samedi 14 décembre 2024

JEU 101 : "La danse des grands-mères" - Joe Krapov

 

LA DANSE DES GRANDS-MÈRES

 

 

Tu danseras, petite,

Le tango de l'école,

La ronde des marelles et des cordes à sauter,

Le quadrille des « Oh ! Marre de ces leçons, devoirs ! »,

Le jerk des amitiés,

La valse des buissons

Qui donnent des frissons.

 

Tu danseras, petite,

Sur les scènes de juin,

Sur les parquets de bal,

Sur le volcan du monde.

 

Tu auras ton quart d'heure de gloire américaine !

Fred Astaire, La la land,

Ginger Rogers, Judy Garland.

 

1,2,3,

1,2,3,

Compte sur ta grand-mère

Pour t'apprendre les pas

Des aimables sardanes,

Des gavottes anciennes,

Des menuets exquis,

Pour te montrer surtout la route du Madison

 

Mais dis-toi que parfois

- Car ainsi va la vie -

Tu danseras aussi, plus tard,

Des tas de rocks bizarres,

Le hip-hop des galères,

Le ska des buffets vides

Et le pogo des guerres.

 

Tu danseras avec les loups,

Tu danseras avec des hommes

Qui sont parfois des loups pour l'homme

Et encore plus pour la femme.

 

Tu danseras peut être, un jour,

Si tu vieillis, ce que je souhaite,

La Danse des grands mères sur le pont d'Avignon,

En couronne sur le Rhône,

En farandole sur la Durance,

En cerise sur l'endurance : la ridée huit temps !

 

A toi de suivre ta cadence,

De te méfier des évidences,

De choisir quelle sera ta danse

Pour éviter la décadence

Et transmettre à ton tour

Avec beaucoup d’amour

De la main à la main

Les promesses du genre humain.

.

Joe Krapov

.

 

 

 

vendredi 13 décembre 2024

JEU 101: "La danse des grands-mères" - Marie Sylvie

 

 

 

LA DANSE DES GRANDS-MÈRES 


Sous le voile du temps,  une étreinte se forme, 

Deux âmes liées, en un amour sans norme.

La grand-mère,  au visage marqué par les ans, 

Serre contre elle le bébé dans un doux élan. 


Ses lèvres, délicates, effleurent le front, 

Un baiser éternel, un geste profond. 

Peau lisse contre peau rugueuse et ridée, 

La danse des grands-mères, un amour partagé. 


Dans le noir et blanc de cette photo, 

Une histoire se dessine, un tendre écho. 

La grand-mère murmure des mots silencieux, 

Des contes d'autrefois sous le ciel radieux. 


Le bébé, bercé par cette douce chaleur, 

Trouve dans ces bras un cocon de bonheur. 

La danse des grands-mères,  un ballet d'émotions, 

Une valse de tendresse,  au-delà des saisons. 


Chaque ride raconte une histoire vécue, 

Chaque sourire, une joie,  une peine tue. 

Dans ce moment figé,  la vie éclot, 

Un amour immortel au-delà des mots. 


Dans cette photo, ce moment suspendu, 

Rappelle à chacun la force du vécu. 

La danse des grands-mères, un chant sacré, 

Transcende le temps pour l'éternité. 

 

MARIE SYLVIE 



 

jeudi 5 décembre 2024

Agenda ironique de décembre : "L'insécurité permanente"

 


 

C’était par un soir de pleine lune. Le vent chatouillait mon nez et remuait des souvenirs antédiluviens. Des souvenirs d'avant. 

Parce que, j'sais pas vous, mais moi, depuis dix ans, je me sens dans l'insécurité permanente. Avant, non. Avant, ça allait. On allait au travail, on se retrouvait entre potes, on allait au café, au ciné, au resto, on mangeait, on rigolait...on vivait, quoi. 

Et puis, début 2015, y'a eu comme...un tournant...tout a commencé à mal tourner. Attentats, massacres, bombes...on n'avait plus trop envie de rigoler. Ni de sortir. Ni de déconner. 

"Fais-pas ton Cabu ! Tu vas nous attirer des ennuis !". Tout à coup, les amis sont devenus moins "bath"...La plupart étaient même carrément "à clan".

Mon pote Charles, par exemple, il a complètement disjoncté. Il répétait toute la journée "Je suis Charlie" ok , "Je suis Charlie"...ok ? 

Un vrai père "OK"...On n'arrivait plus à l'arrêter. Il était comme un disque rayé. Au bout de six mois, sa femme l'a emmené chez un psychiatre. Il lui a dit que c'était un cas d'idiosyncrasie (*) . Sa femme, elle n'a pas trop compris. Faut dire qu'elle n'a pas fait beaucoup d'études. Enfin, pour être honnêtes, nous non plus, on n'a pas tout compris. Mais depuis, le vieux, on l'appelle plus que "l'Idiot-Saint-Crazy". 

C'est pour rire, bien entendu. C'est affectueux. Rayé ou pas, on l'aime bien notre Charles, il est sympa. Et en plus, il a une belle voiture, une grosse cylindrée. Avant, il nous emmenait en vadrouille. On montait avec lui, et on partait au bout du monde. Comme ça. Sur un coup de tête. Et on revenait le lendemain. Ca faisait râler nos meufs, mais nous, on adorait ça. C'était cool.

