mercredi 12 février 2025

JEU 103 et Atelier d'écriture créative : "Zut ! On a encore oublié Madame Einstein" - LL

 

Pour le JEU 103 

et l'Atelier d'écriture créative

 



Zut ! On a encore oublié Madame Einstein...


     Née le 15 janvier 1900,  Hélène Delacour est considérée comme l'une des plus grandes scientifiques du vingtième siècle. Hélène était une femme brillante, d'une intelligence supérieure, qui révolutionna le domaine des mathématiques et qui inspira durablement des générations entières de jeunes scientifiques. Ses théorèmes sur les nombres premiers et sur les séries de fonctions sont passés à la postérité."

Vous ne connaissez pas Hélène Delacour ? Normal. Je viens de l'inventer. :-))

Je l'ai inventée juste pour vous faire "toucher du doigt", que, sans doute, vous n'avez jamais lu un paragraphe qui ressemble à celui ci-dessus. Ou presque jamais.

Je vous mets d'ailleurs au défi de citer, de mémoire, dix femmes scientifiques célèbres... 

Allez-y. Essayez ! Oui, oui, Marie Curie, OK...Et peut-être encore une ou deux...si vous êtes vraiment versé dans ce domaine. Mais après ? Je suis sûre et certaine que vous "calez".

Et ce n'est pas parce vous êtes ignare, non. Ce n'est pas non plus parce que les femmes n'ont jamais rien découvert en science. Non, non ...elles ont oeuvré et cela, depuis la plus haute antiquité : pensez par exemple à "Hypathie" ou à "Marie la juive". Dans la période actuelle, on pourrait citer "Maryam Mirzakhani" (médaille Fields de mathématiques).

Donc, oui, elles existent ! Et si vous ne les connaissez pas, ce n'est pas à cause de votre inculture, c'est pour une tout autre raison : à une ou deux exceptions près, elles n'apparaissent pas dans les livres d'Histoire. Fffft ! Disparues. Effacées. Oubliées. 

L'Histoire les a gommées. Proprement. Définitivement. 

Vous pensez que j'exagère ? Eh bien, allez ici...et notez celles dont vous connaissez le nom. 

C'est fait ? Relisez-vous...

Il y a de très grandes chances que, dans votre courte liste, la grande majorité des noms appartiennent à des femmes qui ont une spécialité dans les sciences "humaines" (psychologie, sociologie, philosophie, médecine...) et qu'il n'y en ait qu'une minorité infime dans les sciences "dures"...

Et il y a de très grandes probabilités, aussi, que certaines soient connues pour "autre chose". Exemple : Hedy Lamarr, qui est bien plus connue pour ses talents d'actrice. 

Et que d'autres soient essentiellement connues pour leur lien avec un homme célèbre. Par exemple : Emilie du Chatelet (amie de Voltaire) ou Madame Lavoisier.

C'est une réalité que chacun peut vérifier : dans les domaines scientifiques, les hommes  prennent toute la place et les femmes sont "invisibilisées". Quand elles font quelque chose de remarquable, leur contribution est presque systématiquement "récupérée" par la gent masculine...et leur nom n'apparaît - dans le meilleur des cas -  que dans les notes de bas de page.

On appelle ce phénomène : l' "effet Matilda"

Et il n'y a pas besoin d'aller chercher des noms inconnus pour le constater. Prenez ce cher Albert Einstein...

Eh bien, qui se souvient que sa première épouse, Mileva, était une scientifique extrêmement brillante...au point de rivaliser avec son époux ? Personne...ou presque. Deux enfants et un divorce plus tard...elle est tombée dans les "oubliettes" de l'histoire de la science.

Or, on a retrouvé des lettres et des documents qui prouvent que les deux amoureux ont travaillé ensemble sur la Théorie de la Relativité et que sa contribution dans cette tâche fut essentielle. La Relativité, voyez-vous, ce ne fut pas du tout une découverte solitaire mais une découverte "à deux". Cependant, le nom de Mileva Maric n'apparaîtra pas dans les versions finales de la théorie einsteinienne. Seul Albert les signera.

Autre exemple : Madame Wu. Chinoise. Physicienne nucléaire. En 1956, Elle a  démontré expérimentalement et brillamment une notion importante et révolutionnaire : la "non conservation de la parité". Théorie qui avait été proposée sur des bases théoriques quelques mois auparavant par Monsieur Lee et Monsieur Yang. Eh bien, devinez quoi ? Ces derniers recevront le prix Nobel de physique mais pas elle !

Je m'arrête là, mais on pourrait multiplier les exemples semblables...Rosalind Franklin, Lise Meitner, Katherine Johnson, Ada Lovelace, Vera Rubin : toutes remarquables, toutes inconnues du grand public.

La même injustice sévit dans tous les secteurs de la science. Et la grande Marie Curie n'y a échappé que grâce à son mari. 

Alors, quand je lis les beaux discours actuels sur la "regrettable" absence de femmes dans les domaines scientifiques, cela me fait rire (un peu jaune, il est vrai). 

Le jour où on leur accordera un peu de reconnaissance, le jour où elles seront citées dans les livres d'Histoire et qu'elles le seront autrement que comme "vagues collaboratrices" d'un illustre génie masculin, je suis sûre que leur présence active fleurira un peu partout.

Mais, pour l'instant, et malgré toutes les grandes déclarations en ce sens...les "Madame Delacour" vivent dans l'ombre et se prénomment toutes...Matilda.

 

La Licorne

 .

 

Citation du Journal, le 1er mai 1906, 

jour où Marie Curie donna son premier cours 

à La Sorbonne :

« C'est […] une grande victoire féministe que nous célébrons en ce jour. 

