La dame de fer
Ah, la Dame de fer ! Tout est démesuré, chez elle.
Plus de 300 mètres de haut, 10000 tonnes de métal, à peu près 2 500 000 rivets...et 1710 marches !!!
LE symbole de Paris. LE symbole du "savoir-faire" français.
Construite à une époque où il fallait montrer ce dont le progrès était capable, à une époque où l'important était de prouver que l'on était capable "dompter la nature", que l'on était capable de grandes prouesses technologiques.
Ce cher Gustave l'a fait ériger en deux ans. Quand je vois le temps qu'il me faut pour faire effectuer une réparation de plomberie, pour faire changer un simple boulon, cela me laisse songeuse !
Ce qui me laisse songeuse, aussi, c'est que si Gustave n'avait pas changé de nom, elle se serait appelée la tour "Bonickhausen"... Un léger handicap de départ, disons-le, pour son "rayonnement" à l'étranger...
Grande et sèche, la Dame. Droite comme un A.
Encore plus rigide que Madame Thatcher...et ça , il faut le "fer" !
Je sais qu'on la repeint régulièrement...et pourtant, sur le tableau de John Salminen, elle paraît un peu...rouillée. Prendrait-elle de l'âge ? Se laisserait-elle aller ?
Vous l'aurez compris, vieille ou pas, elle m'impressionne. Mais voilà, je vous dois un aveu : je ne sais pas si je l'aime. Après tout, on peut admirer...sans aimer.
Pour que je l'aime, que faudrait-il ? Il faudrait, tout simplement, qu'elle soit un peu moins dure, un peu moins "hautaine"...et qu'elle ne passe pas son temps à parader, au milieu d'une foule qui lui fait la cour jour et nuit.
Moi, je la rêve "à taille humaine"...je la rêve adoucie, avec les pieds entourés de lierre, fleurie de haut en bas...Et aussi un peu plus discrète...avec des moments de calme, des moments où elle ne serait qu'à moi...où je pourrais être la seule à la contempler, en toute intimité.
Non, c'est vrai...je ne peux pas dire que je "l'aime".
Et pourtant, j'aime les endroits d'où l'on peut "embrasser" tout le paysage...Je peux rester des heures en haut d'une colline ou d'une montagne...à contempler sans fin le panorama...J'aime cela et j'aime aussi cette sensation d'avoir gravi la pente à la sueur de mon front et à la force de mes mollets.
J'aime arriver en altitude et me dire que ce plaisir de dominer le paysage, je l'ai bien mérité ! Mais quand l'escalade s'est faite par ascenseur, excusez-moi, ça n'a pas du tout la même saveur.
Cela me rappelle ma visite, à la fin des années 90, du World Trade Center, à New York. Je me souviens encore de l'impression étrange que j'avais éprouvée, dans l'ascenseur supersonique, à voir défiler à toute vitesse les chiffres lumineux indiquant les étages...Là, pendant quelques secondes, j'ai compris ce qu'avaient dû ressentir les premiers astronautes quand leur fusée décollait...un curieux mélange de crainte et d'incrédulité.
Et puis, une fois en haut, il y avait eu ce vertige absolu devant une hauteur un peu trop inhumaine pour être vraiment appréhendée.
Alors, me direz-vous, si tu ne supportes pas les ascenseurs, tu n'as qu'à prendre l'escalier. Certes, certes...Mais comment dire ? Je ne me vois pas sortir ma gourde toutes les 50 marches, ni refaire les lacets de mes chaussures...juste pour masquer le fait qu'à mon âge, je m'essouffle un peu trop vite. Aucune excuse pour souffler, donc. Même pas celle de cueillir quelques fleurs ou de m'arrêter pour suivre un vol d'oiseau à la jumelle...Cela n'a pas la même saveur, je vous dis.
Mais je l'admire, la Dame. Je l'admire et parfois même, je la trouve belle.
Belle dans son habit de lumière. Belle, quand, la nuit, la tour "FL" brunâtre devient Fée Lumineuse. Comme le jour du réveillon de l'an 2000, où je me souviens de l'avoir vue briller de tous ses feux...dans une débauche pyrotechnique, qui m'avait laissé des étincelles dans les yeux.
Belle...oui, si belle parfois que Garou aurait pu, s'il n'y avait pas eu anachronisme, dire d'elle que "c'est un mot inventé pour elle"...
