"Les quatre filles du Docteur March"
de Louisa May Alcott
Ateliers d'écriture mensuels : textes, poèmes et jeux littéraires
"Les quatre filles du Docteur March"
de Louisa May Alcott
Sur le quai de la gare encore une fois,
Camille et Madeleine
accompagnent papa - maman.
Le soleil tape sur les valises,
Mais … ces petites filles modèles ont le sens du devoir.
Elles redressent leur chapeau, lissent leurs robes,
et rejoignent leurs parents avec un soupir résigné.
Sur le quai, le cousin Jean fait partie du groupe.
Les vacances commencent.
.
.
A quoi pensent-ils ?
Sandalettes aux pieds toutes identiques, bras et jambes nues, ils sont assis en rang d'oignons sur le quai d'une petite gare qui semblerait presque désaffectée s'il n'y avait la présence de cette drôle de famille pour nous dire qu'au moins un train y passe encore. Celui que manifestement ils attendent tous, en apparence bien tranquillement si l'on se fie à leur attitude et à leur position quasi similaire.
Le tag sur le mur attire mon attention. «Body language». Que nous dit-il le langage de leur corps ? Rien manifestement. Ni impatience, ni inquiétude dans leur posture. Rien sur leur visage qui nous apprendrait ce qu'ils pensent en cet instant précis. Rien ! Ils attendent, c'est tout, statues immobiles à jamais figées par un photographe qui passait probablement par là à tout hasard pour faire un cliché "urbex" et que cette famille sagement assise ne pouvait qu'intriguer.
Qui sont-ils, où vont -ils ? Partent-ils en vacances ? Si c'est le cas, ils voyagent léger, léger parce qu'il n'y a pas le moindre bagage visible dans de décor un rien surréaliste ! Que nous dit-il ce club des cinq familial en noir et blanc ?
Le petit garçon avec des lunettes noires à la façon "Men in black" qui auraient troqué le costume et la cravate pour un short et un tee-shirt, rêve-t-il à de futures aventures mouvementées.
Le papa, sourire en coin, peut-être parce qu'il a capté la présence du photographe sur le quai d'en face, se dit il "Zut, j'ai oublié mon vieil appareil la maison, il fait des photos tellement plus chouettes que le portable !»
Les petites filles modèles qui regardent chacune de leur côté, se demandent sûrement pourquoi il n'y a pas d'autres voyageurs sur le quai. Ces deux là ne liront pas «Les malheurs de Sophie» de la Comtesse de Ségur dont leur a parlé leur arrière grand-mère comme d'une œuvre magistrale. Trop naze ! Elle yoyote grand-mamie ! Elles préfèrent jouer sur leur portable. Entre les deux sans piper mot, la maman guette sans doute l'arrivée du train en se félicitant intérieurement que tout le monde se tienne tranquille en attendant qu'il se pointe enfin.
Mais j'extrapole parce qu'en réalité, je ne peux savoir à quoi ils pensent, ni même ce qu'ils font là ! En fait, ils posent peut-être pour le photographe qui souhaitait mettre un peu de vie dans son "urbex".
Les vacances
Ah les vacances ! Parlez-en à Sophie et à Jean Dubonnet, les parents de Chloé, Anaïs et Ewan ! Si les deux fillettes ne ressemblent pas à Madeleine et à Camille, les petites filles modèles de la Comtesse de Ségur, elles sont tout de même assez sages au regard des circonstances de ce départ en famille qui ne se déroule pas vraiment comme prévu ! Quant à Ewan qui se tient exceptionnellement tranquille lui aussi, c'est habituellement un bon petit diable toujours prêt à faire des bêtises. Non, les malheurs de Sophie et de Jean ne sont pas causés par leurs enfants - enfin pas tout à fait - mais par ce maudit train supplémentaire qui se fait attendre ! Tout ça parce que celui qui était censé les amener à bon port en Bretagne, chez les parents de Sophie qui les attendent, comme chaque année au mois d'août, est parti sans eux ! Le pire, c'est que leurs bagages, les cinq valises archi remplies pour trois semaines de vacances, sont bien dans le train qu'ils ont raté. Et le pire du pire c'est que dans la précipitation, ils ont mis avec les valises, les sacs à dos qu'ils devaient garder avec eux et qui contiennent leurs provisions de route, boissons et sandwiches, parce que, dixit le paternel : «Pas question d'acheter quoi que ce soit dans le train, leur jambon-beurre et leurs boissons coûtent la peau des fesses !» Heureusement tout de même, Sophie a gardé son sac à main et Jean, le sac banane qui ne les quitte jamais. Argent, portables, papiers... Tout est là, ce qui leur a permis de s'expliquer au guichet et de ne pas payer de supplément !
