samedi 3 mai 2025

Agenda ironique de mai : "Brèves du jour" - La Licorne


 Lu dans "Le Canard Déchaîné" 

du 3 mai 2025
 



1) Avis d'essais

Les cardinaux viennent de trancher : afin d'être sûrs de faire le bon choix, le prochain pape sera embauché en CDD. Après la période d'essai de 2 ans, et s'il n'y a pas eu décès, on envisagera éventuellement  un CDI (Contrat Divin Irrévocable)

2) Mai t'es haut 

Enfin une preuve irréfutable du réchauffement climatique : cette année, le calendrier avait carrément un mois d'avance : le poisson d'avril est tombé le premier mars

3) Police tic

Sur le front Ukrainien, une trêve a été annoncée par Poutine entre le 8 et le 10 mai, afin de commémorer la victoire contre les nazis. 
Détrumpez-vous, a dit Kiev, c'est pour une toute autre raison : Vladimir part se détendre sur les pentes neigeuses de Sibérie...il m'a dit : "Je suis prêt, Zé les skis !"

4) Spores

Dans un souci d'inclusion et d'égalité, une mesure vient d'être prise par la Ministre des Sports : désormais, toute équipe de foot devra comprendre un joueur obèse, un joueur handicapé... et un joueur de race blanche.
En cas de non-respect de cette règle, l'équipe sera sanctionnée : les onze joueurs seront privés de dessert...et de jet privé.

5) Rubrique à trac

On nous annonce que l'IA vient tout juste de franchir un nouveau cap. Elle est désormais dotée d'humour...et au même niveau qu'un être humain :
elle vient d'appeler sa dernière création spontanée "X Æ A-13".
 
 
La Licorne
 



 
 
 

 
CONSIGNES PROPOSEES: 

Réinventer le genre journalistique, 
écrire un recueil d’informations brèves 
mais en fabriquant des nouvelles 
complètement farfelues, 
les plus loufoques possibles, 
 
de façon à ce que le théorème d’Archimédia 
se formule dorénavant :

« Toute actualité plongée 
dans l’effervescence de l’Agenda Ironique de Mai 
en ressort siphonnée de rires ».

Chroniques imposées :

– Avis d’essais
– Mai t’es haut
– Police tic
– Spores
– Rubrique à trac


Et puis tout ce qui nous passera par la tête...
.
 
 
 
 
 



vendredi 2 mai 2025

JEU 106 : "Au printemps du peuple" - Lothar

 

Quand le peuple dit, tous ensemble, parfois cela fait mal. Il y a comme un seuil, qui est franchit, comme un effet tunnel, et puis c’est l’avalanche, il est quelque chose là d’universel. Que l’on nomme cela des œillets, de velours, des casseroles ou des ustensiles, ou que l’on dise du printemps, qu’importe … mais souvent, comme avec le cancer, les onguents ne suffisent pas, il faut le bistouri du chirurgien.

 

Grimper l’un après l’autre, au-delà du Forum,
Par les toits, et prier qu’on ne tire la tente
Sur cette lampe à huile à l’aura combattante,
Pour si tôt la moucher dans le vieux décorum.

Armes et rebellions diront : Ultimatum !
Révolution chérie ! Enfance provocante !
Et l’aurore des mots se fera résistante,
Prière et puis colère anti-capharnaüm.

Des tanks contre mes mains, et mes cris qui résonnent.
Vouloir simplement vivre, à jamais, pour toujours,
Libre comme l’oiseau sur la fleur de velours.

Dans ce jour qui s’élève, hors des canons qui tonnent,
Je préfère tomber que de vivre à mi-temps.
Mon Dieu comme c’est dur de mourir au printemps.

 

Lothar

 

 
 
 
 

jeudi 1 mai 2025

JEU 106 : "La révolution des casseroles" - Lothar

 


J’adore Marc mon père. Il est intelligent, mais aussi si profondément bête parfois.

Ma mère Colette a le sens plus pratique. Du bon sens. 

Mon père taquine gentiment la truite. Il utilise des cannes de bambou avec un fil au bout. Un jour, il décide d’essayer d’en fabriquer une en fibre de verre, et pourquoi pas d’en vendre. Quelle drôle d’idée.

Rapidement, la cuisine, en superbe banc d’essai, fleure bon le verre fondu, mais exhale aussi des relents de vieux problèmes de démoulage. Toutes les cannes se brisent les unes après les autres quand on les extirpe de leurs solides matrices. Un peu pot de colle, elles refusent tout net de prendre l’air.

Mon père s’acharne. Puis, jours après jours, la difficulté le mine. Dépité, un peu raide, il se confie à un inconnu au café. Et justement, celui-ci utilise à longueur de journée un produit pour ce genre de casse-tête. Il lui refile le tuyau.

Mon père parvient ainsi à bricoler quelques cannes. Mais bien sûr il n’en vend la queue d’une. Ma mère est exaspérée, la cuisine dévastée. Elle lui demande de mettre son produit dans une grande casserole. Pour bouillir son lait. Ça pourrait enfin servir à quelque chose.