Hum...Notre-Dame de Paris, le World Trade Center...pourquoi diable est-ce que je ne pense, en regardant ce tableau, qu'à des monuments "écroulés"...? Peut-être parce que la "démesure" n'a qu'un temps... et qu'au fond de nous, on sait que tout ce qui est un peu "démesuré" finit un jour par s'effondrer ?
La Tour de Pise...la Tour de Babel...et même la Tour du Tarot...la simple évocation d'une "tour" amène à cette peur inconsciente : la possibilité d'une chute.
Oh, pas tout de suite...bien sûr. Elle m'a l'air encore vaillante, solide...bien campée sur ses pieds...et surtout bien entretenue.
Mais quand même, ça ne vous passe pas par la tête, à vous, en passant dans une rue adjacente...qu'à 130 ans passés, elle pourrait faire un petit "malaise vagal" ? ;-)
La Licorne
oui les tours, absolument toutes, entrent dans cette vaine compétition de celui qui a la plus grande et la plus haute et la plus... ce n'est pas qu'à San Giminano ;-)
RépondreSupprimerAh, merci, Adrienne...
SupprimerJ'ai cherché dans ma mémoire des "tours" pour lesquelles je pourrais avoir un peu d'affection...
Et tu as trouvé pour moi : celles de San Gimignano, en pierre et de taille plus "raisonnable" (50 m), je les aime bien ! :-)
Ça a commencé avec celle de Babel, 1ère catastrophe industrielle répertoriée... ;-)
RépondreSupprimerQuant à la Tour Eiffel, je ne sais pas pourquoi on l'appelle "la Dame de Fer", elle est bien moins dure que Margaret Thatcher...
Mais tu as fait un chouette devoir.
Comme toi je ne peux dire si je l'aime ou non, pour moi elle a toujours été là, comme Notre Dame ou le Grand Palais.
Oui, Babel est le début de l'histoire...de la démesure...qui consiste à vouloir "toucher le ciel"...
SupprimerNe le dis pas aux américains, mais New-York n'est qu'une pâle copie de Babylone...
Quant à la "dureté", eh bien, tout ce qui est en métal, je le trouve "dur"...c'est comme ça...
Je ne sais pas si je l'aime, elle fait partie du paysage parisien, ça me suffit.
RépondreSupprimerPeut-être que dans cinquante ans qu'on dira la même chose de monuments plus récents et plus contestés (comme la pyramide du Louvre).
SupprimerIl semble bien qu'on s'habitue à tout...et qu'on finisse par aimer ce que l'on nous impose...
Je l'aime bien cette tour, élégante, aérienne, féminine à souhait.
RépondreSupprimerEt puis Charles Trenet nous a tellement bien expliqué ce dont elle est capable, y compris de sauter la Seine à pieds joints, au risque d'en tomber malade !
Trenet, c'est adorable mais un peu daté...:-)
SupprimerSi tu aimes pousser la chansonnette sur le thème de la Tour Eiffel, alors, tu peux écouter quelque chose de beaucoup plus récent ICI
Mais je suis un vieux qui adore traîner chez Trenet !
SupprimerAlors, écoute ce que tu veux...
SupprimerC'est pas grave, tant qu'"y'a d'la joie!"...:-)
Je vais oser un truc, je vais me faire lapider : moi la Tour Eiffel, je la peindrais bien en couleurs, en mêlant couleurs vives et tons pastel.
RépondreSupprimerBen ,pourquoi pas ?
SupprimerJ'aime l'idée...d'une tour arc-en-ciel... :-)
Si tu cliques, dans le texte, sur le mot "repeint", tu verras qu'elle est déjà passée par des couleurs assez vives...et qu'au début, elle était d'un beau "rouge" !
Comme je l'ai dit "ailleurs", je ne me suis jamais posé la question de savoir si je l'aimais ou non, elle est là et on associe Paris à cette tour.
RépondreSupprimerC'est vrai que lorsqu'elle a été construite, elle a du choquer; ce n'est pas pareil lorsqu'elle a toujours fait partie du paysage.
Et puis quand on n'habite pas Paris, ce n'est pas pareil ;)
C'est en effet la norme : ce qui, dans un premier temps, "choque" est ensuite intégré ...et devient "classique"...
SupprimerPrends la culture "rock", par exemple...c'est exactement ce qui est arrivé !
J'imagine le tollé si on peignait la tour aux couleurs d'arc en ciel et pourtant...
RépondreSupprimerEt pourtant...et pourtant...
RépondreSupprimerça a déjà été fait !
Et aussi en chanson !
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