Au bout du jardin, à gauche de la petite haie de troènes que grand-père taille au moins quatre fois par été, parce que c’est sa fierté de la garder toute fine, au bout du jardin donc il y a le portillon.
C’est
par là qu’entrent tous les habitués de la maison, sans sonner ni
frapper, ils poussent le portillon, remontent le sentier et arrivent
tout doit à la cuisine.
Où ils entrent sans plus de façon et sont accueillis par grand-mère.
Il y a une chose bizarre à propos de grand-mère: elle qui est si peureuse qu’elle fait vérifier par la petite si le gaz est bien éteint, si le verrou est bien mis, si les clés sont à leur place, ne semble pas craindre que le rôdeur, que le voleur d’enfants, entre par le portillon.
Le danger, elle l’a déjà souvent dit à la petite, le danger est au dehors: au-delà du portillon.
Alors de temps en temps, au moins une fois par jour, la petite va vérifier si elle voit du danger, de l’autre côté du portillon.
Mais la rue a toujours son même air, avec sur la gauche la belle auto noire d’Albert luisant de tous ses chromes, avec en face sur la droite les rideaux de Rachel tirés d’un côté, parce qu’elle aussi aime bien vérifier les dangers de la rue.
Parfois – c’est rare, mais ça arrive – parfois une amie ou une cousine de grand-mère amène son petit-fils.
C’est toujours l’occasion d’apprendre un nouveau mot – qu’on ne pourra hélas pas utiliser, mais qu’on retiendra tout de même – et de faire une chose nouvelle, dont on apprendra juste après qu’elle était interdite.
– Qu’est-ce que vous faites, là ? demande grand-mère.
– On fait de l’escalade, répond Alain, le petit-fils de cousine Jeanne.
De l’escalade, rigole la petite, alors qu’il suffit de pousser le portillon.
Mais elle se tait, bien sûr.
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