Pour l'Agenda ironique de décembre
proposé par Narines des crayons
A Gaspard Appluit
9, Avenue de la petite averse
75014 Paris
27 décembre 2017
Cher Gaspard,
L'année se termine et il me semble important, avant d'en entamer une nouvelle, de vous faire part de quelques petites choses que j'ai sur le coeur...
Notre vie commune a commencé il y a juste six mois, vous souvenez-vous ? Je vous ai rencontré aux galeries Lapaillette, un jour de soldes. Vous avez aimé mon apparence, ma robe de couleur vive et je ne sais pas pourquoi, mais j'ai tout de suite eu le "ticket" avec vous...je vous ai tapé dans l'œil, comme on dit...En un clin d'œil, vous avez perçu toutes mes qualités et tout ce que nous pourrions faire ensemble. Quelques minutes plus tard, je sortais des galeries à votre bras.
Les premières journées furent magiques...Je me plaisais en votre compagnie et j'étais sur un nuage.
Certains pourraient penser que notre rencontre s'était faite sous le signe de la précipitation, mais c'était justement ce qui m'avait plu. Sous la douce pluie d'été, vous me serriez très fort et vous étiez fier de me montrer à toutes vos connaissances. Nous parcourions les rues de Paris sans relâche, toujours unis ...vous me traitiez comme la prunelle de vos yeux.
A vos côtés, je m'ouvrais comme une fleur et tout à la joie de notre union, je faisais tout mon possible pour vous être agréable, et même, disons-le, pour vous offrir ma tendre protection. J'aimais le contact de votre épaule accueillante. Je me sentais plus épanouie.
Et puis, doucement, les mois passèrent... Petit à petit, l'habitude nous joua des tours. Votre attention s'étiola...je remarquai avec un brin de tristesse que vous me serriez moins fort, que vous me sortiez un peu moins... Nos relations devinrent routinières. Je restais souvent à la maison, où je ne savais que faire. Peu à peu, je me flétrissais, je perdais mes couleurs...
Au début de l'hiver, il y eut entre nous quelques orages, quelques bourrasques... qui me laissèrent toute retournée.
Un jour, vous m'avez regardé d'un drôle d'air...comme si je ne vous plaisais plus. Je vous ai entendu prononcer des mots qui m'ont fait du mal... Vous avez dit "fripée" ...et puis, une autre fois, j'ai cru, même si je n'en suis pas certaine, vous entendre prononcer les mots "vieille baleine"... C'en était trop. Je me suis refermée définitivement.
Vous insistiez, bien sûr, pour que je m'ouvre à nouveau. Mais je ne le voulais plus. La caresse de votre main ne me faisait plus aucun effet. J'étais fâchée, dégouttée...et je le suis encore.
Comme le disait souvent mon arrière-grand-père, appuyé sur sa canne :
"Nom d'une pipe en bois, il ne faut plus prendre les parapluies pour des sirènes !".
Qu'une si belle histoire puisse ainsi tomber à l'eau est certes bien dommage. Mais il faut être réaliste, il ne sert à rien de s'y accrocher goutte que goutte. Aujourd'hui, je ne souhaite qu'une chose : changer de vie, partir sous d'autres cieux...
Alors...s'il vous plaît...je vous en conjure :
Oubliez-moi...!
(dans un endroit fréquenté, de préférence).
Alizée Pépin
- La Licorne -
La consigne était la suivante :
Laissez-vous aller, amusez-nous, amusez-vous et tentez de plonger dans le monde qui vous est proposé avec cette image. Inspiré par un chapeau melon et des bottes de cuir ? Votre texte, en prose, en vers, fable ou nouvelle devra comporter cette phrase : « Nom d’une pipe en boite, il ne faut plus prendre les parapluies pour des sirènes! ».
Votre texte sera de-ci, de-là, parsemé de quelques mots complètement inventés, de déclinaisons alambiquées ou de situations invraisemblables. Et, cerise sur la maréchaussée, c’est que nous aimerions beaucoup, mais alors beaucoup, en plus de tout ça, qu’il soit présenté sous forme de lettre.
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Magnifique ! les périls du temps qui passe et gâtent les plus belles amour.e.s... il a raison, ce pauvre parapluie de prendre ombrelle, heu, ombrage des dédains de cet imbécile (sans doute encapuchonné).
RépondreSupprimerComment s'appelle la femelle du parapluie...? Pas trouvé !
SupprimerL'ombrelle me semblait trop fragile...
Et oui, malheureusement, imbécile ou pas, les amours craignent le temps qui passe, Maxime le disait déjà :
https://www.youtube.com/watch?v=EgxVCCxeQ_A
Je ne trouve pas le bouton pour le faire, alors je le dis: "j'aime, j'aime, j'aime!" La lettre du parapluie délaissé, bien sûr, à celui qui portait... un chapeau melon, non? Bravo la Licorne! (Ceci me rappelle une lettre d'amour écrite à une vieille couverture ;)https://lesnarinesdescrayons.wordpress.com/2017/03/02/lettre-a-ma-vieille-couverture/)
RépondreSupprimerMerci à toi...
SupprimerC'est vrai que j'aurais pu lui faire "porter le chapeau", au monsieur... :-)
Je vais aller lire ta lettre...
Le mien a un peu la même allure, un vieux pébroc mit à l'épreuve du vent, mais je l'aime bien.
RépondreSupprimerFameuse, cette lettre ;-)
Nom d'une pipe, et j'ai failli passer à côté ! Mince alors pourquoi mon système à la noix refuse-t-il les messages de ma licorne de prédilection ? C'est une honte et je répare cet oubli. C'est en allant voir dans ma liste de commentaires que j'ai vu ton lien. Allez comprendre les trajectoires obscures de ces ordinateurs. Bravo pour cette lettre magnifaïque et dès que je vois Pépin, je m'en empare.
RépondreSupprimerAnne, je viens juste de lire ton article de "départ" et comme je ne peux pas laisser de message sur ton blog, je te dis ici toute mon amitié et toute ma compassion...
SupprimerCompassion non feinte, car, malheureusement, je sais (un peu trop à mon goût) ce que sont les soucis liés à la santé de ceux qui nous sont chers...
Je t'envoie mes meilleures pensées et merci à toi pour tous les rayons de soleil et tous les sourires que tu nous as partagés jour après jour...
Bises très chaleureuses et très amicales.
Jolie personnification :)
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