégrale !

- Tu me fais vibrer le plexus, mon savant Cosinus !

- Je te désire avec passion, mon équation !

- E = MC2, mon amour !

- Aplusbégalix, le combat des chefs !

- Mon penchant pour toi forme le même angle avec le sol horizontal que la tour de Pise !

- Permets donc que je te bise !

- Pi = 3,1416 !

- Permets donc que je t’appelle Thérèse et que je t’écrive une lettre à Elise, mon trapèze !

- Mon angle obtus, tu me mets le feu aux joues !

- Tu me donnes des transes, ma circonférence !

- Je te chéris, mon décamètre !

- T’aimer me donne des ailes, ma belle parallèle !

- Je te vénère, mon octogone même pas Lyonnais !

- Si tu savais comme bien je te blaire, ma douce perpendiculaire !

- Bon c’est pas le tout ça, Daniel ! Tu la sors de son étui, la chignole et on le fait, ce trou ? Sinon je vais penser que ta méthode mathématique n’est rien qu’un tuyau crevé !


La maman de Daniel entre dans la pièce et s’écrie :

- Mais enfin ! Qu’est-ce que vous faites sous l’évier, les enfants ?

- On essaie de résoudre le problème de maths que nous a donné notre maître, Monsieur Einstein !

- Et quel est-il, ce problème ?

- « Un lavabo fuit à la vitesse d’un cm3 par minute. Sachant que le TGV qui met 3 heures 23 pour aller de Paris à Marseille part de la voie 9 à 8 h 47, dites au bout de combien de temps l’escargot atteindra le sommet du panneau et, sachant que tout est relatif, donnez l’âge exact du capitaine du Titanic né le 27 janvier 1850 à Hanley au moment où le lavabo débordera et où l’iceberg percutera le navire, faisant chuter l’escargot et dérailler le train. ».

- Et vous avez besoin de faire un trou dans la tuyauterie pour ça ? Daniel, va me ranger cette chignole immédiatement dans la caisse à outils de Papa et toi Lauren, il est l’heure de rentrer chez toi, maintenant.

- Bien, Madame Michon ! A demain Daniel ! A demain Madame Michon !

Lauren sort et Daniel remballe ses outils.

- Surdoués ! Surdoués ! maugrée Madame Michon. Je veux bien l’admettre puisque les psys le disent. Mais j’ai surtout l’impression qu’ils sont surdoués pour les conneries, ces deux-là !

 

Joe Krapov



jeudi 16 décembre 2021

JEU 71 : "E=mc2" -Tiniak

 

e=mc2

fil21_décembre-bisou

 

Euh... Egales pensées ?

A l'orée incongrue d'un sentiment étrange
voici qu'une pensée vient m'en donner le change

Ici, tout est perdu
des lois, des convictions et des paniers-repas
c'est en songe, à présent, qu'il faut marquer le pas

Mais... ? Rebellions, sorties, suppléments de porridge !
seriez-vous pas qu'erreurs ? Non fautes qu'On corrige
en marge du vécu !?!

Eh ! J'ai tout bien signé, au bas de ma copie
(devoir exécuté à mon bureau - ah, si !)

C'est quoi, la loi nouvelle ?

Donc, relativiser
cet ordre, ce désordre et la main au panier ?

Eh ben, moyeu Jodel (comme aurait dit Boris) !

Un paradigme - encore ! à la poigne écrevisse
à lorgner mes débords sur la terre avilie
sans souci de mon sort près de sa tendre cuisse ?

Xénophobies ! Décors ! Larmes contradictoires...
ne peut-on être deux et soumettre l'Histoire
à cette réunion - aux consentis dévers !
qui fonde notre paire ?

 

pin_tiniak-plume-sign



mercredi 1 décembre 2021

JEU 71 : "E=MC2, mon amour"

 


 - Atelier d'écriture pour le mois de décembre -

 

Image inspiratrice

 


Titre associé :

"E= MC2, mon amour"

de Patrick Cauvin

.

 

Vous vous inspirerez de l'image ci-dessus

pour créer un texte de votre cru...

