Proximité et distance
Lorsque je regarde cette photo, ce sont les deux mots qui me viennent. Proximité et distance.
Proximité
du corps de ce bébé et de la tête de cette personne âgée que l'on
identifie aisément comme une grand-mère et sa petite-fille (laissez-moi
le choix de penser que c'est une fille).
Distance temporelle parce
qu'elles appartiennent à deux époques distinctes, différentes, et ne
font que se croiser provisoirement. L'une vient d'arriver, l'autre s'en
ira bientôt. Il y a forcément quelque chose qui les unit, quelque chose
qui les sépare. Une femme qui a traversé une longue histoire dont on ne
sait rien, si ce n'est que la grand-mère a traversé bien des épreuves
personnelles et collectives. N'est-ce pas notre lot à tous ? Si ce n'est
qu'on devine qu'elle a bonifié en personnalité. Ça se voit sur le
visage et ça se devine dans l'attitude avec le bébé.
Et puis il y
a ces deux regards qui ne se croisent pas. C'est peut-être là tout
l'intérêt et la force de la photo qui incite à la méditation plus
profonde que joyeuse, plus forte qu'instantanée. Qui éternise quelque
chose.
Grand-mère regarde vers le bas, comme si elle revoyait toute
une vie qui fut la sienne et qui allait se poursuivre bientôt sans elle,
mais aussi se prolonger d'une autre manière. La suite des générations
comme on dit.
Bébé à peine fillette qui regarde au loin, devant, vers
la vie. Elle se contente d'être « en vie » pas encore vraiment dedans.
Mais bébé ressent. Tout. Absorbe tout. Fait et fera son miel de tout. On
sait plus ou moins désormais que dans sa tête c'est l'effervescence
permanente et qu'on s'est mis au boulot pour très longtemps, sans un
seul temps d'arrêt. Ça promet d'être passionnant. Enfin on l'espère.
Cette mamie, à la fois sympathique et émouvante va-t-elle entrer dans « la danse des grands-mères » ?
Quoi
qu'il en soit, ce livre de Clarissa Pinkola Estes, comporterait
cette citation : « Quand quelqu’un vit vraiment, les autres en font
autant. ». Alors on souhaite qu'une danse d'accomplissement apporte de
la joie et du bonheur de vivre jusqu'au dernier souffle, autant pour
toi, petite fille, que pour vous Mamie, si attentive à tout ce qui est
le plus précieux.
J'aime la façon dont tu "lis" cette photo, Alain.
RépondreSupprimerLa direction des regards dit beaucoup...en effet.
Du passé, de l'avenir, de ce mystère du passage des générations
et de ce qui se transmet de l'une à l'autre.
En vieillissant, on comprend mieux l'importance des aïeux, de ce qu'ils ont vécu et le poids de leur existence sur nos vies.
Et on mesure aussi la magie de toute vie qui arrive, pleine de promesses et d'espoir.
Je ne suis pas encore grand-mère, mais plusieurs personnes proches vivent en ce moment cette joie. Et c'est, je pense, l'une des plus belles de l'existence.