Consigne De l'Atelier de Villejean :
"Écrire comme Delerm en 2025 "
Chaque nouvelle de cet auteur, Philippe Delerm, ne contient pas plus de quarante lignes.
Il écrit toujours au présent et use et abuse du pronom « on » à la place du « je ».
Il fait des phrases courtes mais avec beaucoup d’adjectifs pour raconter des événements de la vie quotidienne, des situations sans rien d’exceptionnel que tout le monde a vécues au moins une fois.
« On est entre la thèse de sociologie et la rédaction de 1er de la classe ».
Dans ce style-là vous écrirez de deux à cinq petits textes dont le titre sera choisi dans cette liste extraite de « Le Trottoir au soleil » :
Au nord de soi - Avec son petit matos - Cette lumière-là - Chez moi - Dans un grain de sable, toute la plage - Deuxième vie - Dimanche matin - Du soleil et de l’eau sur un lavoir - Égoïste - Enfin ! - Je peux vous faire à dîner - Je veux redoubler - La figue mûre - Le ballon jaune - Le bonheur des amers - Le café dans un verre - Le cauchemar du trois étoiles - Le trottoir au soleil - Les persistants lilas - Les Toulousaines - On n’est pas invité ! - Passez une bonne après-midi - Pépites du métro - Quelques cerises noires - Se plaire dans Turin - Secouer sa serviette sur la plage - Terre à terre - Travailleurs du dimanche - Un champ de canne à sucre - Vivante par défaut
Au nord de soi
Parfois, la vie est belle...on est au soleil, dans la chaleur de la vie, dans la chaleur des autres. On rit, on chante, on se donne des rendez-vous. Avec un chat, un arbre, un voisin. Avec soi aussi. Avec un livre au coin du feu. Avec un bout de ciel et deux nuages qui passent. Parfois, tout est fluide, tout coule naturellement et joyeusement. On ne se pose pas de question.
Et puis, parfois, on bute. On s'accroche. Dans les ronces de la vie. Dans un contre-temps, un incident, une broutille. Ou dans un malentendu, une dispute, une trahison qu'on n'attendait pas. Le ciel se couvre, la neige tombe sur nos espoirs fanés et l'hiver s'étend.
Glacial. Inhospitalier.
Parfois, on est au nord de soi.
Vivant par défaut
Pourquoi se lever ? On est tellement bien dans la tiédeur des draps. Quand on devine la lueur du jour à travers les fentes des volets, que tout est calme et que le réveil n'a pas encore sonné. Quand on profite des dernières minutes d'une nuit insouciante. Quand on a encore de la brume dans le cerveau et des rêves effilochés au bord des cils.
Pourquoi se lever ? On sait ce qui nous attend : la douche, le métro, les collègues, le stress...et ce combat sans fin pour survivre dans la jungle moderne.
Pourquoi se lever ? Alors que c'est quand on dort qu'on vit le plus intensément. On vit dans la merveille. Dans le champ de tous les possibles. On admire, on frémit, on court, on vole...
Au réveil, on se sent "vivant par défaut".
Je veux redoubler
Dans l'enfance, on tremble tous à l'idée de redoubler. Refaire une année encore...la même chose : retraverser les mêmes leçons, les mêmes exercices...La perspective du redoublement est un cauchemar.
Et puis, on grandit, on devient adulte, on devient vieux...et là, tout à coup, à l'orée du grand départ...on est pris d'une idée folle :
"Grand Dieu, c'est passé si vite...s'il vous plaît, je ne pourrais pas redoubler ?"
Deuxième vie
Imaginez. On ferait une deuxième vie...comme on fait une deuxième année scolaire : on se souviendrait de la précédente et on s'appliquerait. On se dirait : "Tiens, ça, ce n'est pas si difficile, la vie, finalement."
On se sentirait plus grand, plus sûr de soi...on roulerait les mécaniques devant ceux qui ne connaissent pas les "codes", qui expérimentent les choses pour la première fois. On râlerait un peu, aussi, juste ce qu'il faut...
Ce serait plus facile, plus prévisible en tout cas...Alors on savourerait un peu plus les récrés, les bons moments, les amis et on referait des erreurs, bien sûr, mais pas les mêmes. Oui, ce serait bien, une deuxième vie.
La Licorne
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