Pour L'Agenda ironique d'Avril
chez "Des arts et des mots"
- Bonjour Monsieur Bruyas !
Quelle joie de vous rencontrer
dans ce paysage-là !
- Vous êtes venu de Paris à pied ?
- Pensez-vous ! Je suis venu en diligence...
en diligence...et avec diligence...:-)
- Mais pourquoi ce bâton ?
- Eh bien, pour l'allure, voyons !
La barbiche fière et le bâton long,
Voilà ce qui signe une ambition...
Pour le reste, je n'ai guère de ressources ni d'argent...
Je ne suis, malheureusement,
qu'un petit bourgeois d'Ornans...
- Je pense être l'homme qu'il vous faut, sur ce plan...
Je voulais vous proposer mon aide, justement...
Votre art me plaît et je souhaite l'encourager...
Si vous l'acceptez, nous pourrions, moi et mes proches de Montpellier,
Assez régulièrement et assez largement, vous payer !
- Je vous en saurais gré...
J'ai en ce moment, de grands projets...
Et je crois que l'on retiendra bientôt le nom de Courbet...
Ne pensez pas, cependant, que mon nom me décrive...
On me pense courbé, ou amateur de courbettes...Or, non !
Rien n'est plus faux : à tout abaissement ma conscience est rétive
Je suis, la plupart du temps, aussi têtu qu'insolent...
Car je connais mon talent.
A celui qui cherche à me prendre dans ses filets
Par de vains mots ou de fausses promesses
Je réponds : "Cause toujours, tu m'intéresses "!
Et je m'éloigne sans délai...
Alors, sachant cela,
Monsieur Bruyas,
Faites-vous encore le choix
De me choisir, moi ?
- Plus que jamais, mon cher ami !
Car vous êtes de la trempe des génies...
- Génial ? Je ne sais pas... Je suis réaliste, surtout...
Et je veux peindre, peindre avant tout....
De l'aube jusqu'au soir...
Je veux me consacrer à l'art !
Je me sens capable de peindre aussi bien
La mer en furie que les yeux de Zélie,
Aussi bien les chênes centenaires que les notables austères...
Je peindrai, vous verrez, les chasseurs et les chiens...
Les renards blessés et les femmes alanguies
Les demoiselles et les casseurs de pierres...
Les villageois inconnus tout autant que mon ami Baudelaire...
Je peindrai l'amour, la rage et la détresse profonde...
Je remonterai même, s'il le faut, à l'Origine du monde...
Je veux "faire de l'art vivant,
tel est mon but" (*) et mon tourment...
- Eh bien, voilà une quête qui vous honore...
Et qui mérite bien quelques pièces d'or...
Valet, veuillez décharger Monsieur Courbet
De ses affaires et de son chevalet...
Afin que nous puissions
Finir cette conversation
A la maison.
Et après le dîner,
Je lui demanderai...
S'il lui plaît...
De nous tirer le portrait !
.
La Licorne
.
(*) Citation de Gustave Courbet
lui-même...
.
Tout en s'inspirant d'un ou plusieurs tableaux
évoquant le thème de la "conversation",
il fallait placer l'expression
« cause toujours, tu m’intéresses »,
quelques jeux de mots...et puis une citation...
.
Et... juste pour le plaisir,
une autre citation de Gustave Courbet,
qui "courbé", ne l'était certes point..;-).
"Quand je serai mort, il faudra qu'on dise de moi:
celui-là n'a jamais appartenu à aucune école, à aucun état,
à aucune église, à aucune institution, à aucune académie,
surtout à aucun régime, si ce n'est le régime de la liberté."
.
Tous les ingrédients sont là! je m'incline devant Courbet...
RépondreSupprimerMerci de votre participation.
Il faut dire que j'ai bien aimé vos consignes...
SupprimerMerci de les avoir proposées...
Courbet n'était pas sinueux, même s'il peint les zigzagues :)
RépondreSupprimerjoli portrait dialogué !
Je suis curieuse de savoir où tu as vu des zigzags ???
SupprimerCOUTEAU À PEINDRE
SupprimerLes images infrarouges montrent
que Courbet applique par endroits
la peinture avec un couteau, comme
dans la plupart de ses tableaux,
et gratte même la surface avec la
pointe de la lame, ce qui laisse des
petits sillons en forme de zig-zag.
Eh bien, j'apprends quelque chose...
Supprimermerci !
Je ne suis pas du tout spécialiste de l'art pictural...
mais j'aime cet homme et son oeuvre...
Je ne sais pas si c'était ce à quoi se référait votre ami palmé mais j'ai trouvé que c'était amusant (pas du tout spécialiste non plus). Ravie de vous avoir lu(e) ! ��
SupprimerLys s'amarra
C'est vertigineux de prouesses.
RépondreSupprimerMerci Anna...
SupprimerC'est gentil, mais peut-êtreun peu "exagéré" :-)
Je me suis tout simplement inspirée de sa vie...
que je connais bien !
Tu as été finement inspirée ! La fluidité de ton poème, l'aisance avec laquelle tu portraitises le peintre est un bel hommage. J'ai beaucoup aimé
RépondreSupprimerMerci Laurence...
SupprimerC'est plus un "texte rimé" qu'un véritable poème...
mais je suis contente que tu l'aies trouvé "fluide", car c'est ce que j'ai essayé de faire...
Bises et bon premier mai !
Le plaisir d'apprendre et de se divertir en même temps..... Merci de cette publication
RépondreSupprimerJe me souviens avoir eu un cours, au collège, concernant ce tableau...
SupprimerPour être franche, à l'époque, ça m'avait "saoulée"...
Mais l'âge venant, on commence à mieux apprécier certaines choses...
Si mon "cours" en rimes n'est pas trop rébarbatif, j'en suis heureuse ! :-)