 

Concernant le titre de livre , 

vous pouvez , au choix :


- Tout simplement, placer les mots de ce titre dans votre texte

(dans l'ordre ou dans le désordre)


- Ou faire en sorte que ce titre de livre soit aussi le titre de votre texte

(et donc le choisir comme fil conducteur de votre création)

 

- Ou , troisième et dernière possibilité, 

faire référence, tout au long du texte, à l'oeuvre citée

(en l'imitant, en la complétant, en la citant, en la détournant...etc)

.

 

Envoi à undeuxtrois4@orange.fr

avant le 21 décembre 2021

(la date du mail faisant foi ;-)

 
 
Bonne inspiration...
 
 
.
 
La Licorne
 
.

 

 

 

 

vendredi 26 novembre 2021

JEU 70 : "99 dragons: exercices de style" - Joe Krapov


 

  99 dragons : exercices de style. 67, Disparition du n° 5


Casting :


Giorgio Dalida, working class Hiro-Hito ;

Papy Moujot, paysan quasi cajarcois ;

Rachid « Wild » al Rachid, roi sans pouvoir ;

Kominbalai, dragon


***




Qu’on s’introduisît dans la pampa ou dans la toundra sans visa, pass ni PCR, ça lui faisait ni chaud ni froid à Papy Moujot, paysan quais cajarcois. Ca lui causait aucun souci. L’immigration ? L’invasion ? Pas son truc à lui, l’administratif ! On a un roi pour ça, non, mis là on n’sait plus quand pour qu’aucun Attila malfaisant n’vînt assouvir son goût du pouvoir ou nous glapir son baringouin d’au d’la du Rhin.

Nonobstant ça, c’ qui lui plaisait pas du tout au paysan, ç’qui l’ chagrinait dru, c’mardi-là, c’tait qu’un dragon pas du coin s’attaquât à son gagn’pain !

Aussi n’ tarda-t-il pas à brandir sa faux, furibard, furax rapport aux moutons qu’on lui boulottait puis il partit vomir son vitriol au grand vizir :

- Alpaguons Rachid « Wild »al Rachid ! Il y a là du travail pour son armada ! Fantassins, spadassins, haschichins, cornichons à chichon, bachi-bouzouks, soldats du souk, avatars d’assassins, au turbin !

- Qui va-là ? lui opposa-t-on aux abords du palais. Puis il fut saisi, conduit au roi qui lui ordonna la fin du barouf car sinon ça s’rait Moujot droit au gnouf.

- Non mais dis donc, roi plus sourd qu’un pot, n’ouis-tu pas du ramdam dans nos champs ? Kominbalai, dragon pas commun, y fichant bazar, crois-tu qu’on va pouvoir subir l’individu sans qu’ici, à ta cour, nul n’ait souci du charivari commis ? Roi, vassal ou locdu, chacun doit au pot commun ! A ton tour, Rachid al Rachid ! Fais-nous voir ton pouvoir, ton savoir, ton tranchoir ! Fous nous donc au saloir l’animal malfaisant !

Las ! Un pays parfait où tout s’accomplirait suivant un plan divin, faut sortir tôt du lit pour foutr’ la main d’ssus !

Voilà pourquoi, quand Rachid « Wild » al Rachid brailla :« Soldats thalasso ! Pardon, j’ai fait la liaison mal-t-à propos : Soldats z’à l’assaut ! » la maison Poulaga, la maison Soldata, oyant « dragon » « combat » « Aux fusils !», « Taïaut !», « banzaï !», « sus à King-Kong !» « bataillons ! » « sang impur dans nos sillons !» aussitôt mit adjas, bouts, fila, calta, s’carapata ! Frank zappa sur « Taratata » !


***


Par hasard passa par là un Romain qui avait pour nom Giorgio Dalida. Un gros costaud tout droit tout flamboyant sur son grand pur-sang blanc. Il arborait la croix sur son scutum brillant. On voyait à ça qu’il avait la foi. Du coup, on s’ fia à lui. Il dit qu’il pouvait, lui, raccourcir l’animal.


Il fixa son prix : pyramidal, pontifical, dur pour l’anal !

