vendredi 2 février 2018

JEU 33 : J'attends le moment où...

 
 
 
Année 2118.On ne parle plus de saisons depuis longtemps. Il pleut. Le jour. La nuit. Quelquefois, des espaces entre les nuages laissent apparaître une éclaircie qui redresse nos corps et nous fait lever les yeux. Le reste du temps la grisaille est partout. Certains jours, l’humidité de l’air se mêle aux bourrasques de vent.  Les arbres se balancent, les bateaux tanguent, les maisons sur pilotis, aussi. Le reste du temps le climat ne varie pas. Les pluies rythment la monotonie du temps.

Je me souviens quand j’étais môme, avec les enfants du quartier, on inventait des jeux : danse de la pluie sous les cascades, sauts par-dessus les rus qui sinuent tout autour de la ville, courses à fleur des méandres,  plongeons dans les ravines et bien sûr sauter dans les flaques qui stagnent sur les toits-terrasses. C’était notre jeu de prédilection. On s’imaginait alors le monde d'avant. Chaque flaque pouvait nous mener de l’autre côté de la terre, là où il ne pleut jamais. On rêvait le monde d’avant, quand le soleil nourrissait la terre de sa lumière. Depuis, il paraît que là bas, le soleil brûle autant que le feu, mais personne n’en sait rien, personne n’a été voir, tout du moins personne n’en est jamais revenu depuis l’expédition de 2058. À cette époque le danger avait déjà bouleversé le monde. Les trois quarts de la population, la majorité de la flore et de la faune avaient péri. Le climat oscillait entre chaos et extinction. À présent, il pleut.

Moi, je suis né en 2102, le soleil je ne l’ai jamais vu, ni jamais senti effleurer ma peau.  Maintenant que j’ai grandi, je ne saute plus dans les flaques. Il faut bien bosser. On n’est pas si nombreux à pouvoir le faire. Consolider les fondations des habitations, construire, ériger la cité au-dessus de l’eau. Alors de temps à autre, sur le chemin qui mène au chantier de la ville, je m’arrête et je regarde les mômes sur les toits-terrasse. Et j’attends. J’attends le moment où ils sauteront dans les flaques. J’écoute leurs éclats de rire. Ce n’est pas le soleil, bien sûr mais ça colore et réchauffe quand même la Terre et le cœur des Hommes.
 
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9 commentaires:

  1. Ben, dis donc, tu as sans doute souffert...
    pour enlever tous les adjectifs,
    mais ça ne se sent pas !

    Voilà un texte...qui "coule de source" !
    C'est magnifique...

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  2. Après relecture, j'en ai quand même trouvé un petit dernier, égaré...oh, un tout petit, trois lettres seulement , qui s'était fait discret, et s'était caché en plein milieu du texte :

    Le climat était devenu "fou"..

    ça doit se rattraper facilement :
    La folie s'était emparée du climat ?

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  3. Merci ! Oui, on me l'a signalé hier au soir. Il y avait aussi le monde "inversé" et les mômes "perchés" :) C'est corrigé !Je t'avoue que je découvre un peu les règles grammaticales au sujet des adjectifs... J'apprends plus maintenant que lors de mes courtes études :)

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    1. C'est bon : j'ai corrigé aussi ...Maintenant, c'est parfait !

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  4. wouahou ! joli ; je vais tenter ma chance aussi, mais je crains le pire, l'élagage sévère, la taille rasibus, la coupe raz !

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    1. Oui, on élague...on coupe...on traque le cheveu qui dépasse...la bouclette en liberté et ...la frisette inutile.
      Et si la coupe, au final, n'est pas nickel, c'est moi qui sors mes grands ciseaux aiguisés ! :-)))

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  5. Très beau texte !
    Les dérèglements climatiques sont au coeur du problème, c'est certain...
    ¸¸.•*¨*• ☆

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  6. Très joli texte, très mouillé...
    Merci,
    Michelle

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  7. Vision mouillée d'un avenir très sec ! J'ai bien aimé ce texte et toujours en toile de fond l'enfance qui réconforte . Merci .

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