lundi 7 juillet 2025

JEU 108 : "Rien ne sert de courir" - AlainX

 

 black and white photography

 

 « Rien ne sert de courir… » et on connaît la suite…

On distingue sur  la photo : — un aéroplane — une piste d'envol — un homme — un feutre — une valise — un pantalon — une cravate — une veste portée — une veste épaulée — une paire de chaussures ;  mais aucun raton laveur…

Je cours et m'essouffle pour en tirer un récit, alors voilà :

Il était une fois,
. Un aéroplane, qui a grand besoin de prendre l'air, quitter cette terre irrespirable et s'en aller là-bas vers les lointains inaccessibles et pourtant convoités.

. Une piste d'envol qui réfléchit platement : ce genre de vol-a-t-il des chances d'arriver à destination ? Tant d'autres sont partis pour des courses lointaines et sans retour.

. Un homme, qui court en vain, mais mieux vaut courir que s'aplatir devant un échec évident qu'il a sous les yeux. Question de dignité.

. Un feutre, qui joue de malchance, car il entoure une tête à la pensée étriquée. Il se morfond d'une telle existence sans queue ni tête. Pourtant il regorge dans son chapeau de projets faramineux, qu'il aimerait proposer à des humains aventureux. Mais personne n'a l'idée de venir en tirer un de ces papier-chance qu'il offre pour un envol sans retour vers le futur.

. Une valise, celle-là ne s'abrite pas dans une poche sous les yeux comme d'autres de ses consœurs imbéciles. Elle est de type servante dévouée, prête à laver et repasser tout son contenu pour plaire à l'homme qui lui fait la grâce de la porter d'une main ferme.

. Un pantalon, qui souffre depuis trop longtemps de sa banalité, dont il ne s'accommode pas. Il rêve depuis toujours de
 pantalonnades aussi burlesques que grossières, de gauloiseries de carabins et autres joyeusetés. Mais voilà, il a été fabriqué par un tailleur mélancolique et désespéré. C'est vraiment pas de veine.

. Une cravate, qui peut d'ailleurs faire foulard. Une rigolote, transformiste, et qui n'hésite pas, en secret, à s'en envoyer derrière la cravate. Elle risque d'être déçue.

. Une veste portée, banale mais fidèle, sur laquelle on peut compter. Pas un seul bouton ne manque. Parfois elle se pousse un peu du col, c'est juste pour tenter de valoriser son maître.

. Une veste épaulée, qui continue à s'interroger sur ce qu'elle fait là. Nulle envie d'aller végéter dans je ne sais quel dressing d'un hôtel miteux, où elle ne supportera pas d'atterrir. Mais heureusement un espoir se dessine. L'avion a déjà décollé ! Le proprio essaye lamentablement de courir en croyant le rattraper au vol.

. Une paire de chaussures, des fausses jumelles d'ailleurs, qui ont eu la chance de trouver humain à leurs pieds, une bonne pointure, d'après ce qu'on dit. Alors elles restent fidèles, et s'il faut battre la semelle, elles le feront avec entrain.


Et moi, pauvre Richard, auteur désœuvré, je suis témoin désemparé de la scène. Je sors mon calepin qui ne me quitte jamais et je griffonne :
«La vérité et la lumière sont à la portée de ceux qui désirent les connaître. » (*)
J'arriverai bien à fourguer cette phrase dans mon prochain bouquin. Sorte d'aphorisme éculé qui ne veut strictement rien dire d'intéressant. Normal, je ne suis qu'un auteur qui descend à la cave chercher une inspiration introuvable, au lieu d'être à la hauteur de mes délires.
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(*) : extrait du livre « Un » de Richard Bach.

 

AlainX 

 

 

2 commentaires:

  1. Je reconnais bien là ton grand sens de l'observation...Alain.
    Eh oui, que fait là cette deuxième veste ? Et cette cravate jetée sur l'envers ?
    Mystère...mystère...
    Un peu levé grâce à toi...
    Aurions-nous un peu plus de lumière et de vérité après t'avoir lu ?
    Décollons-nous un peu vers les hauteurs ?

    Tiens, je te rajoute un troisième "mystère" pour la route :
    comment se fait-il donc, que, sur l'ombre portée, l'on n'aperçoive pas (ou peu) l'ombre du couvre-chef... ?
    (mais peut-être est-ce moi qui "travaille du chapeau" ?
    Le soleil caniculaire ne rend pas les idées claires... :-))

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    1. On peut ajouter aussi : comment se fait-il que le morceau d'ombre de l'avion provient d'un soleil qui n'est pas le même que l'ombre du Monsieur ?
      Ça ressemble à un bon vieux montage communiste du temps de l'URSS !

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