lundi 21 août 2023

JEU 85 : "L'eau si claire" - La Licorne

 
 

 
A la claire fontaine, m'en allant promener
J'ai trouvé l'eau si belle...
Eh bien, je l'ai bien observée :
et je peux vous dire que, 
contrairement à la belle Claudia, 
elle n'est pas très belle, l'eau...
Ni belle, ni claire.

L'eau fluviale ? 
Jaunâtre, brunâtre, verdâtre...
suivant les lieux et les jours. 
Ou alors mousseuse, aussi mousseuse
 que le fond ma douche après le shampooing...
pas ragoûtante en tout cas.
 
Je vous décris là les quelques rivières 
que j'ai longées cet été...
au fil de mes pérégrinations 
et qui n'ont pas réussi à me donner envie 
de sortir mon maillot de bain. 
 
Si vous avez suivi les actualités, 
vous savez sans doute qu'il en va de même de la Seine ;
 la Seine qui, malgré un nettoyage en règle, 
en vue des Jeux Olympiques, 
a dû finalement renoncer à accueillir 
 
 Trop sale, trop polluée, la miss parisienne...
pour qu'on y pique une tête sans risque.
On n'en finirait plus d'énumérer les choses bizarres qu'on y trouve :
Canettes, bouteilles, produits chimiques, ferraille, vieux vélos...
 
  La baleine bleue de Steve Waring ne serait pas dépaysée.

 

 

Ouvrez bien les yeux, vous pourrez même y apercevoir 
quelques particules de plastique vert : 
joyeux souvenirs des pelouses synthétiques 
des stades de foot  qui sont, 
c'est maintenant prouvé, 
une catastrophe sur le plan écologique. 
 
Au fil du temps, le gazon artificiel finit en effet 
par se déliter sous les crampons de vos joueurs adulés 
et termine sa vie, contre toute attente, 
dans les rivières, où il va nourrir les truites, 
qui, reconnaissons-le, n'ont plus, depuis longtemps, 
la vivacité de celle de Schubert. 
 
 
Vous vous souvenez de ce refrain que chantait Guy Béart ?  
Il l'avait écrit en pensant très fort à sa fille Emmanuelle...
Sa petite fille qui, quelques années plus tard, 
allait percer l'écran
avec le film "Manon des sources"...
 dans lequel elle enjôlait de ses beaux yeux clairs
à la fois Ugolin et Daniel Auteuil.
 
 
 
 
 
 Si vous avez vu le film, ou lu le livre, vous savez 
que l'histoire évoquait déjà la formidable importance de l'eau..
de cette eau banale dont on ne connaît la valeur 
que quand elle nous manque... 
 
Et vous savez sans doute aussi que l'histoire finit mal, 
et que le drame familial est causé par une erreur du facteur, 
qui n'a pas livré à temps une lettre d'amour...
Une seule lettre vous manque et tout est dépeuplé...
Un seul autre vous manque et la vie se désséche...

Il y a longtemps que je t'aime
Jamais je ne t'oublierai...
 
Aurait pu fredonner le Papet, qui regretta, 
mais un peu tard, d'avoir rejeté son rejeton.
 
Ne dites jamais "Fontaine, je ne boirai pas de ton eau."
On ne sait pas ce que la vie nous réserve.
 
Maintenant, par curiosité, regardez l'image suivante...
La grosse sphère bleue
c'est le volume d'eau total disponible sur cette planète. 
La toute petite, à côté, 
c'est le volume d'eau douce ou d'eau potable .  
Parlant, non ?
On devrait afficher cette image 
chez tous les marchands de piscine. 

 

 
Car l'eau est notre bien le plus précieux. 
Toujours renouvelée par son cycle infini, 
mais non renouvelable quand ce cycle se dérègle 
ou quand la pollution est trop forte.

L'eau que nous buvons aujourd'hui est la même 
que celle qui était bue à la Préhistoire. 
Il n'y en a pas d'autre. 
Pas de deuxième stock.

Chaque verre d'eau que nous buvons maintenant 
a été pissé six fois par un diplodocus,
rappelait, avec humour, Paul-Emile Victor.

Je vous laisse méditer cette affirmation
tout en espérant fort,
par ces temps de canicule, 
ne pas avoir coupé net 
votre élan vers le pot de citronnade !
;-)

Belle fin d'été à vous tous !
.
 