Sans solution à l’horizon car Kominbalai poussait Mamy dans l’artichaut au point qu’il commandait qu’on lui livrât la chair d’humains fort mignons, pas trop croûtons, plutôt dodus, vingt ans pas plus, - Putain ! L’Gargantua, lui, ho ! - on marchanda mais ça coûta un max. On vous dira ça plus loin.

On combattit. 




Giorgio gagna. D’un coup sur son tarin il occit l’Tarascon. Kominbalai finit dans un hachis Rossini.

A la fin du combat on adopta la foi du Romain. A lui, Giorgio Dalida, ça n’rapporta pas lourd. Il n’obtint nul Oscar à Hollywood, fut omis dans l’Who’s who, n’apparut pas plus dans l’bottin mondain puis, surtout, fait paradoxal, il finit martyr, un 23 avril, l’occiput distrait du corps.


Passons sur l’humiliation. Oublions l’an 303, s’il vous plaît. Quoiqu’on ait fort appris du truc : jamais plus un rasta n’arriva pour nous brandir sa loi, nous mugir son bon vouloir ou nous bonnir son diktat : on s’arma pour ça d’un paladin sanguin : Mouammar Khadafi.

Qui a ri, par ici ? T'aurais pas dû ! Puni cagibi, Nicolas Sarkozy ! 





Consigne initiale  ICI
 
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dimanche 21 novembre 2021

JEU 70 : "Effacement" - Laurence Delis


 

Consigne ICI

 


 



Elle s’efface



Elle s’efface. Face à la douleur elle s’efface.

Elle s’efface parmi les passants, elle s’efface sans bruit.

Anonyme dans la foule, meurtrie face aux insensibles

elle frôle l’absence, s’évade dans le silence.

Sans guérison, les stigmates invisibles l’absorbent,

la dérobent aux vivants.

On ne parle pas de disparition, mais de retranchement.

Faut-il y voir sa défense, un rempart aux attaques,

à la violence des mots hostiles qui heurtent son âme,

elle s’éloigne, s’habille de brume, se tait,

se tait jusqu’à s’effacer.

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Laurence Delis

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Sculpture de Bruno Catalano
 




mardi 2 novembre 2021

JEU 70 : "La disparition" - La Licorne

 

Consigne ICI



Pffff !

Un court instant auparavant, tu trônais là, 

lisant ton journal du matin. 

Instant sans fin, imaginions-nous.

Mais tout finit un jour. 

J'aurais voulu un flot d'amour...

j'aurais voulu ta main dans ma main...

J'aurais voulu...

Mais non. L'hôpital a dit non. 

Trop tard. 

Pour toi, pour nous...

Fichu AVC, fichu virus...

Longs sanglots.

.

La Licorne

 (Lipogramme en "e")

.

 

(Texte fictif, mais aussi hommage posthume 

à l'un de mes oncles... décédé en 2020 d'un AVC)

 

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lundi 1 novembre 2021

JEU 70 : "La disparition"

 

 - Atelier d'écriture pour le mois de novembre -

 

Image inspiratrice : 

 


 

Titre de livre associé : 


"La disparition" 

de George Perec

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Vous vous inspirerez bien sûr de l'image ci-dessus

pour créer un texte de votre cru...

 

Concernant le titre de livre , 

vous pouvez , au choix :


- Tout simplement, placer les mots de ce titre dans votre texte


- Ou faire en sorte que ce titre de livre soit aussi le titre de votre texte

(et donc le choisir comme fil conducteur de votre création)

 

- Ou , troisième et dernière possibilité, 

faire référence, tout au long du texte, à l'oeuvre citée

(en l'imitant, en la complétant, en la citant, en la détournant...etc)

.

 

Envoi à undeuxtrois4@orange.fr

avant le 21 novembre 2021

(la date du mail faisant foi ;-)

 
 
Les textes seront publiés par ordre...
 
d' apparition  ;-)
 
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Bonne inspiration...et à bientôt !
 
Je suis impatiente de vous lire...
 
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La Licorne
 
.

