jeudi 16 mars 2017

JEU 24 : En tous biens, tous honneurs



Au jeu des calembredaines, me voici convié.
 De mes plus belles poulaines, chaussé,
Mon pourpoint, de dentelles, orné,
Venise, Calais, ou  Alençon,
Il n'en est pas ainsi de mon pantalon,
Troussé sans façon.
De  bons mots, ai empli mon escarcelle,
A brûle-pourpoint les citerai,
Espérant l'assistance enchanter.
Moult  demoiselles,
A cette soirée, sont priées,
A nous contempler, ferrailler.
Plumes de paltoquets,
Rodomontades d'écervelés,
Quelques gougnafiers,
Écrivaillons,
Vers de miséreux.
Je m'en vais par la venelle,
Préparé à ce bel affront.
Plus tôt, après énergiques ablutions,
Qui vous remettent d'aplomb,
Que n'ai-je présagé cette funeste vision.
Adieu Venise, Calais, Alençon,
Comment l'émoi d'une belle mériter.
Me voici, poète primesautier,
En mes atours, attaqué,
Au détour d'une ruelle,
Subrepticement l'imprévu s'est déclaré.
Mon escarcelle éventrée,
Mes mots d'esprit envolés,
Me voilà pleutre,
Dépenaillé,
Juste des larmes pour pleurer,
Fustiger et haïr ces  personnages,
Allures chafouines,
Acteurs de ma déconvenue.
Finir en galéjade,
Mirifique horizon bafoué
Me reste pusillanimes et vains,
Quelques traits que je croyais d'esprits,
Des poulaines avachies,
Un pantalon éculé,
Perruque de guingois,
Sous les broderies et lazzi,
Plus du tout gouleyants à mon esprit.
Je m'apprête à m'enfuir,
Voici que je crois ouïr :
"Damoiseau,
De votre personne malmenée,
Fort bien tournée, ma foi,
Je ne sais laquelle me met le plus en émoi.
Et de vous consoler,
Grande envie j’éprouve.
Permettez que de votre parure,
J'efface le désordre."
Par mes yeux, je la vis,
Callipyge, maintes fois rêvée.
Là, céans,
Ses sourires et soutien me cédant.
Je m'inclinais,
La baisais.
Dès potron-minet,
Je m'éveillais,
Convaincu d'avoir tout imaginé.
Elle était là, généreuse et offerte,
De partout et de ce séant,
Qu'aussitôt, de moi, désir vibrant,
De  l'honorer s'empara.
Lecteurs, votre impudence, et sournoises pensées,
Je subodore,
Ne vous fourvoyez pas,
Ma demoiselle et moi,
Bien qu'épris follement,
Ont souci en amour de bien le faire,
Et  toute moralité confondue,
Vivre et narrer en poésie,
Le restant de notre vie.
.
.
 
Image proposée par Jacou




1 commentaire:

  1. Troussé, détroussé...puis trousseur...
    Ton poète-gentilhomme est un coquin !

    Mais ton poème, lui, est bien...
    troussé ! ;-)

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