(+ Agenda ironique d'avril (2) )
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Gustave Flaubert
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20 février 2020 - Restaurant du quartier
- Alors, ça y est...c'est sûr, vous vous séparez, Paul et toi ?
- Oui, c'est décidé...on ne peut pas rester indéfiniment comme ça, au milieu du gué...il y a un moment où il faut prendre une décision. Oh, on ne divorce pas, tu sais...Pas encore...Mais on va vivre chacun de notre côté...j'ai trouvé un petit appartement.
- C'est drôle, je vous voyais vivre ensemble jusqu'à la fin de vos jours...moi. Je n'ai jamais pensé que tu faisais partie des femmes "mal accompagnées". Vous aviez l'air de filer le parfait amour et puis Paul est si charmant, il a toujours le sourire, toujours une blague à raconter...
- Oui, c'est vrai, il est charmant...à l'extérieur. Mais avec moi, c'est différent. C'est comme si une distance s'était installée peu à peu entre nous. On ne discutait plus...on ne se disait plus rien d'intéressant. La routine, le quotidien...et c'est tout. Et puis je ne supportais plus son air de "cause toujours, tu m'intéresses..." qu'il prenait quand j'essayais de lui confier quelque chose qui me tenait à coeur. Il écoutait poliment, mais je sentais qu'il n'avait qu'une envie : que j'aie fini et qu'il puisse retourner à son match de foot et à ses copains.
- Bon, vous n'avez pas d'enfant, c'est une chance...C'est toujours douloureux les problèmes de garde, dans ces cas-là...Qu'allez-vous faire d'Ornythorynque ?
- Oh...C'est un chat très indépendant, tu sais...On ne va pas le partager en deux...il n'aimerait pas ! Il va rester avec Paul, je pense...il a ses habitudes ici, il est attaché à la maison, encore plus qu'à moi. Et il a une petite "amie" qui habite la maison près de la rivière... tu sais, la grande maison avec une barrière bleue... C'est une belle chatte blanche, racée. Je les ai surpris en train de batifoler, l'autre jour, entre deux grosses canalisations. On les entendait jusqu'à l'autre bout du quartier...Ces deux-là, on dirait, sont en pleine...lune de miel. "Chat-virée, chat-l'heureux", comme dit son maître, quand il veut faire rire ses amis...
- Et ton travail ?
- Je vais le garder, jusqu'à nouvel ordre. Je préférerais rester de ce côté-ci de la frontière, mais si je me retrouve seule, je dois avoir un salaire correct et ce boulot de comptable dans l'état voisin est vraiment bien payé.
- Et Paul ?
- Paul, il restera agent de maîtrise dans notre ville. Il se plaît dans ce travail...Enfin, c'est ce qu'il dit. Il a toujours cloisonné travail et vie conjugale, tu sais...Je ne connais aucun de ses collègues...C'est incroyable, d'ailleurs, quand j'y pense...au bout de huit ans de vie commune !
- Et moi ???
- Mais, toi, je continue à te voir comme avant , voyons...Je n'ai pas l'intention de rompre les liens avec les amis. Tu es mon "ancre" dans cette vie, Pauline. Depuis quand se connaît-on ? Depuis vingt ans, non ? J'ai toujours tout partagé avec toi...les joies, les projets, les tracas...Comment peux-tu penser que je vais t'abandonner ?
- Je ne sais pas...Les gens sont si imprévisibles, en ce moment. On croit les connaître, et puis, d'un jour à l'autre...tout change. Tu as choisi ton plat ? Qu'est-ce que tu prends finalement ?
- Un chop suey ...comme d'habitude...:-)
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La Licorne
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Défi "Les plumes" :
Les mots à insérer étaient ACCOMPAGNER, DIVORCER, CLOISONNER, MAÎTRISE, MILIEU,
ENFANT, OUBLI, RIVIERE, CANALISATION, BARRIERE, DISTANCE, LIENS, ROMPRE, SOURIRE,
PARTAGER, ORNITHORYNQUE, FRONTIERE, FILER, FEMME...
Il s’agissait donc d’écrire un texte incluant ces 19 mots et on pouvait en laisser un de côté.
J'ai laissé de côté le mot "oubli"...(parce qu'il était du genre à se laisser "oublier"... ;-)
Agenda ironique d'avril :
Sur le thème de la "conversation", il fallait s'inspirer d'un des tableaux proposés et placer la phrase : "Cause toujours, tu m"intéresses", un ou deux jeux de mots...et une citation.
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Le premier texte écrit pour l'Agenda ironique d'avril (à partir d'un autre tableau) se trouve ICI...
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beau travail! ça tient la route :-)
RépondreSupprimerJ'ai essayé d'insérer les mots pour que ça "coule"...
Supprimer(pas toujours facile)
Parfaitement assorti au tableau !