 Car, si la femme est admise à donner l'enseignement supérieur aux étudiants des deux sexes, 

où sera désormais la prétendue supériorité de l'homme mâle ? 

En vérité, je vous le dis : le temps est proche 

où les femmes deviendront des êtres humains. »

:-)

 

 


Texte écrit pour le Jeu 103

 

et pour la proposition d'écriture 290

dont voici la consigne :

 

Proposition 290 – Portrait d’une femme forte

Née le 28 janvier 1873, Sidonie-Gabrielle Colette, est considérée comme l'une des plus grandes romancières françaises. D’elle, on dira : « Colette était une femme libre, indépendante, scandaleuse, qui n'acceptait pas les règles de la société ni ne fuyait ses contradictions ». 
En un seul paragraphe, on a compris sa personnalité. Le reste, c’est du développement.

Je voudrais que vous fassiez la même chose :

-    Un premier paragraphe percutant qui permet au lecteur de se faire une idée du personnage féminin que vous allez nous faire découvrir.
-    Ensuite, vous nous direz qui elle est, en quoi elle brille ou a brillé (ce qui fait que l’on se souvient d’elle et en quoi elle a marqué son époque).
-    Le personnage doit être totalement fictif dans le présent, le passé ou pourquoi pas, le futur.

Longueur de texte libre. Prose ou poésie.

 

Le combat des gens "intelligents" :

 

 

8 commentaires:

  1. Merci pour l'effet Matilda (Waltzing Matilda ?) dont j'ignorais le nom. Tout est très bien résumé ici et rappelle le proverbe africain : "Tant que les lions n'auront pas leurs propres historiens, les histoires de chasse ne peuvent que chanter la gloire du chasseur."

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  2. Merci La Licorne de faire revivre ces Matilda. Se souvenir de 10 femmes scientifiques célèbres ... pas facile. Dans beaucoup de domaines d’ailleurs, comme les chefs étoilées. Par exemple. La reconnaissance se heurte. C’est ainsi, espérons que les générations futures changeront celà.
    Bon, je te quitte et vais mettre mes pieds sous ma table. Oui ma femme est un peu en retard ce jour. Et me dit qu’elle n’a pas quatre mains. Curieux.

    Ada a donné son nom à un langage informatique en programmation orientée objet. Avec Camille Claudel, je suis bien loin des 10, dans l’art de parler d’autre chose et de botter en touche.

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    1. Oui...le phénomène existe ailleurs que dans les domaines scientifiques.
      En cuisine et en haute-couture, par exemple, c'est flagrant : les "petites mains" sont des femmes, les grands chefs sont presque toujours des hommes !
      Et pourtant, on en peut pas dire que les femmes soient "nulles" dans ces domaines !

      Camille Claudel bien que non scientifique, est un exemple parfait de cette "confiscation" de notoriété et des dégâts qu'elle cause dans le psychisme féminin.
      Son histoire me touche beaucoup.

      Attention : qu'on se comprenne bien...je ne défends pas du tout l'égalité "hommes-femmes" (façon wokisme). Je pense que les hommes et les femmes sont et seront toujours "différents". Y compris dans la façon d'aborder certains domaines de la connaissance.

      Mais je défends l'égalité des "droits" ...et le droit (qui devrait être "naturel) à la "reconnaissance" des talents des femmes.
      Je crois que le problème est énorme (et rarement évoqué sous cet angle).
      La vérité est que, malgré 50 ou 60 ans de présence féminine dans tous les secteurs de la vie professionnelle et sociale, le "génie féminin" est encore réprimé...et considéré comme gênant par la gent masculine.
      C'est d'ailleurs souvent plus inconscient que conscient.

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    2. A l'heure où nous débattons de tout cela, j'apprends que deux JEUNES FILLES ont trouvé une nouvelle façon de démontrer le théorème de Pythagore !!!
      Hum, le vent tourne... :-)

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    3. Oui, j’avais entendu parler de cette avancée sur le théorême fameux par des calculs non conventionnels. À l’heure des jeunes filles.

      Pour Camille j’avais cette sculpture, comme inspiration un jour,

      https://idata.over-blog.com/4/08/21/02/voix.gif
      Camille Claudel

      Il est des choses étranges. Il me semblait jadis. J’étais persuadé même que cette sculpture, Voix Intérieure, était de Camille Claudel. J’ai écrit un poèle dessus. Mais Google me donne now pour cette image Rodin. Le poisson est encore noyé. Bon, c’était pas hiers non plus, en culotte courte, je jouais encore avec le grand père du comte de Saint Germain. C’est dire.

      Voix Intérieure

      Dans tes yeux fenêtre encore béants,
      Un jour,
      La noirceur de la flamme éteinte,
      Le repos de ton Âme.

      Dans tes mains serrées,
      Dans tes bras croisés,
      Elle se couchera.
      Les souliers de plomb déchaussés,
      Le linceul assourdi, apaisée.

      Dans tes jambes tendues,
      Dans tes pieds nus soudés au récif,
      Par tes blessures, Elle verra.
      Les deux étincelles d'argent :
      Le dernier battement d'aile,
      Et l'ultime frisson.

      Mais de ton corps pétrifié,
      Aujourd'hui,
      Statufié, stratifié,
      Dans l'attente,
      Dans mille rêves fissurés,
      Ton Âme s'envole encore,
      Toujours,

      Le nectar du monde autour,
      Encré en gouttelettes d'or,
      À tes cils accrochées.

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    4. C'est très beau !

      Très beau aussi, le livre d'Anne Delbée sur Camille Claudel : "Une femme".
      Il faut absolument le lire.

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  3. Merci La Licorne pour ce partage sympathique. Je le lirai.


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