E comme Épinglé
Martha et Millie étaient venues assez tôt pour occuper le banc.
Pour rien au monde elles n'auraient voulu rater la parade mais ces longues stations debout n'étaient plus de leur âge.
Elles gardaient une place entre elles deux pour Priscilla qui était en retard, comme d'habitude.
Martha
avait jeté sa veste bleu marine sur ses épaules: on avait beau être le 4
juillet, le vent pouvait être traître aux coins de rues, et Martha ne
craignait rien de plus qu'un mauvais rhume.
Comme elle avait coutume
de le dire, "c'est ce qui a eu raison de ma pauvre mère" et certes elle
avait l'intention de vivre encore longtemps.
Elle n'avait pas non plus oublié de mettre ses gants blancs.
Millie
pour sa part portait son chapeau assorti à son tailleur bleu
d'avant-guerre, qu'elle portait chaque année à cette occasion et dont la
jupe ample était d'une longueur bien comme il faut.
Elle avait pris un coussin, son dos fatiguait vite sur un banc aussi dur.
L'avenue était déjà bien remplie de monde - il ne manquait plus que Priscilla, en fait, elle en prenait vraiment à son aise, Priscilla, et profitait de leur bonté! - chacun vêtu comme il se doit des trois couleurs nationales, quand cette dévergondée d'Angie est arrivée sur ses talons de douze centimètres, dans une robe toute noire comme si la parade était un enterrement.
- Elle n'en fera jamais d'autres, celle-là, a émis Millie entre ses dents. Mais où ai-je rangé mes clés?
Et c'est ainsi qu'elle a raté le plus beau dos nu qu'il lui serait donné de voir de toute sa vie et qu'elle n'a pas saisi la réponse de Martha:
- Elle a encore manqué de tissu pour se faire une robe convenable...
.
.
Bien vu ! La dame au petit chapeau a en effet trouvé un moyen de ne pas voir...
RépondreSupprimerce qu'elle ne voulait pas voir !
J'aime beaucoup l'angle de vue que tu as choisi...
ainsi que la chute !
(je ne parle pas de la chute de reins, évidemment)
merci! j'aime broder sur une photo ;-)
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