RépondreSupprimerMerci... je n'ai pas cherché à écrire un texte extraordinaire...mais un texte assez "ordinaire"...parce que le tableau m'inspirait, justement, quelque chose d'assez "ordinaire"...:-)
SupprimerSi un jour j'ai un chat, je sais comment l'appeler !
RépondreSupprimerJe sens que ces textes vont avoir, dans la vie des lecteurs, des conséquences insoupçonnées ... :-))
Supprimerune histoire d'apparence toute simple, comme la vie qui va et qui coule (sans naufrage !) ; bien jouée la double contrainte... et bravo pour Ornitho le chat :)
RépondreSupprimerça fait plaisir de te lire !
C'est comme pour les gens : on l'appelle Ornithorynque, puis Ornitho...et ça finit en Toto... !
SupprimerLe blog est reparti, et bien reparti...
alors, si ça te dit...
je serai heureuse de te lire , aussi...:-)
Belle journée...
Un beau tableau, une belle complicité entre femmes, la possibilité d'être entendue, comprise pour pouvoir mieux rebondir dans une autre vie. Chouette démonstration.
RépondreSupprimerIl semblerait , en effet, que, souvent, les amitiés féminines soient bien plus solides et durables...que les amours ! :-)
SupprimerMaintenant, faudrait avoir l'avis de Paul, discutant avec son meilleur pote...
Supprimeret çuilà (d'avis) d'Ornithorynque...
:-)
SupprimerC'est bien que quelqu'un vienne, dans cette discussion, défendre la cause ...masculine !
Yapluka...écrire le texte de leur point de vue...à eux !
Un beau dialogue, j'ai aussi choisi un dialogue, et tu as tout placé, un chat qui s'appelle Ornithorynque il fallait le faire ! Bon weekend !
RépondreSupprimerOh, tu sais, j'ai déjà entendu pire...comme nom de chat...
SupprimerLes gens ont beaucoup d'imagination... :-)
Bon week-end aussi !
Bonne idée le prénom du chat pour placer le mot ! Bien joué ! 😉
RépondreSupprimerBon week-end.
Lydia (blog : https://promenadesculturelles2.wordpress.com)
Je suis allée sur ton blog, Lydia...
Supprimeret tes lectures m'intéressent...:-)
Mais je n'ai pas trouvé de texte...
Tu avais participé au défi ...ou pas ?
Bon jour,
RépondreSupprimerJe ne connaissais pas ce : chop suey.
(Je suis allé sur le web pour m'informer) :)
Max-Louis
Normal : ce n'est pas très français...
Supprimer(je l'ai utilisé à cause du titre du tableau...
mais, moi, en vrai...je n'en mange pas... :-)
Gloups !
RépondreSupprimerje viens de réaliser que, dans mon élan d'écriture, et mon application à suivre deux ateliers en même temps, j'ai oublié une partie de la consigne de l'Agenda : placer quelques "jeux de mots"...
Je vais voir si je peux "rattraper le coup"...
Voilà, j'en ai glissé un...
SupprimerChat devrait le faire...:-)
Oh mince ! La citation de Flaubert colle très bien à ton texte !
RépondreSupprimerC'est paisible et dramatique en même temps.
J'ai toujours été impressionnée par les personnes qui mixent les contraintes des ateliers !
Je vais courir voir celles de l'Agenda !
La citation de Flaubert est assez "décapante" (plus que mon texte), mais c'est vrai que je suis toujours impressionnée de la façon qu'ont les gens de traiter les sujets graves, un peu "par-dessous la jambe"...comme si ça ne valait pas la peine qu'on s'y arrête plus que ça...
SupprimerUne sorte d'"inconscience tranquille" très répandue...une façon de se laisser "entraîner" par les circonstances sans se poser de questions...une sorte de paresse, en fait...
Va voir les consignes de l'Agenda...
Tu vas voir, c'est orienté "ART" ce mois-ci...
Une tranche de vie originale bien plaisante à lire.
RépondreSupprimerC'est une sorte de "séparation à l'amiable", un couple qui se sépare tranquillement, "sans faire trop de vagues"...
SupprimerEst-ce que c'est original ?
Peut-être...
la norme étant plutôt de se déchirer...
J'aime bien. J'aime bien ta citation de Flaubert aussi.
RépondreSupprimerJe l'ai trouvée un peu "in extremis" (je l'avais oubliée, comme le jeu des mots), mais j'en suis assez contente...
SupprimerElle me parle bien !
Un dialogue réaliste...et ce chat Ornithorynque. Merci
RépondreSupprimerC'est le mois du réalisme...
RépondreSupprimer(j'ai déjà traité "Courbet")
:-)
Tout y est ! merci La Licorne ! une conversation qui semble banale mais qui ne l'est pas !
RépondreSupprimerL'idée de base était une conversation dans laquelle on parle de quitter son conjoint sur le même ton que quand on parle de changer de ...voiture ou d'appartement...
SupprimerSans beaucoup d'émotions ni des sentiments...