Comment une telle mésaventure a-telle bien pu leur arriver ? Me direz vous ! C'est tout bête, croyez moi ! Ils étaient installés et attendaient le départ qui était retardé de dix minutes à cause d'un incident sur la voie, quand Chloé a hurlé :
- J'veux mon doudou, j'veux mon doudou !
-Et il est où ton doudou ? A demandé Sophie le plus calmement possible.
- Je.. Je l'ai oublié dans la gare . Euhhh, je crois... A bégayé la fillette en larmes !
- Tu es assez grande pour t'en passer maintenant ! A fulminé Jean qui sentait la moutarde lui monter au nez !
-J'veux mon doudou ! A insisté Chloé en tapant du pied.
-Bon, on va aller le chercher, on a le temps ! A concédé Sophie.
Et les voilà tous descendus du train pour aller chercher un doudou tout baveux qui était en fait bien calé dans le sac à dos de la petite, dans la soute à bagages, en route pour la Bretagne !
Anaïs et Ewan boudent. ils ont faim ! Chloé ne cesse de geindre ! Jean et Sophie se retiennent, plus très loin d'exploser !
Ah les vacances ! Ça commence bien pour les Dubonnet !
Les malheurs de Sophie
20 juillet 1977
Ah, les vacances !
"Vacance" (étymologie) : de "vacuum", le vide. Pourquoi a-t-on éprouvé le besoin de mettre ce mot au pluriel ? Mystère. Un vide, c'est déjà ennuyeux, alors, plusieurs vides, je vous dis pas. Surtout quand on a douze ans, deux parents passablement barbants et deux petites soeurs qui vous cassent les pieds le matin, le midi et le soir.
Tiens, à propos de pieds, vous savez comment on les a commencées les dites vacances ? Eh bien, on est tous allés s'acheter des sandales. Pas au magasin. Non. Faut pas rêver. Au marché. Et là, y'avait un gros moustachu qui voulait vider son stock. Quand il a vu toute la petite famille réunie, il a flairé la bonne affaire. Il a proposé à ma mère un prix de gros : "Je vous fais une remise du tiers si vous m'en prenez cinq, ma p'tite dame !". Résultat : on lui a acheté cinq paires de sandales, toutes identiques. Super idée ! Quand on marche dans la rue, c'est la honte : les gens se retournent pour regarder nos pieds !
Le lendemain, on a pris le train. Une grande première pour tout le monde : on ne le fait jamais. Pour se déplacer, on ne prend que la voiture. Mais cette année, elle a quelques soucis mécaniques, la vieille guimbarde. Alors, hop, direction la gare d'Aubusson.
Petit moment de panique au moment de composter. Mes parents ne savaient pas comment s'y prendre. Du coup, on a perdu pas mal de temps. On est montés in extremis dans un wagon et on a mis un certain temps à trouver des places libres.
Moi, je me suis retrouvée assise à quelques mètres du reste de la famille. Ce qui, entre nous, ne m'a pas trop dérangée. Je me suis dit : Génial ! Deux heures et demie de tranquillité pour toi, Sophie. Sans les remontrances des deux vieux et sans les chamailleries des deux pestes déguisées en "petites filles modèles". Tu vas enfin pouvoir vagabonder dans tes pensées, regarder le paysage, écouter les bavardages de tes voisins...