C’est au Monoprix du coin qu’il m’achète. Il m’alchimise le produit miracle. Colette, bonne pâte, met à rissoler deux belles truites. J’en ai l’eau à la bouche, et tel un phœnix à brûle-pourpoint, je renais de mes cendres.  

Abasourdi, Marc entrevoit le filon. 

– On va en vendre des tonnes ! Je l’appellerai Polytétra-fluoro-éthylène. C’est un nom super vendeur !

– Heu … non, dit Colette, là c’est moi qui décide ! Peau douce de téflon sur âme pur aluminium … Elle s’appellera Téfal !

 

Lothar

 

 

JEU 106 : "La révolution des casseroles"

 

- Atelier d'écriture pour le mois de mai -
 

Ce mois-ci, vous êtes tous invité(e)s 
 
à exercer votre imagination 
 
à partir de cette image :



 

 

et de ce livre :  

"La révolution des casseroles"


Comme d'habitude, 

vous pouvez , au choix :

- Placer tous les mots du titre

- Prendre ce titre comme titre de votre texte

- Ou faire référence au contenu de l'oeuvre citée

(en l'imitant, le complétant, le citant, le parodiant...etc)
 

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Envoi à undeuxtrois4@orange.fr

avant le 21 mai 2025

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A bientôt !
 
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La Licorne
 
 

 Publication des textes à partir du 1er mai...

mardi 22 avril 2025

"Je me souviens..." - La Licorne

 

Pour "Mil et Une"

et 

"Ecriture créative" 

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A ces 10 titres de romans, j'ai ajouté les 6 titres proposés
 
 

Le souffle des femmes / Fendre l'azur / Un nouvel été / 

L'escalier du paradis / Dans nos pierres et dans nos os / 

Avant qu'il ne soit trop tard.

 

Paysage Romantique Avec L'arbre Et Le Coucher Du Soleil Illustration de ....

 

Je me souviens de ce grand parc sauvage

De ses odeurs de fleurs et de printemps

Je me souviens de ces senteurs d'orage

Des herbes folles et du soleil levant

De tout ce qui se jouait sur le fil de l'horizon

De ce qui vibrait dans nos pierres et dans nos os

De nos rêves innocents teintés d'hésitation

De toutes ces choses qui rendaient le monde beau

Et qu'au fil du temps lentement, l'on oublie...

Je jouais en ce temps-là au mystérieux étranger

Qui grimpe doucement l'escalier du paradis

Sous la brise caressante d'un nouvel été... 

Je me perdais dans le souffle des femmes

Je leur lisais des poésies pour qu'elles s'enflamment

Je leur promettais des nouveaux départs

Dans un murmure, "avant qu'il ne soit trop tard"... 

Je me noyais dans la douce indifférence du monde

Avant de me jeter dans une histoire qui ensorcelle

Et de me fondre en volutes vaines et profondes

Sous le charme de la fille qu'on appelle,

De celle qui nous inspire des images vagabondes

Et pour qui l'on fend l'azur en moins d'une seconde...

Oui, Monsieur Teste, j'étais candide et romantique

J'étais plein d'illusions, de folie douce et de musique

Et quand je pense à ces souvenirs de ma jeunesse

J'ai encore la nostalgie de cette fraîche ivresse...

De ces délices et de ces merveilles jolies

Expliquez-moi, Monsieur, je vous en prie...

Comment nous en arrivons à perdre le mystère

Sous le poids de tout ce que nous allons savoir

Comment un beau jour tout ça nous indiffère

Et comment peu à peu nous cessons d'y croire ?

Comment les herbes folles se transforment en chiendent

Et comment, tout à coup, on aperçoit le soleil couchant

Qui jette ses toutes dernières lueurs

Sur les arbres du parc et sur notre bonheur ?

 .

La Licorne


 
 

jeudi 17 avril 2025

Agenda ironique 2 : "Faut pas cent sphères" - La Licorne

vendredi 4 avril 2025

Agenda ironique et Jeu 105 : "Bubble-home" - LL


 

 

En 2100, la décarbonation était enfin parvenue à son terme. La politique écologique menée depuis un siècle avait porté ses fruits. Des mesures drastiques avaient été prises dans tous les pays du monde...

Les gouvernements avaient donc, du jour au lendemain, interdit tout ce qui produisait du CO2. Tout. Absolument tout. Comme les résultats tardaient néanmoins à se manifester, on s'était alors soudain souvenu que l'être humain lui-même produisait du CO2. Eh bien, oui, à chaque respiration, il rejetait, le bougre, une bouffée de ce fichu gaz. On avait donc décidé de munir tout le monde de "masques" qui permettaient de ne pas le laisser s'échapper bêtement dans l'atmosphère. Désormais, le CO2, on le stockait, on le récupérait, on le recyclait.

Ceux qui avaient eu le plus de mal à s'y habituer, c'étaient les enfants. Comme on le sait, ils ont une fâcheuse tendance à sauter partout, à courir du matin au soir et ce n'était pas une mince affaire pour eux de continuer ce genre d'exercice ainsi accoutrés. Mais, comme on l'avait fait pendant le Covid, on leur avait dit que c'était pour le bien de tous...Alors, petit à petit, ils s'étaient accoutumés à ne plus voir le visage des autres et à rester immobiles. A ce moment-là, il n'était pas rare de les voir assis sagement, par trois, par quatre, sur les murets près de leurs maisons.