La Licorne


 

dimanche 20 août 2023

JEU 85 : "Recette de la véritable pagnolade provençale" - Joe Krapov

 

RECETTE DE LA VÉRITABLE PAGNOLADE PROVENÇALE

 

INGRÉDIENTS :

- Une marmite de ragoût de mouton qui est tombée du 1er étage de chez L’Amélie ;

- Un percepteur néo-rural avant l’heure : en prévision de la crise sanitaire liée au (à la?) Covid-19 et à la fièvre de télétravail qui va s’emparer du monde entier, il a décidé de retaper le mas familial en ruines et de s’y installer avec femme et enfant pour devenir cuniculiculteur et en même temps vivre de sa production agricole en circuit court . Il faut le choisir de préférence un peu bossu mais sans faire référence à Henri de Lagardère ou à son descendant Arnaud. Quoique… ;

- Une sourcière bien aimée. C’est la fille du percepteur baba-cool. Écologiste dans l’âme, elle sait s’occuper des caprins sans que la bête de M. Seguin ne la rende chèvre, elle connaît tout le territoire de la garrigue, notamment les endroits où l’eau jaillit de la montagne. Grâce à sa discrétion elle surprend des conversations compromettantes du style pot-aux-roses même s’il s’agit avant tout d’une histoire d’oeillets ;

- Une tenue de chasseur de luxe de nature à faire oublier les tartarinades du bachi-bouzouk de Tarascon. Mais l’habit ne fait pas le moine comme diraient entre deux messes le curé de Cucugnan et le Révérend père Gaucher ;

- Un garçon de ferme célibataire qui rêve de devenir riche grâce à une reconversion dans l’horticulture. Un nommé Ugolin fera très bien l’affaire, surtout s’il entre bien dans la tenue de chasseur de luxe ;

- Un sac de ciment à prise rapide. Il servira à boucher, en cachette d’à peu près tout le monde, les sources sises sur le terrain appartenant au percepteur. Cette histoire d’élevage de lapin et d’intrusion illégale sur une propriété privée nous rappelle l’invasion de la villa de Christian Clapier en Corse ;

- Et justement il faut ajouter un parrain. Il est vieux, il est riche, roué, madré, manipulateur. C’est lui qui porte le chapeau mais il ne se salit pas les mains. Il laisse les basses œuvres à l’Ugolin ;

 


 - Une photo de Claudia Cardinale qui trempe ses jolies mains dans une fontaine pour une publicité contre la canicule « Hydratez-vous ! ». Cet ingrédient est facultatif mais, comme la cerise sur le gâteau fait saliver les dames, il fera peut-être baver les messieurs ;

- Une mule, même pas du pape, ou un mulet mais pas le poisson. Quatre pattes, grandes oreilles, sachant porter de lourdes charges. Un âne comme celui d’« Antoinette dans les Cévennes » peut éventuellement faire l’affaire mais depuis que l’animal a ouvert un cabinet de psychnalyste, il ne s’intéresse plus aux auteurs et autrices de fictions. La bête que vous achèterez n’aura du reste qu’un tout petit rôle dans la réalisation de la Pagnolade : exactement comme l’Arlésienne de Bizet, on lui demandera simplement de ne pas être là le jour où l’on aura besoin d’elle ;

- De l’anisette. Encore de l’anisette. Toujours de l’anisette ;

- Des habitants du village qui causent à n’en plus finir autour de l’anisette ;

- Un flashback un peu coûteux composé d’un bataillon de soldats français en Afrique et d’un facteur qui perd une lettre d’une importance capitale en déclarant « Un coup de dés jamais n’abolit le hasard ». En suite de quoi le porteur de djellabah, Mohammed Ben Mallarmé, s’en va faire sa partie de 421 avec ses coreligionnaires au bistrot du bled mais pas autour de l’anisette : quand on fait aussi mal un travail d’Arabe mais qu’on est un bon musulman indépendantiste on s’abstient de boire de l’alcool ;

- Une corde solide avec un noeud coulant ;

- Un pastis… Non, un pastiche de Georges Brassens : « La pendaison, papa, ça ne se commande pas » ;

- Une vieille femme aveugle qui joue le rôle du choeur antique et du Deus ex machina ;

- Un instituteur peu ordonné qui cherche par tous les moyens à se débarrasser de son couteau suisse. Mais qu’est-ce qu’ils ont contre les Helvètes, les Provençaux? Plutôt que de faire confiance aux banques des bords du lac Léman ils gardent leurs économies sous leur oreiller et ils se méfient des livres de Jean-Jacques Rousseau et des autres ;