 




mercredi 20 octobre 2021

AI et Jeu 69 : "Attente infinie" - La Licorne

 

Pour l'Agenda ironique d'octobre

chez Carnets paresseux

 (et pour le Jeu 69 de Filigrane)

 

 



 
Attente infinie
 
(ou "De la relativité du temps")

 

...ça faisait des heures

Que  Marc-Alain, indécis, 

attendait...

Ce qu'il attendait ?

Il n'en savait rien...

"J'attends de savoir

Ce qu'il faut attendre..."

Disait-il aux passants

Qui l'interrogeaient..

.

...ça faisait des mois

Que Pam, la secrète, attendait...

Ce qu'elle attendait ?

Elle n'en disait rien !

"J'attends de trouver

Celui qui m'attend..."

Pensait-elle souvent

Quand elle s'endormait

 

 

...ça faisait des années

Que les deux écrivains en herbe,  

attendaient...

Ce qu'ils attendaient ?

Ils n'en savaient rien...

"On attend de trouver 

Le temps d'y réfléchir..."

Disaient-il aux lecteurs

Qui s'impatientaient...


 

...ça faisait des lustres

Que Dieu, le Très-Haut, 

attendait...

Ce qu'il attendait ?

Il le concevait bien...

"J'attends que l'homme

Cesse de m'attendre !"

Disait-il à ceux

Qui le révéraient...

 

 

...ça faisait des millénaires

Que l'Univers, éternel, 

attendait...

Ce qu'il attendait ?

Il le savait bien...

"J'attends le début

De la fin du temps..."

Disait-il à ceux 

Qui le contemplaient

 

 

...ça faisait un quart d'heure

Que tu m'attendais, 

sur ce fichu quai...

Ce qui t'attendait ?

Tu le sentais bien...
 
Une nouvelle histoire...
 
Un nouveau départ...
 
Le premier jour sans fard
 
D'une autre vie qui démarre

 
 
 
... et ça faisait dix secondes
 
Que moi, dans tes bras,
 
Troublée, j'attendais...
 
Ce que j'attendais ?
 
Tu le savais bien.
 
Mais tu ne disais rien...!
 
 Délice ou supplice ?

Cache tes joues rouge écrevisse !

.

 

La Licorne

 

.

 

[Illustrations_de_Hortus_Sanitatis]___[...]Cuba_Johannes_btv1b2100001h_1

 

Consigne de Carnets paresseux, alias Dodo :


Il s'agissait  de raconter une histoire de premier jour... 

 en hommage à James Ussher, archevêque d’Armagh et Primat d’Irlande, qui, après de très savants calculs – avant qu’on se moque de lui, rappelons que Kepler et Newton ont tenté la même opération –  assigna au premier jour de la Création du monde la date du 22 octobre*.

Donc, une histoire de premier jour, de génèse, de commencement, bref, de début

avec en plus , si possible, une écrevisse  

et , obligatoirement,  -  deux vers empruntés à l’ami Norge ,  au choix entre ces quatre là :

« la porte était lourde / ça faisait des heures » ou « j’attends de savoir / ce qu’il faut attendre »

 

 

.

 

Consigne du Jeu 69 : 

 

Il fallait s'inspirer de la photo proposée et placer les mots du titre suivant : 

"La vie secrète des écrivains"

. 

 

lundi 18 octobre 2021

JEU 69 : "La vie secrète d'une écrit-vaine" - Célestine

 

 


 

    Le temps, cet assassin, le temps nous est compté. Il nous catapulte dans des dimensions cosmiques incompréhensibles. Il nous échappe. Il se tortille comme un multivers, une guimauve interstellaire et métaphysique glissant entre nos doigts comme du vif-argent. Comment expliquer autrement, monsieur le Juge, ce sentiment étrange que les heures ne font plus leurs soixante minutes règlementaires ? Que tout s'accélère au point que même les jeunes, oui monsieur le Président, même les jeunes disent : « Le temps passe trop vite ! » Cette sorte de phrase était jusqu'ici réservée au personnes « d'un âge », joli euphémisme pour ne pas dire « les vieux ». Les croûtons, les has-been, les anciens qui ronchonnent que tout fout le camp et que c'était mieux avant. Oui, même les jeunes déplorent la fuite du temps...


