Baignoires d'outre-tombe
Gonzague de
Saint-Esthète souffre depuis très longtemps d'une maladie rare. Entre
confrères, on l'appelle couramment le « syndrome du vertige de l'amour
de la baignoire ». Cette affection serait apparue à l'époque de la
Révolution française. D'ailleurs un certain Marat était tellement épris
de sa baignoire qu'il ne la quittait ni de jour, ni de nuit. Il écrivait
des lettres enflammées à sa copine Charlotte pour lui demander un amour
de feu qui hélas se noyait dans l'eau de la baignoire. Charlotte se
sentant tellement délaissée au profit de cette micro-piscine qu'elle
finit par commettre l'irréparable en ne manifestant plus sa flamme pour
lui, mais sa lame qu'elle lui enfonça jusqu'au fond du cœur. C'est dire
si c'était passionnel.
La symptomatique de Gonzague est tout
autre. Son syndrome comporte une dimension mystique depuis qu'il a mis
de l'eau bénite dans son bain. Il a d'ailleurs écrit une sorte de psaume
religieux : « Du fond de ma baignoire, je crie vers toi Seigneur » qui
comprend pas moins de 666 vers dans la version initiale. Diable ! Ça
fait beaucoup. Satan l'habite.
C'est pour lui un refuge sécure où
il est en cure de manière permanente. Un de mes éminents confrères
estime que c'est le mieux pour lui et, ajoute-t-il, pour mes honoraires
également. Personnellement je pense qu'il serait préférable qu'il soit
en peignoir dans sa baignoire, là au moins ça rime… à quelque chose.
Mais, nul ne l'ignore, les querelles au sein de la « Faculté de mes deux
cygnes » prennent leur envol très fréquemment.
Personnellement
ma déontologie m'oblige à aviser clairement Gonzague des risques qu'il
encourt en raison du principe médical que chacun connaît : «Tout corps
plongé dans une baignoire ne doit pas profiter de ce moment pour changer
une ampoule ». Ainsi que l'a démontré le professeur émérite Claude
François en payant de sa personne.
Enfin bref, on ne va pas
constamment épiloguer sur le cas de Gonzague de Saint-Esthète. Pour me
distraire une amie délicate m'invite pour une opération à l'opéra. Nous
serons en tête-à-tête dans sa baignoire au premier balcon. Je vous
raconterai la suite dans ma salle de bain.
A l'eau ? A l'eau ? Non, mais à l'eau, quoi ?
RépondreSupprimerTu n'aurais pas pris la même chose que Sam ? :-))
(lire texte précédent)
Un charmant délire, en tout cas, autour de cet objet méprisé...oublié et pourtant indispensable...
Je crois que tu as pratiquement fait le tour de la question !
En cherchant un peu, j'ai, de mon côté, trouvé une "histoire de la baignoire au cours des siècles"...ici :
RépondreSupprimerhttps://www.mariellebrie.com/histoire-bain-baignoire-de-antiquite-au-moyen-age/
On y parle du Père, du Fils et du Bain d'Esprit...c'est dire si c'est sérieux ! :-)
Suite ici :
RépondreSupprimerhttps://www.mariellebrie.com/histoire-de-la-baignoire-de-lancien-regime-a-nos-jours/
J’aime bien, j’ai ri et
RépondreSupprimerhttps://www.mariellebrie.com/histoire-bain-baignoire-de-antiquite-au-moyen-age/
https://www.mariellebrie.com/histoire-de-la-baignoire-de-lancien-regime-a-nos-jours/