« Rien ne sert de courir… » et on connaît la suite…
On
distingue sur la photo : — un aéroplane — une piste d'envol — un homme
— un feutre — une valise — un pantalon — une cravate — une veste portée
— une veste épaulée — une paire de chaussures ; mais aucun raton
laveur…
Je cours et m'essouffle pour en tirer un récit, alors voilà :
Il était une fois,
.
Un aéroplane, qui a grand besoin de prendre l'air, quitter cette terre
irrespirable et s'en aller là-bas vers les lointains inaccessibles et
pourtant convoités.
. Une piste d'envol qui réfléchit platement :
ce genre de vol-a-t-il des chances d'arriver à destination ? Tant
d'autres sont partis pour des courses lointaines et sans retour.
.
Un homme, qui court en vain, mais mieux vaut courir que s'aplatir
devant un échec évident qu'il a sous les yeux. Question de dignité.
.
Un feutre, qui joue de malchance, car il entoure une tête à la pensée
étriquée. Il se morfond d'une telle existence sans queue ni tête.
Pourtant il regorge dans son chapeau de projets faramineux, qu'il
aimerait proposer à des humains aventureux. Mais personne n'a l'idée de
venir en tirer un de ces papier-chance qu'il offre pour un envol sans
retour vers le futur.
. Une valise, celle-là ne s'abrite pas
dans une poche sous les yeux comme d'autres de ses consœurs imbéciles.
Elle est de type servante dévouée, prête à laver et repasser tout son
contenu pour plaire à l'homme qui lui fait la grâce de la porter d'une
main ferme.
. Un pantalon, qui souffre depuis trop longtemps de sa banalité, dont il ne s'accommode pas. Il rêve depuis toujours de pantalonnades
aussi burlesques que grossières, de gauloiseries de carabins et autres
joyeusetés. Mais voilà, il a été fabriqué par un tailleur mélancolique
et désespéré. C'est vraiment pas de veine.
. Une cravate, qui
peut d'ailleurs faire foulard. Une rigolote, transformiste, et qui
n'hésite pas, en secret, à s'en envoyer derrière la cravate. Elle risque
d'être déçue.
. Une veste portée, banale mais fidèle, sur
laquelle on peut compter. Pas un seul bouton ne manque. Parfois elle se
pousse un peu du col, c'est juste pour tenter de valoriser son maître.
.
Une veste épaulée, qui continue à s'interroger sur ce qu'elle fait là.
Nulle envie d'aller végéter dans je ne sais quel dressing d'un hôtel
miteux, où elle ne supportera pas d'atterrir. Mais heureusement un
espoir se dessine. L'avion a déjà décollé ! Le proprio essaye
lamentablement de courir en croyant le rattraper au vol.
. Une
paire de chaussures, des fausses jumelles d'ailleurs, qui ont eu la
chance de trouver humain à leurs pieds, une bonne pointure, d'après ce
qu'on dit. Alors elles restent fidèles, et s'il faut battre la semelle,
elles le feront avec entrain.
Et moi, pauvre Richard, auteur
désœuvré, je suis témoin désemparé de la scène. Je sors mon calepin qui
ne me quitte jamais et je griffonne :
«La vérité et la lumière sont à la portée de ceux qui désirent les connaître. » (*)
J'arriverai
bien à fourguer cette phrase dans mon prochain bouquin. Sorte
d'aphorisme éculé qui ne veut strictement rien dire d'intéressant.
Normal, je ne suis qu'un auteur qui descend à la cave chercher une
inspiration introuvable, au lieu d'être à la hauteur de mes délires.
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(*) : extrait du livre « Un » de Richard Bach.
Je reconnais bien là ton grand sens de l'observation...Alain.
RépondreSupprimerEh oui, que fait là cette deuxième veste ? Et cette cravate jetée sur l'envers ?
Mystère...mystère...
Un peu levé grâce à toi...
Aurions-nous un peu plus de lumière et de vérité après t'avoir lu ?
Décollons-nous un peu vers les hauteurs ?
Tiens, je te rajoute un troisième "mystère" pour la route :
comment se fait-il donc, que, sur l'ombre portée, l'on n'aperçoive pas (ou peu) l'ombre du couvre-chef... ?
(mais peut-être est-ce moi qui "travaille du chapeau" ?
Le soleil caniculaire ne rend pas les idées claires... :-))
On peut ajouter aussi : comment se fait-il que le morceau d'ombre de l'avion provient d'un soleil qui n'est pas le même que l'ombre du Monsieur ?
SupprimerÇa ressemble à un bon vieux montage communiste du temps de l'URSS !