Assis en rang d’oignons devant la télé,
les cinq mini-spectateurs ont l’air de participer
à une réunion très sérieuse de la Société des Enfants Qui Ne Bougent Pas,
fière institution de notre société moderne.
L’un d’eux semble négocier mentalement
pour savoir s’il peut s’approcher de cinq centimètres de l’écran
sans que les adultes surgissent en criant :
« PAS TROP PRÈS ! »
Le vieux téléviseur, lui, fait son possible :
il essaie de ne pas tousser,
il chauffe, il grésille,
il hésite entre montrer un dessin animé
ou une tempête de neige involontaire.
La lampe à côté supervise la scène
comme une tante un peu trop jugeante :
« Et dire que j’ai survécu aux années 70 pour voir ça… »
Mais les enfants s’en fichent.
Pour eux, c’est l’événement du siècle,
un spectacle digne des plus grandes soirées.
Un épisode incroyable,
un moment solennel,
un rite sacré :
regarder la télé… en toute immobilité collective.
On dirait presque qu’ils s’attendent à recevoir
un diplôme à la fin :
“Félicitations, vous avez tenu trente minutes sans bouger.
Vous êtes officiellement des experts en télévision.”
.
.
Merci pour ce texte, Lilou !
RépondreSupprimerOui, moment sacré des années 60-70,
quand la télé venait de débarquer dans les foyers
et qu'elle était encore un objet étrange, un objet de fascination.
C'était un peu comme une soirée au théâtre ou au cinéma...
un moment d'exception.
Aujourd'hui, c'est l'inverse,
l'exception...c'est la journée sans écran !