    Comment expliquer qu'il fut un temps (oui, un autre) où j'avais le temps (encore) d'écrire, et même parfois chaque jour, un billet foisonnant, un atelier d'écriture, un poème, un récit, une fantaisie, un mémoire, un reportage, alors que je consacrai le plus clair de mon temps (oui, toujours lui) à barrer un bateau énorme, et à faire entrer dans de petites têtes multicolores l'accord du participe et la règle de trois ? Et accessoirement à élever trois de ces charmants petits êtres, ce qui est, vous en conviendrez, une activité à plein...temps ?
Ah, monsieur le juge, il y a là-dedans un mystère aussi épais qu'une grammaire chinoise. Ou que la muraille du même nom.


    Et le pire, c'est qu'à chaque minute paisible, délicieuse ou haletante qu'il m'est donné de vivre aujourd'hui, j'ai le titre d'un billet qui apparaît en filigrane. Je me vois déjà vous partager, avec cet élan que vous aimez chez moi, ce concert, cette exposition, cet enthousiasme, cette indignation, cette promenade, ce paysage beau à couper la chique, ou simplement un moment philosophique passé à tisser le monde de nouveaux fils...
Et puis la journée passe, et le soir, j'ai en tête un feu d'artifice d'idées, d'images, de couleurs, qui explosent en tous sens, et pas un seul instant pour remplir ma page blanche. Parce qu'au moment précis où je pourrais caresser ce clavier tant aimé, il y a toujours un clair de lune, une ombre de chêne bleue sur le gazon, le frôlement furtif d'un hibou ou d'un chevreuil, un piano qui me tend les bras, des amis qui passent à l'improviste, un vin à goûter, un enfant à câliner ou une branche de saule à couper, qui viennent me rappeler qu'écrire, c'est bien, mais que vivre c'est mieux.

 
    Prenons Balzac. La Camarde l'ayant fauché à l'âge canonique de 51 ans, il a, au mieux, même en commençant très tôt, disons à seize ans, consacré trente-cinq ans de sa vie à noircir du papier. Si l'on compte que la Comédie Humaine, pour ne parler que d'elle, comporte quatre vingt dix romans de quelques centaines de pages, à une époque où l'on n'avait que l'encre, la plume et le papier...Si l'on rajoute les cent Contes drolatiques, et les vingt-cinq oeuvres inachevées, c'est colossal.
Pas de touche "delete", pas de copier-coller, pas de clavier. La conclusion est facile à tirer : Balzac ne faisait que ça du matin au soir. Et parfois du soir au matin. A raison d'un roman tous les trois mois. J'appellerais plutôt cela la Comédie Surhumaine. 


    Non, pour moi, c'est certain : le Temps devait durer beaucoup plus longtemps au XIX siècle. Ou alors Balzac, ce prétendu bon vivant, amateur de femmes et de bonne chère, n'est qu'un affreux mystificateur qui n'a en réalité pas vraiment vécu, consacrant parfois jusqu'à vingt heures par jour à ce despotisme de l'écriture névralgique qu'il s'infligea à lui même.
Quelque part, tiens, ça me console de n'être pas Balzac

 

Célestine 

 

 

Devoir 101 : Le centre du combat

 

 Pour le 101ème "Devoir du lundi"

 


Ce fut un chagrin désordonné...Un chagrin insondable et imprévisible...qui la submergea en quelques mois...D'un coup, le monde dans lequel elle vivait bascula dans l'insensé. Elle vit les gens autour d'elles s'enfoncer peu à peu. Happés par le flot tumultueux des événements, ils se débattirent un instant, avant de renoncer. 

Elle les vit, un à un, se noyer dans les méandres d'une histoire fictive. De loin en loin, on apercevait une tête qui surnageait...un individu esseulé qui résistait comme il le pouvait, agrippé aux branches d'une raison vacillante...Les "victimes" se comptaient par centaines, le fleuve du temps charriait leurs corps et les rejetait sur les rives de l'absurde. Spectacle insoutenable. Douleur infinie.  

