...ou la Complainte du Jardinier
Il m'arrive souvent, les soirs mélancoliques,
De rêver à ma belle... ô songes romantiques !
J'invente de toutes pièces un grand amour magique
Une romance avec... une princesse mythique
A genoux devant elle, je lui offre une fleur
Fleur aux douze pétales, que j'effeuille sans pudeur
Tout en lui susurrant, troubadour inspiré,
La comptine florale de la future année...
Ma chérie, en janvier, le mois du Capricorne,
Dans les frimas d'hiver, sur la neige entassée,
Moi, pingouin de ta vie, dans la grisaille morne,
Je t'envoie une Pensée.
Puis j'attends patiemment le milieu du Verseau,
Le jour des amoureux, le quatorze février,
Pour dire mes sentiments et te faire cadeau
D'une belle Orchidée.
Quand mars pointe son nez, qu'il sort ses giboulées,
Je te tends tout ému un coin de parapluie
Et le bout de mes lèvres pour un premier baiser
Prince-crapaud posé sur Nénuphar ravi !
En avril, enivré des effluves du printemps,
Comme le Bélier, je fonce, dans les champs de Jonquilles
Et j'en cueille des brassées, des bouquets odorants,
Pour tes yeux qui pétillent.
Mais le signe le plus beau, c'est celui du Taureau :
Quand fleurissent les charmes du joli mois de mai
Et que j'entends le son, cristallin et nouveau
Des clochettes de Muguet.
En juin, mois des Gémeaux, j'ouvre grand ma fenêtre
Je prends une bouffée d'air et je me sens surhomme
Je jubile en silence. Sans rien laisser paraître...
J'arrose mes Géraniums.
Quand commence l'été, et le mois de juillet,
Je hume avec délice, les odeurs délicieuses
Qui s'exhalent du jardin, mon bonheur est complet...
Je défaille d'amour dans les belles Tubéreuses.
Et si au milieu d'août, me viennent quelques doutes,
Je les chasse bien vite, de ma queue léonine,
Et je reprends mes rêves en versant quelques gouttes
Sur ma folle Capucine.
Vierge de tout soupçon, je contemple septembre,
Ses arbres mordorés et puis ses couleurs d'ambre
Et je vais à Vierzon, parce que tu aimes Vierzon
Et ses Rhododendrons.
Octobre : je Balance...entre joie et tristesse,
Je te cherche sans fin, l'année part en guenilles...
A force de t'attendre, mon coeur est en détresse.
Je bois une Camomille.
Novembre me saisit, piquant comme un Scorpion.
Pourtant si tu savais, combien beaucoup je t'aime
Je ne mérite pas tes paroles d'abandon,
Tes mots de Chrysanthème !
Et c'est déjà décembre, où s'agite le Taire...
Don Quichotte du coeur, je range ma souquenille,
Je caresse mon cheval ou parfois je l'étrille,
Et l'âme résignée, je taille mes Asters...
.
La Licorne
.
Consignes de l'Agenda ironique de novembre
chez Carnets paresseux :
Il nous était demandé d'écrire un horoscope,
(journalier, mensuel, annuel ?
ce n'était pas précisé...)
et puis d'y insérer les six mots suivants :
"cheval, parapluie, souquenille,
pingouin, tubéreuse et Vierzon"
avec quelques références au calendrier
et un petit brin d'ironie...
(non, ce n'est pas une fleur)
J'ai aussi appliqué
(consignes baudelairiennes)
.
Concernant le Jeu 88 de Filigrane :
Je vous invite vivement,
si vous passez ici,
à aller lire les créations récentes
et Joe Krapov
qui nous embarquent floralement, poétiquement,
et talentueusement...dans leur univers !
.
Et tu disais que c'était ardu, que tu aurais du mal.... haha !
RépondreSupprimeradmirable et adorable (mais un brin tristounet, sur la fin) ton horoscope annuel, floral et sentimental.
Merci, Carnets.
SupprimerOui, c'est tristounet à la fin...mais faut bien comprendre que c'est un horoscope spécial : un horoscope reconductible : après décembre, faut reprendre en janvier ! (avec une autre princesse...imaginaire ;-)
Suffit de reprendre une nouvelle marguerite ! :-)
Supprimeret bien sûr en combinant deux ou trois consignes, sinon c'est trop facile ;-)
RépondreSupprimerC'est ça... :-)
SupprimerJe fais partie des gens qui, pour créer, ont besoin de contraintes "fortes"
(sinon, je me perds dans l'infini des possibles)
Voilà une mission doublement accomplie et en plus me voici enrichi de la souquenille !
RépondreSupprimerJ'apprends aussi que c'est une blouse flottante de clown, ça tombe bien pour la clownerie de mon propre texte sur la consigne.
Peut-être pour les clowns, la souquenille, mais avant tout pour ceux qui soignent les chevaux.
SupprimerComme je ne connaissais pas plus le mot que toi, je suis allée me renseigner (auprès de l'Académie Française) et voilà ce qu'elle dit sur le sujet :
"XVIIe siècle. Emprunté du moyen haut allemand "sukenie", qui désignait une sorte de jaquette.
Anciennement. Longue blouse de grosse toile que revêtaient les palefreniers, les cochers, les paysans lorsqu’ils pansaient les chevaux."
Maintenant, je ne vais pas manquer d'aller te lire, j'aime bien tes "clowneries"...(de "cloyne", XVIème siècle : "homme aux manières rustiques ou grossières, paysan").
On reste dans le thème ! ;-)
comme si le défi n'était pas assez difficile, tu en relèves deux !!! et avec infiniment de poésie en plus. Un vrai régal !
RépondreSupprimereuhhhhhh pas anonyme du tout, j'ai cliqué trop vite :-) c'est Gibulène ;-)
SupprimerMerci Gibulène ! Avec un peu de persévérance, j'arriverai presque à ton niveau ... ;-)
SupprimerOui. Je trouve toutes ces versions de l'horoscope très savoureuses. Et la souquenille et Vierzon c'est vraiment très drôle. Et le ton, c'est vraiment ça !
RépondreSupprimerMerci chère Pivoine.
RépondreSupprimerJe me suis débattue avec ces mots vraiment "pas courants"...au début, c'était dur...et puis je me suis prise au jeu...et c'est devenu amusant !
C'est sûr ! Celle qui voulait voir Vierzon n'aura pas été déçue du voyage : l'autrice est montée sur ses grands chevaux et a bien secoué sur son passage la souquenille de l'astrologue baudelairien ! ;-)
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