dimanche 12 juin 2016

JEU 18 : "Le bonheur est dans le sac"

 
  

Acte I.
Ici 

- Bonjour Pierre ! Aujourd’hui nous vendons… le sac à petits bonheurs !
- C’est très bien, ça, Maryse, mais qu’est-ce que c’est exactement ?
- Déjà, c’est un objet, vous en conviendrez, un objet charmant !
- Eh oui, Maryse, évidemment, ce n’est pas un moulin à vent !
- Franchement Pierre, vous êtes trop drôle !
- Généralement, c’est effectivement ce que l’on me dit ! Alors, cet objet du jour ?
- Ha ha ! Moi on me dit que je suis blonde, mais je le vois bien que je suis blonde !…
- Il y a des gens étranges, Maryse… mais nos téléspectateurs aimeraient savoir !
- J’y viens, Pierre. Le sac à petits bonheurs est donc un sac, comme tous les sacs…
- Logique !
- Mais à l’intérieur, vous y placez délicatement tous vos petits bonheurs du jour.
- Non ? Je pensais qu’on y mettait des boulons et des clés de douze…
- Oh, Pierre ! Si vous m’interrompez tout le temps !
- Promis je vous laisse parler, Maryse !  Alors ce sac ?
- Que voulez-vous savoir, Pierre ?
- Redonnez-nous son prix, par exemple…pour nos amis téléspectateurs.
- Si vous voulez, Pierre.
- Totalement, Maryse, totalement !
- Un article que vous acquerrez pour la modique somme de…
- Vite, dites-nous, Maryse ! On n’en peut plus !
- Wouais ben, voilà, vous m’avez interrompu, j’ai plus envie de le dire ! Je m’en vais ! 
- Ah ben ça alors, Maryse !
  
 



 

 Acte II.
Là-bas
 
Ô le sac à petits bonheurs, aubaine des jours qui filent comme des trains.
Pour le remplir de la rosée du matin, et des nuages
Qui caracolent au-dessus des monts, là-bas, à l’horizon ouest…Je veux
Rougir tomate et rosir bonbon, en caressant
ta peau tiède au réveil
Saisir la note bleue du bout des doigts en écoutant un air de flûte
Trembler en regardant la pluie étoiler les landes, et le givre emprisonner dans
Une gangue glacée et translucide les fils électriques.
Voir le ciel devenir orange, ou violet sous l’orage.
Alors ouvre avec moi le petit sac à bonheurs, le sac à petites joies douces, gorgé de bière sombre
Brandis ton diamant à découper les nectars de l’instant.
Cramponne-toi aux ailes du vent des falaises, la cueillette est ébouriffante,
Désirs fous, parfums, odeurs de bruyère, couleurs éclatées rouge sang des fleurs,
Elans, soupirs, frémissements.
Flammes qui dansent devant l’âtre sur un long tapis de laine des moutons noirs,
un tapis volant qui
Gravite, comme un vaisseau des corps célestes enlacés
Hé, toi qui sens le souffle des choses,
Indicible, ineffable, dans ton petit sac à bonheurs
J’ajouterais baisers et caresses un petit coin de parapluie
La langueur des vagues océanes sur une verte plage d’Irlande
Mêlées aux sons troublants des Uilleann pipes.
N’entends-tu pas le long sanglot des cerfs qui brament
et mon coeur qui ne désemplit pas ?
Oh…le petit sac à bonheur…
 
 
Textes de Célestine
.
 
 
 
  
 

9 commentaires:

  1. Quel défi tu as relevé la Céleste en concoctant deux textes dont l'un sous forme de dialogues bien menés et le second un superbe poème épique digne des temps des chevaliers chevauchant des licornes dans le cosmos pendant que les étoiles s'émerveillaient de leurs belle chevauchée.
    Bisous émerveillés

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    1. Merci mon cher ami, toi qui as déjà aiguisé tes mots les plus fins une première fois, de revenir embellir de tes rubans mon texte posé dans ce bel écrin en « Filigrane »
      ¸¸.•*¨*• ☆

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    2. J'en aiguiserai encore de plus fin, tant que le bonheur flotte dans l'air et que la poésie, c'est le beau, le beau!

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  2. Anonyme12 juin 2016 à 00:48

    Vraiment décoiffant cet Acte II, avec ce « diamant à découper les nectars de l’instant » qu’il faut brandir... Une trouvaille !
    Et puis, cette "verte plage d’Irlande" où l’on craint de déraper sur les mots comme sur des algues ambigües et glissantes.

    Amezeg

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    1. Ne crains pas de déraper sur les mots, tu as prouvé combien tu sais les dompter comme des chevaux au galop...
      Merci Amezeg pour ton appréciation «décoiffante » ;-)
      ¸¸.•*¨*• ☆

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  3. Oui, bravo Célestine !
    Voilà un dialogue drôle, vif et alerte et un second texte empreint d'une poésie et d'une sensualité insoutenable ...
    que rien que de le lire , on nage dans le bonheur... :-)

    J'ai quand même une question :
    Est-ce qu'en Irlande, y'a de belles mares ? ;-)

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    1. Hé hé ! j'aime beaucoup ta question existentielle qui fait le lien entre mes deux textes hétéroclites !
      ¸¸.•*¨*• ☆

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    2. Question "pour rire" car je connais déjà la réponse...

      J'aime énormément la belle île irlandaise, ses paysages, ses côtes...et sa musique!

      J'y ai passé l'été 1990...et j'ai un rêve : y retourner !

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    3. Quelle chance ! je rêve d'y aller...
      ¸¸.•*¨*• ☆

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