Grave erreur ! A peine dix minutes plus tard, j'ai entendu du brouhaha du côté de mes géniteurs. Maman était visiblement énervée et le faisait savoir bruyamment à papa.
- Non, mais ce n'est pas possible ! C'était à toi de t'en occuper !
De quoi parlaient-ils, dieu du ciel ? Je jetai un oeil en direction de mes frangines. Elles étaient bien là toutes les deux, la blonde et la brune. La chouchoute et le garçon manqué. Je voyais leurs cheveux qui dépassaient du siège. On ne les avait pas oubliées. Alors quoi ?
Mince ! La valise ! La grosse valise à roulettes ! Dans la précipitation du départ, mes parents l'avaient laissée sur le quai, chacun étant persuadé que c'était l'autre qui l'avait en charge.
L'atmosphère devint houleuse et mon père tout rouge, à la fois de colère et de confusion.
Nous sommes descendus au prochain arrêt et avons repris un train dans l'autre sens.
Sur la photo, vous nous voyez juste avant le trajet retour. Comme vous pouvez le constater, l'ambiance est à couper au couteau. Mon père a enroulé la bretelle de son sac autour de sa cheville, de peur qu'on ne lui vole le peu qui lui reste. Tout le monde fait la tête et moi, je fais la tête à tout le monde.
Par chance, à la gare, on l'a retrouvée, la valise. Un employé de la SNCF l'avait aperçue et mise de côté. Plus de peur que de mal, donc.
Mais voilà, ça a été la fin des vacances. Le coeur n'y était plus. On est rentrés à Blessac, on a défait les bagages et on a allumé la télé pour regarder le Tour de France...
Cet épisode drôlamatique fut notre première et dernière "échappée" de la Creuse.
L'année suivante, nos parents nous ont inscrites toutes les trois au centre aéré.
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La Licorne
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Comme d'habitude,
vous pouvez , au choix :
- Placer les mots du (ou des) titre(s)
dans l'ordre ou dans le désordre
- Prendre le titre d'un des trois livres comme titre de votre texte
- Ou faire référence dans votre texte au contenu de l'oeuvre citée
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Envoi à undeuxtrois4@orange.fr
avant le 21 août 2025
- Qu'est-ce que t'es bronzé !
Tu reviens d'Petaouchné ?
- Hein ? Quoi ? - Quoicoubeh !
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La Licorne
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Consignes ICI
Pour l'Atelier Mil et Une :
- Que fais-tu là, petite fille, seule, au milieu de la banlieue ?
- Je vais chez ma grand-mère, qui est malade,
mais la pluie m'a arrêtée.
Je me suis mise à l'abri.
- Demeure-t-elle bien loin, ta grand-mère ?
- Oh oui, c'est par-delà les deux grandes tours,
qu'on aperçoit au bout de la rue.
- Eh bien, dit le robot, je vais y aller avec toi.
Je te porterai, cela soulagera tes petits pieds.
L'enfant, qui était fatiguée, accepta volontiers.
- Comme vous avez de grandes jambes, dit-elle.
- C'est pour mieux courir, ma belle !
- Comme vos yeux sont noirs !
- C'est pour mieux te voir !
- Comme vos seins sont durs !
- C'est pour mieux te caler, enfant pure !
- Comme vos oreilles sont étranges !
- C'est pour mieux t'entendre, mon ange !
- Comme votre voix est hachée !
- C'est pour mieux articuler !
- Comme votre corps est glacé !
- C'est pour mieux t'embrasser, mon bébé !
Et en disant ces mots,
le robot resserra son étreinte
sur la fillette...
et l'étouffa.
MORALITE :
Quand au fond des villes, il y a
Une fillette aux douces aspirations
Ne la confiez pas à Madame IA :
"Nounou" n'est pas sa vocation.
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La Licorne
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Suite à la proposition d'écriture de Carnets paresseux
(dont vous trouverez les consignes ICI)
je me lance dans une série
de "petits riens" de saison...