On ne le fait plus, maintenant. Y'a plein de choses qu'on ne fait plus d'ailleurs. On ne va plus au concert, on ne va plus boire en terrasse, on ne fête plus la Saint-Sylvestre tous ensemble, non plus. 

Faut dire qu'en 2021, y nous ont cassé l'ambiance. Les flics ont débarqué. En pleine fiesta. On a bien essayé de leur faire croire qu'on était moins de six...mais bon, rien que dans les toilettes, y'en avait déjà plus que ça. Enfin, c'est ce que les képis ont constaté quand ils ont défoncé la porte.

Après tout ce bazar, après les attentats et le Covid, on pensait qu'on allait avoir la paix. Mais non, juste après, on a eu...la guerre. En Ukraine. 

Là, c'était pas drôle non plus...vu que la mère à mon pote Igor, elle est d'origine russe. Et que son père, lui, il est ukrainien. Dès le début du conflit, l'ambiance s'est sérieusement dégradée chez eux. C'étaient des discussions et des disputes à n'en plus finir, du matin au soir. On les entendait jusqu'au bout de la rue. 

Et un beau jour...Bang bang ! On a retrouvé la mère d'Igor dans une mare de sang. Juste avant de se suicider, elle avait mis sa plus belle tenue : sa robe traditionnelle avec des galons dorés et ses plus belles chaussures. C'est Igor qui l'a trouvée dans son salon. Ce qu'il a vu en premier, ce sont ses talons Louboutin qui dépassaient du canapé. L'horreur.

Du coup, Igor, il a fait comme Charles : il s'est retrouvé chez le psychiatre. Et le bilan est tombé : dépression carabinée. On lui a prescrit un séjour de quelques semaines à l'HP. 

Et c'est là que je vais, ce soir, avec ma boîte de chocolats de noël à la main et l'"Idiot-Saint-Crazy" qui m'accompagne. Le Charles, il m'a répété au moins dix fois : " Je vais avec toi, ok ? Je vais avec toi, ok ?". Je n'ai pas osé lui dire non. On y va donc ensemble. Je dois dire que, quelque part, ça me rassure, de l'avoir à mes côtés et de ne pas déambuler seul dans les rues désertes. En plus, coup de chance,  c'est soir de pleine lune...on n'est pas totalement dans le noir...Allez, c'est bon, je me sens presque en sécurité.

 

La Licorne

 

(*) En psychiatrie, l'idiosyncrasie (ou idiosyncrasisme) est l'utilisation de néologismes, de mots ou de phrases « hors contexte », inadaptés par rapport à la situation présente (dans des cas d'autisme par exemple).

 

  
 
 

Titre (obligatoire) : 

« L’insécurité permanente »

 

Début à reproduire : 

« C’était par un soir de pleine lune. 

Le vent chatouillait mon nez 

et remuait des souvenirs antédiluviens. »

 

Mots à intégrer :

– Bang-bang

– sylvestre

– grosse cylindrée

– idiosyncrasie

– talons Louboutin.

 .
 
 
 
 
 

mercredi 4 décembre 2024

JEU 101 : "Proximité et distance" - AlainX

 

 

 

Proximité et distance


Lorsque je regarde cette photo, ce sont les deux mots qui me viennent. Proximité et distance.
Proximité du corps de ce bébé et de la tête de cette personne âgée que l'on identifie aisément comme une grand-mère et sa petite-fille (laissez-moi le choix de penser que c'est une fille).
Distance temporelle parce qu'elles appartiennent à deux époques distinctes, différentes, et ne font que se croiser provisoirement. L'une vient d'arriver, l'autre s'en ira bientôt. Il y a forcément quelque chose qui les unit, quelque chose qui les sépare. Une femme qui a traversé une longue histoire dont on ne sait rien, si ce n'est que la grand-mère a traversé bien des épreuves personnelles et collectives. N'est-ce pas notre lot à tous ? Si ce n'est qu'on devine qu'elle a bonifié en personnalité. Ça se voit sur le visage et ça se devine dans l'attitude avec le bébé.

Et puis il y a ces deux regards qui ne se croisent pas. C'est peut-être là tout l'intérêt et la force de la photo qui incite à la méditation plus profonde que joyeuse, plus forte qu'instantanée. Qui éternise quelque chose.
Grand-mère regarde vers le bas, comme si elle revoyait toute une vie qui fut la sienne et qui allait se poursuivre bientôt sans elle, mais aussi se prolonger d'une autre manière. La suite des générations comme on dit.
Bébé à peine fillette qui regarde au loin, devant, vers la vie. Elle se contente d'être « en vie » pas encore vraiment dedans. Mais bébé ressent. Tout. Absorbe tout. Fait et fera son miel de tout. On sait plus ou moins désormais que dans sa tête c'est l'effervescence permanente et qu'on s'est mis au boulot pour très longtemps, sans un seul temps d'arrêt. Ça promet d'être passionnant. Enfin on l'espère.

Cette mamie, à la fois sympathique et émouvante va-t-elle entrer dans « la danse des grands-mères » ?
Quoi qu'il en soit, ce livre de Clarissa Pinkola Estes, comporterait cette citation : « Quand quelqu’un vit vraiment, les autres en font autant. ». Alors on souhaite qu'une danse d'accomplissement apporte de la joie et du bonheur de vivre jusqu'au dernier souffle, autant pour toi, petite fille, que pour vous Mamie, si attentive à tout ce qui est le plus précieux.

 

AlainX