lundi 4 mai 2020

JEU 57 : Trois mai 2020


En quarante vers...





Quand aura disparu ce qui les aliène
Un instinct grégaire les repoussera dans l'arène
Alors ils reprendront les voitures qui les enchaînent
Refusant de prendre le risque des  rames métropolitaines
Avec eux vont revenir les bouchons... de haine
N'oublions pas la pollution qu'ils amènent
Transports individuels les favorisent, phénomène
Antagoniste de leur discours sur le nucléaire et les allergènes
Il prône l'être ensemble mais ne ramasse pas celle qui gêne
Ne  voyant ou ne voyant pas voir leur riveraine
En souffrance sur le trottoir, parce qu'elle se démène

C'est en lisant Roland Barthes[1] qu'elle tente de comprendre
Instant par instant, les tourments qui la traversent
Nommant son mari défunt, Joan Didion[2] parle du sien
Quel travail le deuil: le même mot que pour l'accouchement
Un travail rendu plus pénible par les autres
Avec lui et sans lui, l'inverse de "La femme d'à côté[3]"
Nous avancions et j'avance toujours à perdre haleine
Tentant de garder l'équilibre malgré les malaises
Anonnant des prières, Nerval et La Fontaine
Inspirant, expirant, elle oublie le spleen
Narré par Baudelaire mais la noirceur des polars
Et les catalogues d'art écartèlent son âme en peine

Que m'importe la quarantaine
Un deuil m'a déjà confiné
A moi les bus et les trams
Rituel des âmes en peine
Avec un journal, sauver la presse
Noyée dans la musique
Tenter d'oublier la peur
Avec leurs voitures individuelles
Ils se croient forts et invincibles
Narguant leurs collègues métropolitains
En oubliant déjà la quarantaine

Trois petits tours
Mai ...s ne s'en vont pas
Deux amants
Mille caresses
Vingt-cinq ans de vie commune
Et la mort et la tristesse


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