Ce seront donc
(farniente oblige)
de tout petits, petits poèmes
qui jalonneront juillet et août...
au gré de mon inspiration,
journal-hier, hebdromadaire...
ou irréguli-air...
vous verrez bien.
(ou vous ne verrez rien,
c'est possible aussi :-)
« Rien ne sert de courir… » et on connaît la suite…
On
distingue sur la photo : — un aéroplane — une piste d'envol — un homme
— un feutre — une valise — un pantalon — une cravate — une veste portée
— une veste épaulée — une paire de chaussures ; mais aucun raton
laveur…
Je cours et m'essouffle pour en tirer un récit, alors voilà :
Il était une fois,
.
Un aéroplane, qui a grand besoin de prendre l'air, quitter cette terre
irrespirable et s'en aller là-bas vers les lointains inaccessibles et
pourtant convoités.
. Une piste d'envol qui réfléchit platement :
ce genre de vol a-t-il des chances d'arriver à destination ? Tant
d'autres sont partis pour des courses lointaines et sans retour.
.
Un homme, qui court en vain, mais mieux vaut courir que s'aplatir
devant un échec évident qu'il a sous les yeux. Question de dignité.
.
Un feutre, qui joue de malchance, car il entoure une tête à la pensée
étriquée. Il se morfond d'une telle existence sans queue ni tête.
Pourtant il regorge dans son chapeau de projets faramineux, qu'il
aimerait proposer à des humains aventureux. Mais personne n'a l'idée de
venir en tirer un de ces papier-chance qu'il offre pour un envol sans
retour vers le futur.
. Une valise, celle-là ne s'abrite pas
dans une poche sous les yeux comme d'autres de ses consœurs imbéciles.
Elle est de type servante dévouée, prête à laver et repasser tout son
contenu pour plaire à l'homme qui lui fait la grâce de la porter d'une
main ferme.
. Un pantalon, qui souffre depuis trop longtemps de sa banalité, dont il ne s'accommode pas. Il rêve depuis toujours de pantalonnades
aussi burlesques que grossières, de gauloiseries de carabins et autres
joyeusetés. Mais voilà, il a été fabriqué par un tailleur mélancolique
et désespéré. C'est vraiment pas de veine.
. Une cravate, qui
peut d'ailleurs faire foulard. Une rigolote, transformiste, et qui
n'hésite pas, en secret, à s'en envoyer derrière la cravate. Elle risque
d'être déçue.
. Une veste portée, banale mais fidèle, sur
laquelle on peut compter. Pas un seul bouton ne manque. Parfois elle se
pousse un peu du col, c'est juste pour tenter de valoriser son maître.
.
Une veste épaulée, qui continue à s'interroger sur ce qu'elle fait là.
Nulle envie d'aller végéter dans je ne sais quel dressing d'un hôtel
miteux, où elle ne supportera pas d'atterrir. Mais heureusement un
espoir se dessine. L'avion a déjà décollé ! Le proprio essaye
lamentablement de courir en croyant le rattraper au vol.
. Une
paire de chaussures, des fausses jumelles d'ailleurs, qui ont eu la
chance de trouver humain à leurs pieds, une bonne pointure, d'après ce
qu'on dit. Alors elles restent fidèles, et s'il faut battre la semelle,
elles le feront avec entrain.
Et moi, pauvre Richard, auteur
désœuvré, je suis témoin désemparé de la scène. Je sors mon calepin qui
ne me quitte jamais et je griffonne :
«La vérité et la lumière sont à la portée de ceux qui désirent les connaître. » (*)
J'arriverai
bien à fourguer cette phrase dans mon prochain bouquin. Sorte
d'aphorisme éculé qui ne veut strictement rien dire d'intéressant.
Normal, je ne suis qu'un auteur qui descend à la cave chercher une
inspiration introuvable, au lieu d'être à la hauteur de mes délires.
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(*) : extrait du livre « Un » de Richard Bach.