Ateliers d'écriture mensuels : textes, poèmes et jeux littéraires
Marie sortit pour la dixième fois son portable. Le SMS d'hier soir était clair :
"Rends-toi sur le Pont-Neuf, trouve le cadenas vert fluo au tout début du pont et retrouve-moi à l'endroit indiqué dessus".
Léo adorait ce genre de jeu de piste du style "Amélie Poulain". Avec lui, pas de routine, on était toujours dans l'imprévu...et c'est sans doute une des raisons pour lesquelles elle l'aimait tant. Ils ne se connaissaient pas depuis longtemps : deux semaines à peine, mais c'était déjà l'amour fou. Elle, petite étudiante sage tout juste débarquée à Paris ; lui, beau et grand mec, parisien, sportif et enthousiaste, avec une imagination débordante et un coeur gros comme ça.
Elle l'avait rencontré par hasard, sur un quai de métro. Elle était très très chargée et il lui avait proposé ses services pour porter l'un de ses sacs. Elle savait que c'était la dernière chose à faire avec un inconnu, qu'il pouvait s'enfuir avec...mais elle avait lu une certaine honnêteté dans ses yeux et sans trop réfléchir, elle avait dit oui. Ensuite, pour le remercier, elle lui avait payé un verre...et puis rapidement, le charme avait opéré. Ils avaient échangé leurs numéros de téléphone, s'était revus le surlendemain, puis presque tous les jours.
Il ne ressemblait pas aux autres garçons, il était beaucoup plus mystérieux, plus joueur aussi. Il ne lui avait pas dit où il habitait, ni ce qu'il faisait dans la vie. Et il n'avait pas demandé grand chose sur elle, non plus. "L'amour se nourrit de mystère, avait-il dit, dans un grand sourire. Laissons-nous un peu de temps...pour nous découvrir, tout doucement."
Pas de problème : la lenteur lui convenait bien, à elle aussi, elle n'aimait pas être brusquée. Cela faisait donc deux semaines qu'ils jouaient, comme des enfants, à se donner des rendez-vous dans des endroits incongrus...à se perdre puis à se retrouver...
Elle quitta la station de métro, et se dirigea d'un bon pas, toute guillerette, vers le pont. Au bout de cent mètres, elle fut arrêtée par une barrière.
"On ne passe pas, ma p'tite dame ! Pas aujourd'hui !
- Ah bon, que se passe-t-il ?
- On est en pleins travaux...pour décrocher les cadenas. Ordre de la mairie...ça devenait trop lourd...Pensez donc, y'en a plus de trente tonnes !
- Je ne peux donc pas aller récupérer le mien ? Je vous en serais très reconnaissante...
- Non, mais vous voulez rire ! Si tout le monde nous fait la même demande que vous, on revient dans six mois...Allez, faites une bise à votre amoureux et rachetez-un vite un autre !"
C'était bien sa chance...Le mauvais jour, la mauvaise heure.
Il fallait trouver une solution...Elle essaya de contourner les barrières et trouva un endroit où elles étaient légèrement écartées. Là, peut-être ? Elle se glissa...et fut immédiatement rattrapée par le col. "Eh, stop !" L' ouvrier à la veste phosphorescente la tira en arrière...si brutalement qu'elle lâcha son portable. Celui-ci glissa sur l'herbe mouillée et sous son regard impuissant, dévala la pente jusqu'au fleuve. Pendant quelques secondes, il fut emporté par le courant puis sombra d'un coup.
C'est à ce moment-là qu'elle réalisa qu'elle n'avait noté le numéro de Léo nulle part ailleurs...et que la Seine venait d'engloutir leur seul moyen de contact.
Il était 18 h. Les magasins étaient fermés. La boule au ventre, elle rentra chez elle et commanda immédiatement un nouveau téléphone. "J'ai perdu son numéro, mais lui, il a le mien, se disait-elle. Il va me rappeler, c'est sûr !"
Un jour, deux jours, trois jours...six jours passèrent. Rien. Une semaine, deux semaines, trois semaines, un mois. Deux mois, trois mois, six mois, un an. Marie dut se rendre à l'évidence. Léo l'avait oubliée. Ou plus probablement, il avait été vexé par le fait d'avoir attendu en vain toute la soirée...et par sa non-réponse à ses appels. Il avait dû croire qu'elle ne voulait plus de lui.
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Combien de couples avaient-ils été défaits, ce jour-là ? Combien de symboles d'amour jetés à la ferraille ? Combien de serments brisés ? Combien de promesses éternelles envolées ? Combien d'histoires avortées ? On ne le saurait jamais.
L'ingénieur qui avait ordonné les travaux n'avait raisonné qu'en termes de poids, de résistance des matériaux et de dangerosité pour les passants. Il est clair que, s'il était amoureux, ce n'était que des chiffres.
La Licorne
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Consigne du "Goût des autres" pour ce lundi
et Consigne du Jeu 100
(j'ai placé les mots, en italique dans le texte)
Le Klub de foot de Konkarnak, c'est kelke chose !
Pas de Kylian, de Kopa ni de Kaka, mais plein de Kenzo, de Kamel et de Kristopher...
Le merkredi à katre heures, chakun enfile ses Nike fluos à krampons et kelkes minutes plus tard, c'est 22 kids frénétiks ki kourent sur le stade komme s'ils konkouraient pour la koupe du monde.
Pleuvent les kartons rouges, les kartons jaunes sous les kris hystériks de parents en kolère kontre le petit k... qui a osé takler leur biket, futur crack des kompétitions internationales.
Avec une inkommensurable mauvaise foi, ils kontestent et kritiquent enkore et enkore l'édukateur ki arbitre le match et à cink heures, c'est ékoeurés k'ils rentrent chez eux en kommentant kopieusement les okkasions mankées, les tirs mal kadrés et les korners injustement akkordés.
Ke l'on sabote ainsi la karrière de leur kouvée, alors que la konkurrence est rude est komplètement inkoncevable.
Merkredi prochain, k'on se le dise, ce sera changement de kap...ou changement de klub !
La Likorne
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Nous collectons du vocabulaire :
des mots qui commencent par ca, cl, co, con, cou,
cr, cu, que, qui, etc.
Si la sonorité « k » apparaît deux fois dans le mot
(ex. cucurbitacée, concupiscence, quiconque)
c’est encore mieux.
Quand vous en avez relevé une vingtaine,
vous pouvez commencer à écrire
en insérant un maximum de ces mots dans votre texte.
Le thème d’écriture est le club, l’association,
le groupe d’humains qui se réunissent dans un local,
un café, un stade, une salle de concert, un repas de famille...
Racontez ce qui s’y passe, ce qu’on y échange, qui on y rencontre.
Rakontez cela en remplaçant par un "k"
toutes les sonorités des mots
komportant ce son ke vous y placerez.