 

 

 

Malgré tout, le dérèglement climatique avait continué à progresser. Les experts, à la télé, expliquaient qu'il y avait une "inertie" du système qui empêchait que cela ne se résolve en quelques années. Il fallait plutôt  compter en dizaines d'années. Mais, un jour, c'est sûr, grâce à tous les efforts conjugués, on y arriverait. Il fallait juste être patients.

En attendant, le climat ressemblait maintenant à celui d'un ancien film de science-fiction de la fin du vingtième siècle...Comment s'appelait-il déjà, ce film au décor plus que glauque ? Ah oui, Blade Runner. Comme dans Blade Runner, ce n'était donc plus que nuages, brumes, brouillards, crachins, grésils...sempiternels. Le ciel était tellement encrassé par la pollution qu'on n'apercevait plus le moindre rayon de soleil. On ne survivait que grâce aux lumières électriques. Et partout, partout cette insupportable odeur de merlan frit.

Ensuite, heureusement, le processus commença à s'inverser. Le CO2 diminua de façon significative...Tout le monde se frotta les mains. Mais pas pour longtemps ! Car un phénomène que personne n'avait prévu vint compliquer les choses : les arbres se mirent à mourir. En masse. Habitués depuis longtemps à une forte concentration de CO2, ils ne savaient plus "composer" avec une quantité moindre. Ils ne parvenaient plus à constituer leur tronc, leurs branches...ils se rétrécirent de plus en plus...et finalement, en très peu de temps, les forêts disparurent totalement. 

Le problème, alors, devint tout autre : sans arbres pour capter le CO2 et rejeter de l'oxygène, les humains se mirent à suffoquer. L'air était raréfié. Leurs poumons ne recevaient plus leur nourriture. Ils étaient comme des poissons hors de l'eau...Les ventes de Ventoline explosèrent.

Heureusement, les gouvernements trouvèrent la parade : ils décrétèrent que l'on vivrait désormais "à l'intérieur". Un confinement perpétuel, en quelque sorte. Cela ayant déjà été fait, on savait que cela "marcherait". Les gens ont des ressources insoupçonnées. 

On inventa alors un nouveau "concept" de maison  : la "maison-bulle" ou "bubble-home". Une sorte de bulle transparente, joliment décorée, qui n'était pas sans rappeler la bulle intra-utérine...une bulle totalement étanche et protectrice, avec oxygénation intégrée. 

Elle était également équipée d'un système hydraulique ingénieux qui permettait, quand on voulait passer d'un lieu à un autre, de la faire "rouler". La partie inférieure était en effet remplie d'eau tiède et le plancher "flottait" au-dessus. Ainsi, quand la maison se déplaçait, le sol restait horizontal...et l'on pouvait continuer à vaquer tranquillement à ses occupations. 

Et puis, quand on voulait un peu d'intimité, on appuyait sur un bouton et les parois devenaient opaques. Il y avait aussi un autre bouton qui permettait de simuler sur le haut de la sphère le temps qu'on voulait : ciel bleu, soleil rayonnant, petits nuages blancs...

Ces "sphères magiques" firent fureur. En 20 ans, toutes les maisons anciennes avaient été remplacées et chacun vivait bien au chaud dans son joli "cocon voyageur". 

 

 

On remplaça tous les emplois par du "télé-travail", tous les loisirs par des films et des jeux vidéos...tous les achats se faisaient désormais en ligne et les seules personnes autorisées à sortir étaient les  "trottins" : des livreurs en trottinette qui apportaient nourriture et marchandises à la population confinée. On leur avait confectionné des "mascox" : des "masques à oxygène" identiques en tous points à ceux qu'ils portaient durant leur enfance, si ce n'est qu'au lieu d'empêcher le CO2 de s'évacuer, ils faisaient l'inverse : ils fournissaient de l'oxygène. C'est à peine s'ils virent la différence. 

Les experts avaient donc raison : avec un peu de patience, on vient à bout de tous les problèmes...En 2200, chacun savait et comprenait qu'il vivait dans le "meilleur des mondes". Un monde bien différent du "monde d'avant". Un monde sûr, sans complications et sans danger.

Les haruspices numériques étaient unanimes : le 22ème siècle serait un paradis.

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La Licorne

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MORALE : 

Quand on perd de vue le "normal",

le remède devient souvent pire que le mal.

 

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 Brave New World

 

Pour l'Agenda ironique d'avril

chez Carnets Paresseux

Sujet : 

"Sphères"

Mots imposés :

merlan, haruspice, trottin et grésil

plus d’autres qui s’imposeront tout seuls

 pour les besoins de la narration 

(officiels ou inventés). 

La forme que l'on veut. 

Des dates, des jours, de la brume

de l’ironie et une morale. 

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   + Jeu 105 de Filigrane

 Lire la consigne 

ICI

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