lundi 5 juillet 2021

Devoir 88 : Bonne ou mauvaise nouvelle ?

 

88ème devoir du lundi 

(atelier d'écriture chez "Le goût des autres")

 


 

Il avait hésité à la recontacter. Cela faisait un an qu'ils ne s'étaient pas vus. Il ne voyait d'ailleurs guère d'intérêt à renouer avec cette jeune fille pour laquelle il avait eu un béguin passager. Elle était fraîche, elle était jolie... Plutôt élégante avec sa coupe à la garçonne et ses robes bien coupées. Mais passé le cap des premiers rendez-vous et de l'idéalisation des débuts, elle s'était révélée assez quelconque. Le genre "midinette" qui vous fait tourner la tête par ses poses, mais qui ne tient pas une conversation plus de dix minutes. 

Alors, pourquoi avait-il pris son téléphone et lui avait-il demandé de le retrouver à 14h devant le café de la plage?  Il ne le lui dirait pas. Elle n'apprécierait pas. Il se contenterait de la regarder et de l'écouter attentivement. Il mettrait son beau costume, celui qu'elle aimait. Il lui dirait des choses agréables. Et puis, après avoir flirté quelques heures, il la quitterait définitivement. Il n'y avait rien d'autre à faire. 

Hier, son éditeur lui avait demandé d'étoffer un peu la dernière partie de son livre. Il la trouvait un peu faible.

- Le début est bon mais la scène de la rupture est trop fade. Elle manque de détails, refaites-moi quelque chose de plus fouillé et de plus réaliste, avait-il dit.

Ce soir, ce serait fait. Sans peine. La nouvelle serait bonne, il en était persuadé. Et le livre serait enfin édité.

 

 La Licorne

 


19 commentaires:

  1. Le "sur le vif" !
    Que ça de vrai.
    Si en plus il s'en tire avec quelques griffures sur le viage et les joues rouges de baffes, ça fera vendre...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Faut du croustillant, faut que ça "déchire"... ;-)

      Supprimer
  2. Rien ne vaut le vécu, finalement, elle a de la chance, c'est un mufle.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. De la chance, je ne sais pas, mais sans doute ne se laissera-t-elle plus séduire par ce genre d'homme...

      Supprimer
  3. Héhé ! Les romanciers utilisent toujours la vraie vie pour épicer leurs romans, à n'en pas douter, ce sera un best-seller !
    •.¸¸.•*`*•.¸¸☆

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Utiliser la vraie vie, oui, mais utiliser les autres...hum...
      petit problème éthique...

      Heureusement, d'ailleurs, que tous les auteurs de polar ne "testent" pas leurs idées avant...;-))

      Supprimer
  4. J'espère au moins qu'il lui offrira un exemplaire dédicacé :
    « à la midinette qui ne sait pas tenir une conversation, l'auteur goujat reconnaissant de lui avoir inspiré cette finale retentissante, et sans rancune pour la gifle dont il garda longtemps la trace »

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bien trouvé !
      Je vois que tu maîtrises à la perfection l'art de la dédicace...:-)

      Supprimer
  5. Quand l'imagination manque, il vaut mieux en définitive s'en tenir au concret, mais de là à rejouer la scène, c'est pas un peu sadique, ça ?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Si !

      Peut-être que leur première rupture faisait partie , comme le disait Joe Dassin, des "adieux qui quelquefois se passent un peu trop bien".
      La deuxième fois a des chances d'être moins "banale" !

      Mais je suis d'accord : monter un plan de ce genre relève effectivement du pur "sadisme"...

      Supprimer
  6. Comme Heure Bleue, je pense qu'elle a la chance d'échapper à un homme sans honneur qui de surcroît, va enrichir son éditeur

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est sûr...qu'elle a de la chance
      de ne pas continuer sa route avec lui...

      Mais peut-on parler d' "échapper à quelqu'un"
      quand on se fait "manipuler" et "jeter" ?
      Dans toute cette histoire, on ne lui laisse guère le choix...

      Supprimer
  7. Elle était jeune, mignonne et probablement trop confiante
    En vrai porc -le type de porc courant- il l'a sautée et plaquée.
    Probablement en pensant "chuis trop bien pour cette godiche ! "
    Bref, mesdames, tous les hommes sont des cochons, certes.
    Mais choissez bien, il vaut mieux avoir affaire à un cochon affectueux qu'à un porc égoïste ou un mec violent.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Même si ce que tu décris est assez courant, Alain...j'avais imaginé le mec du tableau non pas comme un "porc" , mais plutôt comme un snob manipulateur, qui ne faisait pas grand cas des sentiments (et du chagrin) de cette jeune fille enamourée...

      Il y a des blessures qui font très mal, même s'il n'y a pas eu de relation sexuelle...et c'est ça que j'avais dans la tête en écrivant mon texte...quelque chose de l'ordre de la "manipulation" sentimentale et psychologique, juste pour servir ses objectifs à lui...

      Supprimer
    2. "quelque chose de l'ordre de la "manipulation" sentimentale et psychologique, juste pour servir ses objectifs à lui..."
      Je pensais plus à quelque chose de plus courant comme l'égoïsme habituel du dragueur compulsif ou du "malade du tableau de chasse" qui fait fi des blessures causées à autrui.

      Supprimer
    3. ...ce qui revient à peu près même...:-)

      Le premier le fait consciemment, le deuxième inconsciemment, mais pour la victime, le résultat est identique...

      Bon, là, il y a quand même "préméditation"... :-)

      Supprimer
  8. Si tu veux écouter Michel Zink, c'est là :

    https://www.franceinter.fr/emissions/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-jeudi-08-juillet-2021

    RépondreSupprimer