- Une jeune fille qui va au bal, qui faute, tombe enceinte et n’arrive pas à prévenir le père du petit, parti faire le soldat en Afrique, de sa mésaventure à elle et de sa paternité à venir à lui. Même si les Alpes-Maritimes sont proches du lieu de l’action, la recette de la Pagnolade ignore cet ingrédient devenu capital chez tous les amoureux de la nouvelle cuisine feuilletonnière : le 06 ! ;

- Une Suzanne au bain ou plutôt « dans l’eau de la claire fontaine » Ce sera la sourcière bien-aimée ;

- Un voyeur : le rôle et la langue d’Ugolin sont tellement chargés qu’on pense au loup de Tex Avery, l’animal à poil noir, pas le poisson ;

- Un bâton d’explosif ;

- Surtout, très important, beaucoup de cet accent qu’on attrape en naissant du côté de Marseille.

Jeu 85 Manon des Sources Ferrandez 2

PRÉPARATION :

- Commencez par faire macérer tous ces ingrédients dans un paysage magnifique embaumant le thym, la lavande, le romarin et la farigoulette ;

- Assaisonnez avec du ciel bleu, des caractères emportés, enflammés, enthousiastes ou à l’inverse renfrognés, butés et taciturnes ;

- Faites cuire à part au soleil de l’Afrique le bataillon de soldats et le facteur négligent ;

- Gardez au frigidaire la vieille aveugle. Ne lui demandez surtout pas de vérifier si la lumière reste réellement allumée ou si elle s’éteint quand on ferme la porte du réfrigérateur.

- Sur un lit de rivière asséchée faites revenir la question du réchauffement climatique, des méga-bassines, du circuit court, du travail des femmes et de la bêtise des hommes ;

- Ajoutez l’explosif. Après la déflagration éteignez le Jean de Florette (le percepteur en burn-out) et transvasez tous les ingrédients dans une marmite plus vieille de cinq ans pour que la Pagnolade soit encore meilleure. La marmite du ragoût de mouton de l’Amélie peut très bien faire l’affaire.

- Laissez reposer une nuit ;

- Posez la vieille aveugle au sommet de la Pagnolade ;

- Servez sans faire de chichis avec des bruits de cigale, des parfums de nostalgie passéiste, de belle histoire d’amour et de littérature classique qui n’a pas oublié qu’on a disserté, le mois dernier, des jeux de l’amour et du hasard.

SOURCES

« Il faut toujours citer ses sources » comme disait ma professeur Manon Lescaut de l’Université de Cambrai-sur-Bêtise avant de devenir moins célèbre que sa petite-fille Julie. Cette recette d’histoire « à la mode de Marcel Pagnol » a été recueillie dans l’adaptation en bandes dessinées de M. Jacques Ferrandez dont nous avons fort apprécié le talent et le savoir-faire. Merci à lui.

 Joe Krapov



mercredi 2 août 2023

Inspiration tardive

 

 

Jules s'était levé du pied gauche. Trois cafés successifs avaient à peine suffi pour lui faire ouvrir les yeux. Une furieuse envie de se recoucher le taraudait. Pourtant, il savait qu'il devait rester éveillé...et non seulement il le devait, mais il devait aussi  se remettre à ce nouveau roman que son éditeur réclamait à grands cris. 

Il y pensait depuis des jours, des semaines. Il avait cherché, cherché...sans relâche. Il avait actionné tous les rouages de son cerveau, toutes les manettes de son esprit, tous les mécanismes de son imagination ...rien. Il pédalait à vide. Rien ne venait. Ou alors il écrivait deux pages puis les jetait le lendemain. Il avait beau caresser sa barbe et son chat, l'idée de départ se refusait à lui. Jamais, jusque là, un livre ne lui avait donné autant de fil à retordre. 

 


 Las et désespéré, il posa son stylo sur le bureau et ouvrit, au hasard, le vieux dictionnaire  qu'il gardait toujours à portée de main. Etait-ce la fatigue ? Ses yeux papillotants ? Il lui sembla soudain que les pages s'animaient. Les colonnes de caractères gris avaient miraculeusement laissé la place à une image en couleurs...à du vert, du rouge, du jaune. 

 

 

C'était l'image d'un paysage de campagne sous la pluie. Un jour de septembre sans doute, proche de l'équinoxe. Une fillette empruntait un chemin dont on ne voyait pas la fin...un chemin qui semblait mener au bout du monde. Un chien gris la regardait s'éloigner, sous les cris des oiseaux qui volaient haut, dans les rayons dorés du soleil levant.

