Le vernis du bonheur s'est un peu écaillé lorsqu'elle fut appelée dans le bureau du directeur de l'école avec sa mère et sa meilleure amie qui avait écrit une lettre qu'elle avait caché sous son oreiller que sa mère avait trouvé; elle était choqué et nous fûmes punis et séparée. Elle n'a jamais compris et lorsqu'elle a pu éclaircir cette histoire, elle ne l'a pas fait parce qu'elle n'en avait plus besoin.
Il se passa d'une manière ou d'une autre, il se passa la même chose avec toutes ses futures meilleures amies. Alors que la première était trop vieille, l'autre était sale et la dernière moche.
Son enfance se limitait donc la plupart du temps entre maman, papa et grand-mère. Elle demandait souvent à la première: "Dis tu m'aimes, maman, tu m'aimes dis, maman.? "comme elle enlevait encore les pétales des pâquerettes. Elle passait beaucoup de temps avec sa grand-mère qui vivait dans la même maison qu'elle.
Elle resta longtemps une enfant physiquement grande mais sans beaucoup de formes et mit du temps à pousser, même si un événement l'avait grandi moralement brusquement. Quand elle eut (enfin) de la poitrine, ses parents se mirent alors à la traiter de grosse alors qu'elle mettait les vêtements de sa mère qui était mince depuis sa naissance et que son père portait bien le costume mais était assez fort. Elle qui avait toujours été timide, devint encore plus ombrageuse et c'est cette attitude qu'il lui valut de passer devant un tribunal de filles harceleuses.
Un jour, elle se révolta contre tout ça.
Quelques vingt ans, plus tard, à la suite d'un hiver déprimant et maladif, elle prit beaucoup de poids, devint la grosse que sa mère voyait déjà depuis longtemps puis obèse sans avoir autant de poids que certaines vedettes revendiquent. Mais elle eut à subir la grossophobie alors que son mari l'aimait comme elle était. Ce fut son médecin traitant qu'il lui disait qu'elle grignotait alors que ce n'était pas ça le problème. Un kiné qui employa le mot "viande" pour son corps. Et les regards qui s'arrêtaient sur la grosse mémère ou glissaient sur elle.
Depuis, elle a perdu quarante kilos (et son mari) et sa mère en doute encore.
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A l'époque de "Poil de Carotte", on ne parlait pas encore de "harcèlement", mais c'est bien de ça qu'il s'agissait...
RépondreSupprimerCouleur de cheveux ou embonpoint, tout est bon pour qui souhaite nous "attaquer" ou nous "démolir"...
La souffrance psychologique est tout aussi vive (voire plus) que la souffrance "physique" (enfants battus)...et on commence à s'en rendre compte, heureusement...
comme une douleur lancinante
RépondreSupprimerC'est vrai et déchirant comme une histoire -hélas- trop vécue...
RépondreSupprimer•.¸¸.•*`*•.¸¸☆