Pour le 174ème "Devoir du lundi"
J'avais six ans et demi, je crois.
Cet âge lointain où la raison n'avait pas encore établi son domicile en moi.
Je vivais en appartement et en apesanteur.
Entendez par là que j'avais une certaine tendance à la distraction
et que je n'avais pas toujours les pieds sur terre.
Je vais vous raconter une soirée qui est restée gravée en moi.
Vous allez comprendre pourquoi.
A cette époque-là, nous n'avions pas, mes soeurs et moi, de "salle de jeux"
(le concept, à vrai dire, n'existait même pas), mais nous avions une grande entrée,
un large et long couloir qui en tenait lieu.
Mes parents pouvaient vaquer, en toute tranquillité, dans la cuisine ou les autres pièces...
Nous, nous étalions nos jouets, nos rires et nos disputes dans cet endroit parfait,
puisque à la fois suffisamment "ouvert" pour qu'on ait l'oeil sur nous,
et assez délimité pour nous donner l'impression d'avoir un territoire "à nous".
Ce soir-là, donc, l'ambiance était joyeuse. Très joyeuse, même.
La télé (tout juste acquise) était en train de diffuser un "tube" de Ray Ventura.
La chanson s'appelait "La mi-août", chanson dont je pensais alors,
dans ma candeur enfantine, qu'elle ne parlait que de chats...:-)
Dynamisée par la mélodie très entraînante, j'ai alors commencé à danser et à sauter dans
tous les sens...tout en tapant sur un vieux baril de lessive qui faisait office de tambour
improvisé. A la fin de la chanson, j'étais excitée comme une puce....
et c'est là que j'ai eu "l'idée du siècle".
Pour continuer à sauter (sans musique), j'ai proposé à mes deux soeurs une partie
de "course au sac" !!! Nous avons attrapé trois sacs qui traînaient par là, et ni une, ni deux,
nous avons commencé la course en direction de la porte d'entrée, distante de cinq ou six
mètres. Mes deux soeurs étaient bien trop jeunes pour ce genre d'exploit et elles ont fléchi
dès le premier mètre...mais moi, du haut de mes six ans, j'étais bien "au point" et je suis
arrivée, victorieuse et triomphante, la première à la porte.
J'avais juste négligé un tout petit détail : la porte était vitrée.
Emportée par mon élan, j'ai basculé et traversé la vitre, qui s'est décomposée en milliers de
petits morceaux...petits morceaux qui ont dégringolé la cage d'escalier, ameutant au
passage tous les voisins du dessous.
Et je me suis retrouvée sur le palier, ahurie, choquée et la main ensanglantée.
Alertée par le bruit, ma mère est apparue dans le couloir et a poussé un grand cri .
Un cri dont je me souviens encore, après toutes ces années.
Elle a hurlé : "Ma vitre !!!"
Bon, j'ai survécu.
De cette soirée mémorable, il m'est resté deux cicatrices, l'une au poignet,
l'autre dans la paume de la main gauche.
Mais surtout, j'en ai tiré trois enseignements, des enseignements que je vous partage parce
qu'ils me paraissent essentiels et toujours valables :
- Se méfier de ses impulsions, même si, sur le moment,
elles vous paraissent follement excitantes
- Choisir avec soin son objectif et s'assurer qu'il est "solide"
- En cas de problème grave, ne pas surestimer la compassion de sa famille
Voilà, voilà.
Maintenant, je vais aller lire vos aventures à vous, et je suis sûre que je vais me rendre
compte que nous sommes tous (et toutes) de vrais "Lagaffe" en puissance !
.
La Licorne
.
ma mère aurait eu la même réaction et j'aurais été bien punie en plus ;-)
RépondreSupprimerbelle anecdote!
Ben oui...c'était une énorme bêtise...
Supprimermais quand même, on vérifie d'abord que sa fille est toujours vivante, non ?
Bien que tu aies été prioritaire sur la vitre, c'est sans doute une réaction pulsionnelle de ta mam', comme la tienne d'aller de l'avant ! Je comprends que tu aies gardé des cicatrices, heureuse que cela n'ait pas été plus grave pour toi ! Nous gardons tous des cicatrices et pas forcément physiques. Bisous du lundi soir.
RépondreSupprimerTu veux dire que "telle fille, telle mère" ??? ;-)
SupprimerJ'ai bien ri, mais quand même une porte vitrée ! ça a du coûter cher pour la remplacer !
RépondreSupprimerEt voilà...tu enfonces le clou ! :-))
Supprimer(déjà que le tesson s'était bien enfoncé dans ma paume !)
On n'est jamais trahi que par les siens...
RépondreSupprimerJe me suis coupé une fois chez un copain.
Il a appelé sa mère, qui a regardé mon doigt ensanglanté et à crié "Mon tapis !!!!"
Donc... ;-)
Je compatis à sang pour sang... ;-))
SupprimerAïe mais ça aurait pu être encore plus grave ! comme tu as dû avoir mal...
RépondreSupprimerSur et certain qu'elle n'a pas dit "ma fille" et non pas "ma vitre" ?! :-)
Sûr et certain : j'ai des témoins !
SupprimerCeci dit, comme le dit l'adage :
"Il y eut plus de peur que de mal"
Dans mon malheur, j'ai eu beaucoup de chance...
(car ayant réellement "traversé" la porte,
j'aurais pu avoir des blessures beaucoup plus conséquentes)
Défenestrée ...
RépondreSupprimerLe faire et dans le sac
En milles et un jolis bouts de verre
Oui dire vite vitre pour éloigner
La peur
Et aller de l’avant
Un sacré souvenir... cicatriciel
:)
...
RépondreSupprimerPas "défenestrée"..."déportée" !!! :-))
SupprimerJ'en ai gardé une certaine capacité à "aller voir ce qu'il y a de l'autre côté"...
Le "Ma vitre !" est plaisant ! Il me rappelle un spectacle dans lequel le comédien parlait des rapports entre un père et son fils. Pour lui, la question essentielle qu'un père doit poser à son fils était : "Qu'est-ce que t'as fait de ma clé de huit ?" ! ;-)
RépondreSupprimer:-)
SupprimerJe suppose que le spectacle date un peu...
Une version moderne donnerait :
"Qu'est-ce que tu as fait de ma clé... USB ?" ;-))