Jules fixa un moment la montgolfière multicolore qui paraissait attirer à la fois les regards de la fillette et ceux de l'animal. Il pensa au délai que lui avait fixé l'éditeur : un peu moins de trois mois. Il saisit alors son crayon, et retrouvant d'un coup son élan créateur, il inscrivit en haut d'une feuille le titre qui venait, comme un flash, de lui traverser l'esprit : 

"Le tour du monde en 80 jours". 

Pas tellement plus difficile que de finir cet ouvrage à temps, pensa-t-il...Croyons en l'impossible... 

 

 



Consigne :

Il fallait utiliser une ou plusieurs images imposées...

et quelques expressions (en italique dans le texte)



mardi 1 août 2023

Agenda ironique : "Musique estivale"

 


Agenda ironique d'août

 


 

- Hé, Gaston ! Viens voir ! 

- Laisse-moi sur ma branche deux minutes, Georgette...je fais la sieste...

- Non, viens voir, je te dis...ça y est...l'emplacement numéro 13...ils sont revenus !

- Les Delanoix ? J'y crois pas...ça fait deux décennies que ces fadas nous cassent les oreilles...

- Ouais, vingt ans et des brouettes...et toujours là ! Plus fidèles qu'eux, tu meurs...Regarde : la tente n'est pas installée et c'est déjà l'enfer : l'autoradio à fond, Rap, Rock, Metal et Maître Gims,  tatapoum, tatapoum...ça donne envie de  déménager...

- Tu ne croyais quand même pas qu'ils avaient découvert France Musique et Mozart depuis la dernière fois ?

- Faut reconnaître que chaque année c'est pire ! Il y a quinze ans, on avait encore droit à quelques comptines ou chansons douces...La mère de famille berçait son petit dernier...L'homme de Cro-magnon racontait quelques (pré)histoires à ses enfants. Mais maintenant qu'ils sont devenus ados...on n'a plus de répit ! Ils sont branchés jour et nuit...pas la moindre pause...Je suis sûre qu'aux cabinets, ils défèquent en rythme !

- Arrête tes calinotades, Georgette ! Et utilise plutôt ce qu'il te reste de cerveau pour trouver une solution...Je n'ai pas une âme de patito...moi. Je ne me laisserai pas persécuter un été de plus.

- Une solution ? Eh bien,  mon cher, couvre leur vacarme ! C'est bien toi qu'on appelait le "ténor du Sud"...le "Demis Roussos de la garrigue" ?

- C'est moi, c'est moi, en effet...Mais je suis vieux...et je n'ai plus la force d'antan...Je suis fatigué...Aie pitié de moi, je t'en prie !

- Dommage, dommage...parce que moi, je te l'avoue...je ne les supporte plus ! Que leur Kevin remette une fois de plus son "Techno Rush"ou son "Electro Funk"...et je lâche mes amies les abeilles sur lui ! 

- Je suis comme toi, ma chérie...rien qu'à les entendre, mes ailes se froissent...et mes antennes se plient en quatre. Ecoute, je te propose un truc : on se casse deux semaines...on file à Paris, là où il n'y a personne en ce moment...et on se prend deux billets pour aller écouter Thomas Fersen à la "Cigale"...ça te va ?
 
- Génial ! Je t'aime, mon Gastounet...
.

La Licorne

.

 


 

D'après la consigne de Gibulène :


Vous nous raconterez la conversation de deux cigales 
observant les vacanciers dans un camping. 
Elles commentent, bien sûr, avec ironie et causticité.

Les mots à caser : calinotade, patito, cabinets, et fada.

Il vous faudra aussi glisser quelque part  
« l’homme de Cro-Magnon racontait des préhistoires à ses enfants » 
(citation empruntée à l’aphoriste Gaëtan Faucer)




JEU 85 : "Manon des sources"

 

- Atelier d'écriture pour le mois d'août -
 
 
Chers ami(e)s écrivant(e)s,
 
Ce mois-ci,  
vous pourrez faire courir votre imagination 
si vous en avez envie
à partir de cette photo :
 
 


 
 et de ce livre 
 
 
de Marcel Pagnol
.
 
 

Vous pouvez , au choix :


- Tout simplement, placer les mots de ce titre

dans votre texte

 

- Ou faire en sorte que ce titre de livre 

soit aussi le titre de votre texte


- Ou, troisième et dernière possibilité,

faire référence, tout au long du texte, à l'oeuvre citée

.

 

Que l'inspiration coule en vous...

comme une source... ;-)

 

Envoi à undeuxtrois4@orange.fr

avant le 21 août 2023

 


Bises


La Licorne