Amitiés, amours...tout se délita. La foi en l'avenir vacilla.

Et puis, un jour, l'espoir changea de camp, le combat changea d'âme. La fatigue du non-sens avait fait son oeuvre. Les esprits usés aspiraient au renouveau.

Elle sortit de chez elle et regarda les arbres. Le petit jour brillait doucement. La pureté de la vérité recouvrait les trottoirs et illuminait la ville d'une lueur d'aurore. Elle oublia ses larmes, elle oublia la peur et la solitude. Dans le silence ouaté, elle ouvrit son manteau et marcha droit devant elle...Au fond du parc désert, une silhouette... Lui ? Ici ? Son coeur bondit.

Qu'importent les événements du monde. Tout était là, au final. Le centre du combat, point obscur où tressaille la mêlée, effroyable et vivante broussaille, c'était son coeur, son centre. Elle se souvint : c'est là que tout se perd, c'est là que tout se gagne. C'est là que tout se construit, ou se déconstruit. A l'intérieur.


La Licorne

 

 

samedi 16 octobre 2021

JEU 69 : "On se reconnaîtra" - Laurence Delis


 

 


 



On se reconnaîtra



aux mots interrompus des écrivains de demain

on vivra les saisons sans altération

et à l’ombre des arbres

tous les instants relèveront d’attention

Eloignés de la complexité de la raison

de toutes ces heures brisées par la morsure des jugements

et les querelles sans fin des dominants voraces

on se reconnaîtra dans l’amour simple

de ceux qui aiment cette vie sans heurt

où le temps ne s’érode pas de vains désirs de grandeur

cette lumière secrète de nos infinies heureuses

.

Laurence Delis

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jeudi 14 octobre 2021

JEU 69 : "Rayez la mention inutile" - Joe Krapov

 

 

Images pour conte MAB 01 princesse

 

Il était une fois, il y a bien longtemps, juste après ce qu’on a appelé «la fin du monde», une princesse qui avait survécu - au cataclysme - au cataplasme - à la catastrophe. *

 Elle s’appelait - Punkette replète – Broque et pébroque – Paulette Rondelette *

 

Images pour conte MAB 02 montagne

 

Elle habitait un pays appelé - la Suisse – le petit suisse – le Sussex * qui était resté - neutre – neutron – feutrine * pendant les hostilités mais s’était quand même pris - une bombe A– un bombyx – une bombarde * sur le coin du - museau – Musso – Placid et Muzo *.

La Suisse est un pays plein de - montagnes – de montagnettes – de montures de lunettes *.

En ces temps - post-apocalytiques – post appeau-catalytique - pause tape-eucalyptus *, il continuait de pousser, le long de ses jolies routes - des arbres à plaques de chocolat - des arbres à came – des dames aux camélias *.

La princesse était peut-être désormais - la dernière habitante du monde – la dernière abonnée du journal « Le Monde » - la dernière habitude de revenir un peu ronde * - des cocktails d’ambassade – des coqueluches de temps maussade – des coquecigrues d’embrassades * sur le - museau – Musso – Placid et Muzo *.

 ***

 Un jour qu’elle s’en allait cueillir du chocolat, - Punkette replette – Broque et pébroque – Paulette rondelette * entendit - une voix douce – une voie d’eau – une voie royale – qui - l’interpellait – qui l’interpolait – qui l’enterre soupe au lait *.

 - Hep ! - Mademoiselle – Mademoisissure – Madame oiseuse *!

 Elle ne voyait - personne – persane – perspicace * mais la voix reprenait :

 - Hep ! - Jolie princesse – jauni pince-fesses – Johnny rince-nièce * !

 Cela venait de - dessous un buisson – de dessous le boisseau – de très soûles boit-sans-soif *.

 

 Images pour conte MAB 03 livre

 

Elle écarta - les feuilles – les deuils – les oeils * et découvrit un vieux - bouquin – bouquetin – bouc teint *. 

En agitant - ses pages – ses plages – ses aréopages *– il - s’énervait – s’énervurait – ses nervis raturait *.

