La lumière entre dans la pièce
Où opère la créatrice.
Le soleil n'est que bienveillance
Où oeuvre la petite puce.
Elle commence avec prudence
Par quelques traits posés en douce
Sur la surface de la toile, subreptices.
Poussée par d’aussi bons auspices
Voilà que l'artiste en lice.
Elle avance avec assurance.
Elle a l'audace de l'enfance,
Elle a la chance des novices,
Le coup de pinceau est vivace,
La foi est immense. Elle fonce.
Quand elle n'est pas à la noce
Elle fait preuve de persévérance.
Elle fait face, efface, rince
Et recommence.
Vrai, quelquefois la ressemblance
Oppose quelques résistances
A la petite dessinatrice
Mais la jeune Garance
Est du genre coriace :
Jamais elle ne renonce
Ni ne met les pouces
Et, tenace,
Trouve toujours une astuce.
Elle grimace, elle se tance, elle s'agace
Mais c'est fugace : elle est vorace,
Sait retrouver l'aisance
Redevenir efficace.
Bientôt à nouveau, d'évidence,
Le pinceau se montre véloce,
Le geste s'emplit d'élégance.
L'arrivée d'un tigre féroce
Qui menace la populace
Sur la Grand-Place de Florence
Où se trouvent célébrées les noces
Toutes pleines de magnificence
Du prince Fabrice Del Dongo
Et d'Alice l'idole des dingos
Annonce bien des exubérances,
Extravagances,
Outrecuidances
D'HenriRousseauiste obédience
Car bientôt c'est la luxuriance,
L’allégeance à la violence !
Sardanapale est au supplice,
Vénus n'a plus la tête à montrer sa naissance,
La Joconde en souffrance
Tire sa révérence,
Toute la galerie se glace,
Fragonard s’en balance
Et Van Gogh en éprouve
Une douleur atroce.
Ayant tombé la carapace
Garance fait l'expérience
D'une jouissance sans nuance.
Une fièvre libératrice
La fait sortir des convenances.
A suivre son caprice
Et son talent précoce,
N'y voyant pas malice,
Voici qu'au chevalet,
Première spectatrice,
La passagère du silence
Voit surgir « Le Jardin des délices » !
- Mince ! qu'elle se lance,
Sûr, ça décontenance
Mais ce n'est pas mal, d'évidence !
Il n'y a pas que GaranCE qui fait des prouèCEs !
RépondreSupprimerBravo, Joe, c'est un régal...de mots et d'images...
Merci beaucoup. J'étais pourtant parti pour rester sérieux tout du long dans la lignée du récit de Dame Fabienne et puis la chute est venue toute seule !
RépondreSupprimerLes grands esprits se rencontrent...
RépondreSupprimerTu ne pouvais pas le savoir, mais, cet été, j'ai passé un très long moment, dans un musée, devant un autre triptyque de Bosch..."La tentation de Saint-Antoine" (mis en valeur par une "animation numérique" assez impressionnante).
Alors, quand j'ai vu l'illustration à la fin du texte, ça m'a fait sourire...