Ah bon ? C'est beau une ville la nuit ?
Il n'est pas toujours facile de décider ce que l'on va faire la nuit.
La première chose consiste à choisir et ce n'est pas commode, d'autant que je ne sais jamais ce qui peut être le mieux et que généralement j'ai tendance à vivre le cul entre deux chaises en bois dont les assises sont en cordes de très mauvaise qualité. Ce soir je ne choisis pas la télévision, ni de sortir en boîte, ni aller me saouler dans le bar où j'ai mes habitudes et ma bouteille entière de whisky,
Non, j'irai marcher sur le coup d'une heure du matin, dans une rue déserte. À cette heure là il fait très froid et la météo annonce de la neige. Ce sera parfait. Je cherche ce qui est inconfortable. L'air glacé anesthésiera peut-être mes vieilles douleurs et mon lumbago. Les mains dans les poches et le feutre sur la tête, j'aurais l'air aussi normal que je ne le suis pas.
Richard me disait il n'y a pas longtemps que c'est beau une ville la nuit. Richard je me demande vraiment ce que tu fais la nuit pour prétendre à la beauté. La nuit tous les chats sont gris et les chattes cherchent l'aventure. La nuit une grande partie de la ville s'ennuie en dormant. Quant à l'autre, c'est le tintamarre, les bagarres de rue, les règlements de compte entre mafias de la drogue. Fort heureusement, désormais, les flics ont la gâchette facile et font cartons pleins depuis que la nouvelle présidente de la république d'extrême-gauche à institué la présomption de légitime défense pour les détenteurs de la force publique. En toutes circonstances ils peuvent tirer à vue sur qui ils veulent, quand ils veulent. C'est ensuite aux morts de prouver qu'ils avaient tort de flinguer, puisqu'ils avaient la blanche innocence comme la neige qui tombe. Une jurisprudence récente vient de préciser que le seul flic condamné pour bavure devra s'affairer à ressusciter les trois morts qu'il a trucidés sur la voie publique.
Finalement je crois que je vais rester chez moi à lire un polar bien gras avec beaucoup de morts, si possible une bonne rasade de tortures, et de la fesse joyeuse en bande organisée.
Allez ! Bonne nuit Messieurs-dames !
Les grandes villes, je ne sais pas...
RépondreSupprimerMais une petite ville de province, la nuit...oui, ça peut être très beau...
Et pas forcément insécurisant.
J'aime bien voir, de loin, briller les lumières de la mienne.
Et sentir sur les trottoirs l'air glacé qui réveille et qui revivifie.
La nuit a un certain charme...
Mais il est vrai que tout dépend du quartier...
et de l'heure. :-)
Ma position dans ce texte est un parti pris littéraire. Je fais parler un personnage bien plus au bord de la rupture que de la joie débordante !
SupprimerJ'ai cependant, comme beaucoup sans doute, des souvenirs de nuits magiques autant dans des petites villes perchées que Paris ville lumière (magnifiée par Aragon).
Mais lorsque j'ai rédigé mon texte, comme on dit : je n'étais pas d'humeur !
C'est ton personnage qui parle, Alain...je l'avais bien compris .
SupprimerMais peut-être étais-je , de mon côté, un peu déçue de voir que là où je proposais un peu d'émerveillement...("C'est beau une ville...etc)...les deux premiers textes proposés me ramenaient directement à des agressions, des attaques, de l'insécurité...etc.
Non que le sujet ne soit pas abordable...j'en ai fait moi-même tout un texte récemment (le thème à traiter était "L'insécurité permanente"), mais je crois que l'on peut aussi voir le bon côté des choses, de temps en temps...la beauté d'une ville illuminée au moment de noël, par exemple...
Et c'est plutôt ce que j'espérais en lançant ce sujet-là.
Un peu de beauté...un peu d'humour...ou les deux.
Bref, une sortie temporaire de la morosité ambiante.
Bien amicalement.