 - Enfin, vous daignez - m’écouter brouillonne – me brailler les coudes – me brouiller l’écoute * !

 - Quelle mutation - bizarroïde – polaroïde – hémorrhoïde * est-ce donc là ? demanda-t-elle. Vous êtes un livre et vous – parlez – partez - pardonnez * ?

 - Je suis le livre du Grand Tout. - Je sais tout - je sèche tout - je sexe tout * sur la vie - secrète – secrétaire – Saint-Nectaire – nain sectaire * des écrivains.

 - Oh moi, vous savez, lui répondit - Punkette replète – Broque et pébroque – Paulette Rondelette *, - la littérature- la laitue ratée - la ruralité tue *, je lui ai toujours préféré une bonne série sur - Netflix – Netfisc – Netflic * !

 - C’est pourtant bien un - écrivain – écriteau – échevin * que vous devez aller trouver si vous voulez que la planète soit - repeuplée – roploplo – heureux peuplier *!

 - Il reste donc d’autres personnes que moi-même sur la - planète – panière – pas nette *?

 - Oui mais il faut vous - dépêcher – dépêtrer – Depléchin *. L’écrivain est – désespéré - désexpertisé - des esplanadé *. Il ne sait pas que vous existez et que la vie peut – recommencer – recommander - recommenter *.

 - Où est-il ? - Où perche-t-il ? - Où persil ? *

 

Images pour conte MAB 04 avion

 

- Il habite dans - une île - une presqu’île - un exil *. On ne peut y aller qu’- en avion -en aviron - en amidon *.

 - Ca tombe bien, en Suisse on a l’habitude de monter des cols durs et il m’en reste un paquet à la maison.

 - De quoi donc ?

 - De l’amidon - de l’ami doux - de l’âpre mildiou*. Vous avez le GPS – incorporé - un porc goret - encore paumé * dans votre - avion – aviron – amidon *?

 Le - bouquin – bouquetin - Louboutin * se mit à tripler de - volume – volute – vol UTA -volupté * et il ressemblait maintenant à un joli tapis volant ne manquant pas de - caractère – phylactère – Natacha hôtesse de l’air *.

 - Installez-vous - dans la rainure – dans la nervure – dans la rainette *.

 ***

 

Jeu 69 de La Licorne cornette

 

En fait d’île, c’était - l’Angleterre – l’angle obtus – le triangle des Bermudes * dans lequel le temps du voyage disparaît. Le livre la déposa sous l’horloge de - Big Ben – Big brother – Bygmalion * dont il ne restait plus que la moitié.

 - Il est où, - l’écrivain – l’écrivant – l’écrivaillon * qui va me - repeupler – repalper - repieuter * le monde pour assurer - le futur – le futé – le futile * ?

 

 Images pour conte MAB 05 crapaud

 

- Je suis là, dit un gros crapaud vert et - pustuleux – postulant – pestilentiel * qui se mit à grossir jusqu’à avoir taille - humaine – humide – humoresque *. Embrassez-moi sur le - museau – Musso – Placid et Muzo * et je me transformerai en prince - charmant – charmille -char d’assaut *.

 - Hé ho ! protesta - Punkette replète – Broque et pébroque – Paulette Rondelette *. Je ne mange pas de ce - pain-là – tapin-là – topinambour-là *!

 - Comment ? s’offusqua le livre du Grand Tout. Vous ne voulez pas redonner apparence humaine à - Guillaume – Guilledou – Gui l’an neuf * ?

 - Non ! Et elle tourna - l’étalon – le hongre – la jument *.

 ***

 - C’est la dernière fois que j’utilise une Suissesse comme personnage d’un de mes romans ! La vie n’est décidément pas un conte de - fées – méfaits – contrefaits *, se jura l’auteur du best-seller en inscrivant le mot « Fin » au bas de son - parchemin – porcherie - percheron *.

 
* Rayez la mention inutile !

 

Joe Krapov

Illustrations empruntées à Maïck conteuse

.

