vendredi 17 novembre 2023

JEU 88 : "L'heure du florilège" - Joe Krapov

 

 

L’HEURE DU FLORILÈGE

 

Jeu 88 de Filigrane - fleursNB

 

Je ne suis pas ici pour raconter ma vie mais l’heure est peut-être venue de rassembler les fleurs que je sème à tous vents. Ce n’est pas que l’idée de disparaître ou celle de tout changer me taraudent. Tout changer, mon épouse s’en charge, tout le temps ! Disparaître, je n’y tiens pas, j’ai encore un puzzle plein de ciel à terminer et j’attends d’abord qu’il neige à Noël. Vous voyez, ça peut durer encore longtemps ! 

 

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C’est juste que j’ai éclaté de rire comme ce n’est pas permis, récemment, en relisant le classeur transparent. J’y ai retrouvé les textes que j’écrivais vers 2005 et alentours, après l’aventure de « Rennes en délires » et avant celle des ateliers d’écriture en ligne. J’allais les dire ou les chanter, à cette époque, au café-slam des Champs libres ou au 1er étage du café l’Amaryllis.

En voici deux qui croisent le grand Charles et qui sont bien contents de venir se poser sur la toile comme des insectes sur une fleur. Puissent-ils y butiner vos sourires !

 

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BLA BLA ATROCE

Souvent, pour abuser, les hommes d'équipage
Tiennent bla-blas atroces, aphtes oiseux, délétères,
Qui suivent, insolents compagnons de voyage,
Le sabir incessant des ondes nycthémères.

A peine les ont-ils tenus sur les radeaux,
Que ces rois de l' « Osons ! », bien droits et peu honteux,
Laissent éhontément leurs insanes propos
Comme des alluvions traîner à côté d'eux.

Ces blablateurs zélés, comme ils sont moches et veules !
Du langage si beau, qu'il est tragique et laid
L'usage qu’ils nous font, tous ces va-de-la-gueule
Qui nous miment en trois temps Bouvard et Pécuchet!

Le vent d’Ouest est semblable au souffle désuet
Qui promet la tempête et ne fait que passer,
Chantant le droit du sol au milieu des nuées :
Son zèle de béant l'empêche de penser.


 

RECUEILLEMENT CHEZ LE DENTISTE

Sois sage ô ma douleur et laiss’ fair’ le dentiste !
Pour soigner mon palais où règne la fournaise
Tu réclamais sa science : il ramène sa fraise !
Il s’en vient t’apaiser : fais confiance à l’artiste !

Pendant que des mortels la multitude triste
Sous le fouet du travail, ce bourreau sans merci
Va et souffre au-dehors, nous ici, à l’abri,
Dans le blanc cabinet de ce grand spécialiste

Nous allons mettre un terme à ton travail de sape.
Mais à bien regarder l’élève d’Esculape
Une frayeur me vient devant son attirail :

Sa tenaille est rouillée, son chalumeau pourri
Et l’homme a revêtu un vieux bleu de travail :
Entends, ma chère, entends le plombier qui sévit ! 


 
 

 

 

 

 

2 commentaires:

  1. Ah, ah...voici deux "morceaux de ciel" qui vont rendre l'ami Baudelaire jaloux !
    J'adore tes deux poèmes...
    C'est un vrai talent que de savoir parodier .

    Du premier, je retiens le thème, profond,
    et la chute, excellente :
    "Son zèle de béant l'empêche de penser"...

    et le deuxième est un petit bijou d'humour.

    Merci à toi !

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  2. Dans mes archives à moi, j'ai aussi un poème du même genre...
    C'est ici :
    https://filigrane1234.blogspot.com/2021/04/devoir-76-lile-saint-louiset-ailleurs.html

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