Bien peu de gens ont connaissance des véritables origines de Cyrano de
Bergerac. La plupart des non-initiés attribuent sa paternité à Edmond
Rostand qui l'inventa pour bâtir autour de lui sa célèbre pièce.
Que nenni !
L'homme
a existé : Savinien de Cyrano, dans les années 1600. On raconte que
c'était un parisien, fieffé menteur doublé d'un libertin, à moins que
l'un n'aille pas sans l'autre. Mais nous ne sommes pas là pour faire de
l'histoire, ni de l'exégèse du Théâtre en France.
D'ailleurs tout cela n'est que de la spéculation de critiques en mal d'inspiration.
Car tout cela bien entendu n'a rien à voir avec ce qui nous intéresse ici.
L'ancêtre
avéré, l'arrière-grand-père de Cyrano, n'est autre que l'italien Carlo
Collodi , dit Pinocchio. Cela explique que le Cyrano de Bergerac que
nous connaissons tous, avait, dans son patrimoine génétique, un nez
allongé plus que de raison, qui faisait de lui la risée de son
entourage.
Il se fait que j'ai eu l'occasion de croiser Monsieur
de Bergerac dans un cocktail de gens de qualité, dont bien entendu je
fais partie. Nous avons sympathisé et après plusieurs verres d'alcool,
il m'a fait des confidences que je ne peux garder pour moi. C'est
d'ailleurs bien connu quand on vous fait des confidences, c'est pour que
vous alliez les colporter aux alentours.
C'est ainsi que j'ai
appris que ce Monsieur avait aussi le bras long. Il connaissait
parfaitement des patrons de boîtes de nuit qu'il fréquentait assidûment.
Après la fermeture se déroulaient des séances spéciales où chacun se
laissait aller avec des Dames ou des Messieurs adeptes de prestations
particulières que chacun appréciait à sa juste mesure.
Ce soir-là il me déclara : (*)
- Voyez-vous, lorsqu'on a trop réussi sa vie,
On sent, - n'ayant rien fait, mon Dieu, de vraiment mal ! -
Mille petits dégoûts de soi, dont le total
Ne fait pas un remords, mais une gêne obscure ;
Et les manteaux de duc traînent dans leur fourrure,
Pendant que des grandeurs on monte les degrés,
Un bruit d'illusions sèches et de regrets,
Là-dessus nous nous quittâmes et plus jamais je ne le revis.
Alain X
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(*) Cyrano de Bergerac —Acte V, Scène 2
Bon, la chronologie historique est un peu mise à mal (Collodi étant né deux siècles après Savinien...:-))...mais pour le reste, tu nous apprends des choses...Alain.
RépondreSupprimerPeut-être pas la futilité, la débauche et le mensonge d'un certain "monde parisien" qui se croit "supérieur" au commun des mortels...(on les connaissait déjà)
Mais j'aime bien la conclusion et le fait que tu reprennes ce remarquable passage de la pièce, passage qui, malheureusement, n'a pas pris une ride.
Ma foi, la chronologie historique,… la Bible a tellement pris de liberté avec elle… nous faisant croire que le Paternel Divin a créé tout l'univers en sept jours, alors qu'il a fallu des milliards d'années-lumière… alors… deux petits siècles d'écart !… Une pichenette… ;-)
Supprimerc'est vrai que la citation n'a pas pris une ride… en revanche, moi, si…
Tu as raison : qu'est-ce que deux siècles ? :-))
SupprimerEt en plus, il paraît que le temps n'existe pas...
alors, passons par-dessus ces petits détails
et bien au chaud dans le ventre de notre "siècle intérieur",
écrivons ce que nous voulons ! :-)
Une jolie petite histoire que j’ai aimée suivre avec toi, car le nez de Cyrano, s'il eût été plus court, la face du théatre en eût été changée ... sans nul doute
RépondreSupprimerC'est bien connu :
RépondreSupprimerL'affabulateur généreux retient son auditoire tant qu'un dégoût de soi ne le mène à la désillusion.
Bravo pour l'histoire.
L'affabulateur peut aussi ne plus être cru par personne…
Supprimermerci d'avoir apprécié.