vendredi 23 février 2024

Quand ce sont les machines qui répondent...


Pour l'atelier Mil et Une



L'ordinateur était allumé : une page internet affichait un tableau effrayant.

Paul détourna les yeux. Il avait toujours eu l'âme sensible, et le sang lui mettait le coeur à l'envers, même quand c'était celui d'une oeuvre d'art. 

"Qui a bien pu lancer ce genre de recherche sur Google ?" se demanda-t-il. Ses deux enfants étaient encore très jeunes et sa femme ne s'intéressait pas à la peinture. Bizarre...

Il ferma la page et s'en alla vers le salon. Anna terminait son goûter. Jules était assis sur le canapé. Il tenait la télécommande dans une main et caressait le chat de l'autre. Le sparadrap sur son genou était à moitié décollé, mais il ne le voyait pas. Il avait les yeux dans le vague. L'air soucieux. En regardant mieux, Paul vit que sa main droite tremblait un peu.

Paul s'assit à ses côtés. Sur l'écran de la télé, trois experts débattaient de la crise mondiale.

"C'est un peu compliqué, ce genre de sujet, à sept ans, non ? amorça-t-il en souriant. Tu n'as pas l'air dans ton assiette, mon p"tit bonhomme...qu'est-ce qui ne va pas ? 

- Si, si...ça va...

- Un papa voit toujours quand son fiston ne va pas bien, tu devrais le savoir... Viens donc près de moi que je te fasse un gros câlin.

Jules ne se fit pas prier et se cala dans ses bras. Deux minutes de silence plus tard :

-Dis, papa...Francisco, c'est qui ? C'est le mari de Chantal ?

Paul mit trente secondes à recoller les morceaux. Francisco...Chantal...Francisco...Quel Francisco ? Ah ! Mais oui...Francisco Goya ! Le bout de chou était allé faire une recherche sur...Chantal Goya ! Et était tombé, sans le vouloir, sur la peinture cauchemardesque. Voilà qui expliquait tout. Internet est un ogre irresponsable.

- Papa, c'est vrai que les pères dévorent leurs enfants?

Ouh là, là...c'est fragile une petite cervelle d'enfant....c'est impressionnable...et ça se met des choses invraisemblables en tête.

Pas le choix, il fallait qu'il réponde.

.

La Licorne


Consigne de l'atelier de cette semaine: 

La phrase du début et la phrase finale

étaient imposées.

On pouvait également insérer le mot sparadrap.



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