- Viens ici que je t'arrange tes cheveux! dit grand-mère Maria, qui n'aime pas les mèches rebelles et tire très fort sur l'élastique.
Alors ça fait mal, bien sûr.
Mais la petite ne dit rien.
- Tu n'as pas froid avec tes bras nus? Mets ton cardigan!
Grand-mère Maria emploie des mots que personne d'autre n'emploie.
C'est peut-être, pense la petite, parce que chez elle il y a un téléphone et une télévision.
Elle s'y ennuie un peu: elle préfère les autres semaines, chez grand-mère Adrienne.
Mais bien sûr elle ne le dit pas.
Elle s'efforce même de courir embrasser grand-mère Maria dès qu'elle la voit.
Pourtant elle pique.
Et elle ne rit jamais.
Grand-mère Maria ne reçoit pas de visiteuses et ne va pas en visite : il y a le magasin.
La petite adore le magasin, ses rayonnages pleins de boîtes, ses trois étalages où sont disposés des chapeaux, des casquettes, des cravates. Le grand comptoir est plus haut qu'elle et le miroir est si grand que trois adultes peuvent s'y voir en entier en même temps.
Tout l'émerveille.
Mais dès qu'il y a un client, il lui est interdit de se montrer.
Alors que personne aussi bien qu'elle ne sait se taire et se faire oublier dans un coin.
Passagère du silence, c'est elle: plus tard on le lui reprochera, après l'avoir exigé pendant toute son enfance.
Je crois que c'est Françoise Dolto qui disait :
RépondreSupprimer“Dès que les parents ont appris à leurs enfants à parler et à marcher, ils leurs ordonnent aussitôt de se taire et de rester assis.”
:-)
bien vu :-)
SupprimerOn m'a beaucoup dit "Tais-toi" quand j'étais petite.
SupprimerAlors, je me taisais et j'allais prendre un livre.
(tout a ses avantages)
Plus tard, à l'école, on m'a beaucoup reproché de ne pas "participer"...
Ah, les adultes !
Tu vois combien ton texte me parle...:-)
Mais ma grand-mère n'avait pas de magasin.
Quand on lit "Les Aventures de Mini-Adrienne" on a toujours envie de tirer son chapeau à l'autrice ! ;-)
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