BIEN-AIMÉE SANS COMPLAINTE,
PAS BOURRÉE (DE COMPLEXES)
Je ne bois pas.
Je ne bois pas systématiquement.
Je ne bois pas systématiquement pour oublier.
Je ne bois pas systématiquement pour oublier le cortège de nos soucis,
l’importance du signe astral,
les pluies d’automne,
le vent nocturne ou bien la chanson de la Lorelei.
Non, je ne me sens pas là dans la fosse comme une ourse.
Je bois à l’occasion.
Je bois à l’occasion qui fera le larron.
Je bois aux danses de Salomé.
Je bois au brasier de mon coeur.
Je bois au mai des autres femmes,
Clotilde, Annie, Marie ou Rosemonde.
Je bois à la santé de l’amour.
Je bois au fil des jours et à celui tranchant
des sept épées des frères Parque.
Je bois pour me rappeler celles et ceux
qui sont partis trop tôt vers la maison des morts.
Je bois pour soutenir le peuple des tziganes
et des gais saltimbanques
et des chantres de la poésie.
Je bois pour que moins lentement passent les heures
de l’ermite et du mal-aimé.
Je bois pour que s’éteigne le son des cors de chasse.
Je bois pour écouter tous les bruits de la ville
Descendant des hauteurs où pense la lumière
Jusqu’à la zone des hôtels borgnes.
Je bois pour rêver des cloches de Pâques,
des œufs semés dans les jardins
et des lapins qu’on ne pose pas près de la carpe.
Je bois pour me souvenir de la blanche neige des hivers d’enfance.
Je bois pour célébrer la langue en mon palais.
Je bois pour que surgissent des colchiques dans les prés,
des promenades au clair de lune,
des crépuscules flamboyants,
des sapins de Noël calme
et des nuits rhénanes paisibles
Je bois pour que l’on fête vendémiaire à la synagogue
et germinal au Parlement.
Je bois pour me promettre d’aller voir un jour à Paris
ce qui coule sous le pont Mirabeau
quoi qu’il en coûte.
Je bois pour conserver un esprit voyageur,
pour rêver de fiançailles avec la Voie lactée,
pour ouvrir toutes les portes à part celle de l’Adieu.
Je bois car je ne suis pas la vulgaire dame d’un soir.
Je bois parce qu’être la Lou des lettres
C’est comme le sucre sur l’absinthe :
Saccharose, ça s’arrose !
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Bel hymne à l'ivresse...de la vie et de ses beautés.
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup ton énumération...
C'est vraiment beau.
Un poème que Guillaume n'aurait certainement pas renié.