 

 

 

lundi 11 octobre 2021

Devoir 100 : La tristesse du chaperon

 

Pour le 100ème "Devoir du lundi"

 

 

Flamme rouge dans le brouillard

Eliane s'en va droit devant elle :

Masquer ses larmes sous la pluie

Marcher pour oublier...

Et tenir bon dans la tempête...


Au début d'un automne maudit

Un décret sans âme l'a terrassée...


Petit chaperon rouge

A été dévoré par le  grand méchant Loup

Ricanant de toutes ses dents

A l'idée de mettre à la rue

Pratiquement du jour au lendemain

Les gens qui soignent, les gens qui aident...

Uniquement parce qu'ils ont dit NON.

Il n'y a plus rien à faire maintenant

Eliane  se perd dans la forêt de ses pensées


Rien ne la retient plus dans ce monde insensé

Oh, la vie sera si belle

Une fois la folie passée...

Garder sa force, sa dignité

Et renaître...oui, renaître à la mort du Loup.


La Licorne

 

 

jeudi 7 octobre 2021

JEU 69 : "Buisson Adam" - Tiniak

 

 


 

Buisson Adam, lycéen


La vie secrèt' des écrivains

par kyrielles, dans tous ses plis

plis aux scènes des rachidiens

pliques sièges de maladies...


Sans prendre ombrage des cris vains

(gargarismes de malappris)

invective ou aboi de chiens

n'inquiètent en rien ses écrits


Du cri primal au souffle éteint

du caillou jusqu'à la fourmi

elle inspire cet écrivain

qui sommeille en nos appétits

 

Inquiet de la réaction de M. Radpoil, l'élève debout sur l'estrade plonge son regard dans les entrelacs de ses chaussures boueuses. C'est qu'à présent, il aimerait autant ne pas avoir à affronter le regard de ses camarades de classe. D'autant que le silence se fait pesant, tandis que M. Radpoil relit le texte de son cru dont il tient la copie en main et sous le feu trouble de ses demi-lunes.
"- Fort bien. Fort bien, déclare enfin le vieil enseignant avec un enthousiasme aussi modéré que sentencieux. Le sujet est respecté en tout point, sur le fond, du moins. Mais, pour ce qui relève de la forme, je vous avais expressément fait commande d'un acrostiche. Or, il ne m'apparaît pas que cela soit le cas. Pouvez-vous m'en donner une explication, élève Buisson ?"

Le lycéen, sans lever le nez, obtempère et dit en manière d'explication :
"- Ben, c'est bien un acrostiche, monsieur, ose affirmer l'élève Buisson, masquant sa bravade sous son air contrit. Il se lit à l'initiale de chaque strophe, monsieur."

L'enseignant, connu pour sa passion rigoriste à l'égard de la langue de Molière, baisse à nouveau les yeux sur la copie du jeune homme, puis s'étonne :
"- Vous dites ?... Attendez... La-Sans-Du ? Pardon, mais c'est particulièrement abscons, élève Buisson.
"- Pas le premier mot, monsieur, la première lettre; l'initiale, quoi, fait remarquer sur le même ton, l'effronté qui jubile intérieurement."
" - L-S-D... L-S-D... Non, je ne vois pas."

La plupart de la classe ne peut alors contenir un soudain gloussement moqueur.
Mais M. Radpoil de poursuivre, interloqué, comme entré en lui-même :
"- Non, je ne vois pas... Toujours pas... 'Comprends pas..."

Sauvé par le gong, l'élève Buisson quitte l'estrade. Tandis que le vieil enseignant rappelle à la ronde les consignes pour le prochain cours, le lycéen attrape ses affaires de classe et se joint à ses camarades, pour profiter avec eux d'un bon quart de récréation, dans la cour battue par les vents de l'automne.
Il se retrouve bientôt, flanqué de ses trois collègues favoris, sous l'horloge rivée à l'angle du bâtiment de l'intendance.
"- On est d'accord, les gars ? C'est ce soir qu'on lui fend la gueule à cette satanée horloge..."
Le groupe acquiesce d'un air entendu, avant de passer les grilles du lycée pour regagner leur quartier caennais, d'entre tous leur favori : la Demi-